Aux catastrophes au Maroc et en Libye, le Moyen-Orient répond par la solidarité

Des inondations ont renversé des véhicules et détruit des infrastructures dans la ville côtière méditerranéenne de Derna, dans l'est de la Libye, le 10 septembre 2023 (à gauche), deux jours après qu'un puissant tremblement de terre au Maroc a secoué la vieille ville de Marrakech (à droite) (Photos, AFP).
Des inondations ont renversé des véhicules et détruit des infrastructures dans la ville côtière méditerranéenne de Derna, dans l'est de la Libye, le 10 septembre 2023 (à gauche), deux jours après qu'un puissant tremblement de terre au Maroc a secoué la vieille ville de Marrakech (à droite) (Photos, AFP).
Des soldats jordaniens préparent un convoi d'aide humanitaire, le 13 septembre à Amman (Photo, AFP).
Des soldats jordaniens préparent un convoi d'aide humanitaire, le 13 septembre à Amman (Photo, AFP).
Les eaux de crue de la tempête méditerranéenne Daniel sont visibles dans la ville côtière libyenne de Derna, le 12 septembre 2023 (Photo, AP/Jamal Alkomaty).
Les eaux de crue de la tempête méditerranéenne Daniel sont visibles dans la ville côtière libyenne de Derna, le 12 septembre 2023 (Photo, AP/Jamal Alkomaty).
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Publié le Jeudi 14 septembre 2023

Aux catastrophes au Maroc et en Libye, le Moyen-Orient répond par la solidarité

  • Un séisme d'une magnitude de 6,8 a frappé les montagnes de l'Atlas marocain au sud de Marrakech vendredi, faisant près de 3 000 morts
  • Deux barrages fluviaux ont cédé dimanche dans la ville côtière de Derna, en Libye, faisant au moins 5 000 morts et des milliers de disparus

NAIROBI/LONDRES : L'Afrique du Nord a subi deux catastrophes en trois jours : un tremblement de terre dévastateur a frappé le Maroc vendredi, suivi d'inondations catastrophiques en Libye dimanche, faisant des milliers de morts et de nombreux disparus, ce qui a déclenché une intervention d'aide mondiale.

Dans la nuit de vendredi à samedi, un puissant tremblement de terre, d'une magnitude de 6,8, a frappé les hauteurs des montagnes de l'Atlas, à environ 70 km au sud de Marrakech, rasant des villages entiers, tuant au moins 2 900 personnes et laissant des milliers d'autres sans abri.

Dans la province marocaine d'Al-Haouz, des communautés agricoles isolées se sont retrouvées coupées du monde et nombre d'entre elles doivent se débrouiller seules. Il s'agit du tremblement de terre le plus meurtrier depuis 1960 et le plus puissant depuis plus d'un siècle dans ce pays d'Afrique du Nord.

Au moment même où les agences d'aide et les pays donateurs mettaient en place leur réponse à cette catastrophe, un autre désastre se produisait à l'est, dans une Libye déchirée par la crise, où la tempête Daniel a provoqué la rupture de deux barrages fluviaux dimanche après-midi.

L'énorme vague d'eau libérée par les barrages a frappé la ville côtière méditerranéenne de Derna, emportant bâtiments, véhicules et personnes dans la mer. Le nombre de morts confirmés a dépassé les 5 000 mercredi, et des milliers d'autres sont toujours portés disparus.

«La situation de la Libye est en dents de scie. Nous avons traversé tellement de choses – des conflits, des hauts et des bas politiques, et maintenant ces inondations qui ajoutent au chaos», a déclaré à Arab News, Mohammed Thabit, un journaliste libyen basé à Tripoli.

«Mais n'oubliez pas que nous sommes résilients. Nous avons affronté le pire et nous continuerons à nous battre pour un avenir meilleur, quels que soient les défis à relever», a-t-il ajouté.

Cette capture d'une vidéo publiée sur le compte Facebook du Croissant-Rouge libyen le 11 septembre 2023 montre des membres de leur équipe aidant des conducteurs dont les voitures sont englouties par les inondations dans la ville d'al-Bayda, dans l'est de la Libye (Photo, Basma Badran, Croissant-Rouge libyen via AFP).

