Mohammed Amine el-Bellaoui remet la pop culture marocaine au goût du jour

Déjà enfant, Mohammed Amine passait «plus de temps à dessiner qu’à suivre les cours». (Photo fournie).
Déjà enfant, Mohammed Amine passait «plus de temps à dessiner qu’à suivre les cours». (Photo fournie).
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Publié le Vendredi 01 septembre 2023

Mohammed Amine el-Bellaoui remet la pop culture marocaine au goût du jour

  • Pendant plus d’un mois, les amoureux d’art ont été nombreux à découvrir les œuvres de Mohammed Amine el-Bellaoui, alias Rebel Spirit, à la galerie 21 de Casablanca
  • «Je suis un grand admirateur du graphisme des années 1960 à 1980. J’ai toujours été impressionné par la typographie et le choix des couleurs de ces époques»

CASABLANCA: La pop culture marocaine, le vintage et le monde du sport automobile s’étaient donné rendez-vous à l’occasion d’une exposition inédite. Pendant plus d’un mois, en effet, les amoureux d’art ont été nombreux à découvrir les œuvres de Mohammed Amine el-Bellaoui, alias «Rebel Spirit», à la galerie 21 de Casablanca. Le plasticien y a présenté des tableaux dans lesquels se reflète sa passion pour l’univers rétro.

«J’ai toujours aimé collectionner des objets vintage. Un jour, sur un marché aux puces, je suis tombé sur une affiche du Grand Prix automobile du Maroc. Après plusieurs recherches, je me suis rendu compte que, entre 1957 et 1958, Casablanca abritait le circuit d’Aïn Diab, mais qu’aucun pilote marocain ne participait à la course. J'ai donc décidé d'imaginer une course dédiée aux voitures mythiques, celles qui ont marqué l'histoire, avec des participants qui représentent les différentes régions du Maroc.»

Cette course imaginée par Rebel Spirit est immortalisée grâce à une dizaine de tableaux agrémentés de couleurs vives et de références au folklore marocain. Elle a donné naissance à l’exposition intitulée «Autour du Grand Prix automobile du Maroc».

«Je suis un grand admirateur du graphisme des années 1960 à 1980. J’ai toujours été impressionné par la typographie et le choix des couleurs de ces époques. Parmi mes plus grandes sources d'inspiration, il y a les affiches de publicité, d’anciens films, les couvertures d’albums de musique et, surtout, les albums photos de famille et d'amis», raconte l’artiste à Arab News en français.

Artiste à l’esprit rebelle

Déjà enfant, Mohammed Amine passait «plus de temps à dessiner qu’à suivre les cours». Ce natif de Casablanca s’est d’ailleurs pleinement consacré à sa passion et il a bénéficié d’un environnement «idéal» pour réaliser ses rêves.

«J’ai grandi dans le quartier Salmia, dans la périphérie de Casablanca. C’est là-bas que j’ai joué au foot, que j’ai dessiné. J’y ai tout appris! J’ai toujours mon atelier ici, dans l’appartement de mes parents. C'est un endroit qui me rappelle qui je suis vraiment.»

«J’ai grandi dans le quartier Salmia, dans la périphérie de Casablanca. C’est là-bas que j’ai joué au foot, que j’ai dessiné. J’y ai tout appris! J’ai toujours mon atelier ici, dans l’appartement de mes parents. C'est un endroit qui me rappelle qui je suis vraiment.»

C’est au lycée que le jeune homme commence à utiliser le pseudonyme «Rebel Spirit». Un nom qui, selon lui, définissait parfaitement son style et sa personnalité.

«Ce nom vient d’une phrase extraite de la chanson Saharagga de Gnawa Diffusion. J’étais un grand fan de ce groupe à l’école. À l’époque, on devait choisir une signature, et je me suis dit que ça me représentait bien.»

D’ailleurs, c’est en plein air que Rebel Spirit réalise ses premières œuvres. Il se lance en effet rapidement dans le graffiti sauvage lors de virées nocturnes, laissant son empreinte sur de nombreux murs casablancais.

«Aujourd’hui, je continue de pratiquer le graffiti. C’est comme un sport extrême! On est à chaque fois à la recherche de l’adrénaline. C'était mon premier support d'expression, ce n'est pas simplement de la peinture sur un mur, c’est une véritable échappatoire», confie l’artiste.

