En Somalie, le chef de l'ONU «sonne l'alarme» et demande un soutien international «massif»

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Publié le Mercredi 12 avril 2023

En Somalie, le chef de l'ONU «sonne l'alarme» et demande un soutien international «massif»

  • Antonio Guterres est arrivé mardi matin pour une rapide «visite de solidarité» à l'occasion du mois de ramadan
  • La venue de M. Guterres, qui s'était déjà rendu en Somalie en mars 2017, intervient alors que le pays fait face à une sécheresse désastreuse, la pire en quatre décennies

MOGADISCIO : Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a "sonné l'alarme" et appelé à une mobilisation internationale "massive" en faveur de la Somalie mardi lors d'une visite dans ce pays de la Corne de l'Afrique qui combat la double menace d'une sécheresse historique et d'une insurrection islamiste.

"La combinaison du terrorisme et de la sécheresse, causée en grande partie par le changement climatique, crée les conditions parfaites (d'une crise) et nécessite un soutien massif de la communauté internationale", a-t-il affirmé mardi après-midi depuis la ville de Baidoa (sud-ouest).

Le chef de l'ONU s'est rendu dans un camp de déplacés qui accueille les victimes de la sécheresse dans cette régions parmi les plus durement touchées par la faim, qui est également un bastion des islamistes shebab.

A son arrivée mardi matin dans la capitale Mogadiscio pour cette "visite de solidarité", il a expliqué être venu "sonner l'alarme" sur la situation du pays auprès de la communauté internationale.

Le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud a salué cette visite, qui selon lui "témoigne que les Nations unies sont pleinement engagées à soutenir nos plans de construction de l'État et de stabilisation du pays".

La venue de M. Guterres, qui s'était déjà rendu en Somalie en mars 2017, intervient alors que le pays fait face à une sécheresse désastreuse, la pire depuis au moins quatre décennies.

Cinq saisons des pluies avortées consécutives dans certaines parties de la Somalie, ainsi qu'au Kenya et en Ethiopie, ont anéanti bétail et cultures et forcé au moins 1,7 million de personnes à quitter leur foyer en quête d'eau et de nourriture.

Environ la moitié de la population somalienne aura besoin d'aide humanitaire cette année, avec 8,3 millions de personnes touchées par la sécheresse, estime l'ONU.

«Communauté internationale distraite»

Selon une étude publiée en mars par le ministère somalien de la Santé, l'Organisation mondiale de la Santé et l'Unicef, entre 18.100 et 34.200 personnes pourraient mourir des conséquences de la sécheresse durant les six premiers mois de cette année.

L'ONU a lancé un appel pour une aide humanitaire de 2,6 milliards de dollars pour la Somalie, qui n'est financé qu'à hauteur de 15%. "La communauté internationale a été distraite par rapport au drame du peuple somalien", a-t-il déploré.

La Somalie a été frappée en 2011 par une famine qui a causé la mort de 260.000 personnes, dont plus de la moitié d'enfants de moins de six ans. En 2017, une nouvelle catastrophe avait été évitée grâce à la mobilisation rapide de la communauté internationale.

"Bien que les Somaliens ne contribuent pratiquement pas au changement climatique (...) ils sont parmi les plus grandes victimes", a souligné M. Guterres.

Le chef de l'ONU et le président somalien ont également "discuté des efforts précieux du gouvernement pour lutter contre le terrorisme et faire progresser la paix et la sécurité pour tous", a-t-il souligné.

Opérations militaires 

Revenu au pouvoir en mai 2022, Hassan Cheikh Mohamoud a déclaré une "guerre totale" aux shebab, groupe affilié à Al-Qaïda qui mène depuis 2007 une insurrection sanglante contre le gouvernement soutenu par la communauté internationale.

Le président somalien a envoyé en septembre des troupes pour soutenir des milices claniques locales qui s'étaient soulevées contre eux dans le centre du pays.

