Afrique de l'Ouest et Sahel: pourquoi une recrudescence des coups d'État ?

L'Afrique semblait se diriger vers un régime civil doté d’institutions démocratiques et d’un système plus responsable et participatif. Après les récents coups d'État, ces acquis durement gagnés paraissent menacés. (AFP).
L'Afrique semblait se diriger vers un régime civil doté d’institutions démocratiques et d’un système plus responsable et participatif. Après les récents coups d'État, ces acquis durement gagnés paraissent menacés. (AFP).
Mohamed Toumba, l'un des soldats qui ont renversé le président nigérien Mohamed Bazoum, s'adresse aux partisans de la junte au pouvoir au Niger, à Niamey, le 6 août 2023. (Photo AP/fichier)
Mohamed Toumba, l'un des soldats qui ont renversé le président nigérien Mohamed Bazoum, s'adresse aux partisans de la junte au pouvoir au Niger, à Niamey, le 6 août 2023. (Photo AP/fichier)
Des partisans de la junte au pouvoir au Niger se rassemblent à Niamey le 3 août 2023, au début d'une manifestation qui appelle à lutter pour la liberté du pays et à s'opposer à l'ingérence étrangère. (Photo AP/fichier)
Des partisans de la junte au pouvoir au Niger se rassemblent à Niamey le 3 août 2023, au début d'une manifestation qui appelle à lutter pour la liberté du pays et à s'opposer à l'ingérence étrangère. (Photo AP/fichier)
Des partisans de la junte nigérienne participent à une manifestation devant une base de l'armée française à Niamey, au Niger, le 11 août 2023. (Reuters)
Des partisans de la junte nigérienne participent à une manifestation devant une base de l'armée française à Niamey, au Niger, le 11 août 2023. (Reuters)
Des partisans de la junte nigérienne participent à une manifestation devant une base de l'armée française à Niamey, au Niger, le 11 août 2023. (Reuters)
Des partisans de la junte nigérienne participent à une manifestation devant une base de l'armée française à Niamey, au Niger, le 11 août 2023. (Reuters)
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Publié le Vendredi 18 août 2023

Afrique de l'Ouest et Sahel: pourquoi une recrudescence des coups d'État ?

  • Le Niger, dernier pays de la région à connaître un coup d'État militaire, accuse un recul démocratique plus important
  • Les experts attribuent cette tendance aux griefs historiques, aux tensions ethniques, aux disparités économiques et aux influences extérieures

NAIROBI: Dans la vaste étendue semi-aride du Sahel de l'Afrique de l'Ouest, une série de coups d'État militaires a porté un coup dur à la stabilité politique et à la transformation démocratique de la région et a consacré une nouvelle ère d'incertitude et d'insécurité.

Le coup d'État du 26 juillet au Niger, le dernier en date dans la région, au cours duquel la garde présidentielle a chassé le président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum, a été rapidement condamné par la communauté internationale, notamment par l'Union africaine et par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest.

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Le président nigérien Mohamed Bazoum, que l'on voit ici s'adresser à la 77e session de l'Assemblée générale des nations unies, le 22 septembre 2022, est en détention depuis que des gardes présidentiels l'ont renversé, à la fin du mois dernier. (Reuters/photo fichier).

Des sanctions ont été prises à l'encontre de la nouvelle junte au pouvoir, dirigée par le général Abdourahamane Tchiani, mais les espoirs de voir revenir Bazoum au pouvoir s'amenuisent de jour en jour.

Le coup d'État a soulevé des questions sur la viabilité des transitions démocratiques en Afrique et sur la trajectoire des mouvements politiques dans la région.

La réalité, troublante, est que ces prises de pouvoir militaires ont fait dérailler les progrès démocratiques que de nombreuses nations africaines avaient laborieusement accomplis au cours de plusieurs décennies.

Avant cette récente vague de coups d'État, le continent semblait s'acheminer vers un régime civil doté d'institutions démocratiques et d'un système plus responsable et participatif. Ces acquis durement gagnés paraissent aujourd'hui menacés.

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Les combattants du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, que l'on voit sur cette photo publiée en août 1971, ont entamé une rébellion armée depuis 1956 pour l'indépendance de la République de Guinée-Bissau, une colonie portugaise. (Xinhua/AFP)

Après une baisse du nombre de coups d'État en Afrique depuis 2000, le Mali est devenu une exception avec la prise du pouvoir par les militaires en 2020.

