Des Afghanes menacées par les talibans évacuées vers la France

Des jeunes filles afghanes lisent dans une bibliothèque de Jalalabad, le 30 août 2023. (Photo Shafiullah KAKAR / AFP)
Des jeunes filles afghanes lisent dans une bibliothèque de Jalalabad, le 30 août 2023. (Photo Shafiullah KAKAR / AFP)
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Publié le Lundi 04 septembre 2023

Des Afghanes menacées par les talibans évacuées vers la France

  • Elles sont pour l'instant cinq Afghanes, dont une accompagnée de trois enfants, qui doivent atterrir lundi après-midi à l'aéroport parisien de Roissy, plusieurs mois après avoir fui le régime taliban qui a repris le pouvoir en Afghanistan
  • Dès leur arrivée, ces femmes seront hébergées d'abord dans un centre de «transit» en région parisienne, enregistrées comme demandeuses d'asile puis orientées vers des hébergements «de longue durée»

PARIS: Une première modeste, mais symbolique. La France a accueilli lundi plusieurs Afghanes menacées par les talibans et exilées au Pakistan voisin, une opération d'évacuation réclamée de longue date par leurs soutiens qui appellent Paris à mettre en place un couloir humanitaire "féministe".

Sur ces cinq Afghanes, dont une accompagnée de trois enfants, quatre ont atterri lundi en début d'après-midi à l'aéroport parisien de Roissy, plusieurs mois après avoir fui le régime taliban qui a repris le pouvoir en Afghanistan à l'été 2021.

"Je ne réalise toujours pas, j'ai l'impression de rêver", a déclaré à l'AFP Hafsa (elle refuse de donner son nom), ex-enseignante de 28 ans, à son arrivée. A Kaboul, les talibans lui ont "demandé d'arrêter d'enseigner" et l'ont menacée d'emprisonnement, en cas de contact avec ses élèves, a-t-elle ajouté, émue et enfin "en sécurité".

Anciennes directrice de l'université des Sciences, consultante pour des ONG ou encore présentatrice de télévision, elles ont en commun de ne pas avoir pu bénéficier des ponts aériens vers les pays occidentaux lors de la chute du pouvoir aux mains des talibans. Et d'avoir dû fuir par leurs propres moyens vers le Pakistan, limitrophe.

"Selon les consignes données par le président de la République, une attention toute particulière est portée sur des femmes prioritairement menacées par les talibans parce qu'elles ont eu des positions importantes dans la société afghane (...) ou des contacts étroits avec les Occidentaux. C'est le cas des cinq femmes qui arrivent aujourd'hui", a déclaré à l'AFP Didier Leschi, directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii).

«Asile féministe​​»

Ces femmes ont été conduites vers un centre d'accueil en région parisienne et vont être enregistrées comme demandeuses d'asile puis orientées vers des hébergements plus pérennes, le temps que les autorités statuent sur leurs dossiers.

"A bas bruit, l'opération Apagan (d'exfiltration des Afghans vers la France) continue", a ajouté le préfet Didier Leschi, soulignant que de telles opérations étaient amenées "à se reproduire si d'autres femmes correspondant à ce profil ont trouvé refuge au Pakistan".

"Un dispositif d'asile féministe est donc possible", s'est félicitée lundi Solène Chalvon-Fioriti, co-pilote du collectif Accueillir les Afghanes, qui milite depuis plusieurs mois pour ces exfiltrations.

"Prochaine étape: sortir du compte-gouttes pour mettre en place un véritable sas humanitaire à l'attention de ces afghanes", a abondé l'ancienne ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem, désormais présidente de France terre d'asile, dont un centre accueillera ces femmes.

Pour l'heure, si ces arrivées constituent "une bonne nouvelle", elles ne sont toutefois "pas le fruit d'une décision politique", a déploré Delphine Rouilleault, autre responsable de l'ONG. Les évacuations ont été "obtenues de haute lutte" par des militants, a poursuivi la responsable, estimant à des centaines le nombre d'Afghanes toujours "cachées" au Pakistan.

«Délaissées»

A l'été 2021, le président Emmanuel Macron avait promis que la France resterait "aux côtés des Afghanes", en pleine opération d'évacuation - 15.769 personnes entre le printemps 2021 et fin juillet 2023, selon les autorités.

Deux ans plus tard, "les femmes seules et qui ne disposaient pas de l'entregent nécessaire, ont été largement délaissées", avait déploré fin avril dans une tribune au Monde le collectif Accueillir les Afghanes.

