Une offensive israélienne sur Rafah «pourrait conduire à un bain de sang» selon le chef de l'OMS

Des enfants réagissent alors qu'ils fuient suite aux bombardements israéliens à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 29 avril 2024, dans le contexte du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
Des enfants réagissent alors qu'ils fuient suite aux bombardements israéliens à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 29 avril 2024, dans le contexte du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le groupe militant Hamas. (AFP)
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Publié le Vendredi 03 mai 2024

Une offensive israélienne sur Rafah «pourrait conduire à un bain de sang» selon le chef de l'OMS

  • Pour l'heure, l'armée israélienne continue de bombarder la ville, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu veut lancer une offensive terrestre pour «anéantir » selon lui les dernières brigades du Hamas
  • Les Européens, l'ONU et les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont tous demandé avec force à M. Netanyahu de renoncer à une offensive terrestre sur la ville

GENÈVE: Une offensive terrestre de l'armée israélienne sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, "pourrait conduire à un bain de sang", a mis en garde le chef de l'Organisation mondiale de la santé vendredi sur le réseau social X.

"L'OMS est profondément préoccupée par le fait qu'une opération militaire à grande échelle à Rafah, Gaza, pourrait conduire à un bain de sang et affaiblir davantage un système de santé déjà à genoux", écrit Tedros Adhanom Ghebreyesus, à propos de la ville où sont massés 1,2 million de Palestiniens venus y chercher refuge.

Pour l'heure, l'armée israélienne continue de bombarder la ville, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu veut lancer une offensive terrestre pour "anéantir" selon lui les dernières brigades du Hamas, mouvement qu'il considère comme terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Les Européens, l'ONU et les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont tous demandé avec force à M. Netanyahu de renoncer à une offensive terrestre sur la ville.

Outre le coût en vies humaines, une offensive serait "un coup dur pour les opérations humanitaires dans l'ensemble de la bande de Gaza" car Rafah "est au coeur des opérations humanitaires", a averti vendredi le porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, à Genève.

Le 7 octobre, une attaque de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En représailles à l'attaque du Hamas, l'armée israélienne a lancé une offensive de grande envergure -aérienne puis terrestre- dans la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 34.622 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

 

 


Saleh: «Le Yémen n'est pas un champ de bataille pour les règlements de comptes»

Le général de brigade Tariq Mohammed Abdallah Saleh, membre du Conseil présidentiel du Yémen, observe la patrouille des garde-côtes en mer Rouge, au large de Mokha, dans la province occidentale de Taïz, le 12 décembre 2023. (AFP)
Le général de brigade Tariq Mohammed Abdallah Saleh, membre du Conseil présidentiel du Yémen, observe la patrouille des garde-côtes en mer Rouge, au large de Mokha, dans la province occidentale de Taïz, le 12 décembre 2023. (AFP)
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  • Le général de brigade Tariq Mohammed Abdallah Saleh appelle à un renforcement du soutien aux forces yéménites sur le terrain afin de rétablir l'équilibre
  •  Il a précisé que le gouvernement yéménite travaillait en étroite coordination avec les partenaires internationaux ainsi que la coalition dirigée par l'Arabie saoudite

DUBAÏ: Le Yémen «n'est pas un champ de bataille pour régler des comptes, ni une partie d'un quelconque compromis extérieur», a déclaré un haut responsable du gouvernement à Asharq Al-Awsat dans un entretien exclusif.

Le général de brigade Tariq Mohammed Abdallah Saleh, membre du Conseil présidentiel du Yémen avec rang de vice-président, a également souligné que le fait de réduire le pays à un pion entre des nations puissantes engagées dans des jeux politiques compromettait sa souveraineté et la sécurité régionale.

«Le monde commettrait une erreur en acceptant que le Yémen serve de monnaie d'échange dans les négociations avec l'Iran», a déclaré M. Saleh, qui dirige également le bureau politique de la Résistance nationale. Il a également souligné l'importance stratégique du Yémen pour les routes maritimes mondiales.

M. Saleh est resté très discret depuis que les États-Unis ont intensifié leur campagne aérienne contre les Houthis, alliés de l'Iran, afin de mettre fin à la menace qu'ils font peser sur le transport maritime civil et les navires militaires dans la mer Rouge et le golfe d'Aden.

Il a également prévenu que le fait que le Yémen reste "une base pour les Gardiens de la révolution iraniens" menaçait non seulement les Yéménites, mais aussi les intérêts régionaux et internationaux.

