Elections en Grèce: sur l’île de Karpathos, des habitants « indignés » face à un Etat absent

Accroché à un flanc de colline, Olympos, avec ses moulins à vent, ses maisonnettes couleurs pastel et ses chapelles, a su, jusqu’à présent, maintenir vivants son artisanat, son dialecte et sa musique. (AFP).
Accroché à un flanc de colline, Olympos, avec ses moulins à vent, ses maisonnettes couleurs pastel et ses chapelles, a su, jusqu’à présent, maintenir vivants son artisanat, son dialecte et sa musique. (AFP).
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Publié le Mardi 16 mai 2023

Elections en Grèce: sur l’île de Karpathos, des habitants « indignés » face à un Etat absent

  • A Diafani, il n’y a ni banque, ni pharmacie, ni poste, ni même une station essence
  • Depuis la capitale de l’île, Pigadia, la route construite dans les années 80 est sinueuse, souvent encombrée de pierres, peu éclairée

KARPATHOS: "Nous sommes considérés comme des citoyens grecs de seconde classe!": sur l’île reculée de Karpathos, dans le sud de la mer Égée, l'indignation gronde face à un Etat jugé absent, avant les élections de dimanche.

Très loin des joutes politiques en cours à Athènes, les habitants de deux villages du nord de cette île de l'archipel du Dodécanèse, Diafani et Olympos, sont inquiets. Cet été, l’école primaire qui accueille actuellement deux élèves pourrait définitivement fermer ses portes.

"Nous sommes indignés! Sans médecin qui reste plus d’un an, sans pharmacie, et bientôt sans école... Nous sommes considérés comme des citoyens grecs de seconde classe!", tempête Manolis Melaisis, un marin à la retraite.

Dans le café de sa cousine trône une photo en noir et blanc de sa classe en 1961. A l'époque, ils étaient une soixantaine d’écoliers.

L'île de Karpathos, qui compte 6.500 habitants, est située entre la Crète et Rhodes. Pour rejoindre Athènes en bateau, il faut plus de 15 heures. Et la liaison n’est assurée que deux fois par semaine.

Ici, on vit surtout de l’agriculture et, quand les beaux jours reviennent, du tourisme.

Ni banque, ni poste 

A Diafani, il n’y a ni banque, ni pharmacie, ni poste, ni même une station essence. Depuis la capitale de l’île, Pigadia, la route construite dans les années 80 est sinueuse, souvent encombrée de pierres, peu éclairée.

Chaque matin à 08h30, le bus dépose à Diafani, Vassilis, 11 ans, et Marinos, 8 ans, qui habitent Olympos. Leur enseignante, Theodora Koukourikou, les attend pour les emmener jusqu’à leur établissement perché sur les hauteurs du village, face à la mer.

"Ces écoles dans les îles isolées sont un souffle de vie pour les petites communautés. Une fois fermées, il ne restera rien de Diafani ou d’Olympos... Ce sera juste une destination pour les touristes l'été!", se désole la jeune femme de 27 ans, nommée en septembre.

A la rentrée prochaine, Vassilis ira au collège à Olympos et rejoindra les huit élèves qui y sont scolarisés. Marinos pourrait faire de même malgré son jeune âge.

Accroché à un flanc de colline, Olympos, avec ses moulins à vent, ses maisonnettes couleurs pastel et ses chapelles, a su, jusqu’à présent, maintenir vivants son artisanat, son dialecte et sa musique.

"Mais pour combien de temps?", s’interroge dans son café Sofia Chatzipapa, qui porte l'habit traditionnel: un tablier fleuri, une longue blouse noire brodée et un fichu sur la tête.

Sur son comptoir sont accrochés les dépliants des candidats aux élections. La septuagénaire grimace.

"Députés, Premier ministre, présidente, ils sont tous passés par ici en admirant notre beau village", ironise-t-elle. "Ils se prennent en photo. Puis une fois à Athènes, ils nous oublient, nous et nos problèmes..."