Ces derniers mois, l'armée et ces milices connues sous le nom de "macawisley" ont repris aux shebab de larges pans de territoire, dans une opération appuyée par la force de l'Union africaine en Somalie (Atmis) et des frappes aériennes américaines.

Le gouvernement a affirmé fin mars que plus de 3.000 combattants shebab avaient été tués depuis le début de l'offensive. Et selon le ministère de l'Information, 70 villes et villages ont été "libérés".

Ces informations sont impossible à vérifier de manière indépendante.

Malgré ces revers, les shebab ont régulièrement mené des attentats meurtriers, soulignant leur capacité à frapper au coeur des villes et des installations militaires somaliennes des cibles civiles, politiques et militaires malgré les avancées du gouvernement.

Dans un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU en février, Antonio Guterres avait affirmé que 2022 avait été l'année la plus meurtrière pour les civils en Somalie depuis 2017, en grande partie à cause des attaques des shebab.


Frappes meurtrières sur Gaza : Israël étend ses opérations

Une charrette à cheval transportant des blessés et les corps de victimes décédées arrive au complexe médical Nasser à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 juillet 2025. (Photo par AFP)
Une charrette à cheval transportant des blessés et les corps de victimes décédées arrive au complexe médical Nasser à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 juillet 2025. (Photo par AFP)
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  • Des frappes israéliennes meurtrières ont visé mardi la bande de Gaza, où Israël étend ses opérations militaires contre le Hamas, malgré les appels internationaux à mettre fin à la guerre et aux souffrances de la population.
  • Faute de pouvoir utiliser leur voiture à cause des pénuries de carburant, des habitants transportaient les blessés à pied. "

DEIR AL- BALLAH, TERRITOIRES PALESTINIENS : Des frappes israéliennes meurtrières ont visé mardi la bande de Gaza, où Israël étend ses opérations militaires contre le Hamas, malgré les appels internationaux à mettre fin à la guerre et aux souffrances de la population.

Lundi, l'Organisation mondiale de la santé a dénoncé des attaques israéliennes contre plusieurs de ses locaux dans le centre de Gaza. Israël a annoncé étendre ses opérations autour de Deir el-Balah, y compris dans une zone où il n'était jamais allé en plus de 21 mois de guerre.

Après un appel lancé lundi par 25 pays en faveur d'une fin « immédiate » de la guerre, la France a réclamé mardi que la presse internationale « puisse accéder à Gaza pour montrer » ce qui se passe dans ce territoire assiégé, où plus de deux millions de Palestiniens sont en danger de famine.

Mardi, la Défense civile a annoncé que des frappes israéliennes avaient fait 15 morts, dont 13 dans le camp d'Al-Shati, dans le nord de la bande de Gaza, qui abrite des milliers de déplacés.

Raed Bakr, père de trois enfants âgé de 30 ans, a décrit « une explosion massive » qui a soufflé leur tente pendant la nuit.

« J'ai cru être dans un cauchemar. Du feu, de la poussière, de la fumée, des morceaux de corps projetés en l'air, des débris partout. Les enfants criaient », a témoigné à l'AFP Bakr, dont la femme a été tuée l'année dernière.

Faute de pouvoir utiliser leur voiture à cause des pénuries de carburant, des habitants transportaient les blessés à pied. « Il n'y avait ni voiture ni même de charrettes à ânes », a-t-il ajouté. 

Lundi, après un appel israélien à évacuer le secteur de Deir el-Balah, un peu plus au sud, des familles entières avaient pris la route, transportant leurs affaires à bout de bras ou sur des charrettes tirées par des ânes.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), entre 50 000 et 80 000 personnes se trouvaient alors dans la zone, et près de 88 % du territoire de Gaza sont désormais soumis à un ordre d'évacuation israélien ou inclus dans une zone militarisée par Israël.

Mardi, le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, a affirmé que la situation humanitaire à Gaza était « moralement inacceptable ».

- « Nuit de terreur » -

Muhannad Thabet, âgé de 33 ans, a décrit « une nuit de terreur » dans ce camp, avec « des frappes aériennes et des explosions ininterrompues ».