Casablanca en bande dessinée

Si le plasticien s’exprime à travers le graffiti et la toile, c’est sur un autre support qu’il s’est fait connaître du public. En effet, sa première BD, Le Guide casablancais, a connu un vif succès au Maroc.

«C’était, à l’origine, mon projet de fin d'études, lorsque j’étudiais aux Beaux-Arts. J'ai opté pour la bande dessinée parce que, à l'époque, je recevais beaucoup de personnes qui faisaient du couchsurfing [forme d’hébergement non marchand, NDLR] et je leur faisais visiter Casablanca. À chaque fois, je devais leur expliquer certains phénomènes qui ne se produisent qu’à Casablanca, comme les signes que font les gens avant de prendre un grand taxi ou encore l’ambiance exceptionnelle qui règne lors d’un classico entre le Raja et le Wydad. J’ai voulu le raconter.»

Après l’obtention de son diplôme, Rebel Spirit décide de se concentrer sur le perfectionnement de sa bande dessinée. À force de travail, il parvient à sortir les tomes 1 et 2 du Guide casablancais, qui a pour protagoniste un certain El-Madani. «Ce personnage, c'est un peu moi qui m’exprime quand je n'arrive pas à dire quelque chose. C’est un héros sans gloire, qui n'a pas de pouvoir. Il est inspiré de plusieurs personnes qui ont marqué ma vie.»

Les fans d’El-Madani pourront s’en donner à cœur joie: un troisième tome du Guide casablancais est en cours de préparation et pourrait bien voir le jour en 2024. Par ailleurs, Mohammed Amine el-Bellaoui espère trouver les financements nécessaires pour adapter son projet au cinéma, ce qui permettrait à son héros de briller sur grand écran.


Cannes: la flamme olympique, star des marches

Cette photo montre la vasque de la flamme olympique lors d'une cérémonie dans le cadre des relais de la flamme olympique, à Pau, dans le sud-ouest de la France, le 20 mai 2024, avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. (AFP).
Cette photo montre la vasque de la flamme olympique lors d'une cérémonie dans le cadre des relais de la flamme olympique, à Pau, dans le sud-ouest de la France, le 20 mai 2024, avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. (AFP).
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  • La flamme olympique des JO de Paris fera une apparition remarquée mardi sur le tapis rouge du 77e Festival de Cannes, aux côtés notamment de Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni pour "Marcello Mio" du Français Christophe Honoré
  • Sa "montée des marches" débutera autour de 18h00 (16H00 GMT). A 99 jours des Jeux paralympiques (28 août-8 septembre), ce sont quatre athlètes s'étant illustrés dans des disciplines paralympiques qui auront l'honneur de porter la torche

CANNES: La flamme olympique des JO de Paris fera une apparition remarquée mardi sur le tapis rouge du 77e Festival de Cannes, aux côtés notamment de Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni pour "Marcello Mio" du Français Christophe Honoré.

Sa "montée des marches" débutera autour de 18h00 (16H00 GMT). A 99 jours des Jeux paralympiques (28 août-8 septembre), ce sont quatre athlètes s'étant illustrés dans des disciplines paralympiques qui auront l'honneur de porter la torche.

Arnaud Assoumani, champion paralympique de saut en longueur en 2008 à Pékin, entamera la montée. Il sera relayé par Alexis Hanquinquant, en or en para triathlon à Tokyo en 2021, Nélia Barbosa, vice-championne paralympique de kayak au Japon, et Marie Patouillet, double médaillée de bronze en paracyclisme en 2021.

Seront également présents Tony Estanguet, président du comité d'organisation des JO de Paris 2024, et les sportifs et anciens sportifs Marie-José Perec (athlétisme), Thierry Rey (judo) et Iliana Rupert (basket).

Evénement cinématographique oblige, cette montée des marches sera l'occasion de révéler qui réalise le film officiel des Jeux, dont le coup d'envoi sera donné le 26 juillet (jusqu'au 11 août).

Dans la foulée, à 19h30, sera diffusé le documentaire "Olympiques! La France des Jeux" de Mickaël Gamrasni, qui revient sur plus d'un siècle de participation française aux JO, depuis leur création en 1896.

Brahim Asloum, Félicia Ballanger, David Douillet, Guy Drut, Laura Flessel, Jean Galfione, Laure Manaudou... Vingt-sept championnes et champions olympiques et paralympiques français témoignent dans ce long-métrage narré par l'actrice Marion Cotillard.