M. Saleh a ajouté que pour parvenir à la stabilité dans ce pays ravagé par les conflits, il fallait soutenir un État national fondé sur la règle constitutionnelle et un véritable consensus populaire, et non des accords géopolitiques à court terme.

Il a appelé à renforcer le soutien aux forces yéménites sur le terrain pour rétablir l'équilibre, non pas comme un outil d'escalade, mais parce qu'il s'agit d'un impératif national pour protéger les civils et préserver les acquis durement gagnés.

Il a précisé que le gouvernement yéménite travaillait en étroite coordination avec les partenaires internationaux ainsi que la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, qui soutient la légitimité au Yémen, dans le but d'obtenir un soutien accru pour la lutte nationale.

La coopération avec les partenaires régionaux et internationaux en vue de renforcer les garde-côtes du pays, en particulier en mer Rouge, artère stratégique pour le commerce mondial, se poursuit également, a déclaré le responsable yéménite.

La sécurité maritime est indissociable de la souveraineté nationale, et la défense des voies maritimes fait partie intégrante du rétablissement de l'autorité de l'État sur terre et en mer, a déclaré M. Saleh.

En ce qui concerne l'instauration de la paix au Yémen, M. Saleh a déclaré: «Tout règlement qui ne soumettrait pas les Houthis à la constitution yéménite et à l'État de droit n'aurait aucun sens. Il a écarté toute idée selon laquelle la milice pourrait être acceptée en dehors d'un cadre constitutionnel.»

«La paix ne peut être accordée à un groupe qui rejette l'État. Elle se forge lorsque l'État retrouve la capacité de faire respecter la loi et de protéger ses citoyens.»

Pour M. Saleh, la conclusion d'un accord de paix avec les Houthis – qu'il décrit comme un groupe sanguinaire qui ne s'engage pas à respecter les cadres nationaux et dont l'idéologie est ancrée dans un État ennemi – était pratiquement inexistante.

Il a accusé les Houthis de placer leurs dirigeants et les institutions liées au Corps des gardiens de la révolution iranien au-dessus des institutions de l'État yéménite.

«La gouvernance consiste à gérer les affaires du peuple sur la base de cadres communs», a déclaré M. Saleh. «Les Houthis ne respectent rien de tout cela.»

M. Saleh a directement accusé l'Iran de perpétuer le conflit par l'intermédiaire de ses mandataires armés et de faire du Yémen un otage de la violence et de la rébellion, bien que Téhéran ait toujours nié son implication.

M. Saleh a également reconnu les défis auxquels est confronté le Conseil présidentiel et a qualifié les désaccords internes de «naturels», compte tenu de la complexité de la crise au Yémen.

«En fin de compte, a-t-il déclaré, ce qui nous unit est plus important que toutes les différences.»

«Les désaccords sont naturels dans tout organe de direction, en particulier dans des conditions exceptionnelles comme celles du Yémen. Mais le plus important est notre capacité à gérer cette diversité et ces divergences tout en restant attachés à l'intérêt national.»


Tunisie: reprise en leur absence du procès d'opposants accusés de complot contre l'Etat

Les contrôles ont été renforcés à l'entrée du tribunal de première instance de Tunis, selon une journaliste de l'AFP sur place. (AFP)
Les contrôles ont été renforcés à l'entrée du tribunal de première instance de Tunis, selon une journaliste de l'AFP sur place. (AFP)
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  • Responsables de partis, avocats, figures des affaires et des médias: une quarantaine de personnes sont poursuivies pour "complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste"
  • Ces accusations, passibles de lourdes peines de prison et jusqu'à la peine capitale, sont des "fabulations fantaisistes", a fustigé dans une lettre au juge Ahmed Néjib Chebbi, président du Front de salut national (FSN)

TUNIS: La deuxième audience du procès exceptionnel de dizaines de personnalités tunisiennes accusées de complot contre l'Etat s'est ouverte sous haute protection policière vendredi, en l'absence des accusés en détention qui refusent d'être jugés par visioconférence.

Les contrôles ont été renforcés à l'entrée du tribunal de première instance de Tunis, selon une journaliste de l'AFP sur place.

Pour exiger de comparaître physiquement, six accusés, dont le juriste Jawhar Ben Mbarek et un ancien haut responsable du parti islamiste Ennahdha, Abdelhamid Jelassi, sont en grève de la faim, a annoncé leur défense.

Les autorités judiciaires ont décidé le 4 mars, lors de la première audience, que les accusés en détention seraient jugés à distance dans ce procès exceptionnel.

Responsables de partis, avocats, figures des affaires et des médias: une quarantaine de personnes sont poursuivies pour "complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste".

