Fonds Marianne: la commission d'enquête du Sénat rend ses conclusions

Figure de la galaxie Macron depuis 2017, Mme Schiappa a vu son étoile beaucoup pâlir. Elle est aujourd'hui fragilisée, avec des appels répétés à la démission venus de l'opposition de gauche. (AFP)
Figure de la galaxie Macron depuis 2017, Mme Schiappa a vu son étoile beaucoup pâlir. Elle est aujourd'hui fragilisée, avec des appels répétés à la démission venus de l'opposition de gauche. (AFP)
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Publié le Jeudi 06 juillet 2023

Fonds Marianne: la commission d'enquête du Sénat rend ses conclusions

  • La mission d'information «Fonds Marianne», qui a obtenu les prérogatives d'une commission d'enquête, doit rendre public son rapport à 14h00
  • La justice a ouvert une enquête confiée à un juge d'instruction début mai, pour «détournement de fonds publics, détournement de fonds publics par négligence, abus de confiance et prise illégale d'intérêts»

PARIS: Des erreurs ont-elles été commises dans la gestion du Fonds Marianne contre le "séparatisme"? Après l'inspection générale de l'administration (IGA), c'est au tour de la commission d'enquête du Sénat de rendre ses conclusions jeudi sur ce dossier controversé, qui met en difficulté Marlène Schiappa.

La mission d'information "Fonds Marianne", qui a obtenu les prérogatives d'une commission d'enquête, doit rendre public son rapport à 14h00. Les conclusions très attendues doivent être détaillées lors d'une conférence de presse par le président de la commission des finances du Sénat, Claude Raynal (PS), et le rapporteur de la mission, Jean-François Husson (LR).

Après les commissions d'enquête autour de l'affaire Benalla en 2018 puis du cabinet de conseil McKinsey en 2021 qui ont ébranlé la Macronie, les parlementaires ont passé au gril une autre personnalité du camp présidentiel, Marlène Schiappa, sur fond de soupçons de favoritisme et de gabegie d'argent public.

Figure de la galaxie Macron depuis 2017, Mme Schiappa a vu son étoile beaucoup pâlir. Elle est aujourd'hui fragilisée, avec des appels répétés à la démission venus de l'opposition de gauche.

La secrétaire d'Etat a peiné à convaincre les sénateurs lors de son audition très médiatisée le 14 juin, consacrée à ce fonds qu'elle a voulu et lancé en 2021 après le choc causé par l'assassinat de Samuel Paty, alors qu'elle était ministre déléguée chargée de la Citoyenneté.

Le Sénat s'était saisi de ce dossier en mai après plusieurs articles et reportages pointant les faibles réalisations de certaines associations ayant bénéficié de centaines de milliers d'euros de subventions publiques. Le fonds, doté au total de 2,5 millions d'euros, était destiné à développer, sur les réseaux sociaux, des "contre-discours" à l'islam radical.

La justice, de son côté, a également ouvert une enquête confiée à un juge d'instruction début mai, pour "détournement de fonds publics, détournement de fonds publics par négligence, abus de confiance et prise illégale d'intérêts". Des perquisitions ont eu lieu en juin aux domiciles de plusieurs protagonistes-clés du dossier.

Deux associations, parmi celles ayant bénéficié des fonds, concentrent les questions.

L'une, l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), a reçu 275.000 euros dont 120.000 euros ont servi à rémunérer deux de ses responsables, dont Mohamed Sifaoui, auteur de livres sur l'islam politique et le terrorisme. L'autre, "Reconstruire le commun", qui a obtenu 330.000 euros, a produit des vidéos dans lesquelles elle dénigrait des personnalités de gauche.

Graves irrégularités 

Devant le Sénat, Mme Schiappa a assuré vouloir assumer sa "responsabilité politique", tout en se défaussant régulièrement sur son administration: elle a notamment souligné qu'elle n'avait pas fait partie du comité ayant sélectionné les associations lauréates, et qu'il ne lui incombait pas de suivre l'avancée des projets financés par l'argent public.

Tout juste a-t-elle concédé des "dysfonctionnements dans l'organisation et dans la gestion" du fonds Marianne, tout en minimisant: "je ne crois pas qu'on puisse imputer à (...) un responsable politique la malversation interne d'une structure à laquelle il fait confiance".

Entendu à son tour par les sénateurs, le 15 juin, M. Sifaoui a de son côté soutenu avoir été "piégé" et "manipulé par le pouvoir politique".

L'affaire a également fait l'objet d'un rapport de l'Inspection générale de l'administration (IGA).

Dans un premier rapport publié début juin, et qui ne portait que sur l'USEPPM, l'IGA a dénoncé de nombreux "manquements", à la fois dans le processus de candidature, puis dans l'utilisation des fonds par l'association. Les inspecteurs ont ainsi relevé de graves "irrégularités", comme par exemple "des doublements de salaires pour les deux porteurs du projet USEPPM" -- avec in fine un résultat bien décevant en terme de contenus: 451 communications sur différents comptes, huit articles sur un site internet.

