Comment la diplomatie des otages de Gaza pourrait dicter le cours de la guerre entre Israël et le Hamas

Libérées après treize jours de captivité, les Américaines Natalie Shoshana Raanan et Judith Tai Raanan faisaient partie des quelque 230 personnes prises en otage par le Hamas lors de l'attaque du 7 octobre contre le sud d'Israël (Photo, AFP).
Libérées après treize jours de captivité, les Américaines Natalie Shoshana Raanan et Judith Tai Raanan faisaient partie des quelque 230 personnes prises en otage par le Hamas lors de l'attaque du 7 octobre contre le sud d'Israël (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 02 novembre 2023

Comment la diplomatie des otages de Gaza pourrait dicter le cours de la guerre entre Israël et le Hamas

  • Le Hamas a pris environ 230 otages, dont des enfants et des personnes âgées, lors de son attaque du 7 octobre contre le sud d'Israël
  • La politique et les tactiques de la prise d'otages font l'objet du dernier rapport de l'unité de recherche et d'études d'Arab News

LONDRES: L'une des images marquantes qui ont émergé au lendemain de l'attaque contre Israël le 7 octobre est une image tirée d'une vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, montrant une Israélienne âgée emmenée en captivité sur une voiturette de golf.

Ce n'est pas un hasard si cette image a été diffusée, ni si elle a été si largement utilisée par les médias du monde entier. L'enlèvement est un acte cruel, conçu précisément pour susciter des réactions émotionnelles qui ne peuvent que servir les intérêts des preneurs d'otages.

Yaffa Adar, une grand-mère israélienne de 85 ans, a été enlevée de son domicile dans le Kibboutz Kfar, près de la frontière avec Gaza.

Sur la photo, elle est assise, enveloppée dans une couverture, entourée d'hommes armés mais regardant devant elle avec un calme incongru.

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Yaffa Adar, une grand-mère israélienne de 85 ans qui a été enlevée de sa maison dans le Kibboutz Kfar lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, est toujours en captivité (Photo, Hatem Ali/AP).

Comme l'a déclaré sa petite-fille Adva Adar à l'agence de presse Reuters le jour des attentats, «c'est une femme forte [...] elle est assise, essayant de leur montrer qu'elle n'a pas peur et qu'elle n'est pas blessée».

Elle s'est ensuite fait l'écho de l'appel plaintif de toutes les familles qui ont souffert de voir un être cher arraché à leur univers quotidien et pris en otage comme un pion dans un jeu politique qui échappe à leur contrôle.

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Cette image tirée d'une vidéo publiée par les brigades Al Qassam sur leur chaîne Telegram montre Yocheved Lifshitz, 85 ans, au centre, et Nurit Cooper, 79 ans, escortées par le Hamas alors qu'elles sont remises à la Croix-Rouge dans un lieu inconnu, le 23 octobre 2023 (Brigades Al Qassam via AP).

«J'ai un message, j'ai l'espoir qu'ils comprendront que ces personnes n'ont rien fait de mal», a déclaré Adar, luttant contre ses larmes.

«Je n'arrive même pas à comprendre comment les gens peuvent penser qu'il est logique d'enlever une dame de 85 ans, d'enlever des bébés, d'enlever des enfants», a-t-elle demandé.

Mais bien sûr, comme ceux qui détiennent Yaffa Adar et environ 230 autres otages ne le savent que trop bien, dans la logique froide de ceux qui cherchent à obtenir des avantages politiques en plaçant les gouvernements sous une pression émotionnelle extrême, l'enlèvement d'enfants vulnérables et de vieilles dames est le plus parfait et le plus terrible des raisonnements.

La politique et les tactiques de la prise d'otages font l'objet du dernier rapport publié par l'unité de recherche et d'études d'Arab News. L'auteur est James Denselow, un écrivain spécialisé dans la politique et les questions de sécurité au Moyen-Orient, qui a travaillé pour le groupe de réflexion sur la politique étrangère Chatham House, basé au Royaume-Uni, et pour des ONG internationales.

Dans «The Hostage Dilemma»,(«Le dilemme des otages»), Denselow passe en revue la «diplomatie des otages», une activité longue et très pratiquée qui fait partie de l'arsenal des groupes terroristes et des gouvernements malhonnêtes depuis des dizaines d'années, a-t-il écrit.

