New Delhi se prépare à accueillir le sommet du G20

Une femme est assise près d'un logo du sommet du G20 installé dans une rue de New Delhi, le 6 septembre 2023. (AFP).
Une femme est assise près d'un logo du sommet du G20 installé dans une rue de New Delhi, le 6 septembre 2023. (AFP).
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Publié le Vendredi 08 septembre 2023

New Delhi se prépare à accueillir le sommet du G20

  • A l'approche des élections générales en Inde l'an prochain, M. Modi a profité de la présidence du G20 pour redorer son image à l'international
  • Des photos du Premier ministre indien Narendra Modi, rayonnant, tapissent déjà les rues de New Delhi, où débarqueront les 9 et 10 septembre prochain les dirigeants des vingt pays les plus puissants du monde

NEW DELHI: Des forces spéciales, des voitures blindées, des "hommes-singes" recrutés pour tenir à distance les macaques qui prolifèrent dans la capitale indienne... Tel est l'important dispositif déployé à New Delhi qui accueille samedi et dimanche le sommet du G20.

Des photos du Premier ministre indien Narendra Modi, rayonnant, tapissent déjà les rues de New Delhi, où débarqueront les 9 et 10 septembre prochain les dirigeants des vingt pays les plus puissants du monde.

A l'approche des élections générales en Inde l'an prochain, M. Modi a profité de la présidence du G20 pour redorer son image à l'international et affirmer la place de l'Inde dans le monde.

Le pays d'Asie du Sud a dépassé l'an dernier le Royaume-Uni pour devenir la cinquième économie mondiale et récemment la Chine pour se hisser au rang de nation la plus peuplée du monde.

Sommet du G20: qui vient en Inde et qui ne vient pas

L'Inde accueille le sommet du G20 les 9 et 10 septembre sous le slogan optimiste "Une Terre, Une famille, Un avenir", mais les dirigeants du groupe sont déchirés comme jamais et les présidents chinois et russe vont même snober la réunion.

Le G20 rassemble 19 pays et l'Union européenne, qui représentent ensemble 85% de l'économie et les deux tiers de la population mondiale.

Voici les principaux dirigeants attendus, ainsi que les grands absents, à ce sommet à New Delhi.

Joe Biden

Le président américain arrivera en Inde avec la volonté de renforcer ses alliances au sein du G20 et d'offrir un soutien aux pays en développement.

Joe Biden discutera des efforts déployés face à des problèmes allant de la lutte contre le changement climatique à l'atténuation des conséquences économiques et sociales de la guerre menée par la Russie en Ukraine, a indiqué son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan.

M. Biden sera accompagné de la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, dont c'est la quatrième visite en Inde en dix mois, au moment où Washington cherche à réformer le FMI et la Banque mondiale pour mieux répondre aux besoins des pays en développement.

La Maison Blanche souhaite que le G20 reste pertinent en tant que "premier forum de coopération économique au niveau mondial", a souligné M. Sullivan.

Lavrov à la place de Poutine

Le président russe Vladimir Poutine ne participera pas à la réunion. En mars, la Cour pénale internationale a émis un mandat d'arrêt à son encontre, l'accusant de crimes de guerre pour la déportation illégale d'enfants ukrainiens. Le Kremlin nie ces accusations.

Ce sera le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui dirigera la délégation russe, comme il l'avait fait lors du sommet des BRICS en Afrique du Sud le mois dernier.

Li Qiang à la place de Xi

Le Premier ministre Li Qiang dirigera la délégation chinoise, a annoncé Pékin lundi, confirmant ainsi l'absence du président Xi Jinping sans fournir de raison officielle.

La Chine voit d'un mauvais oeil l'appartenance de l'Inde au Quad, un partenariat de sécurité avec l'Australie, le Japon et les Etats-Unis, qu'elle considère comme un effort pour contrer son influence.

La Chine a également un différend frontalier de longue date avec l'Inde. Un affrontement meurtrier dans l'Himalaya en 2020 avait déclenché une grave crise diplomatique entre les deux pays.

L'Inde organise cette semaine des exercices militaires près de la frontière chinoise, qui se poursuivront pendant le sommet.

