La Corée du Nord lance avec succès un satellite espion

La Corée du Nord a procédé cette année à un nombre record d'essais de missiles, en dépit des sanctions internationales et des mises en garde des Etats-Unis, de la Corée du Sud et de leurs alliés (Photo, Korea News Service via AP).
La Corée du Nord a procédé cette année à un nombre record d'essais de missiles, en dépit des sanctions internationales et des mises en garde des Etats-Unis, de la Corée du Sud et de leurs alliés (Photo, Korea News Service via AP).
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Publié le Mercredi 22 novembre 2023

La Corée du Nord lance avec succès un satellite espion

  • La fusée qui a décollé mardi soir a suivi la trajectoire prévue «et est parvenue à mettre le satellite Malligyong-1 sur son orbite», a indiqué l'agence officielle nord-coréenne KCNA
  • L'armée sud-coréenne avait auparavant annoncé avoir «détecté à 13H43 GMT un supposé satellite de surveillance militaire»

SÉOUL: La Corée du Nord a mis un satellite militaire espion en orbite, un défi aux résolutions de l'ONU lui interdisant d'utiliser des technologies de missiles balistiques que Tokyo et Washington ont vivement condamné.

La fusée qui a décollé mardi soir a suivi la trajectoire prévue "et est parvenue à mettre le satellite Malligyong-1 sur son orbite", a indiqué l'agence officielle nord-coréenne KCNA.

L'armée sud-coréenne avait auparavant annoncé avoir "détecté à 13H43 GMT un supposé satellite de surveillance militaire".

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) - nom officiel de la Corée du Nord - prévoit de lancer d'autres satellites "dans un court laps de temps" afin de renforcer ses capacités de surveillance de la Corée du Sud, a annoncé la KCNA.

"Le lancement d'un satellite de reconnaissance est un droit légitime de la RPDC pour renforcer ses capacités d'autodéfense", a-t-elle souligné, alors que le pays fait face à ce qu'il appelle des menaces de la part de la Corée du Sud et des États-Unis.

Dans un communiqué, l'état-major de l'armée sud-coréenne a précisé de son côté qu'elle analysait ce lancement et ne pouvait pas pour l'instant confirmer que le satellite avait bien été placé en orbite.

Ce lancement "constitue une provocation qui viole les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU", estime l'état-major.

Le tir a également été condamné par Tokyo et Washington.

"Même s'ils appellent cela un satellite, le lancement d'un objet qui utilise la technologie des missiles balistiques est clairement une violation des résolutions des Nations Unies", a mis en avant le Premier ministre japonais, Fumio Kishida.

Ce tir est "une violation flagrante de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, augmente les tensions et risque de déstabiliser la région et au-delà", a aussi réagi la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.

La Corée du Sud a annoncé qu'elle reprendrait les opérations de surveillance le long de la frontière avec la Corée du Nord qui avaient été suspendues en 2018 dans le cadre d'un accord Séoul-Pyongyang visant à réduire les tensions militaires, a rapporté l'agence de presse Yonhap.

La Corée du Nord avait informé plus tôt le Japon de son intention de lancer un satellite potentiellement dès mercredi, dans une troisième tentative après deux échecs de mise en orbite d'un satellite militaire en mai et en août.

Probables «contre-mesures» de Séoul

Ce tir, "quelques heures avant la notification de la fenêtre temporelle, semble souligner deux choses: la confiance de Pyongyang en sa réussite et son intention de maximiser l'effet de surprise", a réagi pour l'AFP Choi Gi-il, professeur d'études militaires à l'université Sangji.

Séoul avertissait depuis des semaines que Pyongyang en était aux "dernières étapes" de la préparation d'un nouveau lancement de satellite espion.

Lundi, l'armée sud-coréenne avait mis en garde la Corée du Nord pour qu'elle cesse "immédiatement" ses préparatifs, prévenant Pyongyang qu'elle prendrait "les mesures nécessaires" le cas échéant.