Cependant, l'année 2021 a connu une augmentation significative de prises de pouvoir militaires, avec des coups d'État ou des tentatives au Tchad, en Guinée, au Soudan et au Niger. En 2022, cinq tentatives de coup d'État ont eu lieu, dont deux ont été couronnées de succès au Burkina Faso.

Les implications de ces événements dépassent les frontières des pays concernés. Elles provoquent une onde de choc sur l'ensemble du continent et suscitent des inquiétudes quant à la fragilité de la gouvernance démocratique en Afrique face à plusieurs menaces existentielles.

La communauté internationale s’attend désormais, avec un sentiment mélangé de consternation et d'appréhension, à ce que les interventions militaires deviennent plus fréquentes, ce qui met en doute la stabilité à long terme de nombreuses nations africaines.

Alors que les pays voisins et les institutions régionales doivent affronter les conséquences de ces coups d'État, il est essentiel de comprendre les défis singuliers qui attendent les nations africaines, en particulier celles de la région du Sahel.

Les experts estiment qu'il est important de s'attaquer aux causes profondes de l'instabilité politique, telles que les disparités socio-économiques, les menaces sécuritaires et l'héritage historique. Ils considèrent en outre que la coopération régionale et internationale doit jouer un rôle essentiel dans le soutien au rétablissement de la gouvernance démocratique et dans la prévention d’interventions militaires.

«Les récents coups d'État observés en Afrique sont orchestrés par des militaires opportunistes qui exploitent les vulnérabilités d’institutions faibles ainsi que les conditions de vie très précaires de leurs nations», explique à Arab News Gbenga Erin, un analyste de la Cédéao qui vit au Nigeria.

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Depuis que les pays d'Afrique de l'Ouest ont accédé à l'indépendance, le sous-développement économique et les griefs attribués par certains à la domination coloniale ont contribué à des coups d'État militaires successifs. (Fichier AFP).

Sur l'ensemble du continent, il existe un large consensus sur le fait que la démocratie offre la structure de gouvernance la plus favorable et qu'elle mérite d'être sauvegardée, ajoute-t-il.

Néanmoins, les problèmes persistants du terrorisme, de la corruption, de la médiocrité des infrastructures et de divers obstacles socio-économiques ont pour conséquence qu'une grande partie de la population africaine a essentiellement connu des degrés variés de privation.

Ces problèmes ont toujours servi de prétexte aux auteurs de coups d'État.

Les tendances démographiques ne font qu'amplifier ces défis. Le Niger est le pays dont la population croît le plus rapidement au monde – à un rythme supérieur à 3% par an.

La région du Sahel, où se déroulent ces incidents, compte actuellement environ 354 millions d'habitants, et la population de certains de ces pays devrait doubler, au minimum, d'ici à 2050.

D'ici là, l'Afrique comptera 40% de la population mondiale des jeunes âgés de 15 à 24 ans, ce qui entraînera dans les écoles et les universités une augmentation de la taille des classes qui dépassera la formation des enseignants.

Par conséquent, les jeunes entrent sur le marché du travail à un rythme bien supérieur à celui de la croissance des emplois disponibles.

Infographie tirée du document de discussion du groupe de la Banque mondiale, août 2016.

Les analystes estiment que l'incapacité des gouvernements régionaux à répondre aux attentes fondamentales de leurs populations telles que l'emploi, la sécurité physique, l'éducation et les soins de santé a contribué à la récente vague de coups d'État militaires.

«Les populations locales de ces pays attendent souvent beaucoup de l'amélioration de la gouvernance, du développement économique et de la sécurité», confie à Arab News Ovigwe Eguegu, analyste politique qui vit au Nigeria.

«En revanche, lorsque ces attentes ne sont pas satisfaites, le gouvernement en place peut susciter de la frustration, ce qui conduit certains à soutenir les interventions militaires qui promettent un changement.»

Alex de Waal, chercheur britannique spécialisé dans la politique des élites africaines, a fait valoir dans un article récent pour The New York Times que la réponse des pays développés était loin d'être adéquate.

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Un marchand ambulant attend des clients à Niamey, au Niger, le 14 août 2023. (Photo AP)

Selon lui, de nombreux pays d'Europe et du Moyen-Orient se sont plutôt concentrés sur la dissuasion des migrants de quitter l'Afrique plutôt que sur la création d'emplois qui les encourageraient à rester.