Qu'il s'agisse de la récente et controversée libération, en septembre, de cinq prisonniers chacun par l'Iran et les États-Unis, à la suite d'un accord du gouvernement américain sur le déblocage de 6 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,94 euro) d'actifs iraniens, ou de la prise en otage pendant quatre cent quarante-quatre jours de 52 Américains saisis à l'ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979, «la réponse la plus difficile à la diplomatie des otages est sans doute l'incohérence des politiques des États à son égard», a ajouté Denselow.

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Des militants de la révolution pro-iranienne ont pris en otage 53 citoyens américains pendant quatre cent quarante-quatre jours, jusqu'au 20 janvier 1981 (Photo, Getty Images).

La vérité de cette observation se manifeste aujourd'hui dans la crise de Gaza, où les émotions brutes déclenchées par le sort de tant d'otages empêchent une réponse internationale unifiée et brouillent même les cartes pour les stratèges militaires israéliens.

La terrible réalité est que, même s'il libère quelques otages ici et là, le Hamas est considéré par ses détracteurs comme indifférent au sort des personnes qu'il a capturées, si ce n'est qu'il maintient au moins certaines d'entre elles en vie suffisamment longtemps pour que la perspective de leur libération – ou de leur mort – serve son objectif.

Désespérément préoccupées par le sort de leurs proches et torturées quotidiennement par la pensée de ce qu'ils doivent endurer, de nombreuses familles d'otages sont en fait devenues les alliées involontaires de leurs ravisseurs.

Depuis que les otages ont été enlevés, la pression exercée sur le gouvernement israélien, au niveau national et international, pour qu'il entame des négociations avec leurs ravisseurs n'a cessé de croître.

L'horreur à laquelle les familles sont confrontées a été soulignée lundi par l'annonce de la mort de Shani Louk, une germano-israélienne de 22 ans qui vivait à Tel-Aviv et dont on pensait qu'elle avait été enlevée sur les lieux du massacre lors du festival de musique au début des attaques, le 7 octobre.

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Shani Louk, une germano-israélienne de 22 ans enlevée par des combattants du Hamas, a été confirmé morte le 30 octobre 2023 (Photo, Instagram).

Les détails macabres de la confirmation de la mort de Louk ne feront qu'accentuer la pression, non seulement sur Israël, mais aussi sur tous les gouvernements qui doivent maintenant faire face aux appels de familles affolées.

Les médecins légistes israéliens ont identifié Louk grâce à l'ADN extrait d'un fragment d'os du crâne, qui est jusqu'à présent la seule partie de son corps qui a été retrouvée.

Le Hamas détiendrait plusieurs autres Allemands, parmi les ressortissants de quelque 24 autres pays qui ont été enlevés le 7 octobre et qui, ensemble, représentent la moitié des otages actuellement détenus.

Outre la pression croissante exercée par ses propres familles, de plus en plus en colère, qui craignent que leurs proches soient assassinés par le Hamas ou victimes des bombes et des balles israéliennes à Gaza, le gouvernement doit à présent faire face à un large éventail d'exigences et de pressions diplomatiques de la part d'autres pays dans le monde.

Que ce soit de façon accidentelle ou délibérée, il y a en fait plus d'otages d'autres pays que de citoyens d'Israël, dont 54 Thaïlandais, 15 Argentins, 12 Allemands, 12 Américains, 6 Français et 6 Russes, et cela sert bien le Hamas.

Bien que mercredi, certains détenteurs de passeports étrangers aient été autorisés à quitter Gaza par le poste frontière de Rafah en direction de l'Égypte, l'inquiétude internationale reste vive pour les citoyens de nombreux pays qui se sont retrouvés piégés par le conflit dans des conditions de plus en plus désespérées.

Ce lundi, un ministre britannique a déclaré que les 200 Britanniques piégés à Gaza étaient, en fait, également des otages, piégés par le refus du Hamas de les laisser partir, malgré les appels directs des États-Unis et d'autres pays.

Leur situation critique a été mise en lumière lorsque le Premier ministre écossais, Humza Yousaf, a révélé que ses propres parents, qui s'étaient rendus à Gaza, n'avaient plus d'eau potable.

Un flux apparemment ininterrompu d'histoires similaires fait monter la pression sur le gouvernement israélien de la part de pays qui défendent le droit d'Israël à se défendre, mais pas au prix de la vie innocente de leurs propres citoyens qui, sans qu'il y ait faute de leur part, se trouvent être des pions dans le plan de jeu du Hamas.