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol pourrait ainsi "suspendre l'accord militaire du 19-Septembre", a déclaré à l'AFP Yang Moo-jin, président de l'université des études nord-coréennes à Séoul.

Cet accord, conclu en 2018 à Pyongyang, vise à réduire les tensions militaires le long de la frontière hautement sécurisée intercoréenne en créant des "zones tampons" maritimes.

Des essais de missiles balistiques à combustible solide de moyenne ou longue portée de la part de Séoul "ne sont pas à exclure" non plus, a ajouté M. Yang.

Séoul prévoit pour sa part de lancer son premier satellite espion à l'aide d'une fusée SpaceX dans le courant du mois.

Ce projet a été fustigé comme relevant de "provocations militaires extrêmement dangereuses" par Ri Song Jin, chercheur à l'Administration nationale de la technologie aérospatiale, cité mardi par l'agence de presse officielle du Nord, Korean Central News Agency.

Armes contre technologies spatiales

Le récent rapprochement de la Corée du Nord avec la Russie inquiète les Etats-Unis et ses alliés sud-coréen et japonais.

Selon Séoul, Pyongyang fournit des armes à Moscou en échange de technologies spatiales russes.

Début novembre, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait dénoncé les liens militaires "croissants et dangereux" entre Pyongyang et Moscou, à l'issue d'une visite en Corée du Sud.

La Corée du Nord a procédé cette année à un nombre record d'essais de missiles, en dépit des sanctions internationales et des mises en garde des Etats-Unis, de la Corée du Sud et de leurs alliés.

La semaine dernière, elle a annoncé avoir effectué avec succès des essais au sol d'un "nouveau type" de moteur à combustible solide pour ses missiles balistiques à portée intermédiaire (IRBM) interdits.

Séoul, Washington et Tokyo ont en réaction renforcé leur coopération. Mardi, un porte-avions américain à propulsion nucléaire, l'USS Carl Vinson, est arrivé à la base navale de Busan, en Corée du Sud.


Des bateaux de la nouvelle flottille pour Gaza interceptés par l'armée israélienne

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  • Global Sumud Flotilla a fait état sur X de "trois bateaux -- le Gaza Sunbirds, l'Alaa Al-Najjar et l'Anas Al-Sharif  -- interceptés à 220 kilomètres au large des côtes de Gaza" mercredi matin tôt
  • Un navire, le Conscience, transportant selon cette organisation plus de 90 personnes dont des journalistes et des médecins, a également été attaqué par un hélicoptère de l'armée israélienne

LE CAIRE: Des bateaux d'une nouvelle flottille internationale pour Gaza ont été interceptés mercredi matin au large du territoire par l'armée israélienne, ont annoncé le ministère des Affaires étrangères israélien et la coalition Global Sumud Flotilla, qui coordonne cette initiative.

Global Sumud Flotilla a fait état sur X de "trois bateaux -- le Gaza Sunbirds, l'Alaa Al-Najjar et l'Anas Al-Sharif  -- interceptés à 220 kilomètres au large des côtes de Gaza" mercredi matin tôt.

Un navire, le Conscience, transportant selon cette organisation plus de 90 personnes dont des journalistes et des médecins, a également été attaqué par un hélicoptère de l'armée israélienne tandis que l'équipage d'un autre bateau, le Milad, était "intercepté".

Le ministère des Affaires étrangères israélien a condamné sur X une "tentative futile" de "pénétrer dans une zone de combat", précisant que "les navires et les passagers ont été transférés vers un port israélien" et "devraient être expulsés rapidement".

Global Sumud Flotilla affirme que les bateaux transportaient pour "110.000 dollars d'aide sous la forme de médicaments, d'équipements respiratoires et de produits de nutrition destinés aux hôpitaux de Gaza qui sont à court de provisions".

Plusieurs militants d'une précédente flottille pour Gaza, dont la Suédoise Greta Thunberg, ont été expulsés lundi par Israël après avoir subi selon eux de mauvais traitements après l'arraisonnement en mer de leur convoi par la marine israélienne.