Sorrentino sur Naples

En compétition, trois films seront présentés mardi.

Dans "Marcello Mio", également en salles à partir de mardi soir, Chiara Mastroianni entre dans la peau de son père, Marcello Mastroianni, troublant ceux qui ont connu l'acteur de "La Dolce vita", à commencer par son ancienne compagne et mère de Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve.

Sont également au casting Nicole Garcia, Benjamin Biolay, Melvil Poupaud et Fabrice Luchini.

On attend également l'Italien Paolo Sorrentino pour son nouveau film sur Naples, "Parthénope", héroïne suivie de sa naissance dans les années 1950 à nos jours, et "Anora", jeune strip-teaseuse de Brooklyn mariée au fils d'un oligarque russe, de l'Américain Sean Baker.

Après sept jours de projections, "Emilia Perez" fait partie des favoris pour succéder à "Anatomie d'une chute" de la Française Justine Triet, et offrir une deuxième Palme d'or à son réalisateur français également, Jacques Audiard, après "Dheepan" (2015).

Parmi les autres long-métrages loués par la critique, "The Substance", film d'horreur féministe de la Française Coralie Fargeat avec une Demi Moore à contre-emploi. Mais aussi le très cinéphile "Caught by the Tides" du Chinois Jia Zhang-Ke, qui agrège 25 ans d'images, et "Kinds of Kindness", film à sketches avec Emma Stone signé Yorgos Lanthimos, cinéaste grec devenu chouchou d'Hollywood avec "La favorite " et "Pauvres créatures".

A l'inverse, "Megalopolis", le projet pharaonique et testamentaire de l'Américain Francis Ford Coppola, a profondément déçu, même si certains critiques américains veulent le sauver.

L'idée d'une troisième Palme d'or, du jamais vu, semble hypothétique. A moins que: en 1979, il avait obtenu sa deuxième Palme pour "Apocalypse Now", descendu en flèche par la critique.

"L'amour ouf" du Français Gilles Lellouche, avec le couple tricolore Adèle Exarchopoulos/François Civil, et "Les graines du figuier sauvage" de l'Iranien Mohammad Rasoulof sont par ailleurs très attendus jeudi et vendredi.

Le palmarès sera rendu le 25 mai.


Le tramway centenaire d'Istanbul fait peau neuve

Héritiers de cette période, les vénérables tramways d'Istiklal, mis en service en 1914, ont régulièrement subi des retouches, sans jamais trahir leur plastique. (AFP).
Héritiers de cette période, les vénérables tramways d'Istiklal, mis en service en 1914, ont régulièrement subi des retouches, sans jamais trahir leur plastique. (AFP).
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  • Au terminus de la ligne, une cinquantaine de personnes se pressent à l'avant du tramway, prêt à se lancer à petite vitesse sur la célèbre artère piétonne, longue de 1,4 km
  • Remis en service en 1990 lorsque l'avenue Istiklal a été fermée aux voitures, le "tramway nostalgique", tel qu'il est baptisé, est devenu l'emblème de la plus longue artère commerçante de la rive européenne d'Istanbul

ISTANBUL: Une cure de jouvence: l'emblématique tramway rouge et blanc de la longue avenue Istiklal d'Istanbul, chouchou des touristes, s'apprête à céder sa place à une version modernisée mais fidèle à son esthétique originelle. Perdra-t-il son cachet?

Au terminus de la ligne, une cinquantaine de personnes se pressent à l'avant du tramway, prêt à se lancer à petite vitesse sur la célèbre artère piétonne, longue de 1,4 km.

Assise au dernier rang, une touriste anglaise s'enthousiasme, téléphone en mode selfie, pour cette balade à bord du tramway de nouvelle génération, qui cohabitera une année avec son aïeul centenaire, le temps des essais.

Remis en service en 1990 lorsque l'avenue Istiklal a été fermée aux voitures, le "tramway nostalgique", tel qu'il est baptisé, est devenu l'emblème de la plus longue artère commerçante de la rive européenne d'Istanbul, arpentée chaque jour par un flot ininterrompu de touristes et de Stambouliotes.

