Aux frontières extérieures de l'UE, la Grèce étend sa clôture anti-migrants

D'épais barreaux de métal de 5 m de hauteur serpentent le long des eaux grises du fleuve Evros qui marque la frontière avec la Turquie. (AFP)
D'épais barreaux de métal de 5 m de hauteur serpentent le long des eaux grises du fleuve Evros qui marque la frontière avec la Turquie. (AFP)
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Publié le Lundi 03 avril 2023

Aux frontières extérieures de l'UE, la Grèce étend sa clôture anti-migrants

  • Ce mur métallique surveillé par des militaires équipés de caméras, de radars high-tech et de drones, vise à empêcher des migrants d'entrer dans l'UE
  • Kyriakos Mitsotakis, a réaffirmé sa volonté de prolonger de 35 km cette clôture déjà longue de 37,5 km, d'ici à la fin de l'année

PHERES: La route caillouteuse qui longe des maisons fatiguées encerclées de maigres lopins de terre, dans cette région reculée de Grèce orientale, bute sur la clôture, haute, imposante.

D'épais barreaux de métal de 5 m de hauteur serpentent le long des eaux grises du fleuve Evros qui marque la frontière avec la Turquie. Un drapeau grec flotte au vent, à côté de celui à 12 étoiles jaunes sur fond bleu. Ici s'arrête l'Union européenne.

D'épais barreaux de métal de 5 m de hauteur serpentent le long des eaux grises du fleuve Evros qui marque la frontière avec la Turquie.

Erigé en 2020, ce mur métallique surveillé comme le lait sur le feu par des militaires équipés de caméras, de radars high-tech et de drones, vise à empêcher des migrants d'entrer dans l'UE.

En tournée électorale dans la région en vue des Législatives du 21 mai, le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, a réaffirmé sa volonté de prolonger de 35 km cette clôture déjà longue de 37,5 km, d'ici à la fin de l'année.

D'ici 2026, Athènes ambitionne une extension de 100 km.

«Invasion»

Pour Kyriakos Mitsotakis, qui a choisi de se présenter dans cette circonscription frontalière de l'Evros, l'ouvrage vise à éviter que ne se reproduise l'"invasion", "l'"attaque", selon ses mots, de février-mars 2020.

Dans un énième bras de fer avec les Européens, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait alors encouragé Syriens, Afghans et Irakiens à tenter leur chance dans l'UE.

Dans les bourgades agricoles de l'Evros, l'extension de ce mur métallique semble satisfaire presque tout le monde même si les langues, quand elles se délient, préfèrent souvent rester anonymes.

"Je vis ici depuis 45 ans et je constate que les flux ont cessé depuis la construction de la clôture", se félicite Athanasios Pemousis, le président du bourg de Poros.

"Avant, ils (les migrants, ndlr) passaient, surtout pendant les mois d'été, il y avait trop de monde", se souvient-il tout en admettant que ces personnes ne posaient "pas de problème particulier".

L'an dernier, la Grèce a empêché l'entrée sur son territoire de 265 000 migrants, selon le ministre de la Protection civile, Takis Theodorikakos.

Dans la pâtisserie Devetzi, sur la place du village de Phères, un client s'agite. "Si la clôture n'avait pas été construite, nous aurions été à Kaboul ici!", lâche ce quinquagénaire qui refuse de décliner son identité.

Il se souvient de l'arrivée de nombreux migrants il y a trois ans.

"Nous sommes allés (dans la zone frontalière) avec nos fusils. Nous devions sécuriser nos maisons. Nous avons tiré deux ou trois fois en l'air, c'est tout", assène-t-il.

En mars 2020, l'AFP avait recueilli des témoignages de locaux, notamment de chasseurs, quadrillant le secteur pour alerter la police en cas de passage de migrants depuis la Turquie.

Dans cette région qui s'étend de la frontière bulgaro-turque au delta de l'Evros 200 km plus bas, la Grèce est accusée par des ONG, témoignages à l'appui, de pratiquer des refoulements illégaux de personnes en quête d'asile dans l'UE. Athènes a toujours démenti de telles pratiques.

«Bonne cause»

En octobre dernier, 92 hommes ont été retrouvés nus, dans un champ de la région. Athènes avait mis en cause Ankara, assurant que les Turcs les avaient dépouillés de leurs effets personnels avant de les jeter côté grec, ce que la Turquie avait nié.

Le gouvernement grec estime à quelque 100 millions d'euros le coût des travaux d'extension de la clôture qu'il entend bien financer seul si ses partenaires européens refusent de mettre la main au porte-monnaie.

