Espagne: Pedro Sánchez crée la surprise en convoquant des législatives anticipées

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'entretient avec les médias après avoir voté à Madrid le 28 mai 2023 lors des élections locales et régionales (Photo, AFP).
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'entretient avec les médias après avoir voté à Madrid le 28 mai 2023 lors des élections locales et régionales (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 29 mai 2023

Espagne: Pedro Sánchez crée la surprise en convoquant des législatives anticipées

  • Ces élections se tiendront donc durant le semestre de présidence espagnole du Conseil européen, qui commencera le 1er juillet
  • Lors d'une allocution télévisée, M. Sanchez a annoncé avoir communiqué au roi Felipe VI, le chef de l'Etat, sa «décision de dissoudre le Parlement»

MADRID: Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a convoqué lundi des élections législatives anticipées le 23 juillet en Espagne, un pari risqué pour tenter de se maintenir au pouvoir après la victoire sans appel des conservateurs lors d'un double scrutin municipal et régional dimanche.

La mine grave, M. Sanchez a annoncé avoir communiqué au roi Felipe VI, le chef de l'Etat, sa décision de "dissoudre le Parlement et de procéder à la convocation d'élections générales". 

Ces élections auront lieu "le dimanche 23 juillet", soit durant le semestre de présidence espagnole du Conseil européen qui commence le 1er juillet, a ajouté le socialiste, au pouvoir depuis 2018.

"J'ai pris cette décision à la vue des résultats des élections d'hier", a dit M. Sánchez, alors que les législatives devaient initialement se tenir à la fin de l'année, à une date qui n'avait pas encore été fixée.

"Comme président du gouvernement et comme secrétaire général du Parti socialiste, j'assume (la responsabilité des) résultats et je pense qu'il est nécessaire de donner une réponse et de soumettre notre mandat démocratique à la volonté populaire", a-t-il encore dit.

Fragilisé par l'usure du pouvoir et la baisse du pouvoir d'achat des Espagnols, le socialiste a subi un revers cuisant lors des municipales et des régionales de dimanche que les conservateurs du Parti Populaire (PP) avaient voulu transformer en référendum anti-Sánchez.

Devancé depuis des mois dans les sondages par le PP, son image a également souffert des tensions récurentes entre les socialistes et leurs partenaires de Podemos (gauche radicale) au sein du gouvernement. Il a été également été critiqué, parfois jusque dans son camp, pour ses alliances avec les indépendantistes catalans ou basques.

Espagne: Pedro Sánchez, un habitué des coups de poker politiques

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a démontré son goût pour les coups de poker au cours d'une carrière en forme de montagnes russes.

Fragilisé par cinq années de pouvoir mouvementées, entre crise sanitaire et turbulences économiques liées à la guerre en Ukraine, ce socialiste de 51 ans a pris l'Espagne de court en convoquant lundi des élections générales le 23 juillet, un peu plus de quatre mois avant la date attendue.

Un pari perçu comme risqué au vu de la déconfiture subie dimanche par le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et ses alliés lors d'un double scrutin municipal et régional, mais cohérent avec la stratégie suivie depuis toujours par cet économiste de formation.

"L'alternative, c'était six mois d'hémorragie pour le gouvernement", observe Oriol Bartomeus, politologue à l'Université autonome de Barcelone. Dans ce contexte, il "a préféré jouer le tout pour le tout", ajoute le chercheur, jugeant ce choix "typique" du Premier ministre.

Derrière cette décision, "il y a un calcul stratégique" car les socialistes peuvent encore espérer "se maintenir à un niveau" correct fin juillet, alors que le résultat aurait sans doute "été pire s'ils avaient attendu quatre mois" de plus, complète Paloma Román, de l'Université Complutense de Madrid.

Ténacité 

Passé du statut de jeune député inconnu à celui de chef du plus ancien parti d'Espagne en 2014 puis de chef du gouvernement en 2018, Pedro Sánchez a connu une carrière politique en forme de montagnes russes.

Né le 29 février 1972 à Madrid dans une famille aisée, il avait été donné pour politiquement mort après avoir essuyé en 2015 et 2016 les pires résultats électoraux de l'histoire du PSOE.