Après ce premier rapport, le préfet Christian Gravel, patron du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), la structure responsable de la gestion de ce fonds au ministère de l'Intérieur, a démissionné.

L'IGA doit rendre un second rapport sur cette affaire, cette fois sur les autres bénéficiaires des fonds. Ses conclusions pourraient être rendues publiques jeudi en fin de journée.


L'ancien patron de M6 Nicolas de Tavernost rejoint la branche médias de CMA CGM

Nicolas de Tavernost rejoint le groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé comme vice-président de sa nouvelle holding CMA Médias. (AFP)
Nicolas de Tavernost rejoint le groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé comme vice-président de sa nouvelle holding CMA Médias. (AFP)
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  • CMA Médias, «holding de tête du pôle média» du géant du transport maritime, selon le communiqué, a été créée pour anticiper la finalisation de l'acquisition du groupe Altice Média
  • Le recrutement surprise de l'ancien patron emblématique du groupe M6 illustre à nouveau les ambitions du milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé dans le secteur

PARIS: A peine parti de M6 après 37 ans à sa barre, Nicolas de Tavernost rejoint le groupe CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé comme vice-président de sa nouvelle holding CMA Médias, a annoncé mercredi l'armateur marseillais.

Nicolas de Tavernost, 73 ans, "assurera en outre la présidence du comité stratégique et mobilisera son expérience pour assister le groupe dans ses activités médias, dans le choix des investissements et la conduite des opérations", précise CMA CGM dans un communiqué.

CMA Médias, "holding de tête du pôle média" du géant du transport maritime, selon le communiqué, a été créée pour anticiper la finalisation de l'acquisition du groupe Altice Média (BFMTV, RMC...) annoncée en mars, a indiqué CMA CGM à l'AFP.

Cette structure doit à terme englober WhyNot Media (La Tribune, La Provence...), le pôle presse du groupe dirigé par Jean-Christophe Tortora et dont Véronique Albertini-Saadé, épouse de Rodolphe Saadé, est la présidente non exécutive, ainsi que l'entité audiovisuelle découlant du rachat d'Altice Média, selon la même source.

Elle sera présidée par Mme Albertini-Saadé.

Le recrutement surprise de l'ancien patron emblématique du groupe M6 illustre à nouveau les ambitions du milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé dans le secteur.

Outre le rachat prévu d'Altice Media, M. Saadé a déjà mis la main ces deux dernières années sur le journal La Tribune et le groupe La Provence (quotidiens régionaux La Provence et Corse Matin), en plus de participations dans M6 et le média vidéo en ligne Brut.

De son côté, M. de Tavernost prouve qu'il n'entend pas prendre sa retraite. Deux jours après son départ officiel de M6, où David Larramendy lui a succédé fin avril, il avait également été nommé vice-président du conseil d'administration de GL Events, entreprise spécialisée dans l'évènementiel, où il était déjà administrateur indépendant.

Cité dans le communiqué, Rodolphe Saadé s'est "réjoui" de son arrivée dans son groupe, où "il apportera ses compétences au sein de l'équipe média pour accompagner notre diversification dans le secteur".


Nouvelle-Calédonie: Macron annonce l'état d'urgence après quatre morts dans les émeutes

Vue du quartier Motor Pool de Nouméa le 15 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections du territoire français d'outre-mer de Nouvelle-Calédonie. (Photo, AFP)
Vue du quartier Motor Pool de Nouméa le 15 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections du territoire français d'outre-mer de Nouvelle-Calédonie. (Photo, AFP)
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  • Depuis les premières altercations dans la journée de lundi, en marge d'une mobilisation indépendantiste contre la réforme constitutionnelle, deux violentes nuits d'émeutes ont secoué l'île
  • Le président Emmanuel Macron a convoqué mercredi matin une réunion de crise après une nouvelle nuit d'émeutes en Nouvelle-Calédonie

NOUMÉA: Emmanuel Macron a décidé mercredi d'imposer l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique secoué par de violentes émeutes qui ont fait quatre morts dont un gendarme, et ont été provoquées par un projet de réforme constitutionnelle rejeté par les indépendantistes.

"Toutes les violences sont intolérables et feront l'objet d'une réponse implacable pour assurer le retour de l'ordre républicain", a indiqué la présidence française dans un communiqué annonçant l'instauration de ce régime d'exception qui étend les pouvoirs des autorités.

Emmanuel Macron, qui présidera une "réunion de suivi" de la situation jeudi, a également rappelé "la nécessité d'une reprise du dialogue politique" en Nouvelle-Calédonie, territoire colonisé par la France au XIXe.

Peu après l'entrée en vigueur de l'état d'urgence à 20H00, heure de Paris (05H00 à Nouméa), le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé le déploiement de militaires "pour sécuriser" les ports et l'aéroport de Nouvelle-Calédonie, ainsi que l'interdiction du réseau social TikTok.

Depuis les premières altercations dans la journée de lundi, en marge d'une mobilisation indépendantiste contre la réforme constitutionnelle, deux violentes nuits d'émeutes ont secoué l'île.

Elles ont fait quatre morts, dont un gendarme de 22 ans touché à la tête par un tir.