L'évaluation des progrès démocratiques en Afrique révèle un tableau contrasté de réussites et d'échecs. Malgré certaines avancées, le continent fait souvent un pas en avant et deux pas en arrière.

Des élections régulières coexistent avec des reculs démocratiques, l'institutionnalisation des partis politiques avec une corruption endémique, les libertés politiques avec des contraintes et des inégalités.

«Un grand nombre de ces gouvernements n'assurent pas les prétendus bénéfices de la démocratie tels que la sécurité, la prospérité économique, la protection des vies et des biens», indique à Arab News le Nigérian Christopher Ogunmodede, expert en affaires étrangères.

«Il ne suffit pas de faire la morale aux gens en leur expliquant pourquoi la démocratie est parfaite, etc. Les gens estiment volontiers qu'ils devraient avoir un gouvernement civil […], mais ils sont aussi convaincus que si les gouvernements civils ne fonctionnent pas, ils devraient être démis de leurs fonctions très rapidement.»

Pour Fidel Amakye Owusu, analyste ghanéen spécialiste des relations internationales et de la sécurité, les démocraties africaines doivent se réformer si elles veulent réussir.

«Les pays africains ont un besoin urgent de réformes pour renforcer la confiance et la légitimité des élections, alors que la corruption demeure un problème critique». Toutefois, seuls les gouvernements démocratiques sont en mesure d'améliorer la situation sur le terrain et de lutter contre l'extrémisme, précise-t-il à Arab News.

Cet homme se trouve devant un magasin situé dans la banlieue de Niamey, au Niger, le 14 août 2023. Les prises de pouvoir au Sahel sont liées à l'incapacité de nombreux gouvernements de la région d’assurer les prétendus bénéfices de la démocratie tels que la sécurité, la prospérité économique et la protection des vies et des biens. (AF/fichier)

Dans le même temps, les conditions dans lesquelles l'opposition politique peut demander des comptes aux partis au pouvoir n'ont pas toujours été propices au maintien de l'ordre politique démocratique, ce dont les acteurs armés peuvent tirer parti.

Par exemple, avant le coup d'État au Niger, la participation démocratique était relativement restreinte, explique M. Ogunmodede. Ce dernier évoque le cas du mouvement M26, qui était composé de plusieurs groupes de la société civile.

En 2022, le M26 a été empêché d'organiser une manifestation contre l'opération Barkhane, une mission française de contre-insurrection dans la région du Sahel, ce qui l'a contraint à se limiter à une campagne sur les médias sociaux.

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Des partisans de la junte nigérienne participent à une manifestation devant une base de l'armée française à Niamey, au Niger, le 11 août 2023. Les restrictions imposées aux groupes de la société civile nigérienne les auraient incités à soutenir le complot des militaires qui visait à renverser le gouvernement démocratiquement élu du pays. (Reuters/Mahamadou Hamidou).

Les analystes estiment que les réseaux sociaux ont permis la diffusion de fausses informations et de désinformations au sujet de la situation sécuritaire, sapant ainsi la confiance dans les institutions démocratiques de la région.

Alors que les commentateurs des médias sociaux affirment que la situation sécuritaire ne s'améliore pas, les experts considèrent que les opérations de lutte contre l'extrémisme menées par le Niger sont globalement plus efficaces que celles des autres pays de la région.

Beatrice Bianchi, experte du Sahel auprès de la Fondation Med-Or, un groupe de réflexion italien, qualifie les réseaux sociaux de «vecteurs de désinformation» dans les pays du Sahel. «Cela a augmenté les tensions, en particulier chez les jeunes, et cela a radicalisé les gens», explique-t-elle à Arab News.

Après avoir assisté au coup d'État dans la capitale Niamey, Mme Bianchi estime que les manifestations de soutien à la junte ne peuvent être considérées comme représentatives de la majorité de la population.

«La junte a violemment écrasé les manifestants anti-coup d'État puis elle a appelé d'autres personnes à venir les soutenir. Il ne s'agissait pas de manifestations spontanées au départ», indique-t-elle.

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Les forces de sécurité nigériennes lancent des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants en faveur de la junte qui s’étaient rassemblés devant l'ambassade de France à Niamey, le 30 juillet 2023. (Reuters).