Démis de la tête du parti par ses caciques, cet ancien joueur de basket amateur d'1 mètre 90 était parvenu à rebondir en se faisant réélire contre toute attente en mai 2017 par les militants, après avoir sillonné l'Espagne dans sa voiture personnelle.

Cette ténacité lui a ensuite permis de prendre la tête du gouvernement lors d'un nouveau coup de poker le 1er juin 2018. Rassemblant derrière son nom les voix de l'ensemble de la gauche et des indépendantistes et nationalistes basques et catalans, il renverse alors le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy, coulé par un scandale de corruption.

"C'est un responsable politique habitué de ce style de décisions", souligne Oriol Bartomeus. "Jusqu'à présent, ça lui a plutôt réussi. Mais désormais, la situation s'annonce plus compliquée", le Premier ministre étant affaibli par l'exercice du pouvoir, ajoute le politologue.

Profil international 

Encarté au PSOE depuis l'adolescence, Pedro Sánchez a dû jouer les équilibristes pour se maintenir au pouvoir depuis cinq ans.

Sa majorité fragile, baptisée "Frankestein" par ses détracteurs, explose en février 2019, l'obligeant à convoquer un scrutin anticipé puis un deuxième quelques mois plus tard, faute de soutiens suffisants pour être investi.

Forcé à un mariage de raison début 2020 avec la gauche radicale de Podemos, qui a fait grincer des dents jusque dans son camp, ce père de deux adolescentes, titulaire d'un doctorat obtenu dans une université privée, a fait passer un vaste éventail de réformes nettement ancrées à gauche.

Le Premier ministre, qui avait marqué les esprits dès son entrée au palais de la Moncloa en nommant le gouvernement le plus féminin de l'histoire du pays, a augmenté d'un tiers le salaire minimum en cinq ans et fait voter une réforme du travail destinée à réduire la précarité.

Arrivé au pouvoir après la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, il est parvenu à renouer le dialogue avec les indépendantistes, au prix de concessions inacceptables selon l'opposition de droite. Il a fait voter une loi réhabilitant la mémoire des victimes du régime du dictateur Francisco Franco (1939-1975), dont la dépouille a été exhumée du mausolée pharaonique dans lequel elle reposait près de Madrid.

A l'aise en anglais, cet ancien membre du cabinet du haut représentant de l'Onu en Bosnie, président de l'Internationale socialiste (IS) depuis l'an dernier, a par ailleurs tout fait pour accroître la visibilité de l'Espagne sur la scène internationale.

«Tourner la page»

"Le message reçu hier soir a été très clair, il faut faire les choses autrement", a commenté la numéro trois du gouvernement, la ministre communiste du Travail Yolanda Diaz, représentante au sein de l'exécutif de la gauche radicale, dont les résultats ont été particulièrement mauvais dimanche.

Sur les 10 régions gouvernées par les socialistes, directement ou dans le cadre d'une coalition, qui étaient en jeu dimanche, le Parti Populaire en a conquis six.

Il s'est par ailleurs renforcé dans ses deux bastions régionaux de Madrid et de Murcie (sud-est) et a pris à la gauche les mairies de Valence et de Séville (sud), troisième et quatrième villes du pays.

"L'Espagne veut, selon moi, tourner la page" et a "entamé un renouvellement (politique) qui ne s'arrêtera pas", a lancé lundi le chef du PP, Alberto Núñez Feijóo, en appelant les Espagnols à faire de lui "le prochain chef du gouvernement de l'Espagne".

Le parti de droite aura toutefois besoin du soutien de Vox, un parti d'extrême droite, pour pouvoir gouverner dans la quasi-totalité des régions qu'il a conquises dimanche, mais aussi - selon les sondages - au niveau national après les législatives s'il les remportent.

Une équation problématique pour le PP, qui essaie de projeter une image modérée et qui a été déjà embarrassé par les prises de position de la formation ultranationaliste en Castille-et-León, la seule région où les deux formations gouvernent ensemble.

Selon les analystes, la convocation de ces législatives anticipées est un énième coup de poker de Pedro Sánchez, arrivé au pouvoir à la faveur d'une motion de censure contre le conservateur Mariano Rajoy après la condamnation en justice du PP dans un méga-procès pour corruption.

