CRS 8 : bientôt dupliquée, l'unité «  d'élite » de Darmanin doit encore convaincre

Composée de 200 fonctionnaires, la Compagnie républicaine de sécurité numéro 8 a été installée par le ministre de l'Intérieur en personne en juillet 2021 en région parisienne, à Bièvres, où est aussi basé le Raid. (AFP).
Composée de 200 fonctionnaires, la Compagnie républicaine de sécurité numéro 8 a été installée par le ministre de l'Intérieur en personne en juillet 2021 en région parisienne, à Bièvres, où est aussi basé le Raid. (AFP).
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Publié le Vendredi 25 août 2023

CRS 8 : bientôt dupliquée, l'unité «  d'élite » de Darmanin doit encore convaincre

  • Mobilisable en "15 minutes" et susceptible d'intervenir dans toute la France, elle a été créée après des violences à Dijon en juin 2020, impliquant des membres de la communauté tchétchène
  • Ces derniers jours, une partie de l'unité a été envoyée à Marseille et une autre à Nîmes, après plusieurs fusillades liées au trafic de stupéfiants

PARIS: Mise en place par Gérald Darmanin, la CRS 8, présentée comme une unité d'élite déployable en urgence pour des missions de maintien de l'ordre compliquées, suscite des critiques, un peu sur ses méthodes, beaucoup sur son emploi, alors qu'elle va bientôt être dupliquée.

Composée de 200 fonctionnaires, la Compagnie républicaine de sécurité numéro 8 a été installée par le ministre de l'Intérieur en personne en juillet 2021 en région parisienne, à Bièvres, où est aussi basé le Raid.

Mobilisable en "15 minutes" et susceptible d'intervenir dans toute la France, elle a été créée après des violences à Dijon en juin 2020, impliquant des membres de la communauté tchétchène.

L'actuel locataire de la place Beauvau annonce régulièrement son déploiement, souvent lors d'événements retentissants: en Corse, après l'agression mortelle d'Yvan Colonna en prison, ou à Mayotte pour l'opération Wuambushu contre la criminalité et l'immigration clandestine.

Ces derniers jours, une partie de l'unité a été envoyée à Marseille et une autre à Nîmes, après plusieurs fusillades liées au trafic de stupéfiants.

Cela n'a pas empêché la mort d'un autre jeune homme à Nîmes, tué par balles dans la nuit de mercredi à jeudi. La compagnie avait alors terminé sa vacation, mais sera désormais mobilisée "24 heures sur 24 à Nîmes", a assuré Gérald Darmanin dans la foulée.

"Elle n'est quasiment jamais arrivée dans un moment chaud, toujours après la guerre", observe un ex-membre des CRS.

La « force aller-retour » 

Dans les rangs, ses détracteurs la surnomment la "force aller-retour", ajoute-t-il, estimant que l'unité permet surtout au ministre de l'Intérieur de montrer à l'opinion publique qu'il apporte une "réponse immédiate" aux problèmes.

En novembre 2023, trois autres unités de ce type doivent être créées, à Nantes, Marseille et Lyon. Une quatrième sera implantée au printemps 2024 à Montauban.

"Peut-être" qu'alors, "avec une capacité de projection plus rapide", il y aura une "vraie plus-value opérationnelle", relève le même policier. En attendant, "le boulot qu'ils font en arrivant 15 heures après peut être fait par une compagnie plus près, évitant des trajets longs et coûteux".

Même si la CRS 8 est "mieux équipée, mieux formée", "je ne sais pas si l'effet serait très différent avec une compagnie" classique, s'interroge aussi un officier supérieur de la gendarmerie, spécialiste de ces questions.

Leur présence a un "effet, salué par la population", mais "dès leur retrait, les trafics, les règlements de compte reprennent", ajoute-t-il.

Dans deux rapports, rédigés fin 2021 puis fin 2022, et consultés par l'AFP, le propre commandant de la CRS 8 de l'époque, Jean-Louis Sanchet, regrettait son emploi sur des opérations de sécurisation moins sensibles.

