Moscou appelle les acteurs de la crise au Liban à «faire preuve de retenue»

Un homme passe devant une trace de sang dans le quartier de Tayouneh, dans la banlieue sud de la capitale Beyrouth le 14 octobre 2021, lors d'affrontements suite à une manifestation de partisans du Hezbollah et du mouvement Amal. (Joseph Eid/AFP)
Un homme passe devant une trace de sang dans le quartier de Tayouneh, dans la banlieue sud de la capitale Beyrouth le 14 octobre 2021, lors d'affrontements suite à une manifestation de partisans du Hezbollah et du mouvement Amal. (Joseph Eid/AFP)
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Publié le Vendredi 15 octobre 2021

Moscou appelle les acteurs de la crise au Liban à «faire preuve de retenue»

  • Se disant «extrêmement préoccupé par la tension politique croissante au Liban», Moscou a appelé à régler la crise «sur la base du respect et mutuel, sans interférence extérieure»
  • «Nous appelons tous les politiques libanais à faire preuve de retenue et de prudence et à recommencer à travailler ensemble de manière constructive pour résoudre les problèmes», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères

MOSCOU : La Russie a appelé vendredi les forces politiques au Liban à «faire preuve de retenue» afin que la situation ne se «détériore pas davantage» après les combats de rue et violences ayant fait six morts à Beyrouth.

«Nous appelons tous les politiques libanais à faire preuve de retenue et de prudence et à recommencer à travailler ensemble de manière constructive pour résoudre les problèmes», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Se disant «extrêmement préoccupé par la tension politique croissante au Liban», Moscou a appelé à régler la crise «sur la base du respect et mutuel, sans interférence extérieure».

«Nous sommes convaincus que le gouvernement (de Najib) Mikati, qui s'est battu avec acharnement, saura relever ce dangereux défi et ne permettra pas à la situation du pays de se détériorer davantage», a-t-il ajouté.

Des combats de rue ont opposé jeudi des hommes armés à Beyrouth après des tirs lors d'une manifestation organisée par les mouvements chiites Hezbollah et Amal, des violences qui ont fait six morts et ravivé le spectre de la guerre civile.

Ces affrontements ont eu lieu sur fond d'enquête sur l'énorme explosion au port de Beyrouth l'an dernier.


L'Iran dit donner une «chance» à la diplomatie avant les pourparlers avec Washington

Des discussions inédites entre les deux pays ennemis doivent avoir lieu dans le sultanat d'Oman en vue de négocier un possible accord sur le nucléaire iranien, après l'annonce surprise faite lundi par le président américain, Donald Trump, de pourparlers "à haut niveau". (AFP)
Des discussions inédites entre les deux pays ennemis doivent avoir lieu dans le sultanat d'Oman en vue de négocier un possible accord sur le nucléaire iranien, après l'annonce surprise faite lundi par le président américain, Donald Trump, de pourparlers "à haut niveau". (AFP)
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  • Le précédent accord, conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances, était devenu caduc après le retrait des Etats-Unis en 2018, pendant le premier mandat de Donald Trump
  • L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doivent participer à ces discussions

TEHERAN: L'Iran a affirmé vendredi donner une "véritable chance" à la diplomatie durant les pourparlers sur le nucléaire prévus samedi avec les Etats-Unis, malgré la pression croissante exercée par Washington.

Des discussions inédites entre les deux pays ennemis doivent avoir lieu dans le sultanat d'Oman en vue de négocier un possible accord sur le nucléaire iranien, après l'annonce surprise faite lundi par le président américain, Donald Trump, de pourparlers "à haut niveau".

Le précédent accord, conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances, était devenu caduc après le retrait des Etats-Unis en 2018, pendant le premier mandat de Donald Trump.

L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doivent participer à ces discussions.

"Nous donnons une véritable chance à la diplomatie, en toute bonne foi et avec une vigilance totale. L'Amérique devrait apprécier cette décision, qui a été prise en dépit de sa rhétorique hostile", a déclaré vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, sur son compte X.

Ces pourparlers vont s'ouvrir après des semaines de guerre des mots entre les deux pays, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans, alors que l'Iran cherche à obtenir une levée des sanctions américaines qui étranglent son économie.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.

