«Chasser» la Russie du ciel: l'objectif de l'Ukraine pour 2024

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba et la chef de l’opposition biélorusse en exil Sviatlana Tsikhanouskaya assistent à la 54e réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos le 17 janvier 2024 (Photo, AP).
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba et la chef de l’opposition biélorusse en exil Sviatlana Tsikhanouskaya assistent à la 54e réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos le 17 janvier 2024 (Photo, AP).
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Publié le Mercredi 17 janvier 2024

«Chasser» la Russie du ciel: l'objectif de l'Ukraine pour 2024

  • Cet appel intervient alors qu'Américains et Européens tergiversent sur la suite de l'aide à apporter à Kiev
  • L'Ukraine craint que ces hésitations puissent déboucher sur un gel du conflit, favorable à la Russie qui occupe près de 20% de son territoire

DAVOS: L'Ukraine a affirmé mercredi viser en 2024 la maîtrise des airs aujourd'hui dominés par la Russie, prévenant que vaincre Moscou prendrait "du temps" et nécessiterait l'aide continue des Occidentaux.

Cet appel intervient alors qu'Américains et Européens tergiversent sur la suite de l'aide à apporter à Kiev. L'Ukraine craint que ces hésitations puissent déboucher sur un gel du conflit, favorable à la Russie qui occupe près de 20% de son territoire.

"En 2024, la priorité est de chasser la Russie du ciel car celui qui contrôle le ciel déterminera quand et comment la guerre va se finir", a dit au Forum économique de Davos le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba.

"On les a vaincus en 2022 sur terre, on les a vaincus en 2023 en mer et nous nous concentrons pour les vaincre dans les airs en 2024", a-t-il lancé.

La Russie a attaqué en février 2022 l'Ukraine, mais elle a échoué à prendre Kiev puis a été chassée du Nord, du Nord-Est et d'une partie du Sud du pays. En 2023, avec des attaques de drones maritimes et de missiles, les forces ukrainiennes ont pu lever le blocus de certains de ses ports de la mer Noire et reprendre en partie les exportations, notamment de céréales.

«Déficit» d'armes possible

Pour gagner la maîtrise des airs, M. Kouleba a répété que son pays allait avoir besoin que l'Occident lui fournisse des avions (des F-16 doivent être livrés cette année) ainsi que des missiles de longue portée, des projectiles qu'Américains et Européens n'ont fourni qu'en petit nombre notamment par peur de provoquer une escalade du conflit avec la Russie.

"Cela va nécessiter de fournir à l'Ukraine des avions (...) des missiles de longue-portée et des drones, dont l'Ukraine a significativement augmenté sa production", a réclamé M. Kouleba.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lui aussi à Davos, a martelé mercredi que tout retard dans l'aide à son pays met en danger "la sécurité du continent européen".

Faute d'aide, "nous manquerons cruellement d'artillerie, nous aurons un très grand déficit de missiles de défense antiaérienne. Cela signifie que nous ne serons pas en mesure de repousser les attaques", a-t-il poursuivi, brandissant le spectre d'une future "guerre entre l'Otan et la Russie".

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a lui émis des doutes sur les perspectives d'un cessez-le-feu en Ukraine, estimant que Moscou n'avait montré aucune volonté de "négocier avec bonne foi", après presque deux ans d'invasion russe.

L'Ukraine est visée presque chaque nuit par des drones d'attaque et des missiles lancés par la Russie depuis le sol, la mer ou les airs.

L'armée de l'air ukrainienne a dit avoir abattu dans la nuit 19 des 20 drones lancés par les Russes, notamment contre Odessa, grand port du Sud également visé par une attaque de missile dans la matinée, où trois personnes ont été blessées.

«Un ennemi qui ne dort jamais»

Ailleurs en Ukraine, une personne a été tuée et une autre blessées à Kherson (sud) et deux adolescents blessés à Nikopol (sud-est).

Dans la soirée de mardi, les autorités ukrainiennes avaient déjà fait état de 17 blessés à Kharkiv, la deuxième ville du pays, après une double attaque de missiles.

Grâce aux systèmes de défense fournis par les Occidentaux, les forces ukrainiennes parviennent à abattre la majorité des engins tirés par la Russie, mais le pays risque de manquer de munitions.

"Nous combattons un ennemi très puissant, un ennemi très grand, un ennemi qui ne dort jamais. Cela prend du temps", a relevé M. Kouleba.