«La prise en otage massive d'Israéliens, dont beaucoup étaient des enfants ou des personnes âgées, ainsi qu'un grand nombre de personnes ayant la double nationalité, est un élément crucial de l'équation mortelle de la crise qui se joue actuellement entre Israël et le Hamas», a expliqué Denselow à Arab News.

«La prise d'otages était apparemment un objectif clé – et non un acte opportuniste – de l'attaque elle-même», a-t-il estimé.

Et, comme le Hamas l'aura certainement voulu, «certaines des familles des otages capturés se sont déjà révélées être parmi les plus puissants défenseurs de la diplomatie et de la désescalade militaire pour que leurs proches soient ramenés sains et saufs».

Des fissures qui apparaissent dans la société israélienne, font augmenter le niveau de risque politique auquel est confronté le Premier ministre, Benjamin Netanyahou.

Organisé via WhatsApp et le hashtag «Ramenez-les à la maison maintenant», le Forum des familles d'otages et de disparus s'est rassemblé samedi devant le siège du ministère israélien de la Défense à Tel-Aviv, muni de photographies des disparus et exigeant de savoir ce que le gouvernement envisage de faire pour sauver les vies de leurs proches.

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Des Israéliens manifestent devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv, le 19 octobre 2023, pour demander la libération des Israéliens retenus en otage par les combattants du Hamas dans la bande de Gaza (Photo, Ahmad Gharabli/AFP).

La semaine précédente, le Hamas avait annoncé que 50 otages étaient déjà morts sous les bombardements israéliens à Gaza. Les incursions des forces israéliennes dans la nuit de vendredi à samedi n'ont fait qu'accroître l'inquiétude des proches, alimentant la crainte que les bombardements israéliens de 150 cibles souterraines, qui ont fait l'objet d'une grande publicité, aient été menés sans se soucier des otages éventuellement détenus dans les tunnels du Hamas.

«Pourquoi cette offensive? Il n'y a pas d'urgence. Le Hamas ne peut se rendre nulle part», a déclaré aux médias l'un des participants à la manifestation, qui tenait une photo de son neveu de 19 ans disparu et une affiche sur laquelle on pouvait lire: «Ne nous abandonnez pas deux fois.»

 Les manifestants estimaient que le gouvernement avait déjà laissé tomber les otages une fois pour avoir permis que l'attaque sans précédent du 7 octobre ait lieu pratiquement sans être contestée. Aujourd'hui, beaucoup pensent que le gouvernement n'a moralement qu'une seule option: libérer tous les Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes en échange des otages.

Le cri «Tous les prisonniers pour tous les otages», qui résonne de manière inquiétante dans les couloirs du pouvoir israélien, sera sans aucun doute une musique douce aux oreilles des dirigeants du Hamas.

Pour l'instant, le Hamas semble contrôler totalement l'impasse de plus en plus tendue entre le gouvernement israélien, son propre peuple et les gouvernements sous pression de nombre de ses alliés mondiaux, et seuls de petits ajustements au modèle sont nécessaires au Hamas pour maintenir la pression sur Netanyahou et son Conseil des ministres.

Le 18 octobre, un porte-parole du Hamas a annoncé que le groupe était prêt à libérer les femmes et les enfants.

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Cette photo fournie par l'hôpital Ichilov montre Yocheved Lifshitz, l'une des deux femmes libérées par le Hamas le lundi 23 octobre 2023, transportée dans un fauteuil roulant dans le hall de l'hôpital à Tel Aviv, Israël (Photo, Jenny Yerushalmy/Ichilov hospital via l’AP).

Deux jours plus tard, deux otages américains, Judith Raanan et sa fille Natalie, ont été soudainement libérés, le président américain, Joe Biden, remerciant publiquement «le gouvernement du Qatar et le gouvernement d'Israël pour leur collaboration dans ce travail».

Trois jours plus tard, deux autres otages israéliens âgés ont été libérés. L'une d'entre elles, Yocheved Lifshitz, grand-mère de 85 ans, était une militante pacifiste qui, selon son petit-fils, avait travaillé pendant des années pour aider les Palestiniens de Gaza à recevoir des soins médicaux.

Sur les images de la libération des femmes, filmées et diffusées par le Hamas, qui a le sens des médias, on voit Lifshitz serrer la main de l'un de ses ravisseurs armés et lui souhaiter «Shalom» («Paix»).