Plusieurs centaines d'autres personnes ont été blessées dont une centaine de policiers et gendarmes, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. "On est dans une situation que je qualifierais d'insurrectionnelle", a déclaré le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc.

Malgré le couvre-feu mis en place à Nouméa, principale ville du territoire, les violences ont repris mardi soir dès la nuit tombée, marquée par de nombreux incendies, pillages et d'échanges de tirs, y compris contre les forces de l'ordre. L'aéroport de Nouméa est fermé depuis lundi.

Deux personnes ont par ailleurs été blessées par balles à Ducos, dans le nord-ouest de Nouméa "par un garagiste qui protégeait son entreprise", selon un ministre du gouvernement local.

"Je vous laisse imaginer ce qui va se passer si des milices se mettaient à tirer sur des gens armés", a insisté M. Le Franc, évoquant "une spirale mortelle".

Rencontré par l'AFP, Sébastien, un habitant de 42 ans qui ne donne pas son nom, a dit mener la garde pour "protéger la ville". "Les flics sont débordés alors on essaye de se protéger et dès que ça chauffe, nous prévenons les flics (...). On essaye de faire en sorte que chaque quartier ait sa milice".

"Appel au calme"

Point de crispation de la colère des indépendantistes, le projet de réforme constitutionnelle sur le corps électoral a été adopté par les députés à Paris dans la nuit de mardi à mercredi. Il doit encore réunir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en Congrès.

Ce texte vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l'archipel, à tous les natifs calédoniens et aux résidents depuis au moins dix ans. Les partisans de l'indépendance jugent que ce dégel risque de "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak".

Dans une déclaration commune, les principaux partis indépendantistes et loyalistes de Nouvelle-Calédonie ont toutefois lancé mercredi un appel "au calme et à la raison".

"Malgré la situation insurrectionnelle que nous traversons depuis quarante-huit heures et parce que nous sommes appelés à poursuivre le vivre-ensemble, nous appelons solennellement l'ensemble de la population au calme et à la raison", écrivent ces partis.

Le Premier ministre Gabriel Attal a indiqué en début d'après-midi à Paris qu'il allait proposer "dans les prochaines heures" une date de rencontre à Paris aux différentes parties prenantes de Nouvelle-Calédonie.

Mercredi matin, faute d'approvisionnement des commerces, les pénuries alimentaires ont provoqué de très longues files d'attente devant les magasins.

Créé en 1955 pendant la guerre d'Algérie (1954-1962), l'état d'urgence a déjà été instauré huit fois en France afin de répondre à des périls imminents (attentat, guerre) ou des catastrophes naturelles. Réclamée par de nombreuses voix à droite et à l'extrême droite, cette mesure permet notamment d'interdire déplacements ou manifestations.

 

 


La mairie de Paris demande au préfet d'interdire les maraudes d'ultradroite «  discriminatoires  »

Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri. (AFP).
Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri. (AFP).
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  • Le reportage donne à voir "le pire de l'humanité: le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion", écrivent Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités
  • Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri

PARIS: Deux adjoints de la maire de Paris Anne Hidalgo ont demandé mardi au préfet de police Laurent Nunez d'interdire les maraudes "discriminatoires" dans la capitale, menées par des groupes d'ultradroite aux propos "ouvertement racistes", après un reportage de BFMTV.

Le reportage en question donne à voir "le pire de l'humanité: le tri dans la solidarité, le tri en fonction de l'ethnie, le tri en fonction de la religion", écrivent Emmanuel Grégoire et Léa Filoche, respectivement premier adjoint et adjointe aux solidarités, dans un courrier transmis à l'AFP.

Dans le reportage, une vingtaine de membres du groupuscule Luminis proposent, lors d'une maraude nocturne dans la capitale, des aliments contenant du porc, et uniquement à certains sans-abri.

"On ne donne qu'aux Blancs", dit ainsi une jeune femme. "Les noirs évidemment et les arabes, on ne leur donne pas."

Des propos "extrêmement choquants, ouvertement racistes et discriminatoires" pour les deux adjoints, "qui sont de nature, selon nous, à relever d'une qualification pénale et salissent en tout état de cause l'image de notre ville, tout en étant susceptibles de troubler l'ordre public".

Les deux élus de gauche rappellent qu'en 2007, le Conseil d'Etat avait interdit la distribution des "soupes au cochon", une "façon détournée des extrémistes de droite d'exclure les musulmans".

Le groupuscule suivi par BFMTV "va plus loin en revendiquant son racisme et justifiant ces pratiques discriminatoires", s'alarment-ils.

Les élus de la municipalité demandent à Laurent Nunez et au ministre de l'Intérieur de "prendre les mesures d'interdiction de ce genre de distributions alimentaires qui sont plus sûrement des opérations de promotion de la haine que de solidarité".

Samedi, plusieurs centaines de militants d'ultradroite ont défilé à Paris. La préfecture de police de Paris avait pourtant interdit cette manifestation annuelle en arguant d'un risque de troubles à l'ordre public, mais le tribunal administratif de Paris a suspendu cette mesure.