Le rachat de Credit Suisse par UBS, « l'affaire du siècle »?

Depuis le sauvetage, l'action UBS a gagné plus de 31%. Mais la banque a encore d'importants défis à relever, insiste Andreas Venditti, analyste à Vontobel. (AFP).
Depuis le sauvetage, l'action UBS a gagné plus de 31%. Mais la banque a encore d'importants défis à relever, insiste Andreas Venditti, analyste à Vontobel. (AFP).
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Publié le Mercredi 13 septembre 2023

Le rachat de Credit Suisse par UBS, « l'affaire du siècle »?

  • UBS a finalement annoncé mi-août qu'elle pouvait se passer de l'aide de l’État, qui était destinée à la protéger contre de mauvaises surprises dans les comptes de son ex-rivale
  • Selon un récent rapport d'experts indépendants, commandé par le ministère des Finances, ce rachat n'a pas toujours été bien compris, y compris à l'étranger

ZURICH: Le géant bancaire suisse UBS a-t-il fait "l'affaire du siècle" en rachetant en mars pour une somme dérisoire une des trente plus grandes banques de la planète lorsqu'elle était au bord du gouffre?

Après avoir racheté dans l'urgence, sous la pression des autorités, Credit Suisse pour 3 milliards de francs (somme équivalente en euros), UBS a finalement annoncé mi-août qu'elle pouvait se passer de l'aide de l’État, qui était destinée à la protéger contre de mauvaises surprises dans les comptes de son ex-rivale.

Sur X (ex-Twitter), le député conservateur Thomas Aeschi, en déduisait que la situation de Credit Suisse devait donc être "bien meilleure que dépeinte en mars".

Fin août, UBS dévoilait ensuite un bénéfice net de 29 milliards de dollars (27,1 milliards d'euros) au deuxième trimestre en raison d'un gain exceptionnel résultant de l'écart entre la valeur d'actif comptabilisée et les 3 milliards déboursés.

"L'UBS a réussi l'affaire du siècle", a réagi le Parti socialiste, voyant dans ce sauvetage "une aubaine" pour s'offrir une banque dont la valeur était "très largement supérieure".

"Si on avait choisi une autre voie", comme "une nationalisation temporaire ou partielle", "la Confédération aurait pris les risques, mais ces 29 milliards seraient maintenant dans la poche de la population", a déclaré à l'AFP Samuel Bendahan, député socialiste et enseignant en économie à l'Université de Lausanne.

A la place, ce rachat créée une "situation monopolistique" qui "renforce UBS" mais fait courir de très gros risques à la Suisse si cette méga-banque se trouve un jour confrontée à une crise, argumente ce député.

Il regrette que la Confédération n'ait pas laissé une chance à Credit Suisse, comme elle l'avait fait en aidant UBS durant la crise financière de 2008.

Trois francs six sous

Ces critiques ne se limitent pas aux sphères politiques. Pour Gisèle Vlietstra, fondatrice de l'Association suisse de protection des actionnaires, ces 29 milliards de bénéfices confirment que la "valeur intrinsèque" de Credit Suisse était "beaucoup plus élevée", a-t-elle affirmé à la radio publique RTS. Elle espère que l'action en justice lancée par cette association permettra d'obtenir une "valeur correcte" pour compenser les actionnaires de Credit Suisse.

"UBS a payé trois francs six sous" et s'est "débarrassé" de son principal concurrent", ce qui "n'a pas de prix", a déclaré à l'AFP Carlo Lombardini, avocat et professeur de droit bancaire à l'Université de Lausanne.

Les restructurations à venir comportent "clairement" des risques, "mais en ayant payé trois milliards, cela ne peut pas aller mal", ajoute cet avocat, qui déplore, lui aussi, les choix de la Confédération.

Selon un récent rapport d'experts indépendants, commandé par le ministère des Finances, ce rachat n'a pas toujours été bien compris, y compris à l'étranger.

