La réforme migratoire de l'UE, entre réserves des Etas et mécontentement des ONG

la réforme de l'asile présentée mercredi par Bruxelles a été accueillie avec réserve par les Etats tandis que les ONG l'accusaient d'avoir cédé aux gouvernements anti-immigration (Photo, AFP).
la réforme de l'asile présentée mercredi par Bruxelles a été accueillie avec réserve par les Etats tandis que les ONG l'accusaient d'avoir cédé aux gouvernements anti-immigration (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 24 septembre 2020

La réforme migratoire de l'UE, entre réserves des Etas et mécontentement des ONG

  • La présidente de la Commission Ursula von der Leyen a défendu un équilibre «juste et raisonnable » entre «responsabilité et solidarité » entre les 27
  • Consciente des difficultés à surmonter, Ursula von der Leyen rencontrera jeudi matin les Premiers ministres hongrois, tchèque et polonais

BRUXELLES: Durcissement sur les renvois des migrants irréguliers, contrôles accrus aux frontières extérieures, accélération des procédures: la réforme de l'asile présentée mercredi par Bruxelles a été accueillie avec réserve par les Etats tandis que les ONG l'accusaient d'avoir cédé aux gouvernements anti-immigration.

La présidente de la Commission Ursula von der Leyen a défendu un équilibre «juste et raisonnable » entre «responsabilité et solidarité » entre les 27: «Nous devons trouver des solutions pérennes sur la migration", a-t-elle plaidé, soulignant que l'incendie du camp grec de Moria était «un rappel brutal".

Cinq ans après la crise de 2015, ce nouveau «Pacte européen sur la migration et l'asile » prévoit que les pays de l'UE qui ne veulent pas prendre des demandeurs d'asile en cas d'afflux devront en revanche participer au renvoi des déboutés du droit d'asile depuis le pays européen où ils sont arrivés vers leur Etat d'origine.

Une façon de mettre tous les Etats à contribution en contournant le refus persistant de plusieurs pays, notamment ceux du groupe de Visegrad (Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie) d'accueillir des migrants.

Consciente des difficultés à surmonter, Ursula von der Leyen rencontrera jeudi matin les Premiers ministres hongrois, tchèque et polonais. Leur homologue slovaque, initialement annoncé, ne participera pas à l'entretien.

Avec ce pacte, Bruxelles tire les leçons de l'échec des quotas de relocalisation décidés après 2015 en abandonnant le principe d'une répartition contraignante des migrants.

Le projet prévoit de «rigoureux contrôles » aux frontières extérieures, de manière à écarter plus rapidement les migrants jugés peu susceptibles d'obtenir une protection internationale, dont le traitement sera accéléré, a affirmé le vice-président de la Commission Margaritis Schinas. Avec l'objectif de limiter ainsi le nombre de migrants entrant dans l'UE.

Dublin revisité

Le pacte révise la règle consistant à confier au premier pays d'entrée d'un migrant dans l'UE la responsabilité de traiter sa demande d'asile. Ce «règlement Dublin", pilier actuel du système d'asile européen, n'a cessé d'alimenter les tensions entre les 27, en raison de la charge qu'il fait porter aux pays géographiquement en première ligne comme la Grèce et l'Italie.

Selon la proposition de la Commission, le pays responsable de la demande pourra être celui où un migrant a des liens familiaux, où il a travaillé ou étudié, ou alors le pays lui ayant délivré un visa. Sinon, les pays de première arrivée resteront chargés de la demande et un Etat soumis à une «pression » migratoire pourra demander l'activation d'un «mécanisme de solidarité obligatoire".

En cas de «crise » similaire à celle de 2015, lorsque plus d'un million de réfugiés avaient pris l'Europe de court, un Etat devra prendre en charge la relocalisation des réfugiés ou le renvoi des migrants déboutés. Et s'il échoue à renvoyer des migrants dans leur pays d'origine dans les huit mois, il devra les accueillir.

Des alternatives jugées irréalisables pour les petits pays, qui n'en ont pas les moyens, fait valoir une source européenne.

Du coup, l'UE veut augmenter les retours de migrants en «intensifiant les négociations » avec les Etats d'origine ou de transit. Seulement un tiers des migrants déboutés quittent effectivement l'UE.

La situation est très différente de 2015, le nombre d'arrivées irrégulières dans l'UE ayant chuté en 2019 à 140.000. Et si en 2015, 90% des migrants ont eu le statut de réfugié, aujourd'hui les deux tiers n'ont pas droit à une protection internationale.

