L'industrie de la défense française doit se «mettre en stimulation», dit Lecornu

Le président ivoirien Alassane Ouattara (à droite) s'entretient avec le ministre français des Armées Sébastien Lecornu (Photo, AFP).
Le président ivoirien Alassane Ouattara (à droite) s'entretient avec le ministre français des Armées Sébastien Lecornu (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 22 février 2023

L'industrie de la défense française doit se «mettre en stimulation», dit Lecornu

  • Sébastien Lecornu était lundi en Côte d'Ivoire et mardi au Sénégal, deux proches alliés
  • Il s'agissait de poursuivre le projet de «réarticulation» de la présence militaire française en Afrique

DAKAR: Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a affirmé mardi à Dakar la nécessité pour l'industrie de défense de son pays de "se mettre en stimulation" pour répondre à la demande extérieure et aux besoins éventuels des forces nationales.

"On a une industrie de défense de qualité, mais qui doit forcément se mettre en stimulation", a déclaré à des journalistes le ministre, interrogé sur la capacité des industriels français à aider l'Ukraine tout en répondant aux besoins et demandes des forces nationales et des partenaires étrangers.

"On ne peut pas dire qu'on a une autonomie stratégique si on a besoin de Pierre, Paul, Jacques, aux quatre coins de la planète pour fabriquer notre poudre", a-t-il ajouté.

Un responsable du ministère a cité l'exemple du canon Caesar dont la France a livré des exemplaires à l'Ukraine et que "tout le monde veut acheter". L'industrie française doit "pouvoir faire de la masse, notamment pour notre armée de terre", a-t-il dit sous couvert d'anonymat.

Sébastien Lecornu était lundi en Côte d'Ivoire et mardi au Sénégal, deux proches alliés dans une région et sur un continent où la présence française est malmenée.

Il s'agissait de poursuivre le projet de "réarticulation" de la présence militaire française en Afrique, d'évoquer les retombées de la guerre en Ukraine et l'entrisme russe sur le continent, ainsi que la coopération contre le djihadisme au Sahel, a-t-il détaillé.

L'invasion russe a divisé les pays africains et nombre d'entre eux se sont gardés de la condamner.

Les soldats français ont été poussés hors du Mali en 2022 par une junte qui s'est tournée vers la Russie. Une autre junte au Burkina Faso voisin vient de demander à la France de retirer les 400 militaires de la force Sabre.

Burkina: Le repli des militaires français «dans des conditions de coopération convenable»

Les militaires français sont en train d'achever leur repli du Burkina Faso "dans des conditions de coopération convenable avec les Burkinabè", a estimé mardi la ministre française des Affaires étrangères sur France 5.

Les manoeuvres sont terminées mais "il reste un toute petit détachement sur l'aéroport qui est en train de replier le matériel et les choses se passent bien", a déclaré Catherine Colonna, précisant que le délai de 30 jours expirait le 25 février.

La cheffe de la diplomatie française a par ailleurs souligné que les relations diplomatiques avec les autorités burkinabè n'étaient "pas rompues" y compris les relations de coopération. "Mais de fait, ce qui était dénoncé (...) nous en avons tenu compte", a-t-elle réagi.

L'armée burkinabè avait annoncé dimanche la fin des opérations de la force française Sabre au Burkina Faso, quelques semaines après la dénonciation par le gouvernement de transition des accords de défense liant les deux pays, dont les relations se sont dégradées ces derniers mois.

M. Lecornu, qui a rencontré le président sénégalais Macky Sall et son homologue Sidiki Kaba, a souligné la formation que la France peut apporter aux forces sénégalaises comme ivoiriennes dans cette "réarticulation".

Ses interlocuteurs ont exprimé leurs attentes "sur les questions liées au matériel, pas du matériel que la France pourrait donner, mais que la France pourrait vendre", a-t-il précisé.

Les officiels sénégalais "ont l'impression que les industriels français manquent d'intérêt sur des marchés plus petits" comme le leur, alors qu'ils sont résolus à empêcher le jihadisme d'atteindre leur territoire, a dit un responsable du ministère français.

"Ils ont le sentiment que c'est moins compliqué" avec d'autres pays fournisseurs, a-t-il expliqué.