Par ailleurs, jouer la carte de l'anticolonialisme peut être un outil politique très efficace, souligne M. Eguegu, car «l'héritage du colonialisme continue de ponctuer les discours dans tous ces pays».

«La lutte pour la décolonisation, associée aux inquiétudes relatives à l'influence étrangère, est un facteur important dans le paysage politique, tandis que la présence d'installations militaires étrangères destinées à combattre les extrémistes, les intérêts géopolitiques et les stratégies de sécurité régionale ajoute à la complexité de la situation», estime M. Eguegu.

Malgré les turbulences politiques observées en Afrique de l'Ouest, M. Owusu, l'expert ghanéen, insiste sur le fait que «le destin de l'Afrique est lié à celui de ses démocraties» et que «les peuples du continent méritent des dirigeants qui accordent la priorité à leur bien-être, promeuvent une gouvernance responsable et défendent les principes de la démocratie».

Par conséquent, la résurgence des coups d'État militaires nous rappelle de manière brutale que ces idéaux ne sont pas encore pleinement réalisés et qu’un effort commun est nécessaire pour protéger et nourrir les aspirations démocratiques des nations africaines.

C’est à cette condition que nous pourrons garantir que l'avenir du continent sera fait de progrès, de prospérité et d'une véritable représentation démocratique.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Pékin dit avoir « émis un avertissement » à un navire militaire américain en mer de Chine méridionale

Cette image tirée d'une vidéo diffusée le 30 avril 2024 par les garde-côtes philippins montre le navire des garde-côtes philippins BRP Bagacay (C) touché par des canons à eau provenant de navires des garde-côtes chinois près du banc de Scarborough contrôlé par la Chine dans les eaux contestées de la mer de Chine méridionale. Photo d'illustration. (AFP)
Cette image tirée d'une vidéo diffusée le 30 avril 2024 par les garde-côtes philippins montre le navire des garde-côtes philippins BRP Bagacay (C) touché par des canons à eau provenant de navires des garde-côtes chinois près du banc de Scarborough contrôlé par la Chine dans les eaux contestées de la mer de Chine méridionale. Photo d'illustration. (AFP)
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  • Pékin "a ordonné aux forces navales et aériennes de suivre et de surveiller le navire en conformité avec les lois et réglementations et a émis un avertissement afin de lui faire quitter" les lieux
  • Le destroyer américain à missiles guidés USS Halsey "s'est illégalement introduit dans les eaux territoriales de la Chine près des îles Xisha sans l'autorisation du gouvernement chinois"

PEKIN: La Chine a affirmé vendredi avoir suivi un bâtiment de la marine des Etats-Unis et "émis un avertissement" à son encontre près des îles Paracels dans les eaux disputées de la mer de Chine méridionale.

Pékin "a ordonné aux forces navales et aériennes de suivre et de surveiller le navire en conformité avec les lois et réglementations et a émis un avertissement afin de lui faire quitter" les lieux, a indiqué Tian Junli, porte-parole de la zone de commandement sud de l'armée chinoise, dans un communiqué.

Le destroyer américain à missiles guidés USS Halsey "s'est illégalement introduit dans les eaux territoriales de la Chine près des îles Xisha sans l'autorisation du gouvernement chinois", a écrit M. Tian en recourant à l'appellation chinoise des îles Paracels.

Ces îles sont également revendiquées par le Vietnam, et la souveraineté chinoise n'est pas reconnue internationalement.

"Les actions des Etats-Unis violent gravement la souveraineté et la sécurité de la Chine", a estimé le porte-parole.

M. Tian a accusé Washington de provoquer des "risques en matière de sécurité en mer de Chine méridionale" et d'être le "plus grand pourfendeur" de la paix et de la stabilité dans la région.

La marine des Etats-Unis a indiqué dans un communiqué que son bâtiment avait "fait valoir les droits et les libertés de navigation en mer de Chine méridionale près des îles Paracels".

"Au terme de l'opération, le USS Halsey (...) a continué ses opérations en mer de Chine méridionale", poursuit la marine, selon qui "les revendications illégales et généralisées en mer de Chine méridionale posent une grave menace pour la liberté".