Depuis son retour au pouvoir, le régime taliban a progressivement réduit les droits des Afghanes qui ne peuvent plus être scolarisées après 12 ans, accéder aux universités ni aux parcs ou aux salles de sport.

Les femmes, qui doivent se couvrir entièrement à l'extérieur, n'ont en outre plus le droit de travailler pour les ONG et sont exclues de la plupart des postes de fonctionnaires.

Elles "se retrouvent sans rien", a attesté Najla Latif, l'une des Afghanes évacuées après avoir été la première femme à la tête d'une faculté dans le pays. "Nous n'avions plus d'avenir en Afghanistan", a-t-elle déploré, une fois en France.

L'évacuation opérée lundi sera-t-elle suivie d'autres, plus conséquentes ? Sollicités, ni le Quai d'Orsay, ni l'Elysée n'ont souhaité s'exprimer. Et sans prise de position, déplore France terre d'asile, l'opération n'a pas valeur d'"engagement de la France".


Le Pen exhorte ses troupes à se préparer à tout, y compris à une dissolution

French far-right Rassemblement National's parliamentary group President Marine Le Pen takes part in a 'national unity' convention between the Rassemblement National (RN) party and the Union des droites pour la Republique (UDR) party, at the National Assembly in Paris, on June 28, 2025. (Photo by Julie SEBADELHA / AFP)
French far-right Rassemblement National's parliamentary group President Marine Le Pen takes part in a 'national unity' convention between the Rassemblement National (RN) party and the Union des droites pour la Republique (UDR) party, at the National Assembly in Paris, on June 28, 2025. (Photo by Julie SEBADELHA / AFP)
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  • « Il serait assez dangereux, je crois, de se convaincre qu'il n'y aura pas de dissolution », a lancé la cheffe de file du RN, en ouvrant à l'Assemblée une « convention de l'Union nationale »
  • La présidente du groupe RN à l'Assemblée a revendiqué une « victoire stratégique », avec la « dislocation du bloc central »

PARIS : « Ne procrastinez pas ! » : Marine Le Pen a appelé samedi les parlementaires RN à se préparer aux prochaines batailles électorales, y compris à la possibilité d'une dissolution de l'Assemblée nationale en réponse à « l'affaissement parlementaire » du gouvernement.

« Il serait assez dangereux, je crois, de se convaincre qu'il n'y aura pas de dissolution », a lancé la cheffe de file du RN, en ouvrant à l'Assemblée une « convention de l'Union nationale », réunissant des parlementaires nationaux et européens de l'alliance RN-UDR, presque un an jour pour jour après le premier tour des dernières élections législatives.

La présidente du groupe RN à l'Assemblée a revendiqué une « victoire stratégique », avec la « dislocation du bloc central » réunissant les groupes de l'ancienne majorité (Renaissance-MoDem-UDR) et LR, qui « ne semble plus obéir à aucune direction » selon elle.

Eric Ciotti, patron de l'UDR, a lui lancé un appel aux électeurs et aux militants de son ancien parti LR : « Rejoignez-nous, l'espoir est là, le courage est là ». 

Brandissant « l'affaissement parlementaire » du binôme exécutif Emmanuel Macron-François Bayrou, la présidente du Rassemblement national a estimé que « le bloc central (...) ne pouvait pas laisser ce phénomène de délitement se prolonger indéfiniment ».

« Alors Emmanuel Macron peut être tenté de dissoudre », a ajouté Mme Le Pen, qui ne pourrait pas concourir aux législatives en attendant son procès en appel dans l'affaire des assistants d'eurodéputés FN.

À l'approche de la date du 8 juillet, à laquelle Emmanuel Macron récupérera son pouvoir de dissolution, elle a évoqué une « possibilité, pas une probabilité », ajoutant que « l'histoire ne repassera pas les plats : s'il y a une dissolution, nous devons l'emporter ».

« Nous sommes tous d'accord pour dire que ce gouvernement ne restera pas en place très longtemps, car il est frappé du sceau de l'impuissance », a ajouté Jordan Bardella, président du RN, avant l'ouverture de cette convention, à la fois anniversaire de l'alliance RN-UDR et journée de conférences avec des invités.