De quoi entraîner un sentiment de "frustration" chez les agents, demandant à être reconnus comme des "urgentistes de l'ordre public", sans être cantonnés au statut de "force supplétive" de leurs collègues de sécurité publique, selon les mots du commandant, qui n'est plus à la tête de l'unité et sera remplacé dans les prochains jours.

En interne, ces commentaires ont "parfois été perçus comme des caprices d'enfant gâté", selon un haut gradé de la police. "La police, ce n'est pas l'armée, qui attend l'arme au pied. Il faut la faire travailler sur le terrain".

« Temps d'adaptation »

"Il y a eu un temps d'adaptation, mais depuis deux ans, ils sortent plus souvent, ont plus de missions", abonde Jean-Paul Nascimento, secrétaire national CRS à l'UNSA, principal syndicat représentatif dans l'unité.

Sur le terrain, les méthodes de cette compagnie plus "mobile" et susceptible d'aller davantage au "contact" ont fait l'objet de quelques critiques.

A Mayotte, des tirs de sommation à l'arme à feu ont été effectués pour faire fuir des assaillants. Un fait rare lors d'opérations de maintien de l'ordre.

A Rennes, une enquête a été ouverte et confiée à l'IGPN, la police des polices, pour des violences lors d'une manifestation contre la réforme des retraites.

La CRS 8 s'inscrit dans "une logique répressive dont on voit qu'elle est insuffisamment cadrée par l'institution", regrette Jacques de Maillard, directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip).

"Vu les théâtres d'engagement de cette compagnie, le nombre de mises en cause ou d'enquêtes la visant est extrêmement réduit", répond-on du côté de la Direction générale de la police nationale (DGPN).

Des "unités dynamiques et réactives" sont incontournables face à des fauteurs de troubles "de en plus en plus mobiles", affirme la même source, qui défend un "dispositif qui marche et obtient de bons résultats".


Macron et Xi dans les Pyrénées pour une escapade «personnelle»

Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
Le président chinois Xi Jinping est accueilli par le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte à son arrivée à l'aéroport de Tarbes (Photo, AFP).
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  • L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser «un échange franc et amical»
  • Ce coin de montagne est «directement lié à l'histoire très personnelle» d'Emmanuel Macron, explique son entourage

 

TARBES: Après les ors de l'Elysée, la neige des cimes: Emmanuel Macron et Xi Jinping sont arrivés mardi dans les Pyrénées au second jour de la visite d'Etat du président chinois, pour une escapade "personnelle" censée permettre un dialogue plus direct sur la guerre en Ukraine ou les désaccords commerciaux.

"Nos montagnes françaises", "j'espère, continueront de nous inspirer", a lancé lundi, lyrique, le président français en accueillant son homologue chinois à Paris pour la première fois depuis 2019. Il a dit s'attendre, dans les Hautes-Pyrénées, à des "discussions fructueuses et amicales".

L'avion du chef de l'Etat et celui du président chinois ont atterri à Tarbes en fin de matinée, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les deux dirigeants sont attendus au col du Tourmalet, mythique ascension du Tour de France, où la météo est encore hivernale même si la saison est finie à la station de ski de La Mongie.

Une centaine de personnes sont venues apporter leur soutien au dirigeant chinois et des dizaines de drapeaux rouges aux cinq étoiles jaunes coloraient les abords de la route menant au col, dans la commune de Sainte-Marie-de-Campan.

"C'est vraiment étrange de voir ça ici", sourit Jean-Michel Garem, un villageois retraité.

Emmanuel Macron et Xi Jinping, accompagnés de leurs épouses, déjeuneront dans le restaurant d'altitude d'Eric Abadie, éleveur et ami du président français. Une sorte de réponse à la cérémonie du thé qu'ils avaient partagée l'an dernier à Canton dans la résidence officielle où le père du président chinois avait vécu quand il était gouverneur de la province du Guangdong.

Un cadre qui contraste avec celui du palais présidentiel où, entre un accueil en grande pompe et un banquet fastueux, ils n'ont pas cherché à dissimuler les différends sur le commerce entre l'Europe et la Chine.

