Borne investit le terrain social et défend sa relation «fluide» avec Macron

La Première ministre française Elisabeth Borne à Laval, dans l'ouest de la France, le 1er juin 2023 au lendemain de tensions rapportées dans la presse avec Emmanuel Macron (Photo, AFP).
La Première ministre française Elisabeth Borne à Laval, dans l'ouest de la France, le 1er juin 2023 au lendemain de tensions rapportées dans la presse avec Emmanuel Macron (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 02 juin 2023

Borne investit le terrain social et défend sa relation «fluide» avec Macron

  • Elisabeth Borne a assuré avoir «une relation très fluide» avec Emmanuel Macron au cours d'un déplacement consacré à la petite enfance
  • En investissant le sujet social, Mme Borne entend rééquilibrer une image politique brouillée après une année de réformes diverses

PARIS: "Tout va très bien": Elisabeth Borne a assuré jeudi avoir "une relation très fluide" avec Emmanuel Macron au cours d'un déplacement consacré à la présentation d'un plan sur la petite enfance, qui semble confirmer une inflexion à gauche de la Première ministre.

La mise au point vient après plusieurs jours de flottement au sein du couple exécutif, sur fond de débat sur la stratégie de riposte à adopter face au Rassemblement national. Elle signale aussi la volonté de la cheffe de gouvernement de se maintenir à Matignon, alors que ne cessent les spéculations sur un remaniement et son remplacement.

"Ce qui m'importe, c'est qu'on agisse pour répondre aux priorités des Français", a-t-elle affirmé, en estimant que "le reste, c'est une tempête dans un verre d'eau".

Lors d'un déplacement à Angers et à Laval sous le signe de "l'égalité des chances", la Première ministre a expliqué vouloir lever les freins à l'emploi, telle la garde d'enfants, pour laquelle elle prévoit de créer 200.000 places en crèche d'ici 2030, malgré la pénurie criante de personnels dans ce secteur.

Parler de petite enfance, "c'est affirmer que la lutte contre les inégalités n'attend pas, qu'elles doivent être traitées dès les premiers mois de la vie", a-t-elle développé jeudi en conclusion d'un Conseil national de la refondation (CNR).

Quant au développement des modes de garde, "c'est une barrière à l'emploi qui se lève, notamment pour les femmes, c'est l'assurance que chacun pourra bénéficier d'une solution d'accueil pour son enfant, quel que soit son revenu, quel que soit le lieu où il habite".

Feuille de route d'Elisabeth Borne
En investissant le sujet social, Mme Borne entend rééquilibrer une image politique brouillée après une année de réformes diverses, mais surtout dominées par celle des retraites, jugée "de droite" par l'opinion publique.

Pour l'ancienne préfète issue de la gauche, qui avait connu Matignon il y a 25 ans en tant que conseillère de Lionel Jospin, il s'agit ainsi de jouer une partition sociale-démocrate, quitte à assumer des nuances avec le chef de l'État.

Jeudi, dans une crèche à vocation d'insertion professionnelle qui permet aux personnes en recherche d'emploi d'avoir une priorité et de bénéficier de plages horaires très larges, Elisabeth Borne a pris le temps de s'installer au milieu des enfants et de leurs gazouillis, une respiration loin de la bataille engagée à l'Assemblée autour d'une proposition d'abrogation de la réforme des retraites menée par les oppositions.

La contestation s'est toutefois rappelée à elle à proximité de la préfecture de Laval où elle déjeunait, théâtre d'un rassemblement de quelques dizaines de manifestants.

L'étape dans les Pays de la Loire, une région proche du plein emploi que le gouvernement promet à la France entière, avait aussi pour but de tourner la page de ce conflit et de présenter, outre le plan petite enfance, le projet de loi France Travail. Celui-ci doit réorganiser le service public de l'emploi dans le cadre de la mission qu'Emmanuel Macron lui a confiée d'ici au 14 juillet.

"J'ai une feuille de route et je m'y tiens", avait assuré la Première ministre mercredi dans Ouest-France.

Trop dans l'attente pour certains conseillers d'Emmanuel Macron
Après avoir échappé de peu à la censure, et avoir été contredite par le chef de l'État sur le 49.3 ou la loi immigration, Elisabeth Borne entend bien se maintenir malgré les difficultés.

Être Première ministre, "c'est le privilège d’une vie politique, c'est l'occasion de changer les choses (...), de répondre aux défis du présent, tout en préparant l’avenir", assurait-elle le 17 mai juste après avoir soufflé sa première bougie à Matignon.