"Il tente le tout pour le tout" car "la seule alternative était (d'assister à) six mois d'hémorragie du gouvernement", analyse Oriol Bartomeus, politologue à l'Université autonome de Barcelone.

Pour Antonio Barroso, analyste du cabinet Teneo, le Premier ministre socialiste veut avant tout essayer de "limiter les dégâts" après les "résultats désastreux" de dimanche.

Il pense également pouvoir tirer profit de la peur de l'extrême droite et "mobiliser les électeurs de gauche contre un potentiel gouvernement PP-Vox au niveau national", au moment même où ces deux formations négocieront la formation d'exécutifs dans plusieurs régions espagnoles, ajoute l'expert.


Le sommet de paix franco-saoudien marque un consensus international croissant en faveur de la création d'un État palestinien

Au centre, au premier rang, le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le coprésident de la conférence, le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal ben Farhan Al-Saud, et le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (devant, 5R), se tiennent pour une photo de groupe avec des ministres de haut niveau lors de la conférence des Nations Unies sur une solution à deux États pour Israël et les Palestiniens, au siège de l'ONU, le 28 juillet 2025, à New York City. (AFP)
Au centre, au premier rang, le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le coprésident de la conférence, le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal ben Farhan Al-Saud, et le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (devant, 5R), se tiennent pour une photo de groupe avec des ministres de haut niveau lors de la conférence des Nations Unies sur une solution à deux États pour Israël et les Palestiniens, au siège de l'ONU, le 28 juillet 2025, à New York City. (AFP)
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  • Des représentants du monde entier participent à une conférence organisée par les Nations unies à New York pour relancer l'espoir d'une solution fondée sur la coexistence de deux États
  • Les délégués au sommet ont exigé un cessez-le-feu à Gaza, un acheminement sans restriction de l'aide et l'obligation de rendre compte des attaques israéliennes

DUBAI/LONDRES : Le premier jour de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine a envoyé un message unifié : la voie vers la création d'un État palestinien se dessine, les acteurs internationaux s'efforçant de tracer ce que le ministre français des affaires étrangères a décrit comme une "voie politique irréversible" vers une solution à deux États.

Organisée conjointement par l'Arabie saoudite et la France à l'ONU du 28 au 30 juillet, la conférence vise à relancer l'élan mondial en faveur de la reconnaissance de la Palestine, élan qui s'est essoufflé avec la campagne militaire israélienne à Gaza déclenchée par les attentats du 7 octobre 2023 menés par le Hamas.

"Il s'agit d'une étape historique qui reflète un consensus international croissant", a déclaré lundi le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhan, devant une salle presque comble, ajoutant que le rassemblement visait à faire évoluer l'atmosphère internationale de manière décisive vers une solution à deux États.

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Les participants se tiennent debout pendant un moment de silence lors d'une réunion ministérielle de haut niveau dans le cadre de la conférence des Nations unies sur une solution à deux États pour Israël et les Palestiniens, au siège de l'ONU, le 28 juillet 2025, à New York. (AFP)

"Il ne s'agit pas simplement d'une position politique. Il s'agit plutôt d'une conviction profondément ancrée selon laquelle un État palestinien indépendant est la véritable clé de la paix", qu'il a déclaré envisager sous la forme de l'initiative de paix arabe, présentée par l'Arabie saoudite et adoptée par la Ligue arabe à Beyrouth en 2002.

La conférence intervient quelques jours après que le président français Emmanuel Macron s'est engagé à reconnaître officiellement l'État de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, ce qui ferait de la France le premier pays du G7 à le faire.

Les États-Unis ont toutefois refusé de participer, déclarant dans un mémo que la réunion était "contre-productive pour les efforts en cours et vitaux visant à mettre fin à la guerre à Gaza et à libérer les otages."

Washington a ajouté qu'il s'opposait à "toute mesure qui reconnaîtrait unilatéralement un État palestinien conjectural", arguant que de telles démarches introduisaient "des obstacles juridiques et politiques significatifs" à la résolution du conflit.