Pour certains habitants, c'est tout l'avenir des villages isolés qui est en question. Diafani et Olympos ne comptent plus que 500 habitants, contre 1.250 en 1961.

"Dans les années 1960, la plupart des habitants sont partis travailler à l’étranger, et peu sont revenus", dénonce Yannis Hatzivassilis.

"Les jeunes générations qui aspirent à un mode de vie plus confortable continuent de partir. La désertification de nos villages est une plaie ouverte qu'aucun gouvernement n’a réussi à refermer!", explique-t-il.

Beau pays

Avec son père, il a sculpté la façade de l’école de bas reliefs évoquant des scènes mythologiques. "On a un beau pays mais pas les dirigeants qu'il mérite", confie-t-il, ému.

Cachée derrière ses fourneaux dans la taverne qu’elle tient à Olympos, Marina Lentakis, la mère du petit Vassilis, s’inquiète: "si l’école primaire ferme (...) cela accentuera le départ de toutes les familles alors même qu’il y a encore quelques enfants en bas âge".

Yannis Prearis a un fils d'à peine deux ans, mais il sait déjà que si l’école ferme, il sera obligé de quitter Olympos.

Il est le dernier cordonnier à fabriquer les bottes en cuir faisant partie du costume traditionnel des femmes d'Olympos.

"Nous réclamons un médecin, une école, des routes sûres, des transports publics, des services basiques que tout État devrait fournir à tous les citoyens", plaide-t-il.

L'artisan voudrait rester à Olympos: "Mon grand-père puis mon père faisaient ce métier. Si je pars, c’est tout un artisanat qui va disparaître".


Grèce: l'incendie au sud d'Athènes est circonscrit, selon les pompiers

Le violent incendie de forêt qui a ravagé jeudi de nombreuses localités balnéaires au sud d'Athènes est "circonscrit" depuis vendredi matin, ont annoncé les pompiers grecs. (AFP)
Le violent incendie de forêt qui a ravagé jeudi de nombreuses localités balnéaires au sud d'Athènes est "circonscrit" depuis vendredi matin, ont annoncé les pompiers grecs. (AFP)
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  • Quelque "104 pompiers avec 37 véhicules et un hélicoptère sont toujours sur le front pour éviter des reprises de feu", a précisé un porte-parole des pompiers à l'AFP à propos du feu qui s'est déclaré jeudi dans des localités balnéaires
  • Il a entraîné l'évacuation de dizaines de personnes dans au moins cinq villages prisés des touristes grecs et étrangers, non loin du cap Sounion, où se trouve un célèbre temple antique

ATHENES: Le violent incendie de forêt qui a ravagé jeudi de nombreuses localités balnéaires au sud d'Athènes est "circonscrit" depuis vendredi matin, ont annoncé les pompiers grecs.

La Protection civile grecque a toutefois mis en garde contre les risques d'incendie "très élevés" vendredi notamment en Attique, la région qui entoure Athènes, et les îles du nord de la mer Egée, en raison de températures élevées et de vents importants.

Quelque "104 pompiers avec 37 véhicules et un hélicoptère sont toujours sur le front pour éviter des reprises de feu", a précisé un porte-parole des pompiers à l'AFP à propos du feu qui s'est déclaré jeudi dans les localités balnéaires de Palaia Fokaia et Thymari, à 50 km au sud d'Athènes.

Il a entraîné l'évacuation de dizaines de personnes dans au moins cinq villages prisés des touristes grecs et étrangers, non loin du cap Sounion, où se trouve un célèbre temple antique.

Des champs, des oliveraies et des terrains ainsi que quelques habitations ont été détruits par les flammes.

Située dans le sud-est de la Méditerranée, la Grèce est particulièrement vulnérable aux incendies chaque été, alimentés par des vents violents, la sécheresse et des températures élevées.

