Méconnue, la «quatrième mafia» d'Italie est pourtant la plus violente

Cette photo aérienne montre une vue de Foggia le 7 mars 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 17 mars 2023

Méconnue, la «quatrième mafia» d'Italie est pourtant la plus violente

  • La plus jeune des mafias italiennes avait déjà mis en coupe réglée la grande province de Foggia: trafic de drogue, attaques à main armée, vols de voitures et extorsions
  • Il y a quatre ans, un crâne humain a été laissé devant un bâtiment municipal pour adresser un message au maire de Monte Sant'Angelo

FOGGIA: Il a fallu un pistolet chargé braqué sur la tempe de Lazzaro D'Auria pour que cet agriculteur des Pouilles, dans le sud de l'Italie, cède finalement aux exigences de la mafia.

Il avait pourtant résisté à plusieurs tentatives d'extorsion par le passé, des refus qui s'étaient soldés par des menaces et des dégâts causés à ses propriétés et récoltes, mais c'est une visite à l'aube d'une douzaine d'hommes dans ses champs de tomates, dont un chef armé, qui l'a finalement convaincu d'accepter de leur verser 150.000 euros par an.

Le lendemain, au lieu de s'exécuter et de payer, il est allé à la police, devenant l'une des rares victimes à porter plainte contre la mafia de la ville de Foggia, une organisation criminelle longtemps restée dans l'ombre mais qui est actuellement la plus violente de la péninsule.

"Si davantage d'habitants s'impliquaient, la mafia locale pourrait être affaiblie. Pendant 40 ans, la mafia de Foggia a fait ses affaires sans être dérangée, mais ces six-sept dernières années, elle a subi des revers", explique à l'AFP Lazzaro D'Auria, qui vit sous protection policière depuis 2017.

"Habitants de Foggia, portez plainte!" implore l'entrepreneur de 57 ans, qui voit dans les récents coups de filet de la police un signe que la mafia peut être combattue si les habitants réussissent à surmonter leurs peurs.

Longtemps sous-estimée et considérée comme un phénomène rural arriéré se limitant à des litiges sanglants entre clans, cette "quatrième mafia" - les trois autres étant la Cosa Nostra en Sicile, la 'Ndrangheta en Calabre et la Camorra de Naples - a finalement été prise au sérieux par les autorités.

La plus jeune des mafias italiennes avait déjà mis en coupe réglée la grande province de Foggia: trafic de drogue, attaques à main armée, vols de voitures et extorsions.

"C'est une mafia rudimentaire, primitive. Très violente, très agressive", analyse Ludovico Vaccaro, procureur de Foggia.

Alors que les principales mafias sont passées de modes d'action violents à des activités moins visibles et plus rentables, y compris au sein de l'économie légale, la mafia de Foggia en est encore à la première phase.

La «quatrième» mafia italienne - et les trois autres

Hollywood a rendu célèbre Cosa Nostra, la mafia sicilienne, mais l'Italie abrite d'autres organisations criminelles, dont la "quatrième mafia", établie dans les Pouilles (sud), la plus jeune et désormais la plus violente.

Voici les principales caractéristiques des quatre grands groupes mafieux italiens.

Cosa Nostra 

Quand la plupart des gens évoquent la mafia, ils pensent aux films "Le Parrain", inspirés par Cosa Nostra. Pendant des décennies, la mafia sicilienne a terrorisé l'Italie avec ses attentats et ses meurtres, dont les plus médiatisés sont ceux des juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino en 1992.

Mais ces attaques ont entraîné une répression féroce de l'État avec l'arrestation de ses chefs historiques, dont celle, en janvier, de Matteo Messina Denaro après 30 ans de cavale.

Au cours des dernières années, Cosa Nostra a adopté une stratégie moins sanguinaire pour infiltrer l'économie légale, l'administration publique et les entreprises locales, et a des liens à l'étranger, en particulier avec New York, selon le dernier rapport des enquêteurs anti-mafia italiens (DIA).

'Ndrangheta 

Enracinée dans la région pauvre de la Calabre (sud), la 'Ndrangheta, autrefois rurale, est considérée comme la mafia la plus riche et la plus puissante d’Italie, avec une extension mondiale croissante couvrant maintenant plus de 40 pays.

Le réseau de clans familiaux de la 'Ndrangheta est fortement impliqué dans le trafic de drogue, contrôlant la majeure partie de la cocaïne entrant en Europe.