Narendra Modi

L'Inde, pays le plus peuplé du monde, assure la présidence tournante du G20. Le Premier ministre Narendra Modi s'est réjoui de cette occasion donnée à son pays et à lui-même de briller sur la scène internationale.

Il devra toutefois relever un défi de taille: pousser les grandes puissances au consensus sur des questions essentielles, alors même que bon nombre de pays du G20 sont à couteaux tirés.

L'Inde est à nouveau en conflit avec son voisin chinois après la publication par Pékin d'une carte officielle du pays englobant des territoires que New Delhi revendique, y compris une zone proche de l'endroit où les deux pays se sont battus en 2020.

New Delhi cherche également à développer des liens plus étroits avec les pays occidentaux et le Japon.

M. Modi souhaite élargir le groupe à 21 pays en y invitant l'Union africaine, une initiative soutenue par M. Biden.

Reste du monde

Le chancelier allemand Olaf Scholz, le président français Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen feront partie des principaux dirigeants de l'Union européenne lors du sommet.

Les autres membres du G7, à savoir le Royaume-Uni, le Canada, le Japon et l'Italie, seront représentés par leurs Premiers ministres respectifs, Rishi Sunak, Justin Trudeau, Fumio Kishida et Giorgia Meloni.

Les présidents indonésien Joko Widodo et sud-coréen Yoon Suk Yeol et le Premier ministre australien Anthony Albanese sont également attendus.

Le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan y assistera en personne, de même que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Une délégation de l'Afrique du Sud, seule nation africaine membre du G20, sera conduite par le président Cyril Ramaphosa.

Les présidents brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et argentin Alberto Fernandez devraient être présents, mais probablement pas leur homologue mexicain Andres Manuel Lopez Obrador, selon les médias indiens.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, assistera en tant qu'observateur, de même que les dirigeants du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Le président du Nigeria Bola Ahmed Tinubu fait aussi partie des invités.

Voici le dispositif prévu par les autorités indiennes pour accueillir le sommet du G20.

Tireurs d'élite sur les toits

Le dispositif de sécurité comprend des dizaines de milliers d'agents de sécurité, dont des tireurs d'élite positionnés sur les toits de la capitale. New Delhi s'est aussi munie de technologie anti-drone.

Les forces indiennes de lutte anti-terrorisme, aussi appelées les "Black Cats", se sont entraînées à des interventions rapides par hélicoptère, en descendant en rappel depuis les toits des hôtels où séjourneront les dirigeants du G20.

La police a promis une "réglementation élaborée" en matière de circulation. Une vaste zone du centre-ville sera notamment interdite aux voitures, et seules des limousines blindées transporteront les dirigeants pendant le sommet.

Les commerces de la ville ont reçu l'ordre de fermer. Un jour férié a également été décrété, plongeant ainsi cette ville habituellement bondée et assaillie par le bruit dans une parenthèse de silence.

Le sommet se déroulera au Bharat Mandapam, un centre de conférence récemment rénové qui se situe près du mémorial dédié au Mahatma Gandhi, le Raj Ghat, où il est prévu que les dirigeants du G20 plantent des arbres.

Campagne de nettoyage

Les autorités de cette mégalopole ultrapolluée de quelque 30 millions d'habitants ont détruit les bidonvilles illégaux construits dans le secteur et réaménagé les principales artères de la ville.

Selon les autorités locales, plus de 4.000 sans-abri vivant sous les ponts et aux abords des routes du centre-ville ont été transférés dans des "foyers d'accueil" avant le sommet.

Des fontaines ont également été remises en service, tandis que les marquages routiers qui s'étaient effacés il y a des années ont bénéficié d'une nouvelle couche de peinture.

Quelque 70.000 pots de fleurs ont également été répartis dans toute la ville. Selon le Times of India, 35 camions-citernes ont été déployés pour arroser les plantes.

Plusieurs statues ont été érigées dont une de 8,5 mètres de haut à l'effigie du dieu hindou Shiva, positionnée à l'entrée du site du G20.

« Hommes-singes »

Une trentaine d'"hommes-singes" ont été déployés à New Delhi pour effrayer les macaques rhésus qui y prolifèrent et les empêcher de perturber le sommet.