Vendredi, le mercure devrait atteindre jusqu'à 37 degrés Celsius à Athènes. Cette première vague de chaleur en Grèce doit se poursuivre jusqu'à samedi, selon les prévisions météorologiques.

Depuis dimanche, un autre incendie de forêt est en cours sur l'île de Chios dans le nord-est de la mer Egée. Il a jusqu'ici ravagé plus de 4.000 hectares, selon l'observatoire européen Copernicus.

Vendredi selon les pompiers grecs, "la situation à Chios était sous contrôle, avec près de 200 pompiers toujours sur le terrain en cas de reprise des feux".

L'an dernier, quelque 45.000 hectares sont partis en fumée dans toute la Grèce, avec notamment un incendie ravageur dans la banlieue nord de la capitale grecque ayant fait un mort.


L'Iran n'a pas déplacé d'uranium hautement enrichi avant les frappes, selon les Etats-Unis

Le directeur de la CIA, John Ratcliffe, a également confirmé dans un communiqué que, selon "des informations crédibles", le programme nucléaire de Téhéran avait été "gravement endommagé par les frappes ciblées récentes". (AFP)
Le directeur de la CIA, John Ratcliffe, a également confirmé dans un communiqué que, selon "des informations crédibles", le programme nucléaire de Téhéran avait été "gravement endommagé par les frappes ciblées récentes". (AFP)
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  • Le directeur de la CIA, John Ratcliffe, a confirmé dans un communiqué que, selon "des informations crédibles", le programme nucléaire de Téhéran avait été "gravement endommagé par les frappes ciblées récentes"
  • "Je peux vous dire que les Etats-Unis n'ont eu aucune indication que de l'uranium hautement enrichi ait été déplacé avant les frappes, comme je l'ai vu aussi raconté à tort", a déclaré à Fox News la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt.

WASHINGTON: L'administration de Donald Trump a réfuté mercredi l'hypothèse que l'Iran ait déplacé son uranium hautement enrichi avant les frappes américaines, sur fond de questions autour de l'impact de cette opération militaire sur le programme nucléaire de Téhéran.

Donald Trump s'est emporté contre les médias américains après la divulgation d'un document confidentiel américain semant le doute sur l'efficacité des bombardements menés dimanche en soutien à Israël contre les sites stratégiques de Fordo, Natanz et Ispahan.

Selon lui, les frappes américaines menées en Iran ont provoqué la destruction totale des installations nucléaires visées.

Le directeur de la CIA, John Ratcliffe, a également confirmé dans un communiqué que, selon "des informations crédibles", le programme nucléaire de Téhéran avait été "gravement endommagé par les frappes ciblées récentes".

"Cela inclut de nouvelles informations venant d'une source/méthode historiquement fiable et exacte selon lesquelles plusieurs infrastructures nucléaire clés de l'Iran ont été détruites et leur reconstruction devrait prendre plusieurs années", a ajouté l'agence américaine du renseignement.

Téhéran a admis mercredi que ses installations nucléaires avaient été "considérablement endommagées" par les bombardements israéliens et américains pendant les 12 jours de guerre.

Mais des experts ont soulevé la possibilité que l'Iran se soit préparé à l'attaque en évacuant ses quelque 400 kilogrammes d'uranium enrichi à 60%, niveau proche du seuil de 90% nécessaire à la conception d'une bombe atomique.

"Je peux vous dire que les Etats-Unis n'ont eu aucune indication que de l'uranium hautement enrichi ait été déplacé avant les frappes, comme je l'ai vu aussi raconté à tort", a déclaré à Fox News la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt.

"Quant à ce qu'il y a sur le terrain en ce moment, c'est enseveli sous des kilomètres et des kilomètres de gravats en raison du succès des frappes de samedi soir", a-t-elle ajouté.

