Monténégro: Le vétéran Djukanovic perd la présidentielle après des décennies au pouvoir

Une électrice vote lors du second tour de l'élection présidentielle à Podgorica, le 2 avril 2023 (Photo, AFP).
Une électrice vote lors du second tour de l'élection présidentielle à Podgorica, le 2 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 03 avril 2023

Monténégro: Le vétéran Djukanovic perd la présidentielle après des décennies au pouvoir

  • L'issue du second tour de la présidentielle est déterminante dans ce pays riverain de l'Adriatique
  • «Le Monténégro a choisi et je respecte ce choix», a déclaré le président sortant en concédant sa défaite

PODGORICA: La scène politique du Monténégro a été bouleversée dimanche soir par la défaite à la présidentielle du vétéran Milo Djukanovic, après trois décennie de règne dans le minuscule pays des Balkans, face au nouveau venu Jakov Milatovic.

L'issue du second tour de la présidentielle est déterminante dans ce pays riverain de l'Adriatique. Elle pèsera sur des législatives anticipées convoquées pour le 11 juin après des mois de blocage, avec un gouvernement censuré qui ne gère que les affaires courantes.

D'après les projections de l'ONG CeMI portant sur la quasi-totalité des bureaux de vote, Jakov Milatovic, un économiste pro-européen de 36 ans, a obtenu environ 60% des voix, contre 40% à son rival.

"Le Monténégro a choisi et je respecte ce choix", a déclaré le président sortant en concédant sa défaite. "Je veux que Milatovic soit un président performant car cela signifiera que le Monténégro pourra être un pays performant".

Dans les rues de Podgorica et d'autres villes du pays, les partisans du candidat du mouvement "Europe maintenant" célébraient sa victoire en faisant exploser des feux d'artifice et en klaxonnant.

Milo Djukanovic est depuis plus de 30 ans un incontournable de la scène politique du Monténégro, exerçant à de multiples reprises les fonctions de Premier ministre ou de président.

«Défaite de l'ancien régime»

C'est son plus important revers depuis la défaite historique de son parti, le Parti démocratique des socialistes (DPS), aux dernières législatives de 2020. Depuis lors, le pays allait de crise en crise, avec la chute de deux gouvernements.

"Je suis convaincu de ma victoire", avait déclaré Jakov Milatovic en votant. "Elle représentera la défaite finale du symbole de l'ancien régime" et "nous ferons un pas de géant vers un Monténégro réconcilié, plus riche, plus juste".

Milo Djukanovic était arrivé aux commandes en 1991 dès l'âge de 29 ans, soutenu par l'homme fort de Belgrade, Slobodan Milosevic, aux débuts des guerres qui consacrèrent l'éclatement sanglant de l'ancienne Yougoslavie.

A mesure que la Serbie devenait un paria sur la scène internationale, il a su prendre ses distances. Il s'est rapproché de l'Occident, a rompu avec Belgrade, a obtenu l'indépendance du Monténégro lors d'un référendum en 2006. Son pays a rejoint l'Otan, est devenu candidat à l'Union européenne et est sorti de la sphère d'influence russe.

Mais ses contempteurs l'accusent de clientélisme, de corruption généralisée et de liens avec le crime organisé, ce que l'intéressé dément avec force.

"Ce soir, avec tous les citoyens, nous avons dit un adieu décisif au crime, à la corruption, et aux liens entre le crime, la corruption et la politique au Monténégro", a dit Jakov Milatovic dans son discours de victoire.

Vulnérabilité à l'ingérence 

Milo Djukanovic a mené campagne en mettant en doute la sincérité de l'ancrage européen de son rival et de  "L'Europe maintenant", tout en l'accusant d'être vulnérable à l'ingérence serbe.

Ce à quoi Jakov Milatovic a répliqué que sa "priorité numéro un pour le Monténégro était une adhésion pleine et entière à l'Union européenne". Il s'est également dit favorable à de "bonnes relations avec la Serbie comme avec toutes les nations des Balkans occidentaux".

Depuis des années, Milo Djukanovic cherche à limiter l'influence de la Serbie et à consolider une identité nationale séparée du Monténégro. Une tâche peu aisée dans un pays où un tiers des 620.000 habitants s'identifient comme serbes.