Credit Suisse faisait partie des 30 banques au monde considérées comme trop grosses pour faire faillite. Avec son rachat, UBS va se trouver à la tête de 5.000 milliards de dollars d'actifs sous gestion et pouvoir se renforcer en Asie et en Amérique latine.

Dès 2016, UBS était "préoccupée" par sa concurrente et avait "entre autres" examiné "les possibilités de reprise", notamment pour "éviter qu’une banque étrangère" ne l'acquière, a expliqué son patron, Sergio Ermotti, à l'hebdomadaire SonntagsZeitung.

Selon lui, Credit Suisse aurait "peut-être survécu encore quelque temps" si la banque centrale avait continué d'injecter de l'argent, "mais cela n’aurait pas suffi, parce que la confiance s’était évaporée".

Une décennie de maux de tête?

Depuis le sauvetage, l'action UBS a gagné plus de 31%. Mais la banque a encore d'importants défis à relever, insiste Andreas Venditti, analyste à Vontobel.

Ces 29 milliards ne sont qu'un "gain comptable exceptionnel" au moment du rachat mais "les pertes et frais pour UBS vont venir après", prévient cet analyste qui se demandait il y a encore peu si la banque avait conclu "l'affaire de la décennie" ou s'était embarquée dans "une décennie de maux de tête".

Historiquement, le bilan des grandes fusions bancaires est peu reluisant, a-t-il retracé, rappelant que ce rapprochement forcé était cependant une fusion atypique, qui ne s'était pas faite aux plus hauts des marchés sur des valorisations tendues.

Mais d'après lui, ce n'est que "dans trois ans", quand le plus gros des restructurations sera achevé, "que l'on pourra voir si cette transaction en valait la peine".

"Beaucoup de choses peuvent encore mal tourner d'ici là", estime-t-il, car UBS doit encore restructurer la banque d'affaires, toujours source "d'énormes pertes".

Avec ce rachat, UBS "a gagné du muscle", a expliqué Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote, à l'AFP. Mais si certains y voient "l'affaire du siècle", cela reste un "rachat forcé" et il appartient à UBS de "transformer cette obligation" en "un avantage", selon elle.


Droits de douane: une «pause fragile», l'UE doit continuer à «mobiliser tous les leviers disponibles» affirme Macron 

Emmanuel Macron a donc rappelé que l'objectif de la Commission européenne était "simple: négocier pour faire retirer ces tarifs injustes et obtenir un accord équilibré, sans asymétrie", car cette pause de trois mois représente "90 jours d'incertitude pour toutes nos entreprises, d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique et au delà". (AFP)
Emmanuel Macron a donc rappelé que l'objectif de la Commission européenne était "simple: négocier pour faire retirer ces tarifs injustes et obtenir un accord équilibré, sans asymétrie", car cette pause de trois mois représente "90 jours d'incertitude pour toutes nos entreprises, d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique et au delà". (AFP)
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  • "Avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts: l'Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires", a-t-il déclaré après l'annonce de Donald Trump mercredi d'une pause dans la hausse de droits de douanes
  • Il a notamment alerté sur la nécessité pour l'Union européenne de se protéger "des flux de pays tiers", en particulier la Chine, qui reste taxée au maximum, et dont l'afflux de produits pourrait "déséquilibrer notre marché"

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a prévenu vendredi que le rabaissement des droits de douane américains à 10% étaient "une pause fragile" et estimé que l'Europe devait continuer de "mobiliser tous les leviers disponibles pour se protéger", dans un message posté sur X.

"Avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts: l'Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires", a-t-il déclaré après l'annonce surprise de Donald Trump mercredi d'une pause dans la hausse de droits de douane, limitée à 25% pour l'acier, l'aluminium, les automobiles, et 10% pour les autres produits.

Il a notamment alerté sur la nécessité pour l'Union européenne de se protéger "des flux de pays tiers", en particulier la Chine, qui reste taxée au maximum, et dont l'afflux de produits pourrait "déséquilibrer notre marché".