Israël, qui fait face à une pression internationale croissante en raison de la crise humanitaire à Gaza, où la famine s'installe selon les Nations unies, a également boycotté la réunion.

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Naeema, une mère palestinienne de 30 ans, est assise avec son fils Yazan, âgé de 2 ans et souffrant de malnutrition, dans leur maison endommagée dans le camp de réfugiés d'Al-Shati, à l'ouest de la ville de Gaza, le 23 juillet 2025. (AFP)

Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré que la large participation à la conférence prouvait "le consensus et la mobilisation de la communauté internationale autour de l'appel à la fin de la guerre à Gaza". Il a exhorté les participants à considérer cette rencontre comme "un tournant, un moment de transformation pour la mise en œuvre de la solution à deux États".

"Nous avons entamé une dynamique sans précédent et imparable en faveur d'une solution politique au Moyen-Orient, qui commence déjà à porter ses fruits", a déclaré M. Barrot, citant des mesures tangibles telles que "la reconnaissance de la Palestine, la normalisation et l'intégration régionale d'Israël, la réforme de la gouvernance palestinienne et le désarmement du Hamas".

Alors que le plan de partage des Nations unies de 1947 proposait à l'origine des États juifs et arabes séparés, le gouvernement israélien d'extrême droite continue de rejeter toute forme d'État palestinien, préconisant plutôt l'annexion permanente de terres et, dans certains cas, l'expulsion des résidents palestiniens.

"Cette conférence ne promeut pas une solution, mais renforce plutôt l'illusion", a déclaré Danny Danon, l'ambassadeur israélien à l'ONU, lundi, accusant les organisateurs d'être "déconnectés de la réalité" en donnant la priorité à la souveraineté palestinienne plutôt qu'à la libération des otages et au démantèlement du Hamas.

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Des Palestiniens inspectent le site frappé par un bombardement israélien à Muwasi, Khan Younis, dans la bande de Gaza, lundi 28 juillet 2025. (AP)

L'avenir du Hamas et la violence des colons israéliens ont dominé les discussions le premier jour et devraient rester au centre des préoccupations tout au long de la conférence.

Juan Manuel Santos, ancien président colombien et lauréat du prix Nobel de la paix, a déclaré lors de la conférence que le gouvernement israélien actuel "cherche à créer un plus grand Israël par la destruction de Gaza, l'expansion illégale des colonies et l'annexion de la Cisjordanie occupée et de Jérusalem-Est".

Il a appelé les nations à reconnaître l'État de Palestine, affirmant que cela enverrait un message clair que "l'agenda expansionniste d'Israël ne sera jamais accepté et ne sert pas ses véritables intérêts".

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhan Al-Saud (C), s'exprime lors d'une réunion ministérielle de haut niveau dans le cadre de la conférence des Nations unies sur une solution à deux États pour Israël et les Palestiniens, au siège de l'ONU, le 28 juillet 2025, à New York. (AFP)

Intervenant sur la question, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a décrit Gaza comme la "dernière et la plus brutale manifestation" de la crise.

"L'idée que la paix peut passer par la destruction ou l'assujettissement de notre peuple est une illusion mortelle", a-t-il déclaré, affirmant que le peuple palestinien - et non le Hamas - "a fait preuve d'un engagement inébranlable en faveur de la paix face à la violence brutale".

Israël a défendu ses actions en les qualifiant d'essentielles à la sécurité nationale et a fait part de son intention de maintenir son contrôle militaire sur Gaza et la Cisjordanie après la guerre. Mais lundi, plusieurs orateurs ont insisté sur le fait qu'une véritable sécurité ne peut exister sans paix.

"De même qu'il ne peut y avoir de paix sans sécurité, il ne peut y avoir de sécurité sans paix", a déclaré la représentante italienne Maria Tripodi.

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Des personnes en deuil prient devant le corps de Soad Qeshtah, décédée quelques heures après avoir accouché par césarienne d'urgence de sa mère, Soad al-Shaer, enceinte de sept mois, tuée lors d'une frappe aérienne israélienne à Khan Younis dans la bande de Gaza, le lundi 28 juillet 2025. (AP)

Les participants ont proposé de construire un cadre de sécurité régional inclusif sur le modèle de l'OSCE ou de l'ANASE, axé sur les négociations et la politique plutôt que sur le contrôle militaire.