La durée de son bail rue de Varenne anime pourtant les conversations de la majorité.

"Je ne vois pas comment on peut tenir encore avec Elisabeth Borne comme ça. Il y a une espèce d'ambiance générale où l'on sait qu'il va y avoir un remaniement, on est trop dans l'attente" et, "du coup, on n'avance pas", se lamentait ces derniers jours un parlementaire de la majorité.

Un conseiller de l'exécutif résume : "La question, c'est : est-ce qu'on a envie de donner un vrai portage politique" aux projets du gouvernement ?


À Monaco, un forum visant à exploiter les « milliards de dollars d'opportunités » de l'économie bleue

Des drones lumineux représentant des dauphins et formant le mot « Nice » dans le ciel lors d'un spectacle aérien réunissant 2025 drones en référence à l'année en cours, sur la Promenade des Anglais à Nice, dans le sud-est de la France, le 6 juin 2025, en amont de la Conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc 3).  (Photo de Valery HACHE / AFP)
Des drones lumineux représentant des dauphins et formant le mot « Nice » dans le ciel lors d'un spectacle aérien réunissant 2025 drones en référence à l'année en cours, sur la Promenade des Anglais à Nice, dans le sud-est de la France, le 6 juin 2025, en amont de la Conférence des Nations Unies sur les océans (Unoc 3). (Photo de Valery HACHE / AFP)
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  • Monaco a lancé samedi un forum de deux jours visant à donner un nouvel élan à l'économie bleue et à ses « 25 000 milliards de dollars » d'opportunités.
  • « L'océan recèle une formidable quantité d'opportunités économiques et financières, d'une valeur estimée à quelque 25 000 milliards de dollars. »

MONACO : À la veille de l'ouverture du sommet de l'ONU sur les océans à Nice, Monaco a lancé samedi un forum de deux jours visant à donner un nouvel élan à l'économie bleue et à ses « 25 000 milliards de dollars » d'opportunités.

Alors que le sommet de l'ONU doit se pencher sur les mesures à prendre face à l'état inquiétant de l'océan, le forum monégasque réunit des centaines d'entrepreneurs et d'investisseurs afin de développer une exploitation durable, voire régénérative, de l'océan.

« L'océan recèle une formidable quantité d'opportunités économiques et financières, d'une valeur estimée à quelque 25 000 milliards de dollars. Mais cette valeur ne pourra se réaliser qu'à une condition : que nous, les humains, cessions de la dilapider », a expliqué Pascal Lamy, ancien directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et coprésident du forum.

« La raison nous dit que, dans le bleu, nous pouvons enfin réaliser cette nouvelle alliance entre l'économie et l'environnement », a-t-il souligné. 

Face à l'océan, l'être humain n'a pas encore dépassé le paléolithique, se contentant essentiellement de chasse et de cueillette pour l'instant, répète régulièrement Robert Calcagno, directeur général de l'Institut océanographique de Monaco, l'un des coorganisateurs du forum.

Pendant deux jours, les investisseurs, qu'il s'agisse de banques publiques ou privées, de fonds d'investissement, de fonds souverains, de fondations, etc. - vont découvrir des exemples concrets d'activités présentées comme à la fois engagées et rentables dans ce domaine, et les organisateurs promettent des annonces d'investissements d'envergure dimanche.

« De la restauration des récifs coralliens aux Maldives aux coopératives d'algues dirigées par des femmes en Tanzanie, en passant par les systèmes de crédits carbone bleus aux Fidji et aux coalitions mondiales construisant des navires et des ports verts du futur, nous assistons non seulement à des innovations dans la conception des projets, mais aussi à une structuration financière de plus en plus sophistiquée pour les soutenir », a déclaré Ilana Seid, représentante permanente des Palaos, petit archipel à l'est des Philippines, et coprésidente du forum.

Le forum sera clôturé dimanche à la mi-journée par Emmanuel Macron, président de la République française, attendu à partir de samedi après-midi pour une visite d'État à Monaco.


Macron marquera le 15 juin son soutien au Groenland face aux visées de Trump

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron sera le premier chef d'État étranger à s'y rendre depuis les menaces d'annexion du président américain.Il rejoindra ensuite le Canada, également convoité par Donald Trump, pour un sommet du G7.
  • Dans un communiqué, la Première ministre danoise a salué cette prochaine visite, « un autre témoignage concret de l'unité européenne » face à une « situation de politique étrangère difficile » pour le royaume.