Emmanuel Macron a donc rappelé que l'objectif de la Commission européenne était "simple: négocier pour faire retirer ces tarifs injustes et obtenir un accord équilibré, sans asymétrie", car cette pause de trois mois représente "90 jours d'incertitude pour toutes nos entreprises, d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique et au delà".

"Nous avons raison de nous battre, ce sont des emplois et la vie de nos territoires qui sont ici en jeu", a encore insisté le président français.

Son Premier ministre François Bayrou devait se rendre vendredi matin à la foire aux fromages et aux vins de Coulommiers (Seine-et-Marne) pour précisément apporter son soutien à des filières susceptibles d'être impactées par des droits de douane.


La Bourse de Paris célèbre la suspension des droits de douane de Trump

a Bourse de Paris s'envolait de concert avec les autres principaux indices européens, euphoriques après la suspension annoncée par Donald Trump de ses droits de douane colossaux contre le reste du monde, à l’exception de la Chine. (AFP)
a Bourse de Paris s'envolait de concert avec les autres principaux indices européens, euphoriques après la suspension annoncée par Donald Trump de ses droits de douane colossaux contre le reste du monde, à l’exception de la Chine. (AFP)
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  • Vers 10H30 heure de Paris (08H30 GMT), l'indice vedette CAC 40, s'envolait (+5,36%), s'établissant à 7.230,69 points, soit un bond de 367,67 points. Depuis le 1er avril, il cède toutefois plus de 2%
  • A Francfort, le Dax décollait de 6,28%, Londres de 4,55%, Milan de 6,96% et la Bourse suisse de 5,27%

PARIS: La Bourse de Paris s'envolait de concert avec les autres principaux indices européens, euphoriques après la suspension annoncée par Donald Trump de ses droits de douane colossaux contre le reste du monde, à l’exception de la Chine.

Vers 10H30 heure de Paris (08H30 GMT), l'indice vedette CAC 40, s'envolait (+5,36%), s'établissant à 7.230,69 points, soit un bond de 367,67 points. Depuis le 1er avril, il cède toutefois plus de 2%.

A Francfort, le Dax décollait de 6,28%, Londres de 4,55%, Milan de 6,96% et la Bourse suisse de 5,27%.

Donald Trump a annoncé mercredi dans une spectaculaire volte-face qu'il allait ramener provisoirement à 10% les droits de douane imposés à la plupart des pays, si ces derniers n'ont pas riposté, à l'exception notable de la Chine.

"Les investisseurs espèrent que cette trêve de 90 jours donnera aux pays le temps de renégocier, de réorganiser les chaînes d'approvisionnement et d'atténuer le choc" des droits de douane, commente Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank.

"C’est fondamentalement positif - que les droits de douane soient finalement appliqués ou non", poursuit-elle, "mais il ne faut pas encore sabrer le champagne".

Face à la Chine, les Etats-Unis s'enfoncent dans une guerre commerciale qui enfle de plus en plus. Donald Trump a annoncé mercredi durcir les surtaxes visant Pékin en raison d'un supposé "manque de respect", les portant à un niveau vertigineux de 125%, contre 104% auparavant.

Les incertitudes devraient ainsi "persister", même si le rebond actuel "repose sur des bases solides", affirme Mme Ozkardeskaya.

Les bancaires au beau fixe

Très attaquées lors de la débâcle boursière des derniers jours, les valeurs bancaires caracolent désormais en tête avec le retour de l'appétit des investisseurs pour le risque.

Elles sont aussi portées par la stabilisation des taux d'emprunts longs des Etats après une flambée massive, un phénomène favorable à leurs marges.

Société Générale s'envolait de 9,14% à 37,50 euros, BNP Paribas décollait de 9,60% à 69,90 euros et Crédit agricole de 5,18% à 15,75 euros vers 10H30 heure de Paris.

L'industrie surfe sur la vague

La suspension des droits de douane de Donald Trump a aussi apporté un soulagement immédiat aux valeurs industrielles, l'aéronautique en tête, un cinquième des exportations de la France vers les Etats-Unis étant lié au secteur.