Le représentant du Qatar a souligné que si un cessez-le-feu et l'augmentation de l'aide humanitaire restent des objectifs immédiats, une paix durable passe par une solution à deux États, en s'attaquant aux causes profondes, en protégeant les médias indépendants et en luttant contre les discours de haine.

Le ministre égyptien des affaires étrangères, Badr Abdelatty, a déclaré que Le Caire avait "intensifié ses efforts" pour mettre fin à la guerre, reprendre l'aide et fournir une formation en matière de sécurité aux forces qui pourraient contribuer à créer les conditions d'un État palestinien viable.

La crise humanitaire à Gaza a dominé les discussions. Alors que les systèmes sanitaires et alimentaires du territoire se sont effondrés, les Nations unies ont prévenu que la famine était déjà en cours dans certaines parties de l'enclave, où des centaines de milliers de personnes restent prises au piège.

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Un char israélien entre en Israël depuis Gaza, le 28 juillet 2025. (REUTERS)

Malgré la pression internationale croissante, Israël a maintenu un contrôle étroit sur l'accès terrestre et les convois d'aide, augmentant dimanche l'autorisation d'entrée des convois humanitaires dans l'enclave - des efforts que les groupes humanitaires jugent insuffisants, irréguliers et dangereux.

Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, a averti qu'"un nouveau Moyen-Orient ne naîtra jamais de la souffrance des Palestiniens". La paix, a-t-il ajouté, ne viendra pas "de la famine, de la déportation ou de la suppression totale" et ne peut exister tant que l'occupation et l'apartheid persistent.

Le prince Zeid Ra'ad Al-Hussein, ancien haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, a exhorté la communauté internationale à définir un plan clair et pragmatique pour une Palestine nouvelle et indépendante.

"Une vision ne concerne pas l'audit émotionnel d'aujourd'hui", a-t-il déclaré, mais un nouvel avenir pour Israël et la Palestine. C'est pourquoi "une solution à deux États devrait être pratique pour obtenir un soutien" et "un flou total sur la finalité n'est pas stratégique, il est dangereux".

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Une fille palestinienne déplacée réagit alors qu'elle reçoit une soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture à Gaza City, dans le nord de la bande de Gaza, le 25 juillet 2025. (AFP)

Il a plaidé en faveur d'un "accord de sécurité intelligemment conçu et ancré dans la région pour empêcher une abrogation unilatérale en tant que première étape transitoire urgente", en plus d'une mission de reconstruction et de réhabilitation dotée d'un mandat international.

S'adressant aux délégués, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que le conflit avait atteint un "point de rupture" et a exhorté à passer de la rhétorique à l'action concrète.

Rien ne justifie "l'anéantissement de Gaza qui s'est déroulé sous les yeux du monde", a-t-il déclaré, citant l'expansion illégale des colonies, la violence des colons, les déplacements massifs et la volonté d'annexion comme autant d'éléments d'une "réalité systémique qui démantèle les éléments constitutifs de la paix".

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Le soleil se couche sur le nord de Gaza, le 28 juillet 2025. (REUTERS)

Il a appelé à la cessation immédiate des actions unilatérales qui compromettent la solution des deux États et a réaffirmé la vision des Nations unies de deux États souverains et démocratiques vivant côte à côte dans la paix, sur la base des frontières d'avant 1967 et avec Jérusalem comme capitale commune.

"Cela reste le seul cadre ancré dans le droit international, approuvé par cette Assemblée et soutenu par la communauté internationale", a-t-il déclaré. "C'est la seule voie crédible vers une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens. Et c'est la condition sine qua non de la paix dans l'ensemble du Moyen-Orient".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Washington dénonce une enquête pénale contre X en France