PARIS : Le président français Emmanuel Macron effectuera une visite officielle au Groenland le 15 juin afin de « renforcer la coopération » avec ce territoire autonome du Danemark, convoité par Donald Trump, a annoncé samedi l'Élysée.

Il s'y rendra « à l'invitation » du Premier ministre groenlandais, Jens-Frederik Nielsen, et de la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, qu'il rencontrera « conjointement », précise l'Élysée dans un communiqué.

Emmanuel Macron sera le premier chef d'État étranger à s'y rendre depuis les menaces d'annexion du président américain. Il rejoindra ensuite le Canada, également convoité par Donald Trump, pour un sommet du G7.

Les trois dirigeants échangeront « sur la sécurité en Atlantique Nord et dans l'Arctique, ainsi que sur les sujets liés au changement climatique, à la transition énergétique et à la sécurité d'approvisionnement en minerais critiques », indique la présidence française.

Ce déplacement vise à « renforcer la coopération » dans ces domaines et à « contribuer au renforcement de la souveraineté européenne », souligne-t-elle.

Dans un communiqué, la Première ministre danoise a salué cette prochaine visite, « un autre témoignage concret de l'unité européenne » face à une « situation de politique étrangère difficile » pour le royaume.

Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump répète à l'envi vouloir prendre possession de l'immense territoire arctique, riche en ressources minières et stratégiquement situé, « d'une manière ou d'une autre ».

« Il nous le faut », martèle-t-il, sans exclure le recours à la force pour des raisons de « sécurité internationale ».

Ce déplacement vise à « renforcer la coopération » dans ces domaines et à « contribuer au renforcement de la souveraineté européenne », souligne-t-elle.

Dans un communiqué, la Première ministre danoise a salué cette prochaine visite, « un autre témoignage concret de l'unité européenne » face à une « situation de politique étrangère difficile » pour le royaume.

Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump répète à l'envi vouloir prendre possession de l'immense territoire arctique, riche en ressources minières et stratégiquement situé, « d'une manière ou d'une autre ».

« Il nous le faut », martèle-t-il, sans exclure le recours à la force pour des raisons de « sécurité internationale ». 

Son vice-président, JD Vance, s'est rendu le 28 mars sur la base militaire américaine de Pituffik, au nord-ouest du Groenland, un déplacement perçu comme une provocation.

Il avait toutefois dû renoncer à se rendre au Groenland lui-même, face au tollé déclenché sur place et au Danemark.

JD Vance avait accusé le Danemark de n'avoir « pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland », de ne pas assez investir dans l'économie locale et de ne pas assurer suffisamment sa sécurité.

De son côté, le Danemark martèle que le Groenland « n'est pas à vendre ». Depuis l'immense île, la Première ministre s'est adressée aux dirigeants américains début avril en lançant : « Vous ne pouvez pas annexer un autre pays. »

Si les principaux partis groenlandais sont favorables à l'indépendance du territoire à plus ou moins long terme, aucun ne soutient l'idée d'un rattachement aux États-Unis. 

La population du Groenland, majoritairement inuite et comptant plus de 19 000 habitants dans la capitale Nuuk, rejette toute perspective de devenir américaine, d'après un sondage. 

Face aux visées américaines, le Danemark a annoncé qu'il allait consacrer deux milliards d'euros au renforcement de la sécurité dans l'Arctique, zone stratégique pour la France et l'Europe.

Le ministre français des Affaires étrangères a aussi évoqué l'envoi de troupes européennes pour assurer la sécurité dans l'Arctique, sans préciser quand.

Après leur départ de Saint-Pierre-et-Miquelon, deux bâtiments de la marine française ont longé le Groenland en direction du grand nord pour se « familiariser aux opérations en zone arctique », a annoncé le ministère des Armées.

Le Groenland est en effet très stratégique pour la défense américaine, car il est sur la trajectoire la plus courte pour un tir de missile vers la Russie.

Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces, il se trouve aussi sur le chemin de nouvelles routes maritimes très convoitées, qui pourraient raccourcir le trafic commercial.

Ce territoire de deux millions de km2 recouvert à 85 % de glace dispose également de vastes réserves minières et pétrolières inexploitées, dont l'accès s'annonce toutefois compliqué.


Israël reconnaît armer un clan opposé au Hamas dans la bande de Gaza

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu tient une conférence de presse à Jérusalem le 21 mai 2025. (Photo de Ronen Zvulun / POOL / AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu tient une conférence de presse à Jérusalem le 21 mai 2025. (Photo de Ronen Zvulun / POOL / AFP)
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  • « Nous agissons de diverses manières contre le gouvernement du Hamas », dont « l'effondrement » est l'un des « buts de guerre », a ajouté e général de brigade Effie Defrin
  • Selon des médias israéliens et palestiniens, ce groupe rassemblerait des membres d'une tribu bédouine dirigée par Yasser Abou Chabab.