Mercredi, Donald Trump a déclaré qu'une intervention militaire contre l'Iran était "tout à fait" possible si les pourparlers n'aboutissaient pas à un accord.

Ali Shamkhani, conseiller principal du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a averti jeudi que de telles menaces pourraient entraîner des mesures telles que l'expulsion d'Iran des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

"Une escalade" 

Washington a réagi en déclarant qu'une telle mesure constituerait "une escalade et un mauvais calcul de la part de l'Iran".

Les pourparlers à Oman vont s'ouvrir après l'envoi en mars par M. Trump d'une lettre à M. Khamenei, l'exhortant à négocier et l'avertissant d'une éventuelle intervention militaire en cas de refus de Téhéran.

Téhéran a répondu quelques semaines plus tard en se disant ouvert à des négociations indirectes et en rejetant la possibilité de négociations directes tant que les Etats-Unis maintiendraient leur politique de "pression maximale".

M. Baghaï a déclaré vendredi que l'Iran n'émettrait "ni préjugé ni prédiction" avant les pourparlers. "Nous avons l'intention d'évaluer les intentions et le sérieux de l'autre partie samedi et d'ajuster nos actions en conséquence", a-t-il dit.

A l'approche de ces pourparlers, les Etats-Unis ont poursuivi cette semaine leur politique de "pression maximum" contre l'Iran en imposant de nouvelles sanctions visant le programme nucléaire iranien et le secteur pétrolier.

Un éventuel accord sur le nucléaire remplacerait le précédent conclu en 2015 entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni), plus l'Allemagne, qui prévoyait la levée de certaines sanctions internationales en échange d'un encadrement du programme nucléaire iranien.

En 2018, durant son premier mandat, Donald Trump avait retiré avec fracas son pays de l'accord et rétabli les sanctions américaines. En représailles, l'Iran a pris ses distances avec le texte et accéléré son programme nucléaire.

L'Iran et les Etats-Unis, proches alliés durant la monarchie Pahlavi, n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, après la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.


PAM: Des dizaines de milliers de personnes pourraient mourir de faim au Soudan

Près de la moitié des 50 millions d'habitants du Soudan sont confrontés à la perspective d'une famine extrême. (AFP)
Près de la moitié des 50 millions d'habitants du Soudan sont confrontés à la perspective d'une famine extrême. (AFP)
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  •  Shaun Hughes, du Programme alimentaire mondial, affirme que 10 régions du pays sont touchées par la famine et que cette dernière pourrait s'étendre à 17 autres
  • Son agence est confrontée à un déficit de 650 millions de dollars dans ses besoins de financement pour le Soudan, rien que pour les six prochains mois

LONDRES: Des dizaines de milliers de personnes mourront au Soudan si la guerre civile se prolonge pendant une année supplémentaire. Les Nations unies sont confrontées à un vaste déficit au niveau du financement de l'aide alimentaire et peinent à atteindre les personnes les plus vulnérables à la famine, a averti un haut fonctionnaire jeudi.

Le conflit, qui a débuté il y a deux ans, a provoqué ce qui est, «à tous points de vue», la plus grande crise humanitaire au monde, a déclaré Shaun Hughes, coordinateur d'urgence du Programme alimentaire mondial pour la crise du Soudan, lors d'une réunion d'information de l'ONU.

Il a précisé que la famine s'était étendue à 10 zones dans les régions du Darfour et du Kordofan, et qu'elle menaçait d'en engloutir 17 autres. Si le PAM ne parvient pas à combler un déficit de 650 millions de dollars (1 dollar = 0,89 euro) dans le financement de ses opérations au cours des six prochains mois, ce qui représente un manque à gagner de 80%, et s'il n'obtient pas un meilleur accès sur le terrain aux personnes dans le besoin, la crise continuera d'échapper à tout contrôle.

«Cette guerre a des conséquences dévastatrices pour le peuple soudanais et l'ensemble de la région», a déclaré M. Hughes lors d'un appel vidéo.

«Des dizaines de milliers de personnes supplémentaires mourront au Soudan au cours d'une troisième année de guerre, à moins que le PAM et d'autres agences humanitaires n'aient l'accès et les ressources nécessaires pour accéder aux personnes dans le besoin.

La guerre civile a débuté le 15 avril 2023, dans le cadre d'une lutte de pouvoir entre l'armée soudanaise et le chef d'une puissante milice rivale, les Forces de soutien rapide. Les combats ont tué des milliers de personnes et forcé 12 millions de personnes à fuir leur foyer.