La ville de Derna, située à 300 km à l'est de Benghazi, est entourée de collines et coupée en deux par ce qui est normalement un lit de rivière asséché en été, mais qui s'est transformé en un torrent d'eau boueuse en furie qui a également emporté plusieurs ponts importants.

Derna comptait environ 100 000 habitants et de nombreux bâtiments à plusieurs étages situés sur les rives du fleuve se sont effondrés, les habitants, leurs maisons et leurs voitures disparaissant dans les eaux en furie.

Des membres des services d'urgence travaillent près d'un bâtiment détruit par un puissant orage et de fortes pluies dans la ville de Derna, en Libye, le 12 septembre 2023 (Photo, capture d'écran d'une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par Ali M. Bomhadi/via Reuters).

«Face aux inondations dévastatrices en Libye, c'est un crève-cœur», a déclaré Thabit. «Nos barrages ont bénéficié d'un certain financement, mais il semble que certaines personnes se soient enfuies avec l'argent au lieu de réparer les choses. Les temps sont durs, mais nous sommes encore plus durs.»

Le Conseil présidentiel libyen a déclaré les villes de Derna, Chahat et Al-Bayda en Cyrénaïque, zones sinistrées et a demandé une aide internationale pour faire face aux effets des inondations causées par la tempête.

EN BREF

Un tremblement de terre de magnitude 6,8 s'est produit vendredi sur les hauteurs de l'Atlas marocain, à environ 70 km au sud de Marrakech, faisant au moins 2 900 victimes.

 

Dans la ville côtière libyenne de Derna, la tempête Daniel a provoqué la destruction de deux barrages fluviaux dimanche, faisant au moins 5 000 morts et des milliers de disparus.


L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte, l'Algérie, la Jordanie, l'Irak, le Koweït, la Tunisie et la Turquie ont proposé leur aide à la Libye et au Maroc.

La Libye est en effet sous le contrôle de deux administrations rivales : le gouvernement internationalement reconnu de Tripoli et les autorités basées avec le Parlement dans l'est.

«Les besoins humanitaires sont énormes et dépassent largement les capacités du Croissant-Rouge libyen et même celles du gouvernement», a déclaré Tamar Ramadan, présidente de la délégation de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge en Libye, dans un communiqué adressé aux Nations unies.

«C'est pourquoi le gouvernement de l'Est a lancé un appel international à l'aide», a-t-elle ajouté.

Selon les scientifiques, cette tempête n'est que le dernier événement météorologique extrême en date à présenter certaines caractéristiques du changement climatique (Photo, AP/Jamal Alkomaty).

Margaret Harris, porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé, a déclaré que les inondations avaient des proportions «énormes».

«De mémoire d'homme, il n'y a jamais eu de tempête de ce type dans la région, c'est donc un grand choc», a-t-elle indiqué.

L'inquiétude porte également sur les centaines de milliers de migrants et de réfugiés originaires de plus de 40 pays qui utilisent la Libye comme point de départ afin de rejoindre l'Europe et qui ont probablement été pris dans les inondations.

Des sauveteurs fouillent les décombres d'une maison endommagée par le tremblement de terre dans le village d'Imi N'Tala près d'Amizmiz au Maroc, le 13 septembre 2023 (Photo, AFP).

Face à l'inquiétude mondiale suscitée par ces deux catastrophes, plusieurs pays ont offert leur aide et déployé des équipes de secours à Derna et dans des villages isolés du Maroc afin d'aider les survivants et de récupérer les corps de leurs proches dans les décombres.

L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Égypte, l'Algérie, la Jordanie, l'Irak, le Koweït, la Tunisie et la Turquie ont offert leur aide. L'Arabie saoudite a exprimé mardi sa solidarité avec «la Libye et son peuple frère, ainsi qu'avec les victimes des inondations».

Le roi Salmane et le prince héritier, Mohammed ben Salmane, avaient auparavant ordonné l'envoi de vols d'aide au Maroc, et le prince héritier avait appelé le roi Mohammed VI pour affirmer la solidarité du Royaume avec le peuple marocain.