Selon une source au sein du groupe, les parlementaires devraient échanger notamment avec André Merlin, ingénieur et industriel, ancien patron de RTE, François Ecalle, haut fonctionnaire à Bercy spécialiste des finances publiques, ou encore le haut fonctionnaire Christophe Eoche-Duval, sur le thème de la simplification.


La France interdit de fumer sur les plages, dans les parcs et dans les abribus

Cette photographie montre un paquet de cigarettes sur une plage à Saint-Nic, dans l'ouest de la France, le 24 juin 2025. À partir du 1er juillet 2025. (Photo de Fred TANNEAU / AFP)
Cette photographie montre un paquet de cigarettes sur une plage à Saint-Nic, dans l'ouest de la France, le 24 juin 2025. À partir du 1er juillet 2025. (Photo de Fred TANNEAU / AFP)
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  • Cette interdiction, qui vise principalement à protéger les enfants du tabagisme passif, ne concerne pas les terrasses des cafés, des restaurants et des autres établissements similaires, et ne mentionne pas les cigarettes électroniques, selon ce texte.
  • Cette mesure avait été promise par le gouvernement à la fin de l'année 2023, puis confirmée par Catherine Vautrin fin mai, pour une entrée en vigueur initialement fixée au 1er juillet dans toute la France.

PARIS : Le décret étendant l'interdiction de fumer aux abribus, parcs et jardins publics, plages ainsi qu'aux abords des bibliothèques, piscines ou écoles a été publié samedi matin au Journal officiel, avec application dès dimanche.

Cette interdiction, qui vise principalement à protéger les enfants du tabagisme passif, ne concerne pas les terrasses des cafés, des restaurants et des autres établissements similaires, et ne mentionne pas les cigarettes électroniques, selon ce texte.

Un arrêté du ministre chargé de la Santé doit encore être publié pour définir les périmètres précis où il ne sera plus possible de fumer aux abords des écoles, bibliothèques, équipements sportifs et établissements destinés à l'accueil, à la formation ou à l'hébergement des mineurs. 

Cette mesure avait été promise par le gouvernement à la fin de l'année 2023, puis confirmée par Catherine Vautrin fin mai, pour une entrée en vigueur initialement fixée au 1er juillet dans toute la France.

Le non-respect de cette interdiction pourrait à terme être sanctionné par une contravention de quatrième classe, soit 135 euros, mais le ministère de la Santé avait évoqué fin mai devant la presse une période de « pédagogie ». Le décret paru samedi matin n'évoque toutefois pas de contravention en cas d'infraction.

« Là où il y a des enfants, le tabac doit disparaître », a déclaré fin mai Catherine Vautrin, plaidant que la liberté de fumer « s'arrête là où commence le droit des enfants à respirer un air pur ».

L'élargissement des espaces sans tabac faisait partie des mesures prévues par le Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2023-2027, présenté par Aurélien Rousseau, alors ministre de la Santé, avec l'ambition de « relever le défi d'une génération débarrassée du tabac dès 2032 ». 

Désireuses d'agir, 1 600 communes volontaires ont déjà élargi l'interdiction de fumer dans les lieux publics à des parcs, plages, pistes de ski, abords d'écoles, etc., soit 7 000 espaces sans tabac, dans le cadre d'expérimentations locales accompagnées par la Ligue contre le cancer.

Le décret paru samedi renforce par ailleurs les sanctions en cas de vente de produits du tabac et du vapotage aux mineurs, qui constitue désormais une contravention de cinquième classe (200 euros).


Macron face à la difficulté de faire aboutir ses initiatives diplomatiques

Le président français Emmanuel Macron tient une conférence de presse après les séances de travail du Conseil européen à Bruxelles, le 26 juin 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron tient une conférence de presse après les séances de travail du Conseil européen à Bruxelles, le 26 juin 2025. (AFP)
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  • Les efforts volontaristes d'Emmanuel Macron en faveur de l'Ukraine butent sur un dirigeant américain visiblement peu pressé d'imposer à la Russie ces "sanctions massives" que la France et ses alliés européens brandissent en vain
  • Le dirigeant français a dit "espérer" pouvoir convoquer à nouveau en juillet la conférence à l'ONU sur la solution dite "à deux Etats" qu'il doit coprésider avec l'Arabie saoudite

PARIS: Ils se sont reparlé. Emmanuel Macron et Donald Trump ont échangé jeudi, après leurs tensions publiques du G7 et un sommet de l'Otan sans tête-à-tête qui avaient semblé symboliser les difficultés du président français, engagé sur plusieurs fronts diplomatiques qui peinent à aboutir.

