La lutte contre le changement climatique est essentielle pour l’avenir de l’Irak

Cette vue aérienne montre une rivière asséchée à Chibayish, dans la province irakienne de Dhi Qar, le 5 juillet 2023. (AFP)
Cette vue aérienne montre une rivière asséchée à Chibayish, dans la province irakienne de Dhi Qar, le 5 juillet 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 16 juillet 2023

La lutte contre le changement climatique est essentielle pour l’avenir de l’Irak

La lutte contre le changement climatique est essentielle pour l’avenir de l’Irak
  • Prendre des mesures collectives et mettre en œuvre des politiques environnementales majeures figurent parmi les facteurs les plus nécessaires pour lutter contre le changement climatique en Irak
  • Une autre étape importante pour l’Irak serait de coopérer avec les pays du Golfe et de mettre en place certaines de leurs politiques réussies de lutte contre le changement climatique

L’Irak est le cinquième pays le plus vulnérable au changement climatique au monde. Il est donc essentiel de trouver des solutions durables pour lutter contre ce problème.

Prendre des mesures collectives et mettre en œuvre des politiques environnementales majeures figurent parmi les facteurs les plus nécessaires pour lutter contre le changement climatique en Irak, qui était autrefois connu comme «le pays aux trente millions de palmiers».

Les dirigeants irakiens prennent des mesures constructives, comme la proposition de politiques de lutte contre le changement climatique et la participation à des événements clés à l’image de la COP27 – 27e Conférence annuelle des Nations unies sur les changements climatiques qui s’est tenue en Égypte l’année dernière.

Le Premier ministre irakien, Mohammed Shia al-Sudani, fait un pas de plus dans la bonne direction. Il adopte des mesures radicales qu’il espère voir appliquées d’ici à 2030, faisant de la lutte contre le changement climatique une priorité. En mars, dans son discours d’ouverture de la conférence de deux jours sur le climat à Bassorah en Irak, le Premier ministre soutient que «plus de sept millions de citoyens ont été touchés en Irak... et des centaines de milliers déplacés parce qu’ils ont perdu leurs moyens de subsistance qui dépendent de l’agriculture et de la chasse. L’aspect le plus décourageant est la sécheresse sévère qui a mis en péril nos beaux marais».

Certaines des mesures les plus critiques que l’Irak peut prendre pour lutter contre le changement climatique comprennent l’utilisation de plus d’énergie solaire, la restauration des écosystèmes endommagés et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette dernière peut être réalisée grâce à des investissements dans des infrastructures efficaces qui réduisent les émissions.

D’autres méthodes comprennent l’investissement dans des centrales d’énergie renouvelable, le recyclage accru, le financement d’entreprises vertes et de start-up impliquées dans les énergies renouvelables et vertes, l’agriculture, la préservation de l’eau et la modernisation des anciennes méthodes d’irrigation, la conservation de la biodiversité du pays, ainsi que la réduction des émissions de dioxyde de carbone de l’Irak.

En ce qui concerne ces domaines importants, le développement d’industries nationales fondées sur le savoir est sans doute devenu un besoin urgent, plutôt qu’un plus.

Il convient de noter que, en tant que pays en développement, l’Irak a subi de manière disproportionnée les effets des pertes et dommages causés par le changement climatique. Il est donc important de souligner que la lutte contre la crise climatique nécessite l’action de tous les pays, en particulier les pays développés. Cela signifie que les États les plus pauvres ont besoin d’aide pour s'adapter et faire face à la crise climatique.

Sur le long terme, si certains des dommages causés par le changement climatique, comme la rareté de l’eau et le manque de ressources agricoles, continuent d’augmenter en Irak au point que les ressources en eau douce s’épuisent, cela aura une incidence sur la sécurité nationale et la stabilité politique. Ces effets dévastateurs peuvent également avoir un impact négatif sur la santé.

De plus, un grand nombre de personnes seront forcées d’emménager dans d’autres parties du monde pour survivre. Les dommages et les pertes causés par le changement climatique en Irak ne se limitent pas à des facteurs non économiques. Les pertes économiques en Irak comprennent le coût de la reconstruction des communautés et des infrastructures, ainsi que la baisse des revenus de l’industrie agricole.

«Le développement d’industries nationales fondées sur le savoir est sans doute devenu un besoin urgent.»

Dr Majid Rafizadeh

L’Irak fait face à l’une des pires situations de sécheresse de son histoire. Il est principalement affecté par la hausse des températures. Selon un récent rapport de l’ONU, d’autres facteurs comprennent «des précipitations insuffisantes et en diminution, des sécheresses et des pénuries d’eau intensifiées, des tempêtes de sable et de poussière fréquentes, ainsi que des inondations. En plus de cela, les politiques de l’eau dans les pays voisins ont réduit les sources d’eau vitales, tandis que la croissance démographique rapide, l’urbanisation et l’utilisation inefficace de l’eau par les secteurs agricole et industriel stimulent la demande pour une plus grande quantité d’eau».

Une autre étape importante pour l’Irak serait de coopérer avec les pays du Golfe et de mettre en place certaines de leurs politiques réussies de lutte contre le changement climatique. Il existe plusieurs projets et initiatives dans le Golfe en lien avec les énergies renouvelables. Par exemple, l’Arabie saoudite et Bahreïn se sont engagés à augmenter la proportion de leurs bouquets énergétiques provenant de sources renouvelables, tandis que les Émirats arabes unis se sont engagés à réduire de 31% leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.

Entre-temps, l’Arabie saoudite a fait part de plans extrêmement ambitieux pour construire Neom, la première ville du monde sans route. C’est un signe clair de sa volonté de favoriser un développement respectueux de l’environnement. Sultan al-Jaber, le président de Masdar, souligne que les Émirats arabes unis «visent à jouer un rôle central dans l’économie émergente de l’hydrogène vert».

Il existe d’autres programmes efficaces, comme l’Initiative pour un Moyen-Orient vert, qui a été lancée en 2021 par l’Arabie saoudite. Les dirigeants espèrent qu’elle sera en mesure de multiplier «l’incidence dans la lutte mondiale contre le changement climatique, tout en créant des possibilités économiques de grande envergure pour la région».

La coopération avec les pays du Golfe en matière d’énergies renouvelables sera très bénéfique pour l’Irak et réduira également les fluctuations liées au processus énergétique. Cela aidera également le gouvernement irakien à diversifier son économie en renforçant le secteur privé, en investissant dans les infrastructures et d’autres industries, en investissant dans les énergies renouvelables et en attirant davantage de touristes.

Ces changements de politique aideront non seulement l’Irak mais aussi la région, qui est l’une des plus vulnérables au monde en matière de changement climatique en raison de son climat largement aride ou semi-aride.

En bref, l’Irak peut se réserver un avenir meilleur en luttant contre le changement climatique et en le plaçant au premier rang de ses priorités. Il doit mettre en œuvre des mesures radicales pour lutter contre le changement climatique, comme les investissements dans les énergies renouvelables, l’utilisation de l’énergie solaire, la restauration des écosystèmes endommagés et la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. Il incombe également aux pays développés et riches d’aider l’Irak.

 

 

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.

Twitter: @Dr_Rafizadeh

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com