Leur mission? Imiter les cris des singes langur, ennemis naturels des macaques rhésus qui ont envahi la capitale indienne, pour tenir à distance les primates des décorations florales qui ornent la ville.

Des silhouettes grandeur nature de langur ont également été installées dans les rues de New Delhi pour effrayer les primates.

Les autorités ont toutefois interrompu une vaste opération de réduction du nombre des chiens errants, lancée à l'approche du G20, qui a provoqué la colère des habitants de New Delhi et des défenseurs des animaux.

La capitale étant aussi en proie à la dengue et au paludisme, huit équipes munies de pulvérisateurs d'insecticide traitent actuellement les zones de reproduction des moustiques sur le site du G20, a rapporté le Hindustan Times.


Le FMI avertit que les frappes américaines contre l'Iran pourraient perturber l'économie mondiale

Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI. (Getty via AN)
Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI. (Getty via AN)
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  • La directrice générale a déclaré que le FMI suivait de près la situation au Moyen-Orient.
  • Le rapport d'avril du FMI a mis en garde contre l'affaiblissement de l'économie mondiale.

DJEDDAH : Le Fonds monétaire international a averti que les frappes aériennes américaines sur l'Iran pourraient amplifier l'incertitude économique mondiale, avec des retombées potentielles bien au-delà des marchés de l'énergie, a déclaré son directeur à Bloomberg lundi.

La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a déclaré que le Fonds suivait de près la situation au Moyen-Orient, en particulier l'impact du conflit sur les prix du pétrole et du gaz et sur les voies d'approvisionnement.

Les remarques de Mme Georgieva interviennent après que l'armée américaine a mené des frappes ciblées sur des sites nucléaires en Iran, s'impliquant de fait dans la campagne d'Israël visant à démanteler le programme nucléaire du pays, malgré les menaces de représailles de Téhéran qui pourraient déclencher un conflit régional plus large.

Le président américain Donald Trump a déclaré que les principaux sites nucléaires iraniens avaient été "complètement et intégralement oblitérés" et a mis en garde le pays contre des attaques de représailles, affirmant que les États-Unis pourraient frapper d'autres cibles "avec précision, rapidité et compétence."

Mme Georgieva a déclaré à Bloomberg que le FMI considérait cela « comme une autre source d'incertitude dans un environnement très incertain », ajoutant que l'institution surveillait deux choses : « Premièrement, l'impact sur les primes de risque pour le pétrole et le gaz. Il y a eu un certain mouvement à la hausse, mais jusqu'où ira-t-il ? Deuxièmement, y aurait-il des perturbations dans l'approvisionnement en énergie ? »

Elle poursuit : "Pour l'instant, non. Mais voyons comment les événements évolueront - si des voies de livraison ou des retombées dans d'autres pays peuvent se produire. Je prie pour que ce soit le cas."

Selon Bloomberg, le pétrole brut Brent a brièvement augmenté de 5,7 % pour atteindre 81,40 dollars le baril au début des échanges asiatiques le 23 juin, avant de redescendre.

Lorsqu'on lui a demandé si le mécanisme de transmission, en particulier les canaux où elle voit le plus grand impact du choc du Moyen-Orient, se reflète actuellement dans les prix de l'énergie, la directrice générale a confirmé que c'était le cas.

"Il pourrait y avoir des impacts secondaires et tertiaires. Disons qu'il y a plus de turbulences qui affectent les perspectives de croissance des grandes économies, et qu'il y a alors un impact déclencheur dans une révision à la baisse des perspectives de croissance mondiale", a-t-elle déclaré à Bloomberg.

"Comme vous le savez, nous avons déjà revu à la baisse les projections de croissance pour cette année et nous présenterons nos prochaines projections en juillet.

Mme Georgieva a poursuivi : "Ce que nous observons au cours des deux premiers trimestres de l'année confirme largement le tableau que nous avons dressé en avril, à savoir une croissance mondiale un peu plus lente, mais pas de récession.

Dans son rapport d'avril, le FMI avait lancé un avertissement concernant l'affaiblissement de l'économie mondiale, en revoyant nettement à la baisse les prévisions de croissance par rapport aux projections de janvier.