Au sein des Vingt-Sept, la construction de clôtures et de murs pour repousser des personnes cherchant à demander l'asile ne fait pas l'unanimité.

Pour Nikos Hadjimagioglou, qui tient la parfumerie de Phères, l'argent déjà investi dans ce mur métallique l'a été "pour la bonne cause".

Avant lui, "nous voyions des étrangers passer. Pas une ou deux personnes. Des groupes de 50 ou 100. Tous les jours. Quelqu'un qui n'est pas d'ici ne peut pas comprendre", assure calmement cet homme de 33 ans.

"Mais le plus gros problème de la région, ce ne sont pas les immigrés", tempère-t-il.

Cette zone reculée, située à trois heures de route de Thessalonique, la métropole du nord, et militarisée, souffre d'un manque d'activité économique.

"Si vous me demandez si je préfère (l'installation) d'une clôture ou d'une usine, je préfère une usine (...) C'est évident."

La clôture pose toutefois quelques problèmes, souligne M. Pemousis, notamment pour les éleveurs qui avaient l'habitude de laisser leurs bêtes boire l'eau du fleuve.

Quant aux agriculteurs qui ne peuvent plus irriguer convenablement leurs terres, l'Evros se trouve derrière la clôture infranchissable.


La Turquie cherche à renforcer son ancrage sur le continent africain

Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le bureau de presse de la présidence turque le 12 avril 2025 montre le président turc Recep Tayyip Erdogan (R) rencontrant le président somalien Hassan Sheikh Mohamud lors de la 4e édition du Forum diplomatique d'Antalya (ADF2025) à Antalya. (Photo by Handout / Turkish Presidency Press Office / AFP)
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  • La Turquie cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits.
  • Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

ANTALYA, TURQUIE : La Turquie, qui pousse ses pions en Afrique depuis plusieurs années, cherche désormais à y étendre son influence en proposant sa médiation dans des conflits, à la faveur notamment du retrait de la France et des États-Unis.

Témoignage des efforts d'Ankara pour consolider son ancrage sur le continent, un forum diplomatique organisé ce week-end à Antalya, dans le sud de la Turquie, a réuni, aux côtés du président syrien Bachar el-Assad, des ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères, ainsi que de nombreux responsables africains, dont le chef de l'État somalien.

« Les pays africains cherchent des alternatives et la Turquie en représente une », a affirmé à l'AFP Eghosa Osaghae, directeur général de l'Institut nigérian des affaires internationales (NIIA), présent à Antalya. 

Très impliqué sur les dossiers syrien et ukrainien, le président turc Recep Tayyip Erdogan a renforcé son image d'interlocuteur clé en Afrique en négociant, il y a quelques mois, un accord de paix entre la Somalie et l'Éthiopie.

Selon M. Osaghae, la capacité d'Ankara à combler le vide laissé par la France, dont de nombreuses anciennes colonies se sont détournées ces dernières années, « dépendra en grande partie de l'attrait des offres turques ».

« Nous entretenons avec la France des relations dont nous sommes très fiers, mais la France ne nous empêche pas d'avoir d'autres partenariats », a déclaré à l'AFP Léon Kacou Adom, le ministre ivoirien des Affaires étrangères, lors du forum d'Antalya.

Le pays d'Afrique de l'Ouest, ancienne colonie française, souhaite collaborer avec la Turquie dans tous les secteurs, notamment le commerce, la communication, la sécurité, l'éducation et la formation, a-t-il souligné.

« Tout cela nous intéresse (...). La Turquie nous fait des offres que nous étudions », a-t-il ajouté.

- « Solutions aux problèmes africains » -

De nombreux pays africains sont confrontés à des menaces sécuritaires, émanant de groupes comme Boko Haram ou les shebab somaliens.

« Si la Turquie peut apporter son aide dans ces domaines, pourquoi pas ? », estime M. Osaghae. « Le point positif est que de nombreux pays africains coopèrent déjà militairement avec la Turquie. Cela peut être la pierre angulaire de l'influence turque », relève-t-il.

La Turquie, qui a proposé en janvier sa médiation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, a signé ces dernières années des accords de défense avec plusieurs États africains dont la Somalie, la Libye, le Kenya, le Rwanda, l'Éthiopie, le Nigeria et le Ghana.

Ces accords ont ouvert des marchés à l'industrie de défense turque, notamment pour ses drones réputés fiables et bon marché.

« Nous nous efforçons de faire en sorte que l'Afrique trouve ses propres solutions aux problèmes africains », affirme Alp Ay, diplomate turc et représentant spécial d'Ankara dans les négociations entre la Somalie et la région séparatiste du Somaliland.