Il raconte avoir transporté un enfant de six ans à l'hôpital Chifa, débordé par le nombre de blessés.

Lundi soir, le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a annoncé que des soldats israéliens étaient entrés dans la résidence du personnel de l'agence onusienne dans le secteur de Deir el-Balah.

Ces militaires ont forcé « des femmes et des enfants à évacuer les lieux à pied, tandis que le personnel masculin et des membres de leur famille ont été menottés, déshabillés, interrogés sur place et contrôlés sous la menace d'une arme », a déclaré M. Tedros, qui a également dénoncé l'attaque du principal entrepôt de l'OMS à Deir el-Balah.

« La souffrance des civils à Gaza a atteint de nouveaux sommets », ont estimé lundi 25 pays, parmi lesquels la France, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie, en dénonçant le refus israélien « de fournir une aide humanitaire essentielle à la population ».

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a condamné cet appel, soulignant que le soutien du Hamas à ce communiqué prouvait que les signataires faisaient « fausse route ». 

- « Situation effroyable » -

Mardi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a réclamé l'accès de la presse étrangère au territoire et a dit avoir « l'espoir de pouvoir faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines ».

Il était interrogé sur la radio publique France Inter au sujet de plusieurs collaborateurs de l'Agence France-Presse qui se trouvent dans « une situation effroyable », selon la direction de l'agence.

Lundi, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a exprimé son inquiétude face à la malnutrition croissante dans la région. « Levez le siège et laissez l'aide humanitaire entrer », a-t-elle imploré.


L'Arabie saoudite salue la déclaration commune appelant à la fin de la guerre à Gaza

Des Palestiniens se rassemblent pour collecter des fournitures d'aide après que des camions chargés d'aide sont entrés d'Israël par le centre de Gaza, dans la ville de Gaza le 22 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour collecter des fournitures d'aide après que des camions chargés d'aide sont entrés d'Israël par le centre de Gaza, dans la ville de Gaza le 22 juillet 2025. (Reuters)
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  • L'Arabie saoudite réitère son rejet catégorique du fait qu'Israël continue de prendre pour cible des civils qui tentent de recevoir de l'aide.
  • La déclaration qualifie d'« horrible » la mort récente de plus de 800 Palestiniens qui cherchaient de l'aide, selon les chiffres publiés par le ministère de la Santé de Gaza et le Bureau des droits de l'homme de l'ONU.

RIYAD : le ministère saoudien des Affaires étrangères a salué mardi une déclaration commune de 28 pays affirmant que la guerre à Gaza « doit cesser maintenant ».

« Nous réitérons notre rejet catégorique des pratiques des autorités d'occupation israéliennes et de leur méthodologie inhumaine consistant à bloquer l'aide et à prendre pour cible les civils qui la recherchent », indique le texte.

Les ministres des Affaires étrangères de 28 pays, dont le Royaume-Uni, l'Australie et le Canada, ont déclaré que « les souffrances des civils à Gaza avaient atteint de nouveaux sommets ».

Ils ont condamné « l'acheminement au compte-gouttes de l'aide et le meurtre inhumain de civils, y compris d'enfants, qui cherchent à satisfaire leurs besoins les plus élémentaires en eau et en nourriture ».

La déclaration qualifie d'« horrible » la mort récente de plus de 800 Palestiniens qui cherchaient de l'aide, selon les chiffres publiés par le ministère de la Santé de Gaza et le Bureau des droits de l'homme de l'ONU.