Jakov Milatovic, un ancien de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), est entré en politique en devenant ministre du Développement économique dans le premier gouvernement formé après les législatives de 2020.

Qualifié de populiste par certains, ce père de trois enfants s'est fait particulièrement apprécier en imposant un programme économique controversé qui a quasiment doublé le salaire minimum à 450 euros.

Pour de nombreux électeurs, le scrutin doit déboucher sur de meilleures conditions économiques au Monténégro, qui subit, comme le reste des Balkans, l'exode de sa jeunesse.

Les résultats officiels du scrutin sont attendus dans les jours qui viennent. En tout état de cause, le président a essentiellement un rôle de représentation et le Premier ministre détient les principaux leviers du pouvoir.


Une délégation ukrainienne se rendra à Istanbul lundi pour y tenir des pourparlers avec la Russie

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé dimanche qu'une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi (Photo AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé dimanche qu'une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi (Photo AFP)
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  • « J'ai également défini nos positions avant la réunion de lundi à Istanbul », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
  • Les priorités de l'Ukraine étaient d'obtenir « un cessez-le-feu complet et inconditionnel », ainsi que « le retour des prisonniers » et des enfants ukrainiens que Kiev accuse Moscou d'avoir enlevés.

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé dimanche qu'une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi pour des pourparlers attendus avec la Russie.

« J'ai également défini nos positions avant la réunion de lundi à Istanbul », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux, ajoutant que la délégation serait dirigée par M. Oumerov, comme c'était le cas lors du premier cycle de négociations en mai.

Il a ajouté que les priorités de l'Ukraine étaient d'obtenir « un cessez-le-feu complet et inconditionnel », ainsi que « le retour des prisonniers » et des enfants ukrainiens que Kiev accuse Moscou d'avoir enlevés.

Les délégations russe et ukrainienne ont déjà tenu des pourparlers à Istanbul le 16 mai, afin de mettre fin à la guerre déclenchée par l'invasion russe de février 2022. 

Mais cette réunion avait été peu fructueuse, les deux pays ne s'étant accordés que sur un échange d'ampleur de prisonniers.

La Russie avait proposé un nouveau rendez-vous à Istanbul lundi, mais l'Ukraine avait pour l'heure laissé planer le doute sur sa participation.

Volodymyr Zelensky avait notamment accusé Moscou vendredi de saborder les négociations en refusant de transmettre à l'avance son « mémorandum » détaillant ses conditions pour un accord de paix.

Malgré les efforts diplomatiques, les positions des deux pays restent opposées.

Moscou exige notamment que Kiev renonce définitivement à rejoindre l'OTAN et lui cède les cinq régions dont elle revendique l'annexion.

Ces conditions sont inacceptables pour Kiev, qui exige en retour un retrait pur et simple des troupes russes de son territoire.

Moscou refuse également le cessez-le-feu inconditionnel exigé par Kiev, Washington et les Européens.

Volodymyr Zelensky a aussi appelé dimanche à « préparer une réunion au plus haut niveau », c'est-à-dire avec le président russe Vladimir Poutine.

Il avait déjà proposé à Vladimir Poutine d'organiser un entretien, mais le maître du Kremlin n'avait pas donné suite.


Nucléaire : la Maison Blanche juge sa proposition dans le « meilleur intérêt » de l'Iran selon les médias

Trois cycles de négociations indirectes entre les États-Unis et l'Iran ont eu lieu à Oman et en Italie, et d'autres sont prévus (Archive/AFP)
Trois cycles de négociations indirectes entre les États-Unis et l'Iran ont eu lieu à Oman et en Italie, et d'autres sont prévus (Archive/AFP)
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  • « L'envoyé spécial (Steve) Witkoff a envoyé une proposition détaillée et acceptable au régime iranien, et c'est dans leur meilleur intérêt de l'accepter », a déclaré Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, citée par le New York Times.
  • D'après le New York Times, qui cite des responsables au fait des échanges diplomatiques, la proposition a été décrite comme une série de points à puces plutôt qu'un projet complet. 

WASHINGTON : Selon des médias américains, la Maison Blanche a rapporté samedi que la proposition américaine pour un accord nucléaire avec l'Iran était « acceptable » et « dans le meilleur intérêt » de Téhéran.