Le groupe est un "partenaire privilégié" des producteurs de drogues sud-américains, selon la DIA.

Les profits illégaux de la drogue, de l'extorsion et de la participation à des marchés publics truqués sont blanchis et réinvestis dans l'économie légale, de l'immobilier au financement.

Si ses tueurs ont pu par le passé couler des victimes dans du ciment ou les dissoudre dans de l'acide, la 'Ndrangheta préfère désormais se faire discrète.

Un maxi-procès avec plus de 300 accusés, présumés membres ou proches de la 'Ndrangheta, s'est ouvert en 2021, dévoilant le réseau de politiciens, avocats et hommes d'affaires accusés de collusion avec la mafia.

Camorra 

La Camorra est active dans toute la région de Campanie et sa capitale Naples, avec ses clans contrôlant différentes zones géographiques.

La Camorra ne s'appuie pas sur le noyau familial comme au sein de la 'Ndrangheta, ce qui entraîne de fréquentes disputes entre les clans qui n'hésitent pas à utiliser des adolescents pour maintenir leur emprise sur Naples.

En dehors de l'Italie, la Camorra est devenue connue surtout à partir de 2006 et le livre de Roberto Saviano, "Gomorra", adapté au grand et petit écran, racontant les agissements de la mafia à Scampia, un quartier de Naples, autrefois considéré comme le plus grand marché de drogue en plein air d’Europe.

Outre le trafic de drogue, la participation aux appels d'offres ou l'infiltration d'institutions publiques locales, la Camorra a été fortement impliquée dans la gestion illégale de déchets toxiques qui ont pollué de vastes zones autour de Naples.

En dehors de l'Italie, la Camorra a la plupart de ses intérêts liés au trafic de drogue et au blanchiment d'argent en Espagne.

La mafia de Foggia 

Parfois appelée la "quatrième mafia" d'Italie, ce groupe criminel opérant dans la vaste province de Foggia dans la région méridionale des Pouilles est la plus jeune mafia du pays, tirant ses origines de la Camorra.

Aujourd'hui, les autorités la considèrent comme la mafia la plus violente d'Italie. Elle tire ses revenus de l'extorsion des entreprises et des agriculteurs locaux, du trafic de drogue arrivant d'Albanie ou encore des vols à main armée.

La mafia de Foggia a récemment réussi à infiltrer les institutions publiques, tandis qu'un taux élevé de délinquance juvénile a accru le sentiment d'insécurité des habitants de cette province.

«Des bataillons s'entretuent»

"Aujourd'hui, les mafias ont évolué, elles tirent moins de coups de feu, elles cherchent une stratégie plus discrète pour ne pas se faire remarquer", observe M. Vaccaro. "Alors que cette mafia tire des coups de feu et tue pour affirmer son emprise sur son territoire".

L'appellation "mafia de Foggia" est une formule attrape-tout rassemblant différents groupes impliqués dans plusieurs secteurs criminels.

La province de Foggia, qui s'étend du promontoire du Gargano surplombant l'Adriatique jusqu'aux plaines agricoles de l'intérieur des terres, figure à la troisième place pour ce qui est du taux d'homicide, et cinq des 16 meurtres commis l'an dernier sont liés à la mafia.

Des "bataillons" formés sur la base des liens familiaux contrôlant chacun une zone géographique coopèrent souvent entre eux et se partagent le produit de leurs extorsions pour payer leurs membres et soutenir ceux d'entre eux qui sont en prison.

"Quand des conflits naissent sur le partage de ces profits illicites (...) les bataillons s'affrontent et s'entretuent", explique un responsable de la police de Foggia, Mario Grassia.

Chaque groupe a sa spécialité, du vol armé de camions de marchandises dans la zone de Cerignola aux attaques à l'explosif contre les devantures de magasins ou les véhicules pour persuader leurs propriétaires hésitants de passer à la caisse dans la ville de Foggia.

Dans la zone de San Severo, les exploitants agricoles comme M. D'Auria découvrent souvent leurs oliviers abattus, leurs récoltes brûlées ou leur bétail volé.

Sur les côtes du Gargano, où débarquent aussi bien les touristes que les cargaisons de drogues en provenance d'Albanie, la mafia est particulièrement violente.

Il y a quatre ans, un crâne humain a été laissé devant un bâtiment municipal pour adresser un message au maire de Monte Sant'Angelo. La tête d'une chèvre transpercée d'un poignard a été adressée la même année à l'avocat de la mère d'une victime de la mafia portée disparue.