Emmanuel Macron a appelé à un "cadre de concurrence loyale", se félicitant à l'issue des discussions d'avoir préservé le cognac français de la menace de taxes douanières chinoises "provisoires".

Conviée pour afficher un front continental uni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prévenu que l'Union européenne prendrait "des décisions fermes" pour "protéger son économie", dénonçant l'afflux de véhicules électriques chinois massivement subventionnés.

"Le soi-disant +problème de la surcapacité de la Chine+ n'existe pas", leur a répondu sèchement Xi Jinping.

Sur l'Ukraine, il s'est voulu plus consensuel, réaffirmant sa volonté d'œuvrer à une solution politique.

Et il a apporté son soutien à une "trêve olympique" à l'occasion des Jeux de Paris cet été, poussée également par Emmanuel Macron. Selon une source diplomatique française, cette trêve pourrait servir, s'agissant de l'Ukraine, à enclencher un processus plus politique après plus de deux ans de conflit.

Mais Paris, qui insiste depuis un an pour que Pékin fasse pression sur la Russie pour contribuer à mettre fin à la guerre, se veut "lucide" sur les chances limitées d'une percée rapide. D'autant que le président chinois reste le principal allié de son homologue russe Vladimir Poutine, qu'il doit recevoir prochainement.

Séduction 

L'étape pyrénéenne pourrait, dans l'esprit de la délégation française, favoriser "un échange franc et amical" sur ces sujets épineux. L'idée est de casser l'imposant protocole qui accompagne le moindre déplacement du numéro un chinois.

Ce coin de montagne est "directement lié à l'histoire très personnelle" d'Emmanuel Macron, explique son entourage. Celui qui fête mardi les 7 ans de sa première élection, a passé de nombreuses vacances entre le bourg de Bagnères-de-Bigorre et La Mongie avec ses grands-parents auxquels il était très attaché.

"La diplomatie d'Emmanuel Macron a toujours misé, de manière peut-être excessive, sur le pouvoir de séduction", analyse Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales à Sciences Po. "Il y a toujours eu chez lui l'idée que ses relations personnelles pouvaient renverser les structures", ajoute-t-il.

Le cadre intimiste du Tourmalet participe de cette volonté.

"Mais c'est mal connaître Xi Jinping qui n'est pas vraiment un grand sentimental", prévient le chercheur.

Le candidat des socialistes aux élections européennes de juin Raphaël Glucksmann a dénoncé la "tonalité amicale" de cette visite officielle. "L'homme qui déporte les Ouïghours, qui réprime les Hongkongais et les Tibétains n'est pas notre ami", a-t-il déclaré sur RTL.

Son adversaire de droite François-Xavier Bellamy (Les Républicains) a également pointé sur LCI les "ingérences" de Pékin et sa "stratégie agressive pour mettre à terre notre économie". La tête de liste macroniste Valérie Hayer a néanmoins défendu la volonté du chef de l'Etat de parler à son homologue chinois, souhaitant sur France 2 "un dialogue direct et franc sur l'ensemble des sujets".

Le politiste Bertrand Badie acquiesce: avec la Chine de Xi Jinping, "il y a un vrai travail à faire" car personne, jusqu'ici, "n'a trouvé la clé des relations euro-chinoises".


Affaire Meurice et remous à France Inter: appel à la grève dimanche à Radio France

Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France  (Photo, AFP).
Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France (Photo, AFP).
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  • L'humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu
  • Il avait comparé le Premier ministre israélien à une «sorte de nazi mais sans prépuce»

 

PARIS: Les syndicats de Radio France ont appelé à faire grève dimanche pour protester contre "la répression de l'insolence et de l'humour" après la suspension de Guillaume Meurice, ainsi que contre "des menaces" qui pèsent sur certaines émissions de France Inter.

Six syndicats (CGT, CFDT, FO, SNJ, SUD, Unsa) ont déposé lundi soir un préavis de grève pour dimanche de 00h00 à minuit. C'est le jour où est diffusée l'émission hebdomadaire de Charline Vanhoenacker, à laquelle participe d'ordinaire Guillaume Meurice.