Les Occidentaux n'ont aussi livré qu'un nombre très limité d'armes de longue portée que Kiev juge cruciales pour l'emporter. Le président français Emmanuel Macron en a promis 40 de plus mardi.

M. Poutine a, lui, jugé mardi que l'existence même de l'Etat ukrainien était en jeu, à la suite de l'échec de la vaste contre-offensive estivale de Kiev qui n'a pas permis la libération des territoires occupés par l'armée russe.

"Non seulement leur contre-offensive a échoué, mais l'initiative est entièrement entre les mains des forces armées russes. Si cela continue, le statut d'Etat de l'Ukraine pourrait subir un coup irréparable", a déclaré celui qui estime que l'Otan mène une guerre par procuration contre Moscou en utilisant l'Ukraine.

M. Zelensky a, lui, qualifié mardi à Davos le président russe de "prédateur".


Washington accuse Pékin de se préparer à « utiliser la force » dans la région Asie-Pacifique

Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, prononce un discours lors du sommet Shangri-La Dialogue à Singapour, le 31 mai 2025. (Photo : MOHD RASFAN / AFP)
Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, prononce un discours lors du sommet Shangri-La Dialogue à Singapour, le 31 mai 2025. (Photo : MOHD RASFAN / AFP)
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  • « La menace que représente la Chine est réelle et pourrait être imminente », a-t-il déclaré lors du Shangri-La Dialogue de Singapour.
  • Le Forum Shangri-La Dialogue rassemble chaque année des responsables issus de l'ensemble de l'Asie ainsi que du reste du monde dans la cité-État de Singapour.

SINGAPOUR : Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, a accusé samedi la Chine de se préparer « à potentiellement utiliser la force militaire » dans la région Asie-Pacifique, que Washington considère comme son « théâtre prioritaire », dans un contexte de montée des tensions.

« La menace que représente la Chine est réelle et pourrait être imminente », a-t-il déclaré lors du Shangri-La Dialogue de Singapour, le plus grand forum sur la sécurité et la défense en Asie, alors que des tensions commerciales et géopolitiques accrues opposent Washington et Pékin depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

M. Hegseth a assuré que Pékin « souhaitait dominer et contrôler » la région et « s'entraînait tous les jours » en vue d'une invasion de Taïwan, avec une multiplication des manœuvres chinoises autour de l'île.

Pékin se prépare ainsi « clairement et de manière crédible à potentiellement utiliser la force militaire pour modifier l'équilibre des forces » dans la région Asie-Pacifique, a souligné le dirigeant américain.

M. Hegseth a également dénoncé la multiplication des incidents impliquant des navires chinois en mer de Chine méridionale, accusant Pékin « de s'emparer et de militariser illégalement » des îles et îlots revendiqués notamment par les Philippines. 

Le Forum Shangri-La Dialogue rassemble chaque année des responsables issus de l'ensemble de l'Asie ainsi que du reste du monde dans la cité-État de Singapour.

Pour la première fois depuis 2019, la Chine a toutefois annoncé qu'elle n'y enverrait pas de responsable de haut niveau.

Pour Washington, l'Asie-Pacifique est la zone géographique prioritaire et les États-Unis réorientent leur stratégie en vue de dissuader toute agression de la part de la Chine communiste.

Le pays a ainsi accentué sa coopération avec le Japon et les Philippines, ses alliés traditionnels dans la région, et entrepris de renforcer ses relations avec l'Inde, a-t-il rappelé.

« L'Amérique est fière d'être de retour en Indo-Pacifique, et nous sommes ici pour y rester », a martelé M. Hegseth.

Mais, a-t-il souligné en citant l'Europe en exemple, « les alliés des États-Unis dans l'Indo-Pacifique peuvent et doivent augmenter rapidement leurs propres moyens de défense ». 

Plusieurs pays européens, à commencer par l'Allemagne, ont annoncé une hausse drastique de leurs budgets militaires afin de les porter à 5 % de leur PIB, face à la menace du président américain Donald Trump de se désengager de la défense de l'Europe via l'OTAN.

La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, également présente au forum, a souligné que plusieurs pays européens avaient « réalisé depuis longtemps que nous devons investir dans la défense ».

« L'Union européenne a changé de braquet et repensé son paradigme pour en faire un projet de paix soutenu par une défense solide », a-t-elle ajouté.

Les tensions entre les États-Unis et la Chine se sont intensifiées avec le retour au pouvoir de M. Trump, qui a notamment infligé à Pékin des droits de douane record et des restrictions technologiques.