Le même responsable a affirmé que les effectifs de Sabre n'avaient pas vocation à être redéployés ailleurs en Afrique, à quelques exceptions éventuelles près, et certainement pas au Sénégal, où la France a quelques centaines de soldats essentiellement dévolus à la formation.


Marche blanche à Marseille en hommage à Hichem Miraoui, tué parce qu'étranger

Les proches de Hichem - ses cousins Mouna (à droite) et Siam Mouraoui, ainsi que les participants, brandissent une banderole sur laquelle on peut lire « Le racisme a encore frappé, justice pour Hichem ». lors d'une Marche Blanche organisée en hommage à Hichem Miraoui, le 8 juin 2025. (Photo de Christophe SIMON / AFP)
Les proches de Hichem - ses cousins Mouna (à droite) et Siam Mouraoui, ainsi que les participants, brandissent une banderole sur laquelle on peut lire « Le racisme a encore frappé, justice pour Hichem ». lors d'une Marche Blanche organisée en hommage à Hichem Miraoui, le 8 juin 2025. (Photo de Christophe SIMON / AFP)
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  • Après une minute de silence, les participants à la marche ont observé une minute de silence, puis ont scandé : « Justice pour Hichem ! ».
  • L'avocat de la famille d'Hichem Miraoui, Sefen Guez Guez a expliqué que cette marche était « un appel au sursaut républicain, un appel au sursaut pour tous ».

MARSEILLE : Quelque 450 personnes ont participé silencieusement à une marche blanche organisée dimanche matin à Marseille en hommage à Hichem Miraoui, un quadragénaire tunisien tué dans le Var le 31 mai par un voisin français. La justice a qualifié ce crime de terroriste et raciste.

Des proches de la victime, ainsi que l'un de ses voisins de nationalité turque, blessé par balles par l'assaillant à Puget-sur-Argens (Var) et qui portait un bandage à la main droite, ont défilé derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Le racisme a de nouveau tué. Justice pour Hichem ! ».

Après une minute de silence, les participants à la marche ont observé une minute de silence, puis ont scandé : « Justice pour Hichem ! ».

« C'est ignoble ce qu'il a commis, ce qu'ils ont fait. On demande justice », a expliqué Mouna Miraoui, cousine de la victime, retenant difficilement ses larmes.

« Ce n'est pas parce qu'on n'a pas la même nationalité ou la même religion qu'on doit détester quelqu'un ou se permettre de le tuer. C'est un être humain qu'on a tué. Il était très bien intégré là-bas », a-t-elle poursuivi. 

« Il était généreux, il aidait tout le monde, il avait la joie de vivre. Le soir du crime, il était au téléphone avec sa mère. Ses derniers mots étaient « aïe », a-t-elle déploré.

L'avocat de la famille d'Hichem Miraoui, Sefen Guez Guez a expliqué que cette marche était « un appel au sursaut républicain, un appel au sursaut pour tous ».

« Nous mènerons le combat jusqu'au bout pour que toutes les responsabilités soient tirées, jusqu'au plus haut sommet de l'État, parce que ce racisme d'atmosphère, ce qui a visé Hichem, c'est un racisme, c'est une islamophobie, c'est une xénophobie », a-t-il dénoncé.

Selon lui, « le meurtrier s'est nécessairement nourri des discours des politiques : lorsqu'on dit + à bas le voile+, on dit + abattre + ». Lorsqu'on parle de submersion migratoire, on désigne l'étranger comme un ennemi. Lorsqu'on parle d'ensauvagement, on considère l'étranger comme inférieur au Français. » 

Cette marche blanche, à laquelle ont participé plusieurs députés LFI de la région, comme Manuel Bompard, Sébastien Delogu ou Raphaël Arnault, se voulait apolitique. Une autre manifestation est prévue dans l'après-midi à Puget-sur-Argens.

Le 31 mai, vers 22 h 00, le suspect français, Christophe B., âgé de 53 ans, a, selon le parquet antiterroriste (Pnat), « tiré à plusieurs reprises » sur son voisin Hichem Miraoui depuis sa voiture. Il avait publié plusieurs vidéos à caractère raciste sur Facebook avant et après son acte.