Un mécanisme de solidarité concernant les sauvetages en mer est aussi prévu par le nouveau pacte, qui propose d'épargner de poursuites judiciaires les ONG impliquées.

La proposition de la Commission devra être endossée par les Etats membres et le Parlement européen.

«Faux départ »

Le nouveau «pacte » a suscité des réactions très contrastées.

Les frontières européennes extérieures doivent rester «parfaitement étanches", a réaffirmé la Hongrie, tandis que l'Autriche a prévenu que la «relocalisation ne (devait) pas revenir par la porte de derrière". La Slovénie a regretté l'inclusion du «concept de solidarité obligatoire »  qui «divise les Etats".

"Nous avons maintenant une grande possibilité de montrer au monde que sur ce thème difficile, l'Europe se serre les coudes", a néanmoins réagi le ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, dont le pays occupe actuellement la présidence de l'UE.

La Grèce, concernée au premier plan, a simplement réaffirmé «nécessaire que les responsabilités soient partagées de manière juste entre les pays".

Eurodéputés et ONG étaient en revanche très critiques. Pour Oxfam, la Commission «s'incline devant les gouvernements anti-immigration".  "Ce nouveau pacte institutionnalise la honte. La Commission s’est couchée devant Orban et consorts", abonde l'eurodéputé Damien Carême (Verts). L'ONG allemande Sea-Watch, qui sauve des migrants en Méditerranée, a dénoncé des propositions «choquantes", rappelant que «le besoin de protection individuelle ne peut être évalué dans une procédure rapide » aux frontières et que «de facto le droit à la protection est aboli".

"Vendu comme un nouveau départ, ce pacte est en réalité conçu pour rehausser les murs et renforcer les barrières", s'indigne Amnesty.

L'eurodéputée Fabienne Keller (Renew), rapporteure du Parlement sur la réforme du règlement de Dublin, se montrait plus mesurée: «Nous n'aboutirons pas à un accord en tirant à boulet rouge sur la proposition de la Commission", observait-elle, appelant à "construire une solution commune".


Trump appelle à l'application des sanctions contre l'Iran en pleine négociations sur le nucléaire

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  • "J'exhorte fermement toutes les nations à se joindre à nous pour appliquer pleinement et totalement les sanctions que je viens d'imposer à l'Iran", a poursuivi le président de la première puissance mondiale
  • Il n'est pas clair à quelles sanctions M. Trump faisait référence en parlant de celles qu'il venait "d'imposer", mais l'administration américaine a récemment sanctionné plusieurs entités liées à l'industrie pétrolière et au programme nucléaire iraniens

RIYAD: Le président américain Donald Trump a appelé mercredi à une application stricte des sanctions américaines visant l'Iran, tout en affirmant espérer parvenir à un accord sur le dossier du nucléaire iranien, dans un contexte d'opposition croissante des Etats-Unis à l'enrichissement de l'uranium par Téhéran.

"Je veux conclure un accord avec l'Iran. Je veux faire quelque chose, si c'est possible", a déclaré Donald Trump pendant un sommet réunissant les six pays du Conseil de Coopération du Golfe à Ryad.

"J'exhorte fermement toutes les nations à se joindre à nous pour appliquer pleinement et totalement les sanctions que je viens d'imposer à l'Iran", a poursuivi le président de la première puissance mondiale.

Il n'est pas clair à quelles sanctions M. Trump faisait référence en parlant de celles qu'il venait "d'imposer", mais l'administration américaine a récemment sanctionné plusieurs entités liées à l'industrie pétrolière et au programme nucléaire iraniens.

Pendant le premier mandat de Donald Trump, les Etats-Unis se sont retirés en 2018 de l'accord conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances pour encadrer le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales, le rendant caduc.

Il avait également instauré des sanctions drastiques contre tout pays important du pétrole iranien.

Trump a affirmé que ces sanctions secondaires "sont à certains égards encore plus dévastatrices" que les sanctions directes visant l'Iran.

L'administration Trump a déjà tenu quatre rounds de discussions avec l'Iran, alors que le président tente d'éviter une attaque militaire israélienne contre les installations nucléaires iraniennes.

Lancés le 12 avril, ces pourparlers visent à conclure un nouvel accord censé empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique, une ambition que Téhéran a toujours niée, en échange d'une levée des sanctions qui paralysent l'économie iranienne.

