«La roulette russe»: Les derniers habitants bravent les bombes dans l'est de l'Ukraine

Un sauveteur aide un résident local à sortir ses affaires d'un immeuble résidentiel de cinq étages partiellement détruit après que des attaques de drones ont fait deux morts et 19 blessés dans la ville de Soumy, dans l'est de l'Ukraine, le 3 juillet 2023 (Photo, AFP).
Un sauveteur aide un résident local à sortir ses affaires d'un immeuble résidentiel de cinq étages partiellement détruit après que des attaques de drones ont fait deux morts et 19 blessés dans la ville de Soumy, dans l'est de l'Ukraine, le 3 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 04 juillet 2023

«La roulette russe»: Les derniers habitants bravent les bombes dans l'est de l'Ukraine

  • Avdiivka est un endroit sinistre et dangereux, bombardé en moyenne 30 fois par jour, selon M. Barabach
  • Le principal refuge pour les derniers habitants est un abri souterrain où les bénévoles fournissent nourriture et boissons chaudes

AVDIIVKA: Viktor Grozdov était au fond du trou quand une équipe de l'AFP lui est venu en aide. C'était en avril. Le retraité de 77 ans avait glissé dans un cratère en rentrant des courses dans la ville d'Avdiivka, pilonnée par les Russes dans l'est de l'Ukraine.

"Je remontais l'avenue et j'ai pensé que j'allais vite contourner le cratère de bombe, ou d'obus je ne sais pas", se souvient M. Grozdov, assis aujourd'hui dans son appartement près du cinéma de la ville.

"J'ai trébuché et je suis tombé dedans. J'essayais d'en ressortir, mais la terre était meuble et s'effondrait sous mon poids. Je ne pouvais pas sortir du tout", ajoute-t-il.

Bien qu'il n'y plus un immeuble intact, plus d'eau ni d'électricité, 1.719 habitants vivent encore à Avdiivka, dont une majorité de personnes âgées, selon Vitaliy Barabach, le chef de l'administration militaire.

"Environ 60% sont des gens qui ont plus de 65 ans", dit-il.

Banlieue industrielle de la ville de Donetsk construite autour d'une énorme cokerie, Avdiivka est un endroit sinistre et dangereux, bombardé en moyenne 30 fois par jour, selon M. Barabach.

"Ces derniers mois, il n'y a pas eu un jour sans frappe aérienne ou de roquettes", souligne-t-il.

M. Grozdov, quant à lui, se munit d'un bâton pour sortir dans la rue et se cantonne aux chemins qu'il connaît bien.

En dépit de sa mauvaise vue qui rend la tâche encore plus périlleuse, le vieil homme est déterminé à rester là où sa femme et son fils sont enterrés.

«Mon âme est ici»

"Quoi qu'il arrive, je ne partirai pas", dit-il. "Mon âme est ici, pas dans la fuite. Je ne suis pas anxieux, j'ai accédé au calme". Toutes les fenêtres de son appartement ont été soufflées. L'une est voilée par un drap.

Il y a un poste de radio sur le lit, et dans la baignoire des bouteilles d'huile de tournesol et des conserves.Des bénévoles lui amènent de l'aide humanitaire et de l'eau, et il peut cuisiner sur un réchaud de camping.

Aux murs, des lambeaux de papier peint et des photos de famille un peu guindées. Quand les bombardements ont commencé, M. Drozdov dit qu'il s'est réfugié dans la salle de bain, et s'est parfois plaqué au sol.

L'Ukraine revendique de légers gains après des combats «difficiles»

L'Ukraine a revendiqué lundi avoir repris 37 km2 dans l'est et le sud après une semaine "difficile" dans le cadre de sa contre-offensive, tout en rapportant que les troupes russes étaient elles aussi à l'attaque sur d'autres secteurs du front.

Les forces ukrainiennes ont lancé début juin une opération d'envergure destinée à reprendre les territoires occupés par la Russie, mais les gains restent pour le moment limités du fait d'une puissante défense russe et d'un manque d'aviation et de munitions d'artillerie.

"La semaine dernière a été difficile sur le front, mais nous réalisons des progrès. Nous avançons pas à pas", a résumé le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Telegram.

Selon la vice-ministre de la Défense Ganna Maliar, l'armée ukrainienne a repris au cours des sept derniers jours 28,4 kilomètres carrés dans le Sud et 9 km2 dans l'Est, où elle combat notamment autour de la ville dévastée de Bakhmout.