Des villageois et des sauveteurs récitent une prière devant le corps d’une victime du tremblement de terre dans le village d'Imi N'Tala près d'Amizmiz, le 13 septembre 2023 (Photo, AFP).

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a décrété un deuil de trois jours et ordonné au personnel militaire de fournir une aide humanitaire, notamment des équipes de secours, du matériel de sauvetage et des camps d'hébergement pour la Libye et le Maroc.

Le cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, président des Émirats arabes unis, a ordonné l'envoi de secours d'urgence et d'équipes de recherche et de sauvetage en Libye, en déployant deux avions d'aide transportant 150 tonnes de nourriture, de secours et de fournitures médicales.

Un vol koweïtien a décollé mercredi avec 40 tonnes de fournitures pour la Libye, tandis que la Jordanie a envoyé un avion militaire chargé de colis alimentaires, de tentes, de couvertures et de matelas.

Une femme réagit devant les décombres des bâtiments détruits à la suite du séisme meurtrier de magnitude 6,8 du 8 septembre dans le village d'Imi N'Tala près d'Amizmiz dans le centre du Maroc, le 10 septembre 2023 (Photo, AFP).

Rien de tout cela n’a nui à la réponse au séisme marocain. Des sauveteurs d'Espagne, du Royaume-Uni et du Qatar aident les équipes de recherche locales à retrouver des survivants.

De nombreux villageois marocains sont privés d'électricité et de réseau téléphonique depuis le tremblement de terre. Ils ont dû secourir des proches et retirer des cadavres de leurs maisons détruites sans aucune assistance.

Les Nations unies ont estimé que plus de 300 000 personnes, dont un tiers d'enfants, avaient été touchées par le puissant séisme qui s'est produit juste après 23 heures, alors que la plupart des familles dormaient.

Les Marocains ont fait preuve d'une résilience remarquable face à l'adversité, mais alors que les équipes de secours se livrent à une course contre la montre pour retrouver les survivants, les experts estiment que la priorité devrait être de rétablir un sentiment de normalité.

Une photo montrant l’ampleur des dégâts causés par le tremblement de terre qui a touché Marrakech (Capture d’écran).

«Si les bâtiments et les villes peuvent être reconstruits grâce aux efforts de reconstruction, c'est le retour à la normale pour les survivants qui constitue le plus grand défi», a déclaré Karim Wafa al-Hussaini, un historien ayant des racines au Maroc, à Arab News.

«Inculquer un nouveau sentiment de normalité au sein de la population sera certainement l'un des plus grands défis à relever pendant et après les projets de reconstruction», a-t-il souligné.

Le tremblement de terre a mis en évidence la fragilité des bâtiments des zones rurales du Maroc, construits selon les techniques traditionnelles amazighes. Le changement climatique a également laissé sa marque, rendant les structures plus vulnérables à la dévastation.

Fatima Ahouli, directrice des opérations de l'initiative Imal pour le climat et le développement, basée au Maroc, estime que ces derniers incidents soulignent la nécessité d'investir dans des infrastructures conçues pour faire face aux catastrophes naturelles et aux phénomènes météorologiques extrêmes.

«Cela implique la construction d'infrastructures robustes, telles que des établissements d'enseignement et des installations de soins de santé, capables de résister aux rigueurs des phénomènes météorologiques violents, tout en encourageant des pratiques de gestion durable des ressources», a-t-elle déclaré.

Le roi Mohammed VI du Maroc a lancé des estimations pour évaluer les dégâts structurels et la faisabilité de la reconstruction des régions les plus touchées. Néanmoins, les opérations de sauvetage ont fait l'objet de critiques alors que le nombre de morts ne cesse d'augmenter.

Pendant ce temps, à Marrakech, où l'aide de l'État aux survivants a été la plus immédiate, de nombreux bâtiments modernes ont été épargnés par les secousses. Plusieurs des célèbres sites historiques de la ville n'ont cependant pas eu cette chance.

«La fureur du tremblement de terre a principalement visé des bâtiments anciens, certains datant de plusieurs siècles, construits selon les méthodes traditionnelles de l'argile qui prévalaient autrefois à Marrakech», a déclaré à Arab News, Yassine Soussi Temli, associé directeur de la société d'investissement Maghreb Capital Advisers.