Selon les enquêteurs, la mafia dans le Gargano est connue pour tirer des coups de feu sur le visage de ses victimes, mais aussi abandonner les cadavres dans des grottes souterraines.

«Personne n'a parlé»

Durant une patrouille avec la police de Foggia, l'AFP a pu voir les traces des multiples crimes sanglants ayant terrorisé la population au fil des années.

Se succèdent ainsi l'endroit où l'entrepreneur de BTP Giovanni Panunzio a été tué par balles en 1992 pour avoir été le premier à dénoncer publiquement la mafia, la ferme abandonnée où la police a déjoué une attaque contre un homme d'affaires en 2022, ou encore le café dont le propriétaire a été tué en 2020 en recevant un coup de couteau à l'oeil lors d'un cambriolage en 2020. Mais il y a beaucoup d'autres endroits de ce genre.

"Actuellement, il n'y a pas de guerre de la mafia, mais des règlements de comptes", note un policier sous couvert d'anonymat.

En novembre, Nicola Di Rienzo, un jeune de 21 ans, a été tué de cinq balles dans un jardin public. Son assassin de 17 ans s'est rendu à la police quelques heures plus tard, mais entretemps "personne n'a parlé, personne n'a rien vu, personne n'a rien entendu", a-t-il raconté.

Le responsable policier Mario Grassia est particulièrement inquiet du fait que trois meurtres en 2022 ont été commis par des mineurs, dans un contexte de délinquance juvénile en pleine croissance.

"Ceux qui font partie de ces gangs d'adolescents ont des liens de parenté avec des personnes liées au crime organisé", observe-t-il.

Autre sujet de préoccupation: l'infiltration de la mafia dans les institutions publiques. Le conseil municipal de Foggia a été dissous en 2021 pour infiltration mafieuse et son maire a été arrêté pour corruption. Quatre autres conseils municipaux de la province ont été dissous depuis 2015.

Climat de peur 

Ces dernières années, plusieurs boss ont été incarcérés dans le cadre des tentatives des autorités pour reprendre à la mafia le contrôle du territoire, mais il reste encore beaucoup de travail à faire.

Le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi s'est rendu en février à Foggia pour rassurer la population, promettant de renforcer la sécurité, notamment grâce à l'installation de caméras de télésurveillance.

Mais selon le parquet, il faudrait aussi plus de policiers, de juges et de tribunaux pour lutter contre "le climat de peur et d'intimidation et la pauvreté socioculturelle".

La province ne compte qu'un seul tribunal, où 12.000 affaires criminelles sont en attente de jugement. "Sur ce vaste territoire, soit l'Etat contrôle la situation, soit ce sont les criminels qui le feront", avertit M. Vaccaro.

L'été dernier, des champs de céréales de M. D'Auria sont partis en flammes, de même que trois de ses tracteurs. Pire encore selon lui, sa banque a réduit de moitié ses lignes de crédit car il est considéré comme un client "à haut risque".

Il veut cependant voir des lueurs d'espoir dans les récentes arrestations et condamnations montrant que l'Etat se mobilise enfin contre cette mafia. "Je me sens beaucoup plus en sécurité qu'avant, mais la peur est toujours présente", confie-t-il.


L'IA devient menteuse et manipulatrice, ce qui inquiète les chercheurs

Un homme regarde sa montre à côté d'un panneau publicitaire pour l'intelligence artificielle (IA) lors du MWC (Mobile World Congress), le plus grand salon mondial dédié à la téléphonie mobile, à Barcelone, le 4 mars 2025. (Photo de Josep LAGO / AFP)
Un homme regarde sa montre à côté d'un panneau publicitaire pour l'intelligence artificielle (IA) lors du MWC (Mobile World Congress), le plus grand salon mondial dédié à la téléphonie mobile, à Barcelone, le 4 mars 2025. (Photo de Josep LAGO / AFP)
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  • Les derniers modèles d'intelligence artificielle (IA) générative ne se contentent plus de suivre les ordres ; ils vont même jusqu'à mentir, manigancer ou menacer pour parvenir à leurs fins.
  • Pour Simon Goldstein, professeur à l'université de Hong Kong, ces dérapages sont liés à l'émergence récente des modèles dits de « raisonnement », capables de travailler par étapes plutôt que de produire une réponse instantanée. 