Vendredi, le président américain a une nouvelle fois accusé Pékin de ne pas respecter les termes d'un accord de détente négocié il y a deux semaines entre les deux pays à Genève. 

« Sans grande surprise, la Chine a totalement violé son accord avec nous », a-t-il dénoncé sur son réseau Truth Social, sans préciser quelles actions menées par Pékin il visait. « Cela m'apprendra à vouloir être gentil », a-t-il ajouté.

Premier représentant européen à tenir le discours d'ouverture du Shangri-La Dialogue, le président français Emmanuel Macron avait appelé vendredi à « bâtir de nouvelles alliances » avec ses partenaires asiatiques pour ne pas être « les victimes collatérales » des « décisions prises par les superpuissances ».

Il a par ailleurs rappelé les autorités chinoises à leur rôle dans la sécurité internationale.

« Si la Chine ne veut pas que l'OTAN soit impliquée en Asie du Sud-Est ou en Asie, elle doit clairement empêcher la Corée du Nord d'être impliquée sur le sol européen », où elle a déployé des soldats aux côtés de la Russie contre l'Ukraine, a affirmé le dirigeant français.

« La sécurité de l'Europe et celle du Pacifique sont étroitement liées », a également estimé Mme Kallas samedi.

Le forum, dont c'est la 22^e édition, se tient jusqu'à dimanche.


Collision en mer du Nord : le capitaine russe du cargo plaide non coupable d'homicide involontaire

Le capitaine russe du porte-conteneurs qui avait percuté en mars un pétrolier en mer du Nord, provoquant la mort d'un membre d'équipage, a plaidé vendredi non coupable "d'homicide involontaire par négligence grave". (AFP)
Le capitaine russe du porte-conteneurs qui avait percuté en mars un pétrolier en mer du Nord, provoquant la mort d'un membre d'équipage, a plaidé vendredi non coupable "d'homicide involontaire par négligence grave". (AFP)
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  • Un membre d'équipage philippin du Solong, Mark Angelo Pernia, était mort dans la collision dans laquelle une partie du kérosène transporté par le Stena Immaculate s'était écoulé en mer
  • Ce pétrolier transportait environ 220.000 barils de carburant d'aviation. Il était affrété par l'armée américaine

LONDRES: Le capitaine russe du porte-conteneurs qui avait percuté en mars un pétrolier en mer du Nord, provoquant la mort d'un membre d'équipage, a plaidé vendredi non coupable "d'homicide involontaire par négligence grave".

Vladimir Motine, 59 ans, comparaissait par visioconférence devant la cour criminelle de l'Old Bailey à Londres où il est poursuivi pour "homicide involontaire par négligence grave".

Assisté d'un interprète russe, il a décliné son identité avant d'indiquer qu'il plaidait non coupable.

Une nouvelle audience a été fixé au 10 septembre prochain, avant un procès fixé au 12 janvier 2026.

L'inculpé, originaire de Saint-Pétersbourg, est en détention depuis mars.

Le porte-conteneurs Solong, battant pavillon portugais, était entré en collision le 10 mars avec le pétrolier Stena Immaculate qui se trouvait au mouillage à une vingtaine de km des côtes de l'est de l'Angleterre.

L'accident avait provoqué des incendies spectaculaires à bord des deux navires, maîtrisés après plusieurs jours.

Un membre d'équipage philippin du Solong, Mark Angelo Pernia, était mort dans la collision dans laquelle une partie du kérosène transporté par le Stena Immaculate s'était écoulé en mer.

Ce pétrolier transportait environ 220.000 barils de carburant d'aviation. Il était affrété par l'armée américaine.

Une marée noire a été évitée, mais la collision a provoqué la dispersion de nombreux granulés de plastique provenant de la cargaison du Solong, dans l'eau et sur les côtes de cette région abritant plusieurs réserves naturelles.

En avril, Vladimir Motin avait comparu par visioconférence devant le juge, qui avait décidé de repousser l'audience ou il devait plaider, en l'absence d'interprète russe.

Une enquête a été ouverte par les autorités britanniques, en coopération avec des équipes américaine et portugaise, afin de déterminer les causes de cette collision et la raison pour laquelle le Solong n'a pas dévié de sa course pour éviter le pétrolier.

Le gouvernement britannique avait rapidement écarté l'hypothèse d'un acte criminel.

Un rapport préliminaire du bureau d'enquête des accidents maritimes a révélé que la visibilité au moment de la collision était par endroits réduite.