Cette flottille avait pour objectif de rompre le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza, dévastée par la guerre, et de livrer de l'aide humanitaire au territoire palestinien. Elle était constituée d'une cinquantaine de bateaux.


Khaled El Enany, premier arabe à la tête de l’UNESCO, face à de lourds défis

El Enany, parfait francophone, est professeur d’égyptologie à l’Université de Hélouan, où il enseigne depuis plus de trente ans. (Photo UNESCO)
El Enany, parfait francophone, est professeur d’égyptologie à l’Université de Hélouan, où il enseigne depuis plus de trente ans. (Photo UNESCO)
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  • Cet ancien ministre égyptien du Tourisme devient, à 54 ans, le premier Arabe appelé à diriger l’organisation internationale basée à Paris
  • Soutenu par la Ligue arabe, l’Union africaine, la France et plusieurs autres pays, cet ancien ministre du Tourisme a obtenu une majorité écrasante de 55 voix contre seulement 2 pour son concurrent congolais Firmin Matoko

PARIS: Presque plébiscité par le Conseil exécutif de l’UNESCO, Khaled El Enany est la première personnalité arabe à prendre la tête de l’organisation, succédant à l’actuelle directrice générale, la Française Audrey Azoulay.

Cet ancien ministre égyptien du Tourisme devient, à 54 ans, le premier Arabe appelé à diriger l’organisation internationale basée à Paris.

Soutenu par la Ligue arabe, l’Union africaine, la France et plusieurs autres pays, cet ancien ministre du Tourisme a obtenu une majorité écrasante de 55 voix contre seulement 2 pour son concurrent congolais Firmin Matoko.

Son élection doit encore être formellement entérinée lors de la Conférence générale prévue le 6 novembre à Samarcande (Ouzbékistan). Il prendra ses fonctions le 14 novembre pour un mandat de quatre ans.

El Enany, parfait francophone, est professeur d’égyptologie à l’Université de Hélouan, où il enseigne depuis plus de trente ans.

Vice-doyen de la faculté du Tourisme et de l’Hôtellerie, directeur du Centre d’apprentissage ouvert et chef du département des guides touristiques, il est également titulaire d’un doctorat en égyptologie de l’Université Paul-Valéry de Montpellier, où il a été professeur invité à plusieurs reprises.

Homme de terrain autant qu’universitaire, El Enany a dirigé le Musée national de la civilisation égyptienne ainsi que le célèbre musée du Caire. Son engagement pour la préservation du patrimoine l’a conduit à occuper les fonctions de ministre des Antiquités, puis de ministre du Tourisme et des Antiquités entre 2016 et 2022.

En novembre 2024, il a été nommé ambassadeur spécial pour le tourisme culturel par l’Organisation mondiale du tourisme, avant d’être désigné parrain du Fonds africain pour le patrimoine mondial.

Sa nomination à la tête de l’UNESCO a été saluée par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi comme « une réussite historique pour l’Égypte ».

Devant le Conseil exécutif, El Enany a promis de travailler « main dans la main avec tous les États membres pour bâtir ensemble une feuille de route afin de moderniser l’UNESCO et la projeter vers l’avenir ».

Dès 2023, sa campagne s’était distinguée par une promesse de renouvellement, dans le but d’apporter un « regard nouveau » et une expertise issue de décennies passées « sur le terrain », pour donner « plus de visibilité et plus d’impact » à l’organisation.

Son passage au ministère du Tourisme a été largement salué : dans une période marquée par les attentats meurtriers de 2017 et 2018 revendiqués par l’État islamique, puis par la pandémie de Covid-19 en 2020, il a su maintenir à flot un secteur vital pour l’économie égyptienne.

Ce sens de la gestion en temps de crise pourrait s’avérer précieux à l’heure où l’UNESCO traverse elle-même une période de fortes turbulences. El Enany hérite en effet d’une institution où s’accumulent de nombreux problèmes.

L’UNESCO est accusée d’être devenue une arène politique. Après le départ d’Israël en 2017, l’organisation a enregistré cette année celui du Nicaragua, en mai dernier, à la suite de l’attribution d’un prix à un journal d’opposition, et surtout celui des États-Unis.