Le Fonds a identifié les tensions commerciales croissantes, le niveau record des droits de douane et l'imprévisibilité croissante des politiques comme des menaces majeures pour la stabilité économique à court et à long terme. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le secteur culturel saoudien devrait tripler la part du PIB pour atteindre 48 milliards de dollars d'ici 2030

 La fréquentation des événements culturels a dépassé les 23,5 millions entre 2021 et 2024, et les grands festivals tels que le Festival du film de la mer Rouge et la Biennale des arts islamiques sont devenus des attractions mondiales. (Photo AFP)AFP
La fréquentation des événements culturels a dépassé les 23,5 millions entre 2021 et 2024, et les grands festivals tels que le Festival du film de la mer Rouge et la Biennale des arts islamiques sont devenus des attractions mondiales. (Photo AFP)AFP
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  • La contribution du secteur culturel au produit intérieur brut à 3 % - soit 180 milliards de SR (48 milliards de dollars) - d'ici 2030, contre moins de 1 %, selon le ministre de la Culture, le prince Badr bin Abdullah bin Farhan.
  • Depuis la création du ministère en 2018, l'emploi dans le secteur a bondi de 318 %, tandis que le nombre de diplômés en culture a atteint 28 800 en 2024, soit une augmentation de 79 % par rapport à 2018.

DJEDDAH : L'Arabie saoudite prévoit de porter la contribution du secteur culturel au produit intérieur brut à 3 % - soit 180 milliards de SR (48 milliards de dollars) - d'ici 2030, contre moins de 1 %, selon le ministre de la Culture, le prince Badr bin Abdullah bin Farhan.

Dans une interview accordée à Al-Eqtisadiah, le ministre a déclaré que le secteur avait déjà dépassé sa part de 0,91 % du PIB, les objectifs de la Vision 2030 étant atteints plus tôt que prévu.

"La Vision 2030 constitue le fondement de la stratégie et de l'orientation du ministère de la culture", a-t-il déclaré.

"D'ici 2030, nous envisageons un environnement culturel qui nourrit les talents, encourage l'innovation au niveau local et international, et soutient l'épanouissement des entreprises créatives et culturelles". a déclaré le prince Badr lors de l'entretien.

"À terme, notre objectif est de porter la contribution du secteur au PIB à 3 %, ce qui équivaut à 180 milliards de francs suisses. "Cela représente la mission principale du ministère de la culture et de ses organes affiliés, qui doivent conduire une transformation culturelle ambitieuse.

Depuis la création du ministère en 2018, l'emploi dans le secteur a bondi de 318 %, tandis que le nombre de diplômés en culture a atteint 28 800 en 2024, soit une augmentation de 79 % par rapport à 2018. Le ministère a également délivré plus de 9 000 licences, tandis que les associations culturelles et les clubs amateurs sont passés de 28 à 993.

"L'un des résultats notables est l'augmentation du pourcentage de citoyens qui estiment que la culture est importante, qui est passé de moins de 70 % à 92 %", a déclaré le prince Badr. Le ministère supervise également les célébrations nationales telles que la Journée de la fondation et la Journée du drapeau, et a répertorié 9 317 sites d'antiquités et 25 000 sites du patrimoine urbain.

L'Arabie saoudite a désormais atteint son objectif Vision 2030 de posséder huit sites du patrimoine mondial de l'UNESCO, Al-Faw rejoignant la liste en 2024. La fréquentation des événements culturels a dépassé les 23,5 millions entre 2021 et 2024, et des festivals majeurs tels que le Festival du film de la mer Rouge et la Biennale des arts islamiques sont devenus des attractions mondiales. 

Le programme de bourses d'études culturelles a accordé des bourses à 1 222 étudiants qui étudient dans plus de 120 établissements dans différents pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. La souplesse du programme - pas de limite d'âge ni de formation académique requise - a permis d'élargir la participation. "Aujourd'hui, les boursiers poursuivent des études dans des domaines tels que la musique, le théâtre et les arts visuels", a déclaré le ministre.