Lors du retour du tonitruant milliardaire à la Maison Blanche en janvier, "il y a eu un électrochoc du côté des Européens" et "Emmanuel Macron s'est posé en tête de file pour essayer de faire en sorte que cet électrochoc soit durable", analyse Lukas Aubin, de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

"On a l'impression en ce moment que le soufflé retombe", dit ce chercheur à l'AFP.

Selon lui, "le caractère imprévisible de Donald Trump rend les Européens un peu hésitants", oscillant entre la nécessité de prendre en main leur défense, comme le prône la France de longue date, et la tentation de s'en remettre encore un peu au soutien des Etats-Unis si leur président continue d'afficher de meilleures dispositions à leur égard, comme cette semaine à l'Otan.

Les efforts volontaristes d'Emmanuel Macron en faveur de l'Ukraine butent sur un dirigeant américain visiblement peu pressé d'imposer à la Russie ces "sanctions massives" que la France et ses alliés européens brandissent en vain depuis leur visite à Kiev le 10 mai.

Quant à ses mots très durs contre le blocus humanitaire israélien pour Gaza, ils ont été relégués au second plan par la guerre entre l'Iran et Israël, qui a surtout retardé sa grande initiative censée accélérer la création d'un Etat palestinien.

Le dirigeant français a dit "espérer" pouvoir convoquer à nouveau en juillet la conférence à l'ONU sur la solution dite "à deux Etats" qu'il doit coprésider avec l'Arabie saoudite. Mais plusieurs diplomates redoutent un coup d'épée dans l'eau si elle intervient à contre-temps.

- "Faits accomplis" -

Cette passe difficile a coïncidé avec un apparent refroidissement de sa relation avec Donald Trump, qui l'a publiquement rabroué en quittant le sommet du G7 au Canada, il y a dix jours.

"Volontairement ou pas, Emmanuel ne comprend jamais rien", avait lâché le républicain new-yorkais.

Le Français a eu beau minimiser une "péripétie", le sommet de l'Alliance atlantique qui a suivi cette semaine à La Haye n'a pas permis de mettre en scène cette complicité qu'il s'efforçait d'entretenir depuis le début de l'année. Le "tête-à-tête" espéré par Emmanuel Macron n'a pas eu lieu aux Pays-Bas, et aucune image des deux hommes côte-à-côte n'a filtré.

Au contraire, s'il a salué la "crédibilité" de Washington à la suite des frappes américaines "efficaces" sur le nucléaire iranien et du cessez-le-feu imposé à Israël et à l'Iran, le président français a été l'un des rares dirigeants l'Otan à élever le ton face à Donald Trump en lui disant que "se faire la guerre commerciale" entre alliés était "une aberration".

L'Elysée a donc tenu à faire savoir que le président américain avait finalement appelé jeudi son homologue français au téléphone pour un long entretien sur l'Ukraine et le Moyen-Orient.

A Paris, on s'agace aussi des commentaires qui ont accompagné le sommet de l'Otan, centrés sur les louanges flagorneuses du chef de l'Alliance Mark Rutte à l'égard de Donald Trump, et sur l'impression de marginalisation du dossier ukrainien.

L'entourage d'Emmanuel Macron préfère voir le verre à moitié plein d'une Europe qui se réarme enfin pour être plus indépendante, et d'un président américain qui a rencontré son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky sans dire non à un soutien accru.

Au sommet de l'Etat, on estime que jusqu'ici, la stratégie présidentielle a plutôt marché, permettant "d'empêcher" Donald Trump de "pousser l'Ukraine à la capitulation".

Mais depuis, les efforts pour mettre fin à cette guerre sont dans l'impasse.

"Macron a tenté de dire à Trump: +je te donne une carte à jouer avec la Russie+, mais le problème c'est que Trump ne veut pas jouer. Tant qu'il n'est pas prêt à faire pression sur Moscou, les cartes de Macron sont vaines", constate Célia Belin, cheffe du bureau parisien du Conseil européen pour les relations internationales (ECFR).

Pour cette chercheuse, le conflit Iran-Israël a montré que "Trump ne respecte que les faits accomplis qui lui apportent immédiatement un bénéfice sur le terrain". "Si la France et l'Europe arrivent à trouver une manière de changer la donne tout seuls, et que le président américain y voit un bénéfice, peut-être qu'il montera à bord."