Suède: des milliers de manifestants à Malmö contre la participation d'Israël à l'Eurovision

Le logo de l'émission de sélection allemande pour le Concours Eurovision de la chanson 2024 est photographié début février 2024 à Berlin. (Photo, AFP)
Le logo de l'émission de sélection allemande pour le Concours Eurovision de la chanson 2024 est photographié début février 2024 à Berlin. (Photo, AFP)
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  • La participation d'Israël au concours européen de la chanson, dont la finale se tiendra samedi à Malmö, a été contestée au vu de la guerre opposant Israël au Hamas à Gaza
  • La militante pour le climat Greta Thunberg, connue pour ses positions propalestiniennes, était dans le cortège, aux côtés de nombreuses familles

MALMO : Des milliers de personnes ont défilé jeudi calmement dans les rues de Malmö, en Suède, pour protester contre la participation d'Israël à l'Eurovision, à quelques heures de l'entrée du pays dans la compétition, selon une équipe de l'AFP sur place.

"Je suis fan de l'Eurovision et ça me fend le coeur mais je boycotte", explique à l'AFP Hilda, une Suédoise de 30 ans aux cheveux roses, qui ne souhaite pas donner son nom. "Je ne peux pas m'amuser en sachant qu'Israël participe, quand tout ces enfants meurent. Je pense que c'est injuste".

La participation d'Israël au concours européen de la chanson, dont la finale se tiendra samedi à Malmö, a été contestée au vu de la guerre opposant Israël au Hamas à Gaza, avec à travers l'Europe, plusieurs pétitions réclamant son exclusion.

Fin mars, les candidats de neufs pays, dont le Suisse Nemo, l'un des favoris, ont pour leur part appelé à un cessez-le-feu durable.

La candidate israélienne, Eden Golan, doit participer dans la soirée de jeudi avec "Hurricane" à la deuxième demi-finale.

"Ce n'est pas juste. A mon avis, s'ils peuvent écarter la Russie, pourquoi ne peuvent-ils pas le faire pour" Israël, s'interroge Marwo Mustafa, une jeune manifestante d'une vingtaine d'années.

En 2022, les sociétés russes de radiodiffusion avaient été exclues de l'Union européenne de radio-télévision (UER), qui chapeaute le concours, dans le sillage de la guerre en Ukraine.

"Les gens sont ici pour l'Eurovision, pour essayer de faire la fête. Il n'y a rien à célébrer", déplore Mustafa Mustafa, 29 ans. "Nous disons que nous sommes une démocratie, mais personne ne fait rien", ajoute-t-il, les épaules recouvertes d'un keffieh.

Partis de la grande place de Malmö, les manifestants, plus de 5.000 personnes selon l'équipe de l'AFP, ont défilé dans la grande artère piétonne de la ville, brandissant des drapeaux palestiniens.

Des panneaux et pancartes proclamaient "Libérez la Palestine", "EUR légitimise le génocide" ou "On ne peut laver en rose le colonialisme".

La militante pour le climat Greta Thunberg, connue pour ses positions propalestiniennes, était dans le cortège, aux côtés de nombreuses familles.

"A six et neuf ans, mes enfants ont maintenant un âge où ils veulent regarder l'Eurovision mais cette année on boycotte complétement", confie Cecilia Brudell, 31 ans.

10 des 16 candidats qui concourent jeudi soir retrouveront samedi en finale la Suède, tenante du titre, les "Big Five" - Allemagne, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni - plus gros contributeurs à l'organisation, et les 10 premiers qualifiés lors de la demi-finale de mardi.

 

 


Les forces nucléaires russes sont toujours prêtes au combat, prévient Poutine

Le président russe Vladimir Poutine passe devant une garde d'honneur alors qu'il assiste à une réunion avec le président cubain Miguel Diaz-Canel en marge des célébrations du Jour de la Victoire à Moscou le 9 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président russe Vladimir Poutine passe devant une garde d'honneur alors qu'il assiste à une réunion avec le président cubain Miguel Diaz-Canel en marge des célébrations du Jour de la Victoire à Moscou le 9 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Le président russe a supervisé le défilé militaire du 9 mai sur la place Rouge, pièce centrale du récit du Kremlin exaltant la puissance du pays
  • Plus de 9 000 militaires, selon les médias russes, des véhicules blindés, des lanceurs de missiles et des avions de combat y ont pris part

MOSCOU: Les forces nucléaires stratégiques russes sont "toujours" prêtes au combat, a souligné jeudi Vladimir Poutine lors de son discours pour célébrer la victoire soviétique contre Hitler, en pleines tensions liées au conflit en Ukraine.