Samedi, l'Iran a déclaré avoir reçu des « éléments » d'une proposition américaine à l'issue de cinq cycles de négociations menés sous l'égide d'Oman et a affirmé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qu'il y répondrait de manière appropriée.

« L'envoyé spécial (Steve) Witkoff a envoyé une proposition détaillée et acceptable au régime iranien, et c'est dans leur meilleur intérêt de l'accepter », a déclaré Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, citée par le New York Times.

D'après le New York Times, qui cite des responsables au fait des échanges diplomatiques, la proposition a été décrite comme une série de points à puces plutôt qu'un projet complet. 

Elle appelle l'Iran à cesser tout enrichissement d'uranium et propose la création d'un groupe régional pour produire de l'énergie nucléaire, qui inclurait l'Iran, l'Arabie saoudite, d'autres États arabes, ainsi que les États-Unis.

Depuis plusieurs semaines, Washington et Téhéran mènent des discussions dans l'espoir de conclure un nouvel accord sur le nucléaire.

Selon un rapport confidentiel de l'AIEA jugé « politique » samedi par l'Iran, l'Iran aurait encore accéléré son rythme de production d'uranium hautement enrichi.

Vendredi, le président américain Donald Trump estimait qu'Iran et États-Unis étaient « assez proches d'un accord », un optimisme toutefois tempéré par M. Araghchi, qui n'est « pas sûr » de l'« imminence » d'un accord.

Les négociations achoppent pour l'heure sur la question de l'enrichissement d'uranium : les États-Unis demandent que l'Iran y renonce totalement, tandis que Téhéran refuse catégoriquement. 


Sanctions contre Moscou, Paris rappelle la nécessité d'une « coordination » avec les États-Unis

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (à gauche), le Premier ministre français François Bayrou et le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Éric Lombard quittent l'Élysée à Paris après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 9 avril 2025. (Photo : ALAIN JOCARD / AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (à gauche), le Premier ministre français François Bayrou et le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Éric Lombard quittent l'Élysée à Paris après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 9 avril 2025. (Photo : ALAIN JOCARD / AFP)
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  • Les ministres français des Finances et des Affaires étrangères ont rappelé samedi « la nécessaire coordination » entre les États-Unis et l'Europe pour mettre fin au conflit en Ukraine.
  • L'Union européenne prépare un 18e paquet de sanctions à l'encontre de la Russie pour la convaincre d'accepter un cessez-le-feu.

PARIS : Les ministres français des Finances et des Affaires étrangères ont rappelé samedi « la nécessaire coordination » entre les États-Unis et l'Europe pour mettre fin au conflit en Ukraine, en recevant des sénateurs américains porteurs d'un projet de sanctions contre Moscou.

Le gouvernement français indique dans un communiqué qu'Éric Lombard et Jean-Noël Barrot ont reçu les sénateurs républicain Lindsey Graham et démocrate Richard Blumenthal.

Les deux parlementaires incitent le Congrès à adopter des sanctions dites « secondaires » extrêmement strictes, avec notamment des droits de douane allant jusqu'à 500 % sur les pays qui importent des hydrocarbures et des matières premières russes.

« Les ministres ont insisté sur la nécessaire coordination entre les États-Unis et l'Europe pour que les efforts en cours aboutissent à une paix juste et durable », affirme-t-il.

De retour d'Ukraine, les deux sénateurs ont fait part de leur intention de prendre des « dispositions législatives » pour « obtenir le retour en Ukraine des milliers d'enfants déportés par la Russie », ajoute le gouvernement.

L'Union européenne prépare un 18e paquet de sanctions à l'encontre de la Russie pour la convaincre d'accepter un cessez-le-feu. Le président américain Donald Trump affiche de son côté une attitude ambivalente, faisant preuve d'impatience et brandissant la menace de sanctions, sans pour autant passer à l'acte.

Au cours de leur entretien, les ministres et sénateurs ont par ailleurs évoqué l'Iran, qui « ne peut en aucun cas et d'aucune manière disposer de l’arme nucléaire », ainsi que le « dialogue exigeant avec le président intérimaire de Syrie Ahmad al-Chareh.