Par l'intermédiaire du Fonds de développement culturel, le ministère a déboursé 377 millions de SR pour plus de 120 projets. "Les principaux domaines de croissance sont le patrimoine, la musique et la mode. Plus de 1 200 créateurs et entrepreneurs ont bénéficié de ses services de développement", a-t-il ajouté.

"Globalement, le rôle de la culture dans la création de valeur économique durable est de plus en plus reconnu", a déclaré le ministre. "Notre rôle est de préserver et de promouvoir l'identité culturelle tout en la rendant accessible et économiquement valable. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Enquête du sénat français sur la délinquance financière: Les mesures prises par les Émirats, un exemple à suivre

Derrière l’abstraction des chiffres, il paraît évident que le blanchiment d’argent alimente une économie parallèle qui fragilise l’État de droit et ruine la confiance dans les institutions.   « Le blanchiment est le crime qui permet tous les autres », résume un récent rapport du Sénat, porté par deux sénateurs, Nathalie Goulet et Raphaël Daubet, dévoilé le 20 juin 2025. (Photo LinkedIn)
Derrière l’abstraction des chiffres, il paraît évident que le blanchiment d’argent alimente une économie parallèle qui fragilise l’État de droit et ruine la confiance dans les institutions.  « Le blanchiment est le crime qui permet tous les autres », résume un récent rapport du Sénat, porté par deux sénateurs, Nathalie Goulet et Raphaël Daubet, dévoilé le 20 juin 2025. (Photo LinkedIn)
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  • Boutiques de façade, crypto actifs, rachat de tickets gagnants de jeux du hasard ou dissimulation dans l’immobilier sont autant de mécanismes mobilisés par les criminels, détaille le rapport
  • La France n’est pas dépourvue d’outils : Tracfin (l'organisme chargé de traquer les fraudes et le blanchiment), le Parquet national financier, les autorités de contrôle bancaire sont mobilisés

PARIS: En France comme partout dans le monde, la délinquance financière ne cesse de prendre de l’ampleur.

Derrière l’abstraction des chiffres, il paraît évident que le blanchiment d’argent alimente une économie parallèle qui fragilise l’État de droit et ruine la confiance dans les institutions. 

« Le blanchiment est le crime qui permet tous les autres », résume un récent rapport du Sénat, porté par deux sénateurs, Nathalie Goulet et Raphaël Daubet, dévoilé le 20 juin 2025. 

Ce constat met en lumière les failles de la lutte française contre ces circuits illicites, tandis que d’autres États, comme les Émirats arabes unis, se positionnent désormais en acteurs majeurs de la lutte contre les flux financiers criminels.

Le blanchiment de capitaux représente entre 2 et 5 % du PIB mondial, soit jusqu’à 4 000 milliards de dollars chaque année, selon l’ONU, à l'échelle française, cela se traduirait par 38 à 58 milliards d’euros réinjectés illégalement dans l’économie, or seuls 2 % de ces fonds sont effectivement confisqués par les autorités.

Loin d’être cantonnée au trafic des narcotiques, la délinquance financière s’appuie sur des réseaux multiples : trafic de migrants, contrefaçon, tabac illégal, fraude documentaire, autant de vecteurs qui génèrent des revenus massifs et requièrent, des dispositifs de blanchiment complexes. 

Boutiques de façade, crypto actifs, rachat de tickets gagnants de jeux du hasard ou dissimulation dans l’immobilier sont autant de mécanismes mobilisés par les criminels, détaille le rapport.

La France n’est pas dépourvue d’outils : Tracfin (l'organisme chargé de traquer les fraudes et le blanchiment), le Parquet national financier, les autorités de contrôle bancaire sont mobilisés. 

En 2024, Tracfin a enregistré plus de 211 000 signalements, dont l’essentiel provient du secteur financier, affirment le rapport mais de nombreuses zones d’ombre subsistent, et certaines professions, comme par exemple les antiquaires ou les agents sportifs, échappent encore à la régulation.

La commission sénatoriale, présidée Daubet avec Goulet comme rapporteuse, plaide pour une stratégie globale, dépassant le simple empilement d’outils. 

Elle propose notamment dans son rapport de renforcer la formation des enquêteurs, d’élargir les prérogatives des greffiers pour détecter les sociétés écrans, et de systématiser le contrôle de l’origine des fonds lors de la reprise d’entreprises.