Airbus flambait ainsi de 7,57% à 143,58 euros, Dassault Aviation gagnait 3,69% à 292,60 euros.

Les entreprises de matériaux de constructions profitent aussi de la dynamique, avec ArcelorMittal qui s'envolait de 7,99% à 23,65 euros, et Saint-Gobain de 9,48% à 83,82 euros.

 


Arabie saoudite: croissance de 89% des installations touristiques autorisées

Le palais de Salwa à Turaif, site du patrimoine mondial de l'Unesco, illuminé la nuit, à Diriyah, en Arabie saoudite. (Shutterstock)
Le palais de Salwa à Turaif, site du patrimoine mondial de l'Unesco, illuminé la nuit, à Diriyah, en Arabie saoudite. (Shutterstock)
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  • Le porte-parole officiel du ministère du Tourisme, Mohammed Al-Rasasimah, a qualifié cette augmentation de «remarquable»
  •  Il ajoute que cette expansion s'inscrit dans le cadre d'un essor significatif du secteur touristique du Royaume

RIYAD: Le secteur du tourisme en Arabie saoudite a connu une croissance significative en 2024, le nombre d'établissements d'accueil autorisés ayant augmenté de 89% pour atteindre 4 425 dans les différentes régions du Royaume.

Dans un message publié sur X, le porte-parole officiel du ministère du Tourisme, Mohammed Al-Rasasimah, a qualifié cette augmentation de «remarquable», ajoutant qu'elle reflétait les efforts déployés «pour soutenir la croissance du secteur et renforcer son attractivité en matière d'investissement».

Il ajoute que cette expansion s'inscrit dans le cadre d'un essor significatif du secteur touristique du Royaume, stimulé par un afflux de voyageurs et par l'engagement du ministère à favoriser un environnement d'accueil de classe mondiale.

Le ministère a indiqué en mars que le nombre d'établissements hôteliers agréés à La Mecque atteindrait 1 030 à la fin de 2024, soit une augmentation de 80% par rapport à l'année précédente.

Cette augmentation place la province en tête du Royaume pour le plus grand nombre d'installations et de chambres autorisées, soulignant l'engagement de la région à améliorer l'expérience des visiteurs, a rapporté l'Agence de presse saoudienne (SPA).

Cette mesure renforce également l'engagement du ministère à protéger les droits des visiteurs et des pèlerins de la Omra qui utilisent les services d'accueil à La Mecque, dans le cadre de ses efforts continus pour améliorer la qualité des services.

«Les équipes d'inspection du ministère effectuent des visites de contrôle et d'inspection régulières tout au long de l'année pour s'assurer que tous les établissements respectent les exigences en matière de licence, détecter les violations et imposer des amendes en vertu de la loi sur le tourisme et de la réglementation des établissements d'hébergement touristique», a déclaré SPA.

Le secteur de l'hôtellerie en Arabie saoudite se développe au-delà de La Mecque. À la fin du troisième trimestre 2024, le nombre total d'établissements d'accueil autorisés dans le Royaume dépassait 3 950, soit une augmentation de 99% par rapport au troisième trimestre 2023. Le nombre de chambres autorisées a atteint 443 000, soit un bond de 107% par rapport aux 214 000 chambres enregistrées un an plus tôt.

Selon CoStar, un fournisseur mondial de données immobilières, La Mecque et Médine auront respectivement 17 646 et 20 079 chambres à divers stades de développement en 2025.

Cela intervient alors que l'Arabie saoudite a enregistré 30 millions de touristes entrants en 2024, contre 27,4 millions en 2023, selon les données du gouvernement. Le Royaume vise à attirer 150 millions de visiteurs par an d'ici à 2030 et prévoit d'augmenter la contribution du secteur du tourisme au produit intérieur brut de 6 à 10%.

L'expansion dynamique de l'Arabie saoudite dans le domaine de l'hôtellerie et du tourisme souligne son ambition de se positionner en tant que plaque tournante mondiale du voyage, en s'adressant aux visiteurs religieux et aux touristes de loisir.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com