L'humoriste en a été suspendu le 2 mai dans l'attente d'une éventuelle sanction pouvant aller jusqu'au licenciement, quatre jours après avoir réitéré ses propos polémiques sur Benjamin Netanyahu tenus fin octobre.

Il avait comparé le Premier ministre israélien à une "sorte de nazi mais sans prépuce", ce qui lui avait valu des accusations d'antisémitisme et une plainte, récemment classée sans suite.

Dans leur préavis de grève, les syndicats demandent à la direction du groupe public "la fin de la répression de l'insolence et de l'humour" et "la réaffirmation sans limites de la liberté d'expression" sur ses antennes.

Menaces 

Plus largement, les syndicats s'inquiètent des "menaces" qui pèsent selon eux "sur des émissions populaires et singulières", en particulier sur France Inter.

Le 3 mai, dans la foulée de l'affaire Meurice, les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter avaient dénoncé "un virage éditorial" de la première radio de France. Elles assuraient notamment avoir appris le remplacement prochain de l'émission sur l'environnement "La terre au carré".

Les syndicats accusent la direction de Radio France de mener "une politique de casse sociale sur les antennes" alors qu'un "projet de réforme de l'audiovisuel public va être discuté prochainement à l'Assemblée nationale".

Projet de la ministre de la Culture Rachida Dati, la mise en place d'une gouvernance unique pour l'audiovisuel public (dont France Télévisions et Radio France) sera examinée les 23 et 24 mai dans l'hémicycle.

Les syndicats fustigent enfin "une campagne de dénigrement et de calomnies orchestrée par des partis politiques, organisations ou personnalités franchement hostiles au service public de la radio". Ce dernier est fréquemment accusé par des personnalités de droite de pencher nettement à gauche.


L'entrée des locaux historiques de Sciences Po Paris à nouveau bloquée

Des gendarmes français évacuent des manifestants qui organisent un sit-in pro-Gaza dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) à Paris, le 3 mai 2024. (Photo Miguel Medina AFP)
Des gendarmes français évacuent des manifestants qui organisent un sit-in pro-Gaza dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) à Paris, le 3 mai 2024. (Photo Miguel Medina AFP)
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  • Une vingtaine d'étudiants sont présents dans la rue, certains arborant des masques sanitaires ou des keffiehs dissimulant une partie de leur visage
  • Les cours sont terminés depuis vendredi au sein de cet établissement d'enseignement supérieur souvent assimilé à une pouponnière des élites

PARIS : L'entrée des locaux historiques de Sciences Po Paris est bloquée mardi matin par des étudiants mobilisés en faveur des Palestiniens, a constaté une journaliste de l'AFP.

Des poubelles, mobilier urbain, vélos en libre service, obstruaient l'entrée du bâtiment situé au 27 rue Saint-Guillaume, un quartier huppé de la capitale.

Une vingtaine d'étudiants sont présents dans la rue, certains arborant des masques sanitaires ou des keffiehs dissimulant une partie de leur visage. Des policiers sont positionnés à proximité.

«On se mobilise avec ces moyens non conventionnels car on pense qu’on n’a plus d’autres choix, on a essayé les mails, les discussions. On est en période d’examen, on est tous fatigués», a déclaré à l'AFP une étudiante en première année qui n'a pas souhaité dévoiler son identité.

Cette jeune femme justifie le blocage par les mêmes revendications qui agitent les campus de Sciences Po Paris depuis plusieurs semaines, notamment une enquête sur les partenariats avec des universités israéliennes et «l'arrêt de la répression des étudiants mobilisés et des sanctions».

Elle affirme que 10 étudiants poursuivent une grève de la faim entamée vendredi après une évacuation de ces mêmes locaux par les forces de l'ordre.

Contactée la direction de Sciences-Po n'a pas répondu à ce stade.

Les cours sont terminés depuis vendredi au sein de cet établissement d'enseignement supérieur souvent assimilé à une pouponnière des élites.

Les étudiants en examens peuvent rentrer par une porte annexe, a constaté une journaliste de l'AFP.