Ce lundi, le Hamas a diffusé une vidéo mettant en scène trois Israéliennes kidnappées, dont l'une accuse Netanyahou de ne pas avoir protégé Israël le 7 octobre, puis condamne les incursions militaires israéliennes dans la bande de Gaza.

«Nous sommes des citoyens innocents», a-t-elle affirmé à son Premier ministre. «Vous voulez tous nous tuer. Vous voulez tous nous tuer en utilisant les FDI (Forces de défense israéliennes).»

Chaque épisode de ce type renforce l'espoir de ceux qui restent en captivité, semble montrer le Hamas sous un jour humanitaire et fait apparaître comme imprudente toute incursion militaire à grande échelle des forces israéliennes dans la bande de Gaza.

Que veut le Hamas? La semaine dernière, un haut responsable a été cité sur NBC News, déclarant que le Hamas serait prêt à libérer tous les otages civils «en une heure» si Israël cessait toutes ses attaques contre la bande de Gaza et libérait tous les Palestiniens détenus par Israël.

Cela est exactement ce que de nombreux citoyens israéliens réclament aujourd'hui.

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Des véhicules blindés de transport de troupes et des chars israéliens se dirigent vers la frontière de la bande de Gaza, dans le sud d'Israël, le 1er novembre 2023 (Photo, AP).

Mais Denselow estime que la situation à Gaza – et le sort des otages qui y sont détenus – reste sur le fil du rasoir.

«Des rapports indiquent que la libération d'une poignée d'otages pourrait avoir joué un rôle dans le retardement d'une offensive terrestre», a-t-il éclairci.

«Pourtant, l'histoire montre que si, dans les conflits plus stables, la négociation et le retour des otages peuvent avoir lieu, dans les conflits plus rapides et plus intenses, les otages sont souvent tragiquement incapables d'échapper au maelström de la violence», a- t-il alerté.

«Si, par miracle diplomatique, les otages sont libérés sains et saufs, il reste à savoir ce qui se passera ensuite et si la violence pourrait effectivement s'intensifier», a soutenu Denselow.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier saoudien et le président Trump discutent des tensions régionales lors d'un appel téléphonique

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a tenu un appel téléphonique avec le président américain Donald Trump pour discuter des derniers développements au Moyen-Orient, notamment des opérations militaires israéliennes en cours contre l'Iran. (SPA/File Photo)
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a tenu un appel téléphonique avec le président américain Donald Trump pour discuter des derniers développements au Moyen-Orient, notamment des opérations militaires israéliennes en cours contre l'Iran. (SPA/File Photo)
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  • Les deux dirigeants ont souligné l'importance de la retenue et de la désescalade, et ont insisté sur la nécessité de résoudre les différends par des moyens diplomatiques

RIYAD : Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, s’est entretenu par téléphone avec le président des États-Unis, Donald Trump, afin d’évoquer les récents développements au Moyen-Orient, y compris les opérations militaires israéliennes en cours contre l'Iran, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Lors de l'appel de vendredi, les deux dirigeants ont souligné l'importance de la retenue et de la désescalade, et ont insisté sur la nécessité de résoudre les différends par des moyens diplomatiques, a ajouté SPA.

Ils ont également affirmé l'importance de poursuivre les efforts conjoints pour promouvoir la sécurité, la paix et la stabilité dans la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Iran lance des missiles sur Israël en riposte à une attaque massive sur son sol

L'Iran a lancé  vendredi soir des dizaines de missiles contre Israël, en riposte aux frappes aériennes israéliennes d'une ampleur sans précédent qui ont visé depuis le matin plus de 200 sites militaires et nucléaires sur le sol iranien. (AP)
L'Iran a lancé  vendredi soir des dizaines de missiles contre Israël, en riposte aux frappes aériennes israéliennes d'une ampleur sans précédent qui ont visé depuis le matin plus de 200 sites militaires et nucléaires sur le sol iranien. (AP)
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  • Plusieurs explosions ont été entendues à Téhéran et dans ses environs, selon les médias qui ont aussi fait état, notamment, d'une nouvelle frappe sur le centre d'enrichissement d'uranium de Natanz, dans le centre de l'Iran
  • "Nous continuons à pleine force, à un rythme élevé, afin d'atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés", a déclaré dans la soirée le chef d'état-major de l'armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir

TEHERAN: L'Iran a lancé  vendredi soir des dizaines de missiles contre Israël, en riposte aux frappes aériennes israéliennes d'une ampleur sans précédent qui ont visé depuis le matin plus de 200 sites militaires et nucléaires sur le sol iranien.