L'armée a finalement repris le contrôle de tout Khartoum le mois dernier, après avoir été chassée de la capitale au début du conflit. Mais les Forces de soutien rapide continuent de contrôler de vastes zones dans l'ouest et le sud du Soudan, y compris une grande partie de la région du Darfour.

Les combats ont fait rage autour de la ville d'El-Facher au Darfour, juste au sud de laquelle se trouve le camp de déplacés de Zamzam, qui accueille 400 000 personnes. La famine a été signalée pour la première fois dans ce camp en août de l'année dernière et des personnes continuent d'y mourir de faim et de malnutrition, a indiqué M. Hughes.

«La situation est manifestement horrible», a-t-il ajouté. «El-Facher, Zamzam et d'autres camps sont au cœur de la famine et de l'épicentre du conflit au Darfour depuis plusieurs mois maintenant, et sont assiégés quotidiennement.»

«Les gens sont incapables d'accéder aux services et les agences humanitaires ont, pour l'essentiel, dû se retirer du camp.»

Il a précisé que la dernière livraison d'aide alimentaire remontait à octobre, mais que le PAM avait réussi à transférer numériquement de l'argent liquide pour aider les résidents du camp à acheter de la nourriture là où ils le pouvaient.

Mais si les efforts d'aide ne sont pas rétablis sur le terrain dans les zones les plus touchées du Soudan, M. Hughes craint que la famine ne s'étende, près de la moitié des 50 millions d'habitants du pays étant confrontés à la perspective d'une famine extrême.

«Nous devons être en mesure d'acheminer rapidement l'aide humanitaire là où elle est nécessaire, y compris à travers les lignes de front, à travers les frontières dans les zones contestées, et sans longues procédures bureaucratiques», a-t-il déclaré.

Le PAM a réussi à augmenter le nombre de personnes qu'il aide à 3 millions par mois, a-t-il ajouté, mais il espère porter ce chiffre à 7 millions dans les mois à venir. L'accent sera mis sur les régions qui souffrent déjà de la famine ou qui risquent le plus d'y sombrer, a précisé M. Hughes.

De nombreuses opérations d'aide au Soudan ont été affectées par la réduction des budgets d'aide étrangère du gouvernement américain depuis l'entrée en fonction du président Donald Trump, mais M. Hughes a déclaré que le financement du travail de son agence dans le pays n'avait pas été affecté par cette mesure.

Parallèlement, le Comité international de la Croix-Rouge a publié, jeudi, un rapport détaillant la «situation humanitaire catastrophique» au Soudan.

Selon ce rapport, les attaques contre les hôpitaux et d'autres infrastructures civiles ont gravement compromis l'accès aux services essentiels.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Médiation des Émirats arabes unis pour l'échange de prisonniers entre les États-Unis et la Russie

L'ambassadeur des Émirats arabes unis aux États-Unis, Yousef Al-Otaiba, en compagnie de Ksenia Karelina, qui possède la double nationalité américaine et russe, après sa libération à l'aéroport d'Abou Dhabi (Émirats arabes unis). (WAM)
L'ambassadeur des Émirats arabes unis aux États-Unis, Yousef Al-Otaiba, en compagnie de Ksenia Karelina, qui possède la double nationalité américaine et russe, après sa libération à l'aéroport d'Abou Dhabi (Émirats arabes unis). (WAM)
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  • Le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis a facilité l'échange d'un citoyen russe contre un citoyen américain
  • Il s'agit du deuxième échange depuis le retour au pouvoir du président Donald Trump, alors que Moscou et Washington s'efforcent de resserrer leurs liens

LONDRES : Les Émirats arabes unis ont servi de médiateur pour un échange de prisonniers entre la Russie et les États-Unis jeudi, qui s'est déroulé sur leur sol à Abou Dhabi.
Le ministère des affaires étrangères a facilité l'échange d'un citoyen russe contre un citoyen américain, en présence de représentants des deux pays à Abou Dhabi.
Le ministère s'est félicité de la confiance accordée aux Émirats arabes unis par les gouvernements américain et russe en désignant Abou Dhabi comme lieu du processus d'échange de prisonniers, a rapporté WAM.
Il a ajouté que "le choix d'Abou Dhabi pour le processus d'échange de prisonniers reflète les liens d'amitié étroits que les deux pays entretiennent avec les Émirats arabes unis".
Abou Dhabi espère que ces efforts permettront de désamorcer les tensions et de renforcer le dialogue, contribuant ainsi à la sécurité et à la stabilité régionales et internationales, a ajouté WAM.