NEW-TORK : Les derniers modèles d'intelligence artificielle (IA) générative ne se contentent plus de suivre les ordres ; ils vont même jusqu'à mentir, manigancer ou menacer pour parvenir à leurs fins, sous le regard inquiet des chercheurs.

Menacé d'être débranché, Claude 4, le dernier-né d'Anthropic, fait du chantage à un ingénieur et menace de révéler une liaison extraconjugale. L'O1 d'OpenAI essaie quant à lui de se télécharger sur des serveurs extérieurs et nie lorsqu'on le prend la main dans le sac.

Il n'est pas nécessaire d'aller fouiller dans la littérature ou le cinéma, l'IA qui se joue de l'homme est désormais une réalité.

Pour Simon Goldstein, professeur à l'université de Hong Kong, ces dérapages sont liés à l'émergence récente des modèles dits de « raisonnement », capables de travailler par étapes plutôt que de produire une réponse instantanée. 

O1, la première version du genre créée par OpenAI et sortie en décembre, « a été le premier modèle à se comporter ainsi », explique Marius Hobbhahn, patron d'Apollo Research, qui teste les grands programmes d'IA générative (LLM).

Ces programmes tendent également à simuler « l'alignement », c'est-à-dire à donner l'impression qu'ils se plient aux consignes d'un programmeur tout en poursuivant, en fait, d'autres objectifs.

Pour l'heure, ces traits se manifestent lorsque les algorithmes sont soumis à des scénarios extrêmes par des humains, mais « la question est de savoir si les modèles de plus en plus puissants auront tendance à être honnêtes ou non », estime Michael Chen, de l'organisme d'évaluation METR.

« Les utilisateurs poussent les modèles toujours plus loin », fait valoir Marius Hobbhahn. « Ce que nous observons est un vrai phénomène. Nous n'inventons rien. » 

Beaucoup d'internautes évoquent, sur les réseaux sociaux, « un modèle qui leur ment ou invente ». Et ce ne sont pas des hallucinations, mais une duplicité stratégique », insiste le cofondateur d'Apollo Research.

Même si Anthropic et OpenAI font appel à des sociétés extérieures, comme Apollo, pour étudier leurs programmes, « davantage de transparence et un accès élargi » à la communauté scientifique « permettraient d'améliorer les recherches pour comprendre et prévenir la tromperie », suggère Michael Chen.

Autre handicap, « le monde de la recherche et les organisations indépendantes disposent de beaucoup moins de ressources informatiques que les acteurs de l'IA », ce qui rend « impossible » l'examen de grands modèles, souligne Mantas Mazeika, du Centre pour la sécurité de l'intelligence artificielle (CAIS).

Si l'Union européenne s'est dotée d'une législation, celle-ci concerne surtout l'utilisation des modèles par des humains.

Aux États-Unis, le gouvernement de Donald Trump ne veut pas entendre parler de régulation et le Congrès pourrait même bientôt interdire aux États d'encadrer l'IA. 

« Il y a très peu de prise de conscience pour l’instant », constate Simon Goldstein. Il anticipe toutefois que le sujet s’imposera dans les mois à venir, notamment avec la révolution des agents IA : des interfaces capables d’exécuter seules une multitude de tâches.

Dans ce contexte de compétition féroce, les ingénieurs se trouvent engagés dans une course contre les dérives potentielles de l’intelligence artificielle, une course dont l’issue reste incertaine.

Simon Goldstein souligne qu’Anthropic, bien qu’elle se veuille plus vertueuse que ses concurrents, « essaye en permanence de sortir un nouveau modèle pour dépasser OpenAI ». Une telle cadence laisse peu de place aux vérifications et corrections nécessaires.

« En l’état, les capacités [de l’IA] se développent plus rapidement que la compréhension et la sécurité », reconnaît Marius Hobbhahn. Il reste néanmoins optimiste : « nous sommes toujours en mesure de rattraper notre retard ».

Pour certains, une piste prometteuse réside dans l’interprétabilité, cette science encore jeune qui tente de décrypter de l’intérieur le fonctionnement d’un modèle d’IA générative. D’autres, comme Dan Hendrycks, directeur du CAIS, demeurent sceptiques quant à son efficacité.

Les comportements trompeurs ou imprévisibles de l’IA pourraient freiner son adoption s’ils se multiplient, avertit Mantas Mazeika. Cela constitue, selon lui, « une forte incitation pour les entreprises [du secteur] à résoudre » ces problèmes.