Incarcéré, il a reconnu son crime tout en contestant son caractère raciste, et a été mis en examen jeudi pour assassinat terroriste en raison de l'origine.


À Monaco, un forum visant à exploiter les « milliards de dollars d'opportunités » de l'économie bleue

Des drones lumineux représentant des dauphins et formant le mot « Nice » dans le ciel lors d'un spectacle aérien réunissant 2025 drones en référence à l'année en cours, sur la Promenade des Anglais à Nice, dans le sud-est de la France, le 6 juin 2025, en amont de la Conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc 3).  (Photo de Valery HACHE / AFP)
Des drones lumineux représentant des dauphins et formant le mot « Nice » dans le ciel lors d'un spectacle aérien réunissant 2025 drones en référence à l'année en cours, sur la Promenade des Anglais à Nice, dans le sud-est de la France, le 6 juin 2025, en amont de la Conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc 3). (Photo de Valery HACHE / AFP)
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  • Monaco a lancé samedi un forum de deux jours visant à donner un nouvel élan à l'économie bleue et à ses « 25 000 milliards de dollars » d'opportunités.
  • « L'océan recèle une formidable quantité d'opportunités économiques et financières, d'une valeur estimée à quelque 25 000 milliards de dollars. »

MONACO : À la veille de l'ouverture du sommet de l'ONU sur les océans à Nice, Monaco a lancé samedi un forum de deux jours visant à donner un nouvel élan à l'économie bleue et à ses « 25 000 milliards de dollars » d'opportunités.

Alors que le sommet de l'ONU doit se pencher sur les mesures à prendre face à l'état inquiétant de l'océan, le forum monégasque réunit des centaines d'entrepreneurs et d'investisseurs afin de développer une exploitation durable, voire régénérative, de l'océan.

« L'océan recèle une formidable quantité d'opportunités économiques et financières, d'une valeur estimée à quelque 25 000 milliards de dollars. Mais cette valeur ne pourra se réaliser qu'à une condition : que nous, les humains, cessions de la dilapider », a expliqué Pascal Lamy, ancien directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et coprésident du forum.

« La raison nous dit que, dans le bleu, nous pouvons enfin réaliser cette nouvelle alliance entre l'économie et l'environnement », a-t-il souligné. 

Face à l'océan, l'être humain n'a pas encore dépassé le paléolithique, se contentant essentiellement de chasse et de cueillette pour l'instant, répète régulièrement Robert Calcagno, directeur général de l'Institut océanographique de Monaco, l'un des coorganisateurs du forum.

Pendant deux jours, les investisseurs, qu'il s'agisse de banques publiques ou privées, de fonds d'investissement, de fonds souverains, de fondations, etc. - vont découvrir des exemples concrets d'activités présentées comme à la fois engagées et rentables dans ce domaine, et les organisateurs promettent des annonces d'investissements d'envergure dimanche.

« De la restauration des récifs coralliens aux Maldives aux coopératives d'algues dirigées par des femmes en Tanzanie, en passant par les systèmes de crédits carbone bleus aux Fidji et aux coalitions mondiales construisant des navires et des ports verts du futur, nous assistons non seulement à des innovations dans la conception des projets, mais aussi à une structuration financière de plus en plus sophistiquée pour les soutenir », a déclaré Ilana Seid, représentante permanente des Palaos, petit archipel à l'est des Philippines, et coprésidente du forum.

Le forum sera clôturé dimanche à la mi-journée par Emmanuel Macron, président de la République française, attendu à partir de samedi après-midi pour une visite d'État à Monaco.


Macron marquera le 15 juin son soutien au Groenland face aux visées de Trump

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron sera le premier chef d'État étranger à s'y rendre depuis les menaces d'annexion du président américain.Il rejoindra ensuite le Canada, également convoité par Donald Trump, pour un sommet du G7.
  • Dans un communiqué, la Première ministre danoise a salué cette prochaine visite, « un autre témoignage concret de l'unité européenne » face à une « situation de politique étrangère difficile » pour le royaume.