JERUSALEM : Les autorités israéliennes reconnaissent soutenir et armer un clan palestinien opposé au Hamas dans la bande de Gaza, affirmant que cela sert leurs « buts de guerre » et « sauve des vies de soldats » engagés dans l'offensive contre le mouvement islamiste dans le territoire palestinien.

« Oui », a répondu vendredi lors d'une conférence de presse le général de brigade Effie Defrin, porte-parole de l'armée israélienne, à la question de savoir si son institution était « favorable » à ce que des armes soient fournies à des milices dans la bande de Gaza.

« Nous agissons de diverses manières contre le gouvernement du Hamas », dont « l'effondrement » est l'un des « buts de guerre », a ajouté l'officier, précisant que « pour y parvenir, nous avons recours à une gamme de méthodes (mais) je ne peux pas en dire plus ».

La veille, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait confirmé des déclarations d'un député, Avigdor Lieberman, ex-ministre de la Défense, qui avait révélé à la chaîne publique israélienne Kan que le gouvernement « donnait des armes à un groupe de criminels et de malfaiteurs ». 

Selon des médias israéliens et palestiniens, ce groupe rassemblerait des membres d'une tribu bédouine dirigée par Yasser Abou Chabab. Le Conseil européen pour les relations internationales (ECFR) le décrit comme le chef d'un « gang criminel opérant dans la région de Rafah (une ville située à cheval entre la bande de Gaza et l'Égypte) et accusé de piller les camions d'aide humanitaire à Gaza ».

« Qu'est-ce que Lieberman a divulgué ? (...) Que, sur les conseils de responsables de la sécurité, nous avons activé des clans à Gaza qui s'opposent au Hamas. Qu'y a-t-il de mal à cela ? », a lancé M. Netanyahu dans une vidéo publiée sur son compte X jeudi.

« Il n'y a que du bon, a-t-il ajouté, cela sauve des vies de soldats israéliens » dans la bande de Gaza, où Israël combat le Hamas depuis son attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre.

Selon Michael Milshtein, expert en affaires palestiniennes au Centre Moshe Dayan de Tel-Aviv, le clan Abou Chabab faisait partie d'une tribu bédouine qui vivait dans la péninsule égyptienne du Sinaï.

Selon lui, certains membres de la tribu sont impliqués dans « toutes sortes d'activités criminelles, le trafic de drogue et d'autres choses de ce genre ». 

M. Abou Chabab a passé du temps en prison à Gaza et les chefs du clan l'ont récemment désigné comme un « collaborateur et gangster » israélien, a-t-il déclaré.

« Il semble que le Shabak (acronyme en hébreu de l'Agence de sécurité intérieure, également connue sous le nom de Shin Bet) ou l'armée ont pensé que c'était une excellente idée de transformer cette milice, ou plutôt ce gang, en un mandataire, de lui donner des armes et de l'argent et de le mettre à l'abri des opérations de l'armée », a ajouté M. Milshtein.

Il a ajouté que le Hamas avait tué quatre membres du gang il y a quelques jours seulement.

Selon l'ECFR, M. Abou Chabab « aurait été emprisonné par le Hamas pour trafic de drogue. Son frère aurait été tué par le Hamas lors d'une opération de répression contre les attaques du groupe contre les convois d'aide de l'ONU ». 

Avant d'imposer, début mars, un blocus total de deux mois et demi à la bande de Gaza, très partiellement allégé dans la deuxième moitié du mois de mai, Israël a régulièrement accusé le Hamas de piller ou de détourner l'aide humanitaire qui entrait dans le petit territoire dévasté par la guerre.

Réagissant aux révélations israéliennes sur le clan Abou Chabab, le Hamas a déclaré que ce groupe avait « choisi la voie de la trahison et du vol » et appelé les civils à s'opposer à lui.

Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, affirme disposer de preuves d'une « coordination claire entre ces bandes de pillards, les collaborateurs de l'occupation israélienne et l'armée ennemie dans le pillage de l'aide et la fabrication de crises humanitaires qui aggravent les souffrances » des Palestiniens.

M. Milshtein considère quant à lui la décision d'armer un groupe comme Abou Chabab comme relevant davantage du « fantasme » que d'une « stratégie ». « J'espère vraiment que cela ne se terminera pas par une catastrophe », dit-il.