« Le modèle d'acheminement de l'aide du gouvernement israélien est dangereux, alimente l'instabilité et prive les habitants de Gaza de leur dignité humaine », ont déclaré les deux pays. « Le refus du gouvernement israélien d'apporter une aide humanitaire essentielle à la population civile est inacceptable. Israël doit se conformer aux obligations qui lui incombent en vertu du droit international humanitaire.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a rejeté la déclaration, affirmant qu'elle était « déconnectée de la réalité et qu'elle envoyait un message erroné au Hamas ». Il a accusé le Hamas de prolonger la guerre en refusant d'accepter une proposition soutenue par Israël. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 

(avec AP) 


Bateau pour Gaza: une initiative "irresponsable", selon Jean-Noël Barrot

Des militants à bord du Madleen, un bateau d'aide humanitaire à destination de Gaza, les mains en l'air, alors qu'ils sont interceptés par les forces israéliennes dans les eaux internationales avant d'atteindre le territoire palestinien de Gaza sous blocus. (AFP)
Des militants à bord du Madleen, un bateau d'aide humanitaire à destination de Gaza, les mains en l'air, alors qu'ils sont interceptés par les forces israéliennes dans les eaux internationales avant d'atteindre le territoire palestinien de Gaza sous blocus. (AFP)
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  • L'expédition de militants propalestiniens qui transportent de l'aide à destination de Gaza, est « irresponsable » et « ne peut contribuer en rien à résoudre la catastrophe humanitaire en cours », a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères.
  • Parmi les 18 militants figurent six Français, quatre Américains, deux Australiens, deux Espagnols, un Israélo-Américain, un Italien, une Norvégienne et un Tunisien.

PARIS : L'expédition de militants propalestiniens, dont deux élues de La France insoumise (LFI), qui transportent de l'aide à destination de Gaza, est « irresponsable » et « ne peut contribuer en rien à résoudre la catastrophe humanitaire en cours », a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

Le Handala, navire du mouvement « Flotille pour la liberté », a quitté le port sicilien de Syracuse le 13 juillet, soit un peu plus d'un mois après l'interception d'un précédent voilier, le Madleen, à bord duquel se trouvaient la militante écologiste Greta Thunberg et l'élue du parti de gauche radicale LFI, Rima Hassan.

Au total, 18 militants et trois journalistes se trouvent à bord du Handala, dont deux élues de La France insoumise (LFI) qui ont embarqué le 18 juillet sur le navire en escale à Gallipoli, dans le sud-est de l'Italie : l'eurodéputée Emma Fourreau et la députée Gabrielle Cathala, élue du Val-d'Oise.

Cette dernière a appelé dimanche ses abonnés sur les réseaux sociaux à interpeller Emmanuel Macron, Jean-Noël Barrot et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, pour qu'ils assurent leur sécurité. 

« Les conseils aux voyageurs s'appliquent à tous, y compris aux députés LFI. Se rendre à Gaza est dangereux, strictement déconseillé et ne peut en rien contribuer à résoudre la catastrophe humanitaire en cours sur place », a répondu M. Barrot sur X.

« Les équipes du ministère des Affaires étrangères, déjà très mobilisées, assureront comme toujours leur mission consulaire pour gérer au mieux les conséquences de cette initiative irresponsable », a-t-il ajouté.

L'expédition du Handala, financée par des campagnes de dons, a pour but d'apporter « une aide certes symbolique, mais c'est une mission humanitaire pacifique, et nous voulons garder les yeux rivés sur Gaza en cette période estivale », avait expliqué le 10 juillet à l'AFP Gabrielle Cathala.

Parmi les 18 militants figurent six Français, quatre Américains, deux Australiens, deux Espagnols, un Israélo-Américain, un Italien, une Norvégienne et un Tunisien, a déclaré l'élue. 

Dans la nuit du 8 au 9 juin, le voilier Madleen, avec à son bord douze militants français, allemands, brésiliens, turcs, suédois, espagnols et néerlandais, a été arraisonné par les forces israéliennes à environ 185 kilomètres à l'ouest de la côte de Gaza. Ils avaient ensuite été expulsés, certains après avoir été brièvement détenus.

Israël, dont l'offensive sur Gaza a débuté le lendemain de l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas, le 7 octobre 2023, a imposé un blocus humanitaire au territoire palestinien début mars. Ce blocus provoque de très graves pénuries de nourriture, de médicaments et d'autres biens de première nécessité, et n'a été que partiellement assoupli.