«Le patrimoine architectural caractéristique de la ville a subi les conséquences du tremblement de terre de plein fouet», a-t-il ajouté.

Les médias marocains ont confirmé l'effondrement de certaines parties de la mosquée de Tinmel. Les images qui circulent en ligne montrent des murs qui s'écroulent, une tour partiellement tombée et d'importants amas de débris.

L'Unesco a été informée des dégâts causés à la mosquée, qui avait été proposée pour figurer sur sa prestigieuse liste de sites du patrimoine mondial, et prévoit d'envoyer une équipe pour en évaluer les dégâts.

Si certaines structures de la vieille ville de Marrakech, elle-même classée au patrimoine mondial de l'Unesco, ont subi des dommages importants, d'autres sites vénérés ont été largement épargnés.

Un survivant du tremblement de terre en train d’accomplir sa prière devant une maison endommagée dans le village d'Ighermane près d'Adassil dans le centre du Maroc, le 13 septembre 2023 (Photo, AFP).

La place Jamaa Alfna, par exemple, une attraction touristique très animée qui regorge de marchés, de vendeurs ambulants et de jardins, semble avoir résisté à l'impact du tremblement de terre de manière relativement indemne.

La mosquée Koutoubia, qui se dresse au-dessus de la place, est également restée structurellement saine, bien que des fissures aient été signalées dans certaines parties des murs de terre rouge emblématiques de la vieille ville.

L'impact économique du tremblement de terre est multiple. Bien qu'étant une destination touristique majeure, Marrakech n'est pas le principal moteur de la croissance économique du Maroc. Ce rôle est réservé à l'axe Rabat-Casablanca, le moteur industriel du pays.

En outre, la région en plein essor de Tanger, avec son port prospère, promet un potentiel économique considérable.

Des personnes déplacées par le tremblement de terre transportent de l'aide humanitaire jusqu'à leurs tentes dans la ville d'Imi N'tala, près de Marrakech, au Maroc, le 13 septembre 2023 (Photo, AP /Mosa'ab Elshamy).

Le tremblement de terre aura inévitablement un impact sur l'économie de Marrakech, mais le gouvernement a insisté pour que les réunions annuelles du groupe de la Banque mondiale et du FMI se déroulent comme prévu du 9 au 15 octobre.

«La performance économique du Maroc, avant le tremblement de terre, avait démontré sa résilience face aux défis mondiaux», a souligné Temli. «Le pays avait surmonté la pandémie de la Covid-19 et géré les pressions inflationnistes avec un équilibre louable. Le Maroc est même devenu l'un des principaux bénéficiaires des investissements directs étrangers en Afrique du Nord.

«Je suis certain que le gouvernement mettra en place toutes les mesures nécessaires pour reconstruire rapidement la ville de Marrakech afin qu'elle puisse continuer à accueillir les millions de touristes qu'elle reçoit chaque année.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Koweït forme un nouveau gouvernement dirigé par Ahmad Abdallah al-Sabah

Une agente de sécurité surveille les lieux pendant que les députés assistent à une session parlementaire à l’Assemblée nationale de Koweït City. (AFP)
Une agente de sécurité surveille les lieux pendant que les députés assistent à une session parlementaire à l’Assemblée nationale de Koweït City. (AFP)
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  • Imad Mohammed Abdelaziz al-Atiqi, Anwar Ali Abdallah al-Moudhaf et Abdallah Ali Abdallah al-Yahya ont conservé, respectivement, leurs postes de ministres du Pétrole, des Finances et des Affaires étrangè
  • Cheikh Fahad Youssef Saoud al-Sabah a également conservé son poste de vice-Premier ministre et de ministre de l’Intérieur et de la Défense

RIYAD: Le Koweït a formé un nouveau gouvernement dirigé par Ahmad Abdallah al-Ahmad al-Sabah, rapporte dimanche l’agence de presse koweïtienne.

Imad Mohammed Abdelaziz al-Atiqi, Anwar Ali Abdallah al-Moudhaf et Abdallah Ali Abdallah al-Yahya ont conservé, respectivement, leurs postes de ministres du Pétrole, des Finances et des Affaires étrangères.