Mais il semble qu'il ne prête plus attention au grondement des chars qui manoeuvrent dans la rue. Après que sa mère avait été tué quand il était encore un nourrisson, il a grandi dans un orphelinat à Donetsk. Il a ensuite travaillé toute sa vie dans la cokerie d'Avdiivka.

La vie n'a pas été tendre avec lui. Son fils, un toxicomane violent, l'a un jour frappé à la tête, lui faisant perdre la vue d'un oeil. Au rez-de-chaussée de l'immeuble, un obus est resté fiché dans le mur.

«La roulette russe»

Son voisin de 63 ans, Vitaliy Zemin, est à la cave, il sculpte des animaux en bois à la lumière d'une torche.

"Cela distrait des pensées qui ne nous quittent pas : sur les gens, l'Ukraine, pourquoi la paix ne se fait pas", dit-il.

Le principal refuge pour les derniers habitants est un abri souterrain où les bénévoles fournissent nourriture et boissons chaudes, et où l'on peut accéder au wi-fi, regarder la télévision et recharger un téléphone.

Une vingtaine de personnes sont là, pour la plupart portant des écouteurs et chargées de téléphones et tablettes.

Pavel, 65 ans, regarde les nouvelles de la guerre sur une tablette. Une branche de ses lunettes est cassée.

Il confie que cet abri est le seul endroit où il peut se détendre un peu.

"A la maison vous vous demandez si une bombe va frapper ou non - c'est comme à la roulette russe".

"Je suis parfois désespéré, j'irais jusqu'au bout du monde pour ne pas voir ces immeubles détruits", dit-il. Sa famille est partie mais il estime qu'il doit rester pour protéger sa maison des pillards.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.


Londres accuse Israël d'avoir refoulé deux députés travaillistes britanniques

Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy s'exprime lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 15 août 2024. (Photo d'archives AFP)
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy s'exprime lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 15 août 2024. (Photo d'archives AFP)
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  • Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a accusé  Dans la nuit de samedi à dimanche, Israël d'avoir refoulé deux députées travaillistes à leur entrée à l'aéroport international de l'État hébreu.
  • « Il est inacceptable, contre-productif et profondément inquiétant que deux membres du Parlement britannique, aient été interpellés et se soient vu refuser l'entrée par les autorités israéliennes », a tonné le chef de la diplomatie.

LONDRES : Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a accusé  Dans la nuit de samedi à dimanche, Israël d'avoir refoulé deux députées travaillistes à leur entrée à l'aéroport international de l'État hébreu, dans le cadre d'un voyage officiel.

« Il est inacceptable, contre-productif et profondément inquiétant que deux membres du Parlement britannique, dans le cadre d'une délégation parlementaire en Israël, aient été interpellés et se soient vu refuser l'entrée par les autorités israéliennes », a tonné le chef de la diplomatie dans un communiqué de son ministère publié sur X.

« J'ai clairement fait savoir à mes homologues du gouvernement israélien que nous n'accepterions pas un tel traitement réservé à des parlementaires britanniques avec qui nous sommes en contact et à qui nous apportons notre soutien », a insisté M. Lammy.

Le ministre a rappelé que « le gouvernement du Royaume-Uni restait focalisé sur la reprise du cessez-le-feu et des négociations pour mettre fin à l'effusion de sang, ainsi que sur la libération des otages et la fin du conflit dans la bande de Gaza ».

La diplomatie britannique n'a dévoilé aucun détail supplémentaire.

S'appuyant sur un communiqué du ministère israélien de l'Immigration cité par la chaîne de télévision Sky News, le journal The Guardian indique que les parlementaires refoulées à l'aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv, sont deux femmes, Yuan Yang et Abtisam Mohamed. Elles sont soupçonnées d'avoir voulu « documenter les activités des forces de sécurité (israéliennes) et diffuser une haine contre Israël ».

Mercredi dernier, Hamish Falconer, sous-secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, a dénoncé l'élargissement des opérations militaires d'Israël dans la bande de Gaza, se disant « profondément préoccupé » par la reprise des hostilités.

« La politique du gouvernement britannique et celle du gouvernement israélien diffèrent. Ces divergences persisteront jusqu'à ce que nous retrouvions la voie d'une solution à deux États », avait déclaré M. Falconer devant la commission des Affaires étrangères du Parlement britannique.