En juillet, l’administration américaine a officialisé son retrait, accusant l’organisation de « parti pris anti-israélien », de promouvoir « des causes sociales et culturelles clivantes » et de suivre une « feuille de route idéologique et mondialiste » en contradiction avec la politique America First.

Ce retrait a des conséquences majeures : Washington assurait environ 8 % du budget total de l’UNESCO, et sa sortie prive donc l’organisation d’une part importante de ses ressources financières.

Comme Audrey Azoulay, qui avait réussi en 2023 à convaincre Washington de réintégrer temporairement l’organisation, El Enany devra tenter de ramener les États-Unis dans le giron multilatéral.

Il devra aussi composer avec la frilosité croissante de certains États européens, davantage concentrés sur leurs dépenses militaires et de défense dans un contexte international tendu.

Pour pallier ces difficultés, le futur directeur général entend développer les financements volontaires et diversifier les sources de revenus. Il mise notamment sur les échanges de dette entre gouvernements et sur un recours accru au secteur privé, à travers les fondations, les mécènes et les entreprises.

« Ces contributions représentaient 8 % du budget en 2024. Il y a de la marge pour les augmenter », expliquait-il durant sa campagne.

Son ambition est de démontrer que l’UNESCO a « un impact tangible sur la vie des gens », au-delà du seul patrimoine culturel. Il cite notamment l’éducation dans les zones d’urgence, la liberté de la presse et la place des femmes dans les sciences.

Au-delà des questions budgétaires, le nouveau directeur général devra faire preuve d’une grande habileté diplomatique, car l’organisation traverse aussi une phase de remise en question du multilatéralisme.

Égyptologue respecté, francophone et fin connaisseur des rouages des institutions culturelles et diplomatiques, Khaled El Enany coche de nombreuses cases. Cependant, il lui faudra conjuguer rigueur académique et sens politique pour faire de l’UNESCO une organisation plus lisible, plus efficace et à nouveau universelle.

Sur le plan personnel, ceux qui l’ont côtoyé décrivent un homme d’« une grande courtoisie, d’une vaste culture », qui se distingue « par l’humilité des gens cultivés, tout en étant accessible et chaleureux ».


Gaza: la délégation américaine, dirigée par Witkoff, rejoindra les pourparlers mercredi 

La délégation américaine dirigée par Steve Witkoff rejoindra mercredi les pourparlers indirects entre Israël et le Hamas pour un cessez-le-feu à Gaza, a annoncé le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, lors d'une conférence de presse au Caire avec son homologue allemand, Johann Wadephul. (AFP)
La délégation américaine dirigée par Steve Witkoff rejoindra mercredi les pourparlers indirects entre Israël et le Hamas pour un cessez-le-feu à Gaza, a annoncé le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, lors d'une conférence de presse au Caire avec son homologue allemand, Johann Wadephul. (AFP)
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  • "Nous avons eu un long dialogue conjoint avec Steve Witkoff, qui envisage de se rendre en Egypte dans les prochaines heures", a-t-il indiqué
  • Il a précisé que les discussions ont porté sur "l'importance d'une résolution du Conseil de sécurité pour adopter le plan de Trump" ainsi que de "déployer des forces internationales afin de fournir une protection aux Palestiniens"

LE CAIRE: La délégation américaine dirigée par Steve Witkoff rejoindra mercredi les pourparlers indirects entre Israël et le Hamas pour un cessez-le-feu à Gaza, a annoncé le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, lors d'une conférence de presse au Caire avec son homologue allemand, Johann Wadephul.

"Nous avons eu un long dialogue conjoint avec Steve Witkoff, qui envisage de se rendre en Egypte dans les prochaines heures", a-t-il indiqué.

Il a précisé que les discussions ont porté sur "l'importance d'une résolution du Conseil de sécurité pour adopter le plan de Trump" ainsi que de "déployer des forces internationales afin de fournir une protection aux Palestiniens et la sécurité pour le côté israélien."