L'Agence internationale de l'énergie nucléaire (AIEA), avec qui le Parlement iranien veut suspendre la coopération du pays, "a perdu la visibilité sur ce matériel à partir du moment où les hostilités ont commencé" a de son côté déclaré son directeur général, Rafael Grossi, à la télévision française.

"Je ne voudrais pas donner l'impression que c'est perdu ou que c'est caché", a-t-il ajouté.

Selon un document classé secret-défense rapporté mardi par le média américain CNN, les frappes auraient retardé le programme nucléaire de Téhéran de seulement quelques mois, sans le détruire complètement, contrairement aux affirmations répétées de Donald Trump.

Une divulgation qui rendu le président américain furieux. Il a notamment annoncé une conférence de presse du ministre de la Défense Pete Hegseth, à 8H00 locales (12H00 GMT) jeudi afin de "lutter pour la dignité de nos grands pilotes américains".

Israël a lancé à partir du 13 juin des attaques massives sur l'Iran, accusé de vouloir se doter de l'arme atomique, ce que Téhéran dément, défendant son droit à développer un programme nucléaire civil. L'Iran a répondu à l'offensive israélienne par des tirs de missiles.

Un fragile cessez-le-feu, annoncé par Donald Trump, est en place depuis mardi.

 


Nucléaire: la Russie opposée à la suspension par l'Iran de la coopération avec l'AIEA

"Nous souhaitons que la coopération entre l'Iran et l'AIEA se poursuive, nous souhaitons que tous respectent la déclaration répétée à maintes reprises par l'Iran selon laquelle ce pays n'a pas et n'aura pas l'intention de se doter de l'arme nucléaire", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse. (AFP)
"Nous souhaitons que la coopération entre l'Iran et l'AIEA se poursuive, nous souhaitons que tous respectent la déclaration répétée à maintes reprises par l'Iran selon laquelle ce pays n'a pas et n'aura pas l'intention de se doter de l'arme nucléaire", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse. (AFP)
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  • Pour entrer en vigueur, le texte voté nécessite toutefois encore l'approbation du Conseil des Gardiens, un organe habilité à examiner la législation
  • Ces derniers jours, les responsables iraniens avaient dénoncé l'absence, à leurs yeux, de "condamnation" de l'agence internationale après les attaques israéliennes et américaines sur les installations nucléaires du pays

MOSCOU: La Russie est opposée à la suspension par l'Iran, son allié au Moyen-Orient, de la coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a indiqué jeudi son chef de la diplomatie, après le vote la veille par le Parlement iranien en faveur d'une suspension.

"Nous souhaitons que la coopération entre l'Iran et l'AIEA se poursuive, nous souhaitons que tous respectent la déclaration répétée à maintes reprises par l'Iran selon laquelle ce pays n'a pas et n'aura pas l'intention de se doter de l'arme nucléaire", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse.

A l'issue d'une guerre de douze jours avec Israël, pendant laquelle des sites nucléaires iraniens ont été touchés par des frappes israéliennes et américaines, le Parlement iranien a voté mercredi en faveur d'une suspension de la coopération avec l'AIEA.

Pour entrer en vigueur, le texte voté nécessite toutefois encore l'approbation du Conseil des Gardiens, un organe habilité à examiner la législation.

Ces derniers jours, les responsables iraniens avaient dénoncé l'absence, à leurs yeux, de "condamnation" de l'agence internationale après les attaques israéliennes et américaines sur les installations nucléaires du pays.

La coopération sera "forcément affectée", avait résumé pour sa part le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaeil Baqaei.

Cette décision de Téhéran a été vivement critiquée par le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, qui a estimé en réponse que ce travail était "une obligation juridique", et non "pas une faveur".

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend, comme Moscou, un droit au nucléaire à des fins civiles.

La Russie, via son agence atomique Rosatom, dispose de plusieurs centaines de spécialistes sur le site de la centrale nucléaire de Bouchehr, dans le sud-ouest de l'Iran.