La France ferme son ambassade au Niger, le divorce définitivement acté

Des agents de la Police nationale nigérienne sont vus devant l'ambassade de France à Niamey le 28 août 2023 (Photo, AFP).
Des agents de la Police nationale nigérienne sont vus devant l'ambassade de France à Niamey le 28 août 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 22 décembre 2023

La France ferme son ambassade au Niger, le divorce définitivement acté

  • La France a décidé de fermer son ambassade au Niger, où «elle n'est plus en capacité de fonctionner normalement ni d'assurer ses missions»
  • Cette mesure, extrêmement rare, intervient alors que Niamey avait annoncé le 12 décembre le départ de tous les soldats français déployés au Niger

PARIS: La France a décidé de fermer son ambassade au Niger, où "elle n'est plus en capacité de fonctionner normalement ni d'assurer ses missions", a-t-on appris jeudi de sources diplomatiques, actant définitivement un divorce entre les deux pays.

Cette mesure, extrêmement rare, intervient alors que Niamey avait annoncé le 12 décembre le départ de tous les soldats français déployés au Niger dans le cadre de la lutte antidjihadiste d'ici le 22 décembre, soit ce vendredi.

C'est l'aboutissement de relations exécrables entre la France et le Niger, depuis l'arrivée au pouvoir des généraux à Niamey, lors d'un coup d'Etat le 26 juillet.

Au Mali et au Burkina Faso, où des régimes militaires ont également chassé l'armée française ces dernières années après des coups d'Etat, la France a maintenu ses représentations diplomatiques, malgré de fortes tensions avec ces pays qui se sont rapprochés de la Russie, comme Niamey semble le faire.

Quatre fonctionnaires français, des agents du renseignement selon une source burkinabè, des techniciens de maintenance informatique selon une source diplomatique française, ont été arrêtés à Ouagadougou début décembre.

Mais le différend paraissait insurmontable au Niger où, "après l’attaque contre notre ambassade le 30 juillet dernier, et après l’instauration d’un blocus autour de notre emprise par les forces nigériennes, nous avions procédé, fin septembre, au départ de l’essentiel de nos personnels diplomatiques", ont expliqué les sources diplomatiques.

"L’ambassade de France au Niger n’est donc plus en capacité de fonctionner normalement ni d’assurer ses missions. Prenant acte de cette situation, nous avons décidé la fermeture prochaine de notre ambassade" et dans ce cadre "dû procéder au licenciement et à l’indemnisation de nos agents de droit local", ont-t-elles poursuivi.

Après le coup d'Etat du 26 juillet, les militaires au pouvoir avaient rapidement exigé le départ des soldats français - environ 1.500 déployés pour lutter contre les djihadistes - et dénoncé plusieurs accords militaires conclus avec Paris.

Ambassadeur expulsé

Le régime militaire avait aussi prononcé fin août l'expulsion de l'ambassadeur de France Sylvain Itté. Celui-ci était resté près d'un mois coincé à l'intérieur de la représentation diplomatique avant de la quitter. Il était "pris en otage", avait commenté le président français Emmanuel Macron.

Les entreprises nigériennes fournissant du ravitaillement à l'ambassade étaient "dissuadées, voire menacées" par le nouveau pouvoir, et avaient fini par ne plus venir, avait déclaré Sylvain Itté fin septembre sur la chaîne TF1.

"Il fallait sortir les poubelles sans que nos amis de la junte s'en aperçoivent", avait-il indiqué, ajoutant: "Il s'agissait de faire rentrer de la nourriture, de l'eau, là aussi en faisant preuve d'ingéniosité".

Le 30 juillet, la manifestation violente qui avait visé l'ambassade de France s'était muée en "attaque" et avait "duré plus de 2H30", avait-il raconté. "Ce jour-là, nous étions collectivement en danger et nous sommes passés très, très près du drame, parce qu'il y avait plus de 6.000 personnes qui étaient là pour en découdre, qui étaient là pour rentrer dans l'ambassade", avait relaté le diplomate.

La France a compté jusqu'à 5.500 militaires déployés dans le Sahel, avant d'en être chassée par des coups d'Etat successifs au Mali, au Burkina Faso et enfin au Niger.

Barkhane, la force antidjihadiste Barkhane déployée en 2014 dans le Sahel, a cristallisé le sentiment anti-français d'une partie des opinions publiques africaines. Les trois pays, après ces putschs, se sont ensuite rapprochés à plus ou moins forte mesure de la Russie.

Le groupe paramilitaire russe Wagner s'est surtout implanté au Mali, avec qui Moscou a signé en octobre un accord de coopération sur le nucléaire civil. Quelques dizaines d'instructeurs et formateurs militaires russes sont aussi présents à Ouagadougou, même si les autorités n’ont pas confirmé leur présence.

Un "renforcement de la coopération militaire" a également été acté début décembre entre Niamey et Moscou.


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.