Il s'agit du deuxième échange depuis le retour du président Donald Trump à la Maison-Blanche, alors que la Russie et les États-Unis s'efforcent de resserrer leurs liens.
Moscou a libéré la danseuse de ballet russo-américaine Ksenia Karelina, qui avait été condamnée à 12 ans de prison pour trahison. Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a confirmé tôt jeudi qu'elle était à bord d'un avion à destination des États-Unis.
En échange, les États-Unis ont libéré Arthur Petrov, un citoyen russo-allemand qui risquait jusqu'à 20 ans de prison aux États-Unis pour avoir violé les contrôles à l'exportation et qui avait été arrêté à Chypre en 2023 à la demande de Washington pour avoir prétendument exporté des produits microélectroniques sensibles.
Aéroport d'Abou Dhabi
Le directeur de la CIA John Ratcliffe était présent à l'aéroport d'Abou Dhabi, où l'échange a eu lieu jeudi, a rapporté l'AFP.
Une porte-parole de la CIA a déclaré au Wall Street Journal que "l'échange montre l'importance de maintenir les lignes de communication ouvertes avec la Russie, malgré les défis profonds de nos relations bilatérales".
"Bien que nous soyons déçus que d'autres Américains soient toujours détenus à tort en Russie, nous considérons cet échange comme une étape positive et nous continuerons à œuvrer pour leur libération", a-t-elle ajouté.
La Russie n'a pas encore confirmé l'échange, qui serait le deuxième depuis le retour de M. Trump à la Maison Blanche en janvier.
M. Trump et le dirigeant russe Vladimir Poutine ont depuis poussé au rétablissement de liens plus étroits entre les deux pays, qui ont été gravement endommagés par l'invasion de l'Ukraine par Moscou.
Plusieurs réunions ont eu lieu entre les deux parties, et une nouvelle série de pourparlers a débuté jeudi à Istanbul en vue de rétablir certaines des activités des ambassades qui avaient été réduites à la suite de l'invasion de l'Ukraine.
Qui sont les prisonniers ?
Mme Karelina, née en 1991 et vivant à Los Angeles, purgeait une peine de 12 ans de prison pour avoir fait don d'environ 50 dollars à une organisation caritative pro-Ukraine.
Elle a été arrêtée dans la ville ouralienne d'Ekaterinbourg en janvier 2024, alors qu'elle rendait visite à sa famille. Elle a été accusée de "trahison".
Le service fédéral de sécurité russe l'a accusée d'avoir collecté des fonds pour l'armée ukrainienne, qui ont servi à acheter "des équipements, des armes et des munitions", ce qu'elle a nié. Ses partisans affirment qu'elle a fait des dons à une organisation basée aux États-Unis qui fournit de l'aide humanitaire à l'Ukraine.
Mme Petrov a été accusée par les autorités américaines d'exporter illégalement des composants électroniques vers la Russie à des fins militaires, en violation des sanctions imposées par Washington à Moscou dans le cadre du conflit en Ukraine.
À la mi-février, à la suite d'un appel entre Poutine et Trump, la Russie a libéré Kalob Wayne Byers, un citoyen américain de 28 ans qui avait été arrêté à l'aéroport de Moscou pour avoir transporté des friandises à base de cannabis.
Washington et Moscou ont également échangé un enseignant américain, Marc Fogel, contre un informaticien russe, Alexander Vinnik, au début du mois de février.
Le plus grand échange de prisonniers entre les États-Unis et la Russie depuis la fin de la guerre froide a eu lieu le 1er août 2024. Il s'agissait de libérer des journalistes, dont le reporter du WSJ Evan Gershkovich, et des dissidents détenus en Russie en échange d'espions russes présumés détenus en Occident.
Plusieurs citoyens américains sont toujours incarcérés en Russie, Washington dénonçant une "prise d'otages" pour obtenir la libération de Russes - dont des espions présumés - emprisonnés à l'Ouest.

(Avec AFP)