Dans le choc, un réservoir du Stena Immaculate a été endommagé, laissant échapper du kérosène dans la mer et sur la proue du Solong, selon ce rapport. Ce carburant d'aviation s'est enflammé, et l'incendie a gagné les conteneurs transportés par le Solong.

Les granulés de plastique, dont 16 tonnes ont été retirées des plages du Lincolnshire (nord-est de l'Angleterre), peuvent représenter un risque pour la faune s'ils sont ingérés.

Ernst Russ, la société allemande propriétaire du porte-conteneurs, et Crowley, la compagnie américaine exploitant le pétrolier, ont porté plainte l'une contre l'autre.


Passe d'armes entre Israël et l'ONU sur l'aide à Gaza

Un jeune Palestinien déplacé réagit en portant un sac d'aide alimentaire sur ses épaules après que des personnes aient pris d'assaut un entrepôt du Programme alimentaire mondial à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 28 mai 2025. (AFP)
Un jeune Palestinien déplacé réagit en portant un sac d'aide alimentaire sur ses épaules après que des personnes aient pris d'assaut un entrepôt du Programme alimentaire mondial à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 28 mai 2025. (AFP)
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  • Israël a accusé mercredi les Nations unies de tenter de "bloquer" la distribution de l'aide à Gaza, tandis que l'ONU assurait faire tout son possible pour récupérer les volumes limités autorisés par les autorités israéliennes

Nations unies, États-Unis: Israël a accusé mercredi les Nations unies de tenter de "bloquer" la distribution de l'aide à Gaza, tandis que l'ONU assurait faire tout son possible pour récupérer les volumes limités autorisés par les autorités israéliennes.

"Alors que l'ONU répand la panique et fait des déclarations détachées de la réalité, l'Etat d'Israël facilite de façon continue l'entrée de l'aide à Gaza via deux méthodes", qui vont continuer "de façon simultanée" à ce stade, a déclaré l'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon devant le Conseil de sécurité.

Une référence à l'autorisation limitée d'entrée de camions de l'ONU via le point de passage de Kerem Shalom depuis le début de la semaine dernière après plus de deux mois de blocage, et à la nouvelle Fondation humanitaire de Gaza (GHF).

Cette société privée créée avec le soutien d'Israël et des Etats-Unis a mis en place un système que l'ONU juge contraire aux principes humanitaires, et une distribution chaotique dans l'un de ses centres a fait 47 blessés mardi.

L'ambassadeur israélien a attribué la responsabilité de ce chaos au Hamas, l'accusant d'avoir tenté de "bloquer" l'accès au centre de distribution avec des "barrages routiers".

Et "l'ONU a maintenant activement rejoint le Hamas pour tenter de bloquer cette aide", a-t-il affirmé. "L'ONU utilise les menaces, l'intimidation et les représailles contre les ONG qui ont choisi de participer au nouveau mécanisme humanitaire", a-t-il ajouté, qualifiant les Nations unies de "mafieuses".

Il a précisément accusé l'ONU d'avoir retiré ces ONG d'une base de données répertoriant les organisations travaillant à Gaza, accusation rejetée par les Nations unies.

"Il n'y a aucune différence entre la liste actuelle et celle d'avant le lancement de la GHF", a assuré à l'AFP Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU.

Il avait un peu plus tôt répété le refus des Nations unies de travailler avec la nouvelle fondation. "Nous ne renoncerons pas à nos principes. Nous ne participerons pas à des opérations qui ne respectent pas nos principes humanitaires", a-t-il insisté devant la presse.

Il a également assuré que l'ONU faisait tout son possible pour récupérer l'aide arrivée via Kerem Shalom.

"Depuis la semaine dernière, environ 900 camions ont été soumis à l'accord d'Israël, 800 ont été approuvés mais seulement 500 ont pu être déchargés côté israélien de Kerem Shalom et encore moins ont pu passer côté palestinien, où nous et nos partenaires avons pu collecter un peu plus de 200 d'entre eux, freinés par l'insécurité et un accès restreint", a déclaré Stéphane Dujarric.

"Si nous ne pouvons pas collecter ces biens, je peux vous dire une chose, ce n'est pas parce que nous n'essayons pas", a-t-il martelé.

Une réponse à Danny Danon qui a dit que 400 camions attendaient du côté palestinien de Kerem Shalom et qu'Israël avait proposé des "routes sûres" dans Gaza.

"Mais l'ONU a échoué à les récupérer", a-t-il dénoncé devant la presse. "Mettez votre ego de côté, récupérez l'aide et faites votre travail", a-t-il lancé.