Face aux risques, Simon Goldstein évoque le recours à la justice pour encadrer les débordements de l’IA, en tenant les sociétés responsables en cas de sortie de route. Il va même plus loin, en suggérant de « tenir légalement responsables » les agents IA eux-mêmes « en cas d’accident ou de crime ».


Trump affirme qu'il ne tolérera pas la poursuite du procès intenté à l'encontre de Netanyahu

Le président américain Donald Trump répond aux questions lors d'une conférence de presse sur les récentes décisions de la Cour suprême dans la salle de presse de la Maison Blanche, le 27 juin 2025 à Washington, DC. (Photo par JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)
Le président américain Donald Trump répond aux questions lors d'une conférence de presse sur les récentes décisions de la Cour suprême dans la salle de presse de la Maison Blanche, le 27 juin 2025 à Washington, DC. (Photo par JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)
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  • « Les États-Unis d'Amérique dépensent des milliards de dollars par an, bien plus que n'importe quelle autre nation, pour protéger et soutenir Israël », a écrit le président américain sur sa plateforme Truth Social.
  • Un tribunal israélien a rejeté la demande de Benjamin Netanyahu de suspendre pendant deux semaines ses auditions dans le cadre de son procès pour corruption.

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a déclaré samedi qu'il ne « tolèrera pas » la poursuite du procès pour corruption visant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont il avait déjà réclamé l'annulation.

« Les États-Unis d'Amérique dépensent des milliards de dollars par an, bien plus que n'importe quelle autre nation, pour protéger et soutenir Israël », a écrit le président américain sur sa plateforme Truth Social.

« Nous n'allons pas tolérer cela », a-t-il ajouté en référence au procès en cours dans ce pays.

Benjamin Netanyahu « est en train de négocier un accord avec le Hamas qui inclurait la libération des otages. « Comment se fait-il que le Premier ministre d'Israël soit contraint de rester toute la journée dans une salle d'audience ? », a poursuivi Donald Trump, avant de s'envoler pour la France.

Vendredi, un tribunal israélien a rejeté la demande de Benjamin Netanyahu de suspendre pendant deux semaines ses auditions dans le cadre de son procès pour corruption.

L'avocat du Premier ministre israélien avait demandé le report des auditions, devant reprendre la semaine prochaine, en invoquant les « développements dans la région et le monde », après la guerre avec l'Iran et le conflit à Gaza qui n'est pas près de prendre fin.

Il a par la suite soumis à la cour une nouvelle demande d'annulation des deux prochaines audiences.

Mercredi, Donald Trump avait déjà appelé à l'annulation du procès, qu'il avait qualifié de « chasse aux sorcières ». Il avait sinon préconisé qu'une grâce soit « accordée à un grand héros », au lendemain du cessez-le-feu entre Israël et l'Iran.

M. Netanyahu a nié toute malversation au cours du procès, reporté à plusieurs reprises depuis son ouverture en mai 2020.

Il est accusé, avec son épouse Sara Netanyahu, d'avoir accepté, en échange de faveurs politiques, des produits de luxe d'une valeur de plus de 260 000 dollars de la part de milliardaires, tels que cigares, bijoux et champagne.

Il est également accusé d'avoir tenté de négocier une couverture plus favorable dans deux médias israéliens dans deux autres affaires.


Trump assure qu'un cessez-le-feu à Gaza est "proche", peut-être dès "la semaine prochaine"

Un convoi de camions transportant de l'aide roule après être entré dans la bande de Gaza par le point de passage de Zikim, contrôlé par Israël, à l'ouest de Beit Lahia, dans le nord du territoire palestinien assiégé, le 25 juin 2025. (AFP)
Un convoi de camions transportant de l'aide roule après être entré dans la bande de Gaza par le point de passage de Zikim, contrôlé par Israël, à l'ouest de Beit Lahia, dans le nord du territoire palestinien assiégé, le 25 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump a assuré vendredi qu'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza était "proche" et pourrait intervenir dès "la semaine prochaine"
  • Il a par ailleurs abordé la question de l'aide humanitaire, sujet sur lequel le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a dénoncé vendredi un système "militarisé" de distribution qui "tue des gens"

Gaza, Territoires palestiniens: Donald Trump a assuré vendredi qu'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza était "proche" et pourrait intervenir dès "la semaine prochaine" pour mettre fin à la guerre dévastatrice qui fait rage depuis plus de vingt mois dans le territoire palestinien.