Cheikh Fahad Youssef Saoud al-Sabah a également conservé son poste de vice-Premier ministre et de ministre de l’Intérieur et de la Défense, tout comme le ministre de la Santé, le Dr Ahmad Abdelwahab Ahmad al-Awadi.

Abdelrahman Badah al-Moutairi a conservé son poste de ministre de l’Information et de la Culture, tout comme Adel Mohammad al-Adwani qui reste ministre de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.

Nora Mohammed al-Mashaan a conservé son poste de ministre des Travaux publics et des Affaires municipales.

Amthal Hadi al-Houwaïla occupe le poste de ministre d’État chargé de la Jeunesse et ministre des Affaires sociales, de la Famille et de l’Enfance.

Omar Saoud Abdelaziz al-Omar a été nommé ministre du Commerce et de l’Industrie et ministre d’État chargé des Affaires de communication.

Shereeda Abdallah al-Mouchejri occupe désormais le poste de vice-Premier ministre et ministre d’État chargé des affaires du gouvernement.

Mohammed Ibrahim al-Wasmi a été nommé ministre de la Justice et ministre des Awqaf et des Affaires islamiques.

Mahmoud Abdelaziz Bouchehri a été nommé ministre de l’Électricité, de l’Eau et des Énergies renouvelables et ministre d'État chargé du logement.

L’émir du Koweït, cheikh Michal al-Ahmad al-Sabah, a dissout le Parlement vendredi dans un discours télévisé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël annonce un nouveau point d'acheminement de l'aide dans le nord de Gaza

Des enfants palestiniens mangent du pain plat au sommet d'un véhicule chargé de biens alors qu'ils se préparent à fuir Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, vers une zone plus sûre, le 12 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant du Hamas (Photo, AFP).
Des enfants palestiniens mangent du pain plat au sommet d'un véhicule chargé de biens alors qu'ils se préparent à fuir Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, vers une zone plus sûre, le 12 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant du Hamas (Photo, AFP).
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  • Israël a aussi fermé durant trois jours le passage de Kerem Shalom entre Israël et le sud de la bande de Gaza
  • Défiant les mises en garde internationale, l'armée israélienne a entamé mardi une offensive sur la zone de Rafah

JÉRUSALEM: L'armée israélienne a annoncé dimanche l'ouverture d'un nouvel accès dans le nord de la bande de Gaza ravagée par sept mois de guerre, pour permettre l'entrée de l'aide humanitaire.

Peu après, un correspondant de l'AFP a vu une trentaine de camions chargés d'aide humanitaire et venant du nord du territoire entrer dans Gaza-ville, pour la première fois depuis le début de l'opération de l'armée israélienne dans le sud de la bande de Gaza, qui a coupé les principaux points d'entrée de l'aide dans le territoire palestinien.

Dimanche, "le passage d'+Erez-Ouest+ a été ouvert dans le nord de la bande de Gaza pour l'acheminement de l'aide humanitaire", dans le cadre des "mesures visant à accroître les itinéraires de l'aide vers la bande de Gaza, en particulier le nord" du territoire palestinien, a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.

Elle ajoute avoir coordonné l'acheminement de "dizaines de camions de farine depuis le port (israélien) d'Ashdod, pour le compte du PAM", le Programme alimentaire mondial de l'ONU.

Sollicités par l'AFP, ni le PAM ni le Cogat, organisme du ministère israélien de la Défense chargée de gérer les affaires civiles dans les territoires palestiniens occupés, n'ont répondu dans l'immédiat.

Population affamée 

Défiant les mises en garde internationale, l'armée israélienne a entamé mardi une offensive sur la zone de Rafah, localité du sud de la bande de Gaza.

Elle s'est emparée du côté palestinien du point de passage de Rafah, entre l'Egypte et la bande de Gaza, par où passait le carburant indispensable au fonctionnement des infrastructures palestiniennes et à la logistique des organisations humanitaires, aboutissant à son verrouillage de fait, Le Caire refusant depuis de coordonner avec Israël le passage de l'aide.