Selon un haut diplomate somalien, Ankara a joué « un rôle très utile en parvenant à réunir les deux pays pour résoudre ce problème ». « L'Afrique a désespérément besoin de médiateurs », résume pour sa part le politologue nigérian Eghosa Osaghae.

Si la responsabilité du respect de l'accord incombe désormais aux deux parties, la Turquie continuera toutefois de jouer son rôle de facilitateur, souligne le diplomate turc Alp Ay, qui envisage l'avenir avec « espoir ».

Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu avec son homologue somalien, Hassan Cheikh Mohamoud, samedi à Antalaya.

Au cours de leur rencontre, les deux hommes ont promis d'« accroître la coopération » entre les deux États, selon Ankara, qui dispose déjà d'un droit d'exploration des ressources énergétiques le long des côtes somaliennes. 


Zelensky exhorte Trump à se rendre en Ukraine pour voir les ravages de la guerre

Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky se rencontrent dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 28 février 2025. (AFP)
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  • « Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 
  • En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

WASHINGTON : le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté dimanche son homologue américain Donald Trump à se rendre dans son pays pour mieux comprendre la dévastation causée par l'invasion russe. 

« Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a exhorté son homologue américain, Donald Trump, à se rendre dans son pays pour prendre conscience de l'étendue des dégâts causés par l'invasion de la Russie. 

En se rendant en Ukraine, M. Trump « comprendra ce que Poutine a fait ».

Cette invitation intervient alors que M. Trump fait pression pour mettre rapidement un terme à ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, les États-Unis ayant engagé des discussions directes avec la Russie malgré ses attaques incessantes contre l'Ukraine.

Washington a également discuté d'une éventuelle trêve avec des responsables ukrainiens.

Cette invitation fait suite à la vive polémique qui a éclaté à la Maison Blanche fin février entre le président ukrainien, M. Zelensky, et le vice-président américain, M. JD Vance, devant la presse.

M. Vance avait alors accusé l'Ukraine d'accueillir des dirigeants étrangers pour faire de la propagande en vue de gagner leur soutien. 

M. Zelensky a nié une nouvelle fois cette allégation et a déclaré à la chaîne CBS que si M. Trump décidait de se rendre en Ukraine, « nous ne préparerons rien, ce ne sera pas du théâtre ». Ce ne sera pas du théâtre. » 


La rencontre entre Poutine et l'Américain Witkoff a été qualifiée d'« extrêmement utile et efficace » par le Kremlin

Dans cette photo de pool distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine serre la main de l'envoyé du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, lors d'une réunion à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2025. (Photo Gavriil Grigorov / POOL / AFP)
Dans cette photo de pool distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine serre la main de l'envoyé du président américain Donald Trump, Steve Witkoff, lors d'une réunion à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2025. (Photo Gavriil Grigorov / POOL / AFP)
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  • « De tels contacts sont extrêmement utiles et très efficaces », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.
  • Depuis plusieurs semaines, l'administration de Donald Trump organise des pourparlers séparés avec des hauts responsables russes et ukrainiens.  

MOSCOU : La rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, qui a eu lieu vendredi à Saint-Pétersbourg, en Russie, était « extrêmement utile et efficace », a assuré lundi le Kremlin.

« De tels contacts sont extrêmement utiles et très efficaces », a déclaré à la presse Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, en faisant l'éloge d'un canal de communication permettant aux dirigeants russe et américain d'échanger directement sur « différents éléments de leurs positions sur toutes sortes de questions ».

Cette rencontre entre MM. Poutine et Witkoff, la troisième depuis février, portait « sur les aspects du règlement ukrainien », selon le Kremlin, alors que Donald Trump prône la fin de ce conflit au plus vite depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier.

Depuis plusieurs semaines, l'administration de Donald Trump organise des pourparlers séparés avec des hauts responsables russes et ukrainiens.  

Ces discussions n'ont cependant pas abouti, pour l'heure, à une cessation des hostilités, ce qui a provoqué la frustration du dirigeant américain ces derniers jours.

« La Russie doit se bouger », a-t-il déclaré vendredi, déplorant sur son réseau Truth Social que « trop de gens meurent, des milliers par semaine, dans une guerre terrible et insensée ».

Selon Dmitri Peskov, lundi, une éventuelle rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump « n'a pas été évoquée » lors des pourparlers avec M. Witkoff.

« Toute rencontre doit être bien préparée », a-t-il souligné, en assurant que « le travail se poursuit », sans donner plus de précisions.