Ces accusations, passibles de lourdes peines de prison et jusqu'à la peine capitale, sont des "fabulations fantaisistes", a fustigé dans une lettre au juge Ahmed Néjib Chebbi, président du Front de salut national (FSN), principale coalition de l'opposition.

Rien "ne permet d'affirmer (...) l'existence d'une entente entre les accusés pour recourir à des moyens violents ou illégaux en vue de parvenir à" un changement de forme du gouvernement, conteste M. Chebbi, qui fait partie des accusés mais comparaît libre.

Il est entre autres reproché à un certain nombre de mis en cause, selon la défense, d'avoir eu des contacts jugés suspects avec des diplomates.

Le procès se tient, selon l'ONG Human Rights Watch (HRW), "dans un contexte répressif dans lequel le président (Kais) Saied a systématiquement instrumentalisé le système judiciaire tunisien pour s'en prendre aux opposants politiques et aux dissidents".

Depuis le coup de force du président à l'été 2021, par lequel il s'est octroyé les pleins pouvoirs, défenseurs des droits humains et opposants dénoncent une régression des libertés en Tunisie, pays qui avait lancé le Printemps arabe en 2011.

Plusieurs des accusés ont été interpellés lors d'un coup de filet dans les rangs de l'opposition en 2023. Le président Saied les avait alors qualifiés de "terroristes".

 


Gaza: la Défense civile annonce 10 morts dont sept enfants dans une frappe israélienne

L'armée israélienne a dit examiner ces informations. Dans un communiqué, elle a annoncé avoir frappé une quarantaine de cibles dans la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures. (AFP)
L'armée israélienne a dit examiner ces informations. Dans un communiqué, elle a annoncé avoir frappé une quarantaine de cibles dans la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures. (AFP)
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  • La maison de la famille al-Farra a été complètement éventrée, des gravats et objets personnels (une chaussure de sport, un ballon de football vert) jonchant le sol tout autour
  • Des témoins ont aussi fait état de tirs continus et intensifs de chars israéliens dans la matinée de vendredi à Khan Younès

GAZA: La Défense civile palestinienne a annoncé vendredi la mort de 10 membres d'une même famille parmi lesquels sept enfants dans une frappe israélienne nocturne à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Agées de 3 à 58 ans, les victimes ont été tuées dans une frappe aérienne qui s'est produite aux alentours de 03H30 (00H30 GMT), a déclaré à l'AFP Mahmoud Bassal, le porte-parole de cette organisation de secouristes.

L'armée israélienne a dit examiner ces informations. Dans un communiqué, elle a annoncé avoir frappé une quarantaine de cibles dans la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures.

Des images tournées par l'AFP sur les lieux de la frappe montrent des secouristes évacuant des corps dans des sacs blancs et des couvertures, et les transportant dans des ambulances vers un hôpital.

La maison de la famille al-Farra a été complètement éventrée, des gravats et objets personnels (une chaussure de sport, un ballon de football vert) jonchant le sol tout autour.

Des témoins ont aussi fait état de tirs continus et intensifs de chars israéliens dans la matinée de vendredi à Khan Younès.

La Défense civile a par ailleurs rapporté que deux personnes avaient été tuées dans une frappe israélienne à Beit Lahia, dans le nord du territoire.

Le porte-parole en langue arabe de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a par ailleurs exhorté les habitants de plusieurs quartiers de la ville de Gaza, également dans le nord, à évacuer leur domicile.

L'armée "opère avec force dans vos zones pour détruire l'infrastructure terroriste. Pour votre sécurité, vous devez évacuer ces zones immédiatement et vous rendre aux abris connus dans l'ouest de la ville de Gaza", a-t-il écrit sur le réseau social X.

"Au cours de la nuit, les troupes ont intensifié leurs opérations terrestres dans le couloir de Morag, tout en poursuivant leurs activités dans la région", a précisé l'armée dans son communiqué, faisant référence à la zone tampon récemment annoncée dans le sud entre les villes de Rafah et Khan Younès.

Israël a repris ses bombardements le 18 mars, mettant fin à une trêve de deux mois avec le Hamas dans la bande de Gaza, où la guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

Le ministère de la Santé des autorités du Hamas a indiqué jeudi qu'au moins 1.522 Palestiniens avaient été tués depuis la reprise de l'offensive par Israël, portant à 50.886 le nombre de morts depuis le début de cette guerre.

Les efforts en vue de restaurer le cessez-le-feu sont jusqu'à présent restés vains.