Israël a aussi fermé durant trois jours le passage de Kerem Shalom entre Israël et le sud de la bande de Gaza, principal point d'entrée de l'aide et l'a rouvert le 8 mai. Mais les agences humanitaires indiquent ne pas pouvoir venir y récupérer l'aide, faute de carburant et en raison des bombardements et combats dans la zone.

La bande de Gaza est dévastée par la guerre déclenchée le 7 octobre par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël ayant entraîné la mort, côté israélien, de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Durant l'attaque, plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 36 sont mortes, selon l'armée.

Depuis le 7 octobre, l'offensive israélienne sur la bande de Gaza a fait plus de 35.000 morts, majoritairement des femmes et des enfants, selon les dernières données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza.


L'Egypte va s'associer à l'Afrique du Sud dans sa saisine de la CIJ contre Israël

Le chef de l'église anglicane St.Michels à Umhlanga, Durban, Andrew Warmback assiste à une veillée nocturne de 12 heures à l'église anglicane St Michael's appelant à un cessez-le-feu permanent immédiat à Gaza et condamnant Israël pour son défi continu à l'égard de la Cour internationale de Justice (CIJ). (Photo, AFP).
Le chef de l'église anglicane St.Michels à Umhlanga, Durban, Andrew Warmback assiste à une veillée nocturne de 12 heures à l'église anglicane St Michael's appelant à un cessez-le-feu permanent immédiat à Gaza et condamnant Israël pour son défi continu à l'égard de la Cour internationale de Justice (CIJ). (Photo, AFP).
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  • Dans un communiqué, le Hamas se dit «reconnaissant de l'annonce de l'Egypte» sur la CIJ
  • C'est la troisième fois que Pretoria demande des mesures supplémentaires à la plus haute juridiction de l'ONU

LE CAIRE: L'Egypte a annoncé dimanche son intention de s'associer à l'Afrique du Sud dans sa récente demande à la Cour internationale du justice (CIJ) d'imposer de nouvelles mesures d'urgence à Israël, d'après un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Une décision qui intervient "à la lumière de l'augmentation de la gravité et de l'étendue des attaques israéliennes contre les civils palestiniens dans la bande de Gaza", le ciblage systématique par Israël "des civils et la destruction des infrastructures" et son incitation "au déplacement des Palestiniens", d'après la même source.

Dans un communiqué, le Hamas se dit "reconnaissant de l'annonce de l'Egypte" sur la CIJ.

Le mouvement islamiste palestinien appelle "les pays arabes et musulmans et tous les pays à travers le monde à prendre des mesures similaires pour soutenir la cause palestinienne en se joignant aux actions judiciaires" contre Israël, "à couper toute relation avec lui" et "à l'isoler sur le plan international".

Troisième tentative 

C'est la troisième fois que Pretoria demande des mesures supplémentaires à la plus haute juridiction de l'ONU, après l'avoir saisie fin décembre, accusant Israël de perpétrer un "génocide" à Gaza, une accusation démentie avec véhémence par Israël.

La situation "résultant de l'attaque israélienne contre Rafah" occasionne selon l'Afrique du Sud "de nouveaux développements qui causent un préjudice irréparable aux droits du peuple palestinien de Gaza", a déclaré vendredi Pretoria, selon un communiqué de la CIJ.

L'Afrique du Sud demande notamment à la CIJ d'enjoindre Israël de garantir qu'il se "retirera immédiatement et cessera son offensive militaire dans le gouvernorat de Rafah", indique la requête, et "prendra immédiatement toutes les mesures efficaces pour garantir et faciliter l'accès sans entrave à Gaza" de l'assistance humanitaire.

L'Egypte a été le premier pays arabe à conclure un accord de paix avec Israël en 1979. Elle joue souvent un rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien, y compris dans la guerre actuelle.

Elle partage également avec Gaza la seule frontière du petit territoire assiégé qui ne soit pas sous contrôle direct d'Israël.

Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l'est de Rafah et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitaire.

Depuis lors, l'Egypte refuse de coordonner avec Israël l'entrée de l'aide dans la bande de Gaza.

Le Caire a mis en garde à plusieurs reprises contre l'escalade en cours depuis que les négociateurs israéliens et palestiniens ont quitté l'Egypte, mettant fin à des discussions ayant échoué à parvenir à une trêve.