PARIS : Le président français Emmanuel Macron effectuera une visite officielle au Groenland le 15 juin afin de « renforcer la coopération » avec ce territoire autonome du Danemark, convoité par Donald Trump, a annoncé samedi l'Élysée.

Il s'y rendra « à l'invitation » du Premier ministre groenlandais, Jens-Frederik Nielsen, et de la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, qu'il rencontrera « conjointement », précise l'Élysée dans un communiqué.

Emmanuel Macron sera le premier chef d'État étranger à s'y rendre depuis les menaces d'annexion du président américain. Il rejoindra ensuite le Canada, également convoité par Donald Trump, pour un sommet du G7.

Les trois dirigeants échangeront « sur la sécurité en Atlantique Nord et dans l'Arctique, ainsi que sur les sujets liés au changement climatique, à la transition énergétique et à la sécurité d'approvisionnement en minerais critiques », indique la présidence française.

Ce déplacement vise à « renforcer la coopération » dans ces domaines et à « contribuer au renforcement de la souveraineté européenne », souligne-t-elle.

Dans un communiqué, la Première ministre danoise a salué cette prochaine visite, « un autre témoignage concret de l'unité européenne » face à une « situation de politique étrangère difficile » pour le royaume.

Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump répète à l'envi vouloir prendre possession de l'immense territoire arctique, riche en ressources minières et stratégiquement situé, « d'une manière ou d'une autre ».

« Il nous le faut », martèle-t-il, sans exclure le recours à la force pour des raisons de « sécurité internationale ».

Ce déplacement vise à « renforcer la coopération » dans ces domaines et à « contribuer au renforcement de la souveraineté européenne », souligne-t-elle.

Dans un communiqué, la Première ministre danoise a salué cette prochaine visite, « un autre témoignage concret de l'unité européenne » face à une « situation de politique étrangère difficile » pour le royaume.

Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump répète à l'envi vouloir prendre possession de l'immense territoire arctique, riche en ressources minières et stratégiquement situé, « d'une manière ou d'une autre ».

« Il nous le faut », martèle-t-il, sans exclure le recours à la force pour des raisons de « sécurité internationale ». 

Son vice-président, JD Vance, s'est rendu le 28 mars sur la base militaire américaine de Pituffik, au nord-ouest du Groenland, un déplacement perçu comme une provocation.

Il avait toutefois dû renoncer à se rendre au Groenland lui-même, face au tollé déclenché sur place et au Danemark.

JD Vance avait accusé le Danemark de n'avoir « pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland », de ne pas assez investir dans l'économie locale et de ne pas assurer suffisamment sa sécurité.

De son côté, le Danemark martèle que le Groenland « n'est pas à vendre ». Depuis l'immense île, la Première ministre s'est adressée aux dirigeants américains début avril en lançant : « Vous ne pouvez pas annexer un autre pays. »

Si les principaux partis groenlandais sont favorables à l'indépendance du territoire à plus ou moins long terme, aucun ne soutient l'idée d'un rattachement aux États-Unis. 

La population du Groenland, majoritairement inuite et comptant plus de 19 000 habitants dans la capitale Nuuk, rejette toute perspective de devenir américaine, d'après un sondage. 

Face aux visées américaines, le Danemark a annoncé qu'il allait consacrer deux milliards d'euros au renforcement de la sécurité dans l'Arctique, zone stratégique pour la France et l'Europe.

Le ministre français des Affaires étrangères a aussi évoqué l'envoi de troupes européennes pour assurer la sécurité dans l'Arctique, sans préciser quand.

Après leur départ de Saint-Pierre-et-Miquelon, deux bâtiments de la marine française ont longé le Groenland en direction du grand nord pour se « familiariser aux opérations en zone arctique », a annoncé le ministère des Armées.

Le Groenland est en effet très stratégique pour la défense américaine, car il est sur la trajectoire la plus courte pour un tir de missile vers la Russie.

Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces, il se trouve aussi sur le chemin de nouvelles routes maritimes très convoitées, qui pourraient raccourcir le trafic commercial.

Ce territoire de deux millions de km2 recouvert à 85 % de glace dispose également de vastes réserves minières et pétrolières inexploitées, dont l'accès s'annonce toutefois compliqué.