"Nous pensons que nous aurons un cessez-le-feu dès la semaine prochaine", a déclaré vendredi le président américain, qui avait déjà estimé mercredi que de "grands progrès" avaient été réalisés.

Il a par ailleurs abordé la question de l'aide humanitaire, sujet sur lequel le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a dénoncé vendredi un système "militarisé" de distribution qui "tue des gens".

"Nous fournissons, comme vous le savez, beaucoup d'argent et de nourriture à cette zone", a fait valoir Donald Trump, évoquant "ces foules de gens qui n'ont rien à manger".

Israël a imposé début mars au territoire palestinien un blocus humanitaire qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité. Celui-ci n'a été que partiellement assoupli fin mai, date à laquelle la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par Israël et les Etats-Unis, a commencé ses distributions dans des centres.

Washington a annoncé jeudi avoir débloqué 30 millions de dollars pour financer cette fondation, dont les opérations de distribution d'aide donnent lieu régulièrement à des scènes chaotiques et meurtrières, une situation dénoncée vendredi par

La Défense civile dans le territoire palestinien a annoncé vendredi la mort de 80 personnes dans des frappes ou tirs de l'armée israélienne, dont 10 tuées une fois de plus en attendant de l'aide humanitaire.

Jeudi, ce sont 65 Palestiniens qui avaient été tués par des tirs israéliens, selon les secours, dont sept venus chercher de l'assistance dans un centre de GHF.

"Les gens sont tués simplement en essayant de nourrir leurs familles et eux-mêmes. Aller chercher de la nourriture ne doit jamais être une condamnation à mort", a tonné devant la presse à New York le secrétaire général de l'ONU. La GHF a "fourni directement plus de 46 millions de repas aux civils palestiniens" depuis le début de ses distributions fin mai, a réagi le ministère israélien des Affaires étrangères, "pourtant, l'ONU fait tout ce qu'elle peut pour s'opposer à cet effort", et ce ce faisant elle "s'aligne sur le Hamas".

- "Simulacre de distribution" -

L'ONG Médecins sans frontières (MSF), présente à Gaza, avait réclamé plus tôt le démantèlement de la GHF, l'accusant d'être "un simulacre de distribution alimentaire qui produit des massacres à la chaîne".

Dans un communiqué, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté des "mensonges malveillants" du journal de gauche Haaretz, selon lequel des soldats auraient reçu ordre de tirer sur des civils désarmés attendant de recevoir cette aide humanitaire.

M. Netanyahu a rejeté tout aussi "catégoriquement les accusations odieuses de meurtre rituel" publiées dans le même journal.

Le "meurtre rituel" est une calomnie antisémite remontant au moins au Moyen-Age selon laquelle les juifs assassineraient des enfants non juifs pour les besoins de leur culte.

Sur les 80 personnes tuées vendredi, dix "attendaient de l'aide humanitaire" dans trois endroits différents du territoire palestinien, d'après un porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle examinait les informations de la Défense civile mais a nié catégoriquement que ses soldats aient ouvert le feu sur des personnes attendant de l'aide dans le centre de la bande de Gaza, où M. Bassal a fait état d'un mort.

Six autres ont perdu la vie dans le sud en tentant de gagner un site de distribution de colis-repas de la GHF, et trois en attendant de l'aide au sud-ouest de Gaza-ville (nord), toujours selon la Défense civile.

- 550 morts depuis fin mai -

Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, près de 550 personnes ont été tuées et plus de 4.000 blessées dans des queues immenses se formant en vue d'atteindre divers centres de distribution d'aide humanitaire depuis que la GHF y a commencé ses opérations fin mai.

Cette dernière nie que des tirs meurtriers surviennent à proximité immédiate de ses points de distribution.

Sur le terrain, les combats continuent de faire rage entre l'armée israélienne et les groupes armés palestiniens.

D'eux d'entre eux, les Brigades al-Qassam, branche armée du mouvement islamiste Hamas, et les Brigades al-Quds, branche armée du Jihad islamique, mouvement allié au Hamas, ont revendiqué des tirs contre des soldats israéliens.

Israël poursuit ses opérations à Gaza dans le cadre d'une offensive visant selon lui à anéantir le Hamas, en représailles à l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023.

Le 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

L'opération de représailles israéliennes a entraîné la mort de 56.331 Palestiniens, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.