Les sirènes d'alerte ont retenti à travers tout le pays, tandis que des volutes de fumée s'élevaient au-dessus de Tel-Aviv, la grande ville du centre d'Israël, peu après un appel lancé à la population à rejoindre les abris.

Au moins deux vagues de dizaines de missiles balistiques iraniens ont visé Israël, a annoncé l'armée israélienne tandis que l'Iran a affirmé viser "des dizaines de cibles", "de bases et d'infrastructures militaires" en Israël.

Israël s'attend à être exposé "à plusieurs vagues d'attaques iraniennes", avait prévenu peu avant le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, après les frappes d'une ampleur sans précédent menées sur l'Iran.

L'attaque lancée tôt vendredi a tué les plus hauts gradés iraniens, le chef d'état-major de l'armée, le chef des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, et le commandant de sa force aérospatiale.

Dans la soirée, l'armée israélienne a annoncé avoir "démantelé" une usine d'uranium à Ispahan, dans le centre de l'Iran, a la suite d'une frappe.

Plusieurs explosions ont été entendues à Téhéran et dans ses environs, selon les médias qui ont aussi fait état, notamment, d'une nouvelle frappe sur le centre d'enrichissement d'uranium de Natanz, dans le centre de l'Iran.

"Nous continuons à pleine force, à un rythme élevé, afin d'atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés", a déclaré dans la soirée le chef d'état-major de l'armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir.

Cette attaque fait suite à des pressions grandissantes exercées sur l'Iran, soupçonné par les Occidentaux et par Israël de vouloir se doter de l'arme atomique. Téhéran dément et défend son droit à mener un programme nucléaire civil.

L'attaque intervient aussi à deux jours d'un nouveau cycle de négociations indirectes, dont la tenue est désormais incertaine, prévu dimanche à Oman entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire iranien.

"Déclaration de guerre" 

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a qualifié de "déclaration de guerre" l'attaque israélienne et affirmé que la riposte de son pays serait "assurément vigoureuse".

Aussitôt nommé, le nouveau chef des Gardiens de la Révolution, Mohammad Pakpour, a promis à Israël "les portes de l'enfer" après ces frappes qui ont visé notamment Téhéran et fait 18 morts dans le nord-ouest du pays, selon un média.

Alors que les appels à la désescalade se multiplient à travers le monde, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir vendredi à la demande de l'Iran.

"Mort à Israël, mort à l'Amérique!", criaient des Iraniens venus manifester dans le centre de Téhéran, où les rues étaient désertes à l'exception de files d'attente devant les stations-service.

Ahmad Moadi, un retraité de 62 ans, a appelé à une "réponse cinglante" contre Israël, un pays non reconnu par l'Iran.

Benjamin Netanyahu a averti que l'opération militaire durerait "de nombreux jours" et qu'Israël avait frappé "au coeur du programme de missiles balistiques de l'Iran".

L'armée israélienne a affirmé que l'Iran avait la capacité de nuire "considérablement" à Israël et dit disposer de renseignements prouvant que Téhéran s'approchait du "point de non-retour" vers la bombe atomique. Selon elle, "le régime iranien avait un plan concret pour détruire l'Etat d'Israël".

En Israël, des habitants témoignaient vendredi de leur inquiétude.

"Je suis inquiète pour mes enfants et aussi pour mes moyens de subsistance, car cela affecte le marché. On ne peut pas travailler, on ne peut rien faire", déplorait Vered Saar, une pâtissière de Tel-Aviv âgée de 54 ans.

L'armée israélienne a indiqué qu'environ 200 avions avaient participé aux premières heures de l'attaque, à laquelle l'Iran a riposté en lançant "environ 100 drones" vers Israël, qui ont été interceptés.

Tôt vendredi, le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, ainsi que d'autres responsables dont le commandant de la force aérospatiale des Gardiens, Ali Hajizadeh, ont été tués dans une frappe sur leur quartier général.

Le chef d'état-major iranien, le général Mohammad Bagheri, et six scientifiques du programme nucléaire iranien ont également péri dans des frappes.

Le site de Natanz a été visé "plusieurs fois", selon la télévision d'Etat iranienne, qui a montré une épaisse fumée noire s'en élevant.

Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), "aucune augmentation des niveaux de radiation" n'a cependant été observée à Natanz.