Jusqu'à l'effondrement de l'Empire ottoman dans les années 1920, la Grande Rue de Péra, comme elle était nommée, était aussi le coeur de ce qui était alors le quartier cosmopolite de la ville, habité par de nombreux chrétiens et juifs.

Nostalgie et technologie

Héritiers de cette période, les vénérables tramways d'Istiklal, mis en service en 1914, ont régulièrement subi des retouches, sans jamais trahir leur plastique.

Le nouveau tramway, du plancher en bois aux sièges à dossier réversible, reste fidèle à l'allure de son ancêtre, auquel la mairie d'Istanbul dit vouloir offrir une retraite dans un musée des transports encore au stade de projet.

"C'est une très bonne chose qu'ils modernisent le tram, le nouveau n'a pas modifié le côté nostalgique de l'ancien", se réjouit Gönul Mürtekin, une habitante du quartier qui voyage avec son petit-fils.

"Avec le système à batteries, nous faisons beaucoup d'économies d'énergie", affirme de son côté Ali Tugrul Küçükalioglu, directeur des transports électriques d'Istanbul, qui précise qu'un tramway pourra "rouler deux jours avec une seule batterie".

Cette économie d'énergie fait partie des engagements écologiques du maire d'opposition de la ville, Ekrem Imamoglu, dont les équipes souhaitent démanteler les lignes d'alimentation qui flottent au-dessus de l'avenue.

« Ruine le côté traditionnel »

Le remplacement des lignes aériennes par des batteries intégrées présente un autre avantage, selon M. Küçükalioglu: "Pendant les fêtes nationales, le tram avait des difficultés à circuler à cause des drapeaux accrochés", affirme-t-il.

Autre innovation de la réplique: deux caméras miroirs filment de part et d'autre du véhicule en remplacement des anciens rétroviseurs, offrant aux conducteurs une meilleure visibilité et leur permettant de conduire assis.

Sans ses rétroviseurs latéraux, le tramway a aussi pu être élargi.

Mais surtout, il a été dépouillé de ses barres extérieures latérales qui offraient une accroche aux plus téméraires.

"Cela présentait un risque pour eux et pour nos conducteurs", justifie M. Küçükalioglu.

"Lorsque les touristes veulent s'accrocher au tram, ils n'y arrivent pas comme les Turcs. J'en ai vu plusieurs tomber et se blesser au visage: le nouveau tram est donc meilleur", abonde Yusuf Deniz, jeune vendeur de marrons grillés de la grande place Taksim, au terminus de la ligne.

Ahmet Hüseyin, 16 ans, regrette lui de ne plus pouvoir faire le voyage à l'air libre, agrippé au flanc du tramway.

"Ça ruine le côté traditionnel du Taksim d'avant", estime le lycéen.


Goodbye Julia, grand gagnant des Prix de la critique pour les films arabes à Cannes

La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
La 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes s’est déroulée en marge du Festival de Cannes. (Instagram)
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  • Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, a remporté trois prix
  • Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama

DUBAÏ: Goodbye Julia, du réalisateur soudanais Mohamed Kordofani, a remporté les prix du meilleur long métrage et du meilleur scénario lors de la 8e édition des Prix de la critique pour les films arabes, qui s’est déroulée samedi en marge du festival du Festival de Cannes.

Le compositeur franco-tunisien Amin Bouhafa, qui a travaillé sur Hajjan, a remporté le prix de la meilleure musique pour ce film qui se déroule en Arabie saoudite.

Le documentaire hybride Les Filles d’Olfa, de la réalisatrice tunisienne Kaouther ben Hania, qui n’a pas remporté le prix du meilleur documentaire aux Oscars cette année, a remporté trois récompenses: meilleure réalisatrice pour Ben Hania, meilleur documentaire et meilleur montage.

Inchallah un fils, d’Amjad al-Rasheed, a remporté le prix de la meilleure actrice pour la star palestinienne Mouna Hawa et celui de la meilleure photographie pour Kanamé Onoyama.

L’acteur palestinien Saleh Bakri a décroché le prix du meilleur acteur pour son rôle dans The Teacher, tandis que I Promise You Paradise, du cinéaste égyptien Morad Mostafa, est arrivé premier dans la catégorie du meilleur court métrage.

La cérémonie de remise des prix est organisée par le Centre du cinéma arabe (Arab Cinema Center, ACC), situé au Caire. Les vainqueurs sont élus par un jury de 225 critiques venus de plus de 70 pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com