Le président russe a supervisé le défilé militaire du 9 mai sur la place Rouge, pièce centrale du récit du Kremlin exaltant la puissance du pays. Plus de 9.000 militaires, selon les médias russes, des véhicules blindés, des lanceurs de missiles et des avions de combat y ont pris part.

"La Russie fera tout pour éviter un affrontement mondial. Mais, dans le même temps, nous ne permettrons pas que l'on nous menace. Nos forces (nucléaires) stratégiques sont toujours en alerte", a déclaré le président russe.

Il a récemment ordonné des exercices nucléaires tactiques impliquant des troupes stationnées près de l'Ukraine, face à des "menaces" occidentales.

Jeudi, Vladimir Poutine a affirmé que Moscou, qui se considère comme un contrepoids à l'influence anglo-saxonne, rejetait "la prétention à l'exclusivité" de tout gouvernement ou alliance.

Puis il a réaffirmé que la Russie vivait une "période difficile". "Le destin de la patrie et son avenir dépendent de chacun de nous", a-t-il lancé, en saluant les "héros" qui combattent pour Moscou sur le front.

Vladimir Poutine, 71 ans, présente l'assaut contre Kiev comme un conflit existentiel et promet à chaque occasion la "victoire" à ses concitoyens dans un combat contre un gouvernement ukrainien accusé d'être "néo-nazi".

Le chef du Kremlin mobilise de longue date la mémoire de la Seconde Guerre mondiale - qui a fait 27 millions de morts côté soviétique - pour se présenter en héritier de la puissance de l'URSS et légitimer son propre pouvoir.

Frappe ukrainienne à 1 200 km

Le défilé est au cœur de l'éducation patriotique du Kremlin, dénoncée comme militariste par l'opposition.

Elena Melikhova, 44 ans, venue voir la parade à Moscou avec son fils, a affirmé à l'AFP que ces commémorations sont "très importantes pour les générations futures": "C'est très touchant et très excitant. Et aussi très effrayant."

Le défilé sur la place Rouge de Moscou, n'a toutefois pas échappé aux retombées sécuritaires et diplomatiques de l'assaut contre Kiev.

Vladimir Poutine, isolé sur la scène internationale, n'a été entouré jeudi que de quelques chefs d'Etat alliés.

Parmi eux, les dirigeants du Bélarus, du Kazakhstan, de l'Ouzbékistan, du Tadjikistan, du Kirghizstan ou du Turkménistan, selon le Kremlin, ainsi que les présidents du Laos, de Cuba et de la Guinée-Bissau.

Certains défilés ont aussi été annulés pour des raisons de "sécurité", notamment dans des régions frontalières de l'Ukraine, régulièrement touchées par des frappes.

Au moins onze personnes ont ainsi été blessées dans la nuit de mercredi à jeudi dans une attaque ukrainienne sur la ville russe de Belgorod et ses environs, a annoncé le gouverneur régional.

L'Ukraine a par ailleurs revendiqué jeudi une frappe contre une raffinerie russe dans la région du Bachkortostan, à une distance record de 1.200 kilomètres de sa frontière, une attaque qui, selon les autorités locales, n'a pas fait de victimes.

Avancées sur le front

Contrairement à la même période l'année dernière, l'armée russe est en bien meilleure position sur le front: elle a bien subi d'importantes pertes et ne parvient pas à réussir de véritable percée sur le front en Ukraine, mais elle a enchaîné récemment les gains territoriaux face à des troupes ukrainiennes en difficulté.

La contre-offensive de Kiev a échoué et l'Ukraine craint désormais que son adversaire, qui dispose de plus d'hommes, d'équipements et d'une industrie militaire plus puissante, ne lance une opération d'ampleur à l'arrivée de l'été.

Lors d'une rencontre avec des combattants en Ukraine, diffusée jeudi, M. Poutine a demandé que les armements russes aient "toujours une longueur d'avance", reconnaissant également que Moscou parvenait à obtenir des technologies à usage militaire sur le marché international, malgré les sanctions occidentales.

Parallèlement, sur le plan intérieur, le pouvoir de Vladimir Poutine est plus incontesté que jamais. La répression a écrasé toutes les voix dissidentes. Son grand opposant, Alexeï Navalny, est mort mi-février en prison dans des circonstances floues.

Le président russe vient d'être réinvesti à la tête du pays jusqu'en 2030, avec la possibilité d'effectuer ensuite un autre mandat jusqu'en 2036.