"Encore plus brutales" 

Le président américain Donald Trump a exhorté l'Iran à "conclure un accord" sur le nucléaire "avant qu'il ne reste plus rien" et prévenu que les "prochaines attaques" seraient "encore plus brutales".

La dernière attaque israélienne contre l'Iran annoncée publiquement remonte à octobre 2024, quand Israël avait dit avoir mené des raids aériens sur des cibles militaires en représailles au tir de quelque 200 missiles iraniens vers son territoire.

Fawaz Gerges, professeur de relations internationales à la London School of Economics, a estimé qu'Israël avait "déclaré une guerre totale contre l'Iran".

Signe de l'extrême fébrilité dans la région, de nombreuses compagnies aériennes ont supprimé ou dérouté des dizaines de vols, tandis que les cours du pétrole ont flambé.

Plusieurs ambassades d'Israël à travers le monde ont fermé au public.

Téhéran avait menacé mercredi de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit après un éventuel échec des négociations en cours, visant à encadrer le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des lourdes sanctions frappant l'Iran.

L'enrichissement de l'uranium est la principale pierre d'achoppement dans ces discussions, Washington exigeant que l'Iran y renonce totalement, ce que Téhéran refuse.

L'Iran est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium au niveau de 60%, selon l'AIEA, alors qu'un seuil de 90% est nécessaire à la fabrication d'une bombe atomique.


Frappes sur l'Iran: Israël dit avoir tué la plupart des dirigeants de la force aérospatiale des Gardiens

Le major général Mohammad Bagheri, chef d'état-major des forces armées iraniennes, assiste à un défilé militaire lors d'une cérémonie marquant la journée annuelle de l'armée à Téhéran, le 17 avril 2024. Le 13 juin 2025, Bagheri a été « probablement éliminé », selon un responsable israélien de la sécurité, à la suite de frappes israéliennes tôt le matin sur des cibles en Iran. (AFP)
Le major général Mohammad Bagheri, chef d'état-major des forces armées iraniennes, assiste à un défilé militaire lors d'une cérémonie marquant la journée annuelle de l'armée à Téhéran, le 17 avril 2024. Le 13 juin 2025, Bagheri a été « probablement éliminé », selon un responsable israélien de la sécurité, à la suite de frappes israéliennes tôt le matin sur des cibles en Iran. (AFP)
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  • "La chaîne de commandement de l'armée de l'air du Corps des gardiens de la révolution islamique s'était réunie dans un centre de commandement souterrain pour préparer une attaque contre l'Etat d'Israël", a déclaré l'armée
  • "Dans le cadre des premières frappes, des chasseurs de l'armée ont frappé le centre de commandement où se trouvait le commandant de l'armée de l'air (des Gardiens), Amir Ali Hajizadeh, ainsi que d'autres hauts responsables"

JERUSALEM: Le ministère israélien de la Défense a affirmé vendredi que les frappes aériennes de l'armée sur l'Iran avaient coûté la vie à la plupart des dirigeants de la force aérospatiale des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique.

"Le ministre de la Défense [Israël Katz] a été informé que la plupart des dirigeants de la force aérospatiale des Gardiens de la Révolution avaient été éliminés alors qu'ils étaient réunis dans leur quartier général souterrain", y compris son chef, le général Amirali Hadjizadeh, a déclaré le ministère dans un communiqué.

Outre Hajizadeh, le commandant de la force des drones et le chef du commandement aérien ont été tués par une frappe de l'armée de l'air israélienne, selon le communiqué.

"La chaîne de commandement de l'armée de l'air du Corps des gardiens de la révolution islamique s'était réunie dans un centre de commandement souterrain pour préparer une attaque contre l'Etat d'Israël", a déclaré l'armée.

"Dans le cadre des premières frappes, des chasseurs de l'armée ont frappé le centre de commandement où se trouvait le commandant de l'armée de l'air (des Gardiens), Amir Ali Hajizadeh, ainsi que d'autres hauts responsables".

Selon l'armée, Hajizadeh a joué un rôle central dans le "plan de destruction d'Israël" de l'Iran, ajoute l'armée.

"En outre, les dirigeants qui ont été éliminés ont mené l'attaque contre les installations pétrolières de l'Arabie saoudite en septembre 2019", affirme le communiqué.

La force aérospatiale des Gardiens est chargée de la surveillance de l'espace aérien iranien et contrôle l'arsenal de missiles balistiques du pays.