Une personne arrive pour participer à un événement à Paris, le 20 janvier 2025, pour célébrer une "nouvelle ère numérique" organisée par le collectif derrière "HelloQuitteX", une application développée pour aider les utilisateurs à migrer l'ensemble de leur communauté en ligne de X d'Elon Musk vers des plateformes sociales concurrentes. (AFP/File)
Une personne arrive pour participer à un événement à Paris, le 20 janvier 2025, pour célébrer une "nouvelle ère numérique" organisée par le collectif derrière "HelloQuitteX", une application développée pour aider les utilisateurs à migrer l'ensemble de leur communauté en ligne de X d'Elon Musk vers des plateformes sociales concurrentes. (AFP/File)
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  • Les Etats-Unis ont dénoncé vendredi une enquête pénale ouverte en France contre le réseau social X, propriété d'Elon Musk, suspecté d'ingérence étrangère
  • Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain Donald Trump a dénoncé, ainsi que le vice-président JD Vance et le secrétaire d'Etat Marco Rubio, ce qu'il considère comme étant des menaces à la liberté d'expression en Europe

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont dénoncé vendredi une enquête pénale ouverte en France contre le réseau social X, propriété d'Elon Musk, suspecté d'ingérence étrangère.

"Dans le cadre d'une enquête criminelle, un procureur français militant demande des informations sur l'algorithme propriétaire de X et a classé X comme un groupe criminel organisé", a indiqué le département d'Etat américain dans un message vendredi sur ce même réseau.

"Les gouvernements démocratiques devraient permettre à toutes les voix de s'exprimer, et non pas museler les discours qui leur déplaisent", a accusé le Bureau des droits humains, de la démocratie et du travail, qui dépend du département d'Etat, dans ce message sur X.

"Les Etats-Unis défendront la liberté d'expression de tous les Américains contre les actes de censure étrangère", a-t-il ajouté.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président américain Donald Trump a dénoncé, ainsi que le vice-président JD Vance et le secrétaire d'Etat Marco Rubio, ce qu'il considère comme étant des menaces à la liberté d'expression en Europe.

Visée par une enquête pénale de la justice française, la plateforme X, suspectée d'avoir biaisé son algorithme après des accusations d'ingérence étrangère, a dénoncé lundi dernier un "agenda politique", et dit avoir refusé d'accéder aux demandes du parquet de Paris requérant l'accès à son algorithme.

Selon X, les autorités françaises ont requis l'accès à son algorithme de recommandation ainsi qu'aux données en temps réel concernant toutes les publications des utilisateurs de la plateforme.

Le Parquet de Paris avait indiqué le 11 juillet qu'une enquête avait été confiée à la gendarmerie concernant le réseau X, en tant que personne morale, et contre les "personnes physiques" qui le dirigent.

Cette enquête, confiée à la Direction générale de la gendarmerie nationale, porte "notamment" sur l'altération du fonctionnement d'un système de traitement automatisé de données en bande organisée et l'extraction frauduleuse de données d'un système de traitement automatisé de données en bande organisée.

L'enquête intervient après deux signalements reçus en janvier qui "faisaient état de l'utilisation supposée de l'algorithme de X (ex-Twitter) à des fins d'ingérence étrangère", selon le ministère public.

X "nie catégoriquement" les accusations de manipulation de son algorithme à des fins d'ingérence étrangère, "une allégation qui est totalement fausse", a répondu le réseau social lundi, dans un post partagé par le département d'Etat américain.


Efforts à l'ONU pour raviver la solution à deux Etats, israélien et palestinien

Le ministre français de l'Europe et des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (C), pose avec des participants lors d'une conférence intitulée "Appel de Paris pour la solution à deux États, la paix et la sécurité régionale" réunissant des acteurs influents des sociétés civiles israélienne et palestinienne engagés dans la promotion de la solution à deux États, à Paris, le 13 juin 2025. (AFP/File)
Le ministre français de l'Europe et des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (C), pose avec des participants lors d'une conférence intitulée "Appel de Paris pour la solution à deux États, la paix et la sécurité régionale" réunissant des acteurs influents des sociétés civiles israélienne et palestinienne engagés dans la promotion de la solution à deux États, à Paris, le 13 juin 2025. (AFP/File)
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  • Portés par la décision française de reconnaître la Palestine, les Etats membres de l'ONU vont tenter la semaine prochaine d'insuffler un peu de vie à la solution à deux Etats, israélien et palestinien
  • Après plus de 21 mois de guerre à Gaza, la crainte que la création d'un Etat palestinien soit physiquement impossible gagne du terrain

Nations unies, États-Unis: Portés par la décision française de reconnaître la Palestine, les Etats membres de l'ONU vont tenter la semaine prochaine d'insuffler un peu de vie à la solution à deux Etats, israélien et palestinien, une réunion sans Israël, sous pression pour cesser la guerre à Gaza.