Les deux pays ont déclaré que les discussions s'étaient déroulées dans une "atmosphère positive", mais elles ne semblent pas avoir abordé en profondeur les aspects techniques d'un éventuel accord.

L'Iran enrichit actuellement l'uranium à 60%, bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord nucléaire de 2015, alors qu'un taux de 90% est nécessaire pour un usage militaire. Ses stocks de matière fissile inquiètent les puissances occidentales.

L'Iran, qui nie vouloir se doter de l'arme nucléaire, a indiqué qu'il comptait également poursuivre les négociations avec le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne vendredi en Turquie.


Le pape appelle les chrétiens d'Orient à ne pas «abandonner» leurs terres

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  • Le pape Léon XIV a appelé mercredi les chrétiens d'Orient à ne pas "abandonner" leurs terres, demandant pour eux "tous les droits nécessaires à une existence sûre"
  • "Je voudrais remercier (...) les chrétiens – orientaux et latins – qui, surtout au Moyen-Orient, persévèrent et résistent sur leurs terres, plus forts que la tentation d'abandonner ces terres"

CITE DU VATICAN: Le pape Léon XIV a appelé mercredi les chrétiens d'Orient à ne pas "abandonner" leurs terres, demandant pour eux "tous les droits nécessaires à une existence sûre".

"Je voudrais remercier (...) les chrétiens – orientaux et latins – qui, surtout au Moyen-Orient, persévèrent et résistent sur leurs terres, plus forts que la tentation d'abandonner ces terres", a-t-il affirmé lors d'une audience au Vatican aux participants au jubilé des Eglises d'Orient.


Séisme de magnitude 4,4 près de Naples, ni blessés ni dégâts

Les pompiers contrôlent la tour de l'église Sant'Anna à Bagnoli près de Naples, suite à un tremblement de terre de magnitude 4,4, le 13 mars 2025. (AFP)
Les pompiers contrôlent la tour de l'église Sant'Anna à Bagnoli près de Naples, suite à un tremblement de terre de magnitude 4,4, le 13 mars 2025. (AFP)
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  • Dans cette région, les Champs Plégréens sont éclipsés par le tout proche Vésuve, qui domine la baie de Naples et dont l'éruption a rayé Pompéi de la carte en l'an 79
  • Les Champs Phlégréens, dont une éruption il y a 40.000 ans avait affecté le climat de la planète, inquiètent riverains et scientifiques en raison d'une résurgence de son activité due aux gaz émis par le magma

ROME: Un séisme de magnitude 4,4 a frappé mardi à la mi-journée la zone des Champs Phlégréens, près de Naples, où il a été ressenti dans le centre historique de cette métropole portuaire du sud de l'Italie mais sans faire de blessés ou causer de dégâts.

La secousse a été enregistrée à 12H07 (10H07 GMT), à trois kilomètres de profondeur, selon l'Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV).

Elle a été ressentie dans les quartiers de Pozzuoli et du Vomero du centre de Naples, faisant sortir des habitants dans la rue. Deux lignes de métro ont été suspendues, selon RaiNews.

Cette secousse a été précédée et suivie de secousses de moindre ampleur, notamment un tremblement de terre de magnitude 3,5 un quart d'heure après le séisme principal.

La zone volcanique des Champs Phlégréens, où résident quelque 500.000 personnes, a déjà été touchée par plusieurs séismes ces dernières années. Le dernier épisode majeur en date, le 13 mars, était déjà de magnitude 4,4, de même qu'une autre secousse en mai 2024.

Le volcan, qui s'étend sur un périmètre de 15 km sur 12, présente la dépression typique à fond plat laissée après une éruption. Il s'agit de la caldera ("chaudière" en espagnol) en activité la plus vaste d'Europe, située aux confins des communes de Naples et de Pouzzoles en bord de mer.

Dans cette région, les Champs Plégréens sont éclipsés par le tout proche Vésuve, qui domine la baie de Naples et dont l'éruption a rayé Pompéi de la carte en l'an 79.

Les Champs Phlégréens, dont une éruption il y a 40.000 ans avait affecté le climat de la planète, inquiètent riverains et scientifiques en raison d'une résurgence de son activité due aux gaz émis par le magma et qui font pression sur la surface en fissurant le sol.

Le scénario catastrophe, à savoir l'expulsion de lave, de cendres et de pierres, est cependant improbable dans un futur proche, selon les spécialistes.