Ces recommandations devraient déboucher sur plusieurs propositions de loi, dont l’une sur la contrefaçon (5 milliards d’euros de pertes annuelles pour la France), une autre sur le trafic de migrants, la fraude à l’identité ou les plaques falsifiées. 

Par ailleurs, certaines mesures n’exigent pas de loi, telles que la réorganisation des services, l’harmonisation des logiciels d’enquête, ainsi que les bonnes pratiques internes aux entreprises ou les nouveaux protocoles d’échange entre administrations.

Pour les sénateurs, il est urgent de bâtir une véritable culture de la lutte contre l’argent sale, « Ce n’est pas qu’un sujet technique, il faut créer une dynamique collective, une prise de conscience nationale et européenne », estime Goulet. 

Alors que la France peine à muscler son dispositif, les Émirats arabes unis illustrent selon le rapport une évolution spectaculaire. 

Longtemps perçu comme un paradis pour les flux opaques, le pays a opéré un redressement stratégique depuis son inscription sur la liste grise du GAFI en 2022, deux ans plus tard, en février 2024, ils en sont officiellement sortis.

Soucieuse d’évaluer cette transition, une délégation du Sénat s’est rendue sur place en mars 2025, peu après, le 5 juin, la Commission européenne annonçait elle aussi le retrait des Émirats de sa propre liste des pays tiers à haut risque, saluant leur conformité croissante aux normes internationales.

Les Émirats ont misé sur un modèle légal souple, inspiré de systèmes comme celui de Singapour ou de l’Australie, ils ont adopté des textes, souvent courts, qui laissent une large marge d’interprétation aux autorités. 

Dans un pays majoritairement peuplé d’expatriés, l’arsenal répressif repose avant tout sur les expulsions, la saisie d’actifs, et une surveillance numérique renforcée.

Leur infrastructure numérique souligne le rapport est sans équivalent dans la région, réseau 5G ultra-rapide, taux d’accès à Internet supérieur à 99 %, et capacité technologique avancée de suivi des communications, des atouts qui permettent un contrôle strict, rapide et efficace des flux financiers suspects.

Le rapport détaillé le dispositif des Émirats, au cœur duquel se trouve « The Executive Office of Anti Money Laundering » et le « Counter Terrorism Financing », une task force composée de 11 départements spécialisés. 

Cette structure centrale est chargée de coordonner les efforts de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, dans le respect des recommandations du GAFI.

Les résultats parlent d’eux-mêmes puisque selon le rapport, entre mars et juillet 2023, plus de 329 millions d’euros d’avoirs illicites ont été saisis, en trois ans, le montant total des amendes infligées aux contrevenants a été multiplié par 25..

Par ailleurs, les Émirats ont accru le contrôle des professions non financières, longtemps vulnérables, comme les agents immobiliers ou les maisons de ventes, en imposant des formations obligatoires, des obligations de vigilance, et des programmes de conformité.

La stratégie émirienne ne vise pas seulement à rassurer les instances internationales, elle s’inscrit aussi dans une ambition diplomatique plus large : devenir un acteur régional majeur en matière de gouvernance financière, d’ailleurs l'ouverture en 2025 d’un bureau régional du GAFI à Abou Dhabi illustre cette volonté de leadership.

Le pays a signé de nombreux accords de coopération, notamment avec TRACFIN en février 2024, et aligné ses normes sur celles de l’Union européenne et des États-Unis. 

L’interdiction d’entrée sur le sol émirien du yacht de luxe « Flying Fox », visé par des sanctions internationales, témoigne d’un changement de posture radical assuré le rapport et la modernisation du secteur des paiements complète ce paysage, à travers surtout la réduction des transactions en espèces.

Le combat contre le blanchiment ne peut être gagné par un seul pays, estiment les auteurs du rapport. Il exige une approche transversale, une coopération entre États, et une volonté d’agir à la fois sur le plan juridique, technologique et culturel. 

La France, en quête d’une meilleure coordination et d’une dynamique législative nouvelle, peut selon eux trouver une source d’inspiration dans l’exemple des Émirats arabes unis.