La conférence convoquée par l'Assemblée générale des Nations unies, coprésidée par la France et l'Arabie saoudite, devait avoir lieu en juin au plus haut niveau. Reportée en raison de la guerre déclenchée par Israël contre l'Iran, un premier segment au niveau ministériel commence lundi à New York avant un sommet attendu en septembre.

Juste avant cette réunion, le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi qu'il reconnaîtrait solennellement un Etat de Palestine en septembre.

Alors que la conférence semblait "vouée à l'insignifiance", "l'annonce de Macron change la donne", estime Richard Gowan, analyste à l'International Crisis Group. "D'autres participants vont réfléchir à la hâte pour savoir s'ils doivent aussi déclarer une intention de reconnaître la Palestine", explique-t-il à l'AFP.

Parmi les grandes puissances que la France aimerait convaincre de sauter le pas, le Royaume-Uni. Mais le Premier ministre britannique Keith Starmer a répété vendredi qu'une reconnaissance devait "s'inscrire dans un plan plus global". Tandis que l'Allemagne ne l'envisage pas "à court terme".

Selon le décompte et les vérifications de l'AFP, au moins 142 des 193 Etats membres de l'ONU -- en comptant la France -- reconnaissent désormais l'Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.

En 1947, une résolution de l'Assemblée générale de l'ONU avait décidé le partage de la Palestine alors sous mandat britannique, en deux Etats indépendants, l'un juif et l'autre arabe. L'année suivante, l'Etat d'Israël était proclamé.

- "Plus nécessaire que jamais" -

Depuis plusieurs décennies, la grande majorité de la communauté internationale soutient le principe d'une solution à deux Etats, israélien et palestinien, vivant côte à côte en paix et sécurité.

Mais après plus de 21 mois de guerre à Gaza, l'extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie et les velléités de responsables israéliens d'annexer ce territoire occupé, la crainte que la création d'un Etat palestinien soit physiquement impossible gagne du terrain.

D'où l'idée de cette conférence à laquelle sont notamment attendus le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa et plusieurs dizaines de ministres du monde entier.

La réunion intervient à un moment où à la fois la solution à deux Etats est "plus affaiblie que jamais", mais aussi "plus nécessaire que jamais", a commenté une source diplomatique française.

Au-delà de créer une dynamique pour la reconnaissance de l'Etat palestinien, la conférence se concentrera sur trois autres axes: la réforme de la gouvernance de l'Autorité palestinienne, le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance palestinienne, et enfin la normalisation des relations avec Israël par les Etats arabes qui ne l'ont pas encore fait.

Mais la source diplomatique a prévenu qu'aucune annonce de normalisation avec Israël n'était attendue la semaine prochaine.

- "Opportunité unique" -

La conférence "offre une opportunité unique de transformer le droit international et le consensus international en un plan réaliste, et de prouver la détermination de mettre fin à l'occupation et au conflit une fois pour toute", a plaidé cette semaine l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour, réclamant du "courage".

Israël et les Etats-Unis en revanche ne participeront pas à la réunion.

L'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon "a annoncé qu'Israël ne prendra part à cette conférence qui ne répond pas à l'urgence de condamner le Hamas et de permettre le retour de tous les otages", a déclaré à l'AFP Jonathan Harounoff, un porte-parole de la mission israélienne.

La pression internationale ne cesse de s'intensifier sur Israël pour mettre fin à la guerre à Gaza, déclenchée par les attaques du Hamas du 7 octobre 2023.

La catastrophe humanitaire dans le petit territoire ravagé devrait donc être au coeur des discours des représentants de plus de 100 pays annoncés à la tribune de lundi à mercredi.

Richard Gowan prédit ainsi des "critiques très féroces contre Israël" de la part d'Etats membres de plus en plus frustrés.