La paix fragile du Soudan du sud mise en péril par le chaos qui règne au Soudan

Les gens fuient la violence au Soudan en utilisant des camions, des bus, des voitures et des charrettes tirées par des chevaux. L'exode menace d'aggraver la situation déjà désastreuse des camps de réfugiés dans le Soudan du sud voisin (Photo, AFP).
Les gens fuient la violence au Soudan en utilisant des camions, des bus, des voitures et des charrettes tirées par des chevaux. L'exode menace d'aggraver la situation déjà désastreuse des camps de réfugiés dans le Soudan du sud voisin (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 30 avril 2023

La paix fragile du Soudan du sud mise en péril par le chaos qui règne au Soudan

  • Les responsables gouvernementaux et militaires se méfient des coûts économiques et sécuritaires d'une crise prolongée dans le nord du pays
  • Les analystes estiment que d'anciens groupes rebelles pourraient être entraînés dans le conflit, ce qui mettrait en péril la paix fragile qui règne dans le pays

JUBA, Sud-Soudan: Le gouvernement du Soudan du sud a exprimé sa profonde inquiétude face aux combats qui se déroulent dans le Soudan voisin; il craint qu'ils ne traversent la frontière et ne menacent son fragile processus de paix.

Le conflit entre l'armée soudanaise et un groupe paramilitaire à Khartoum a suscité des inquiétudes quant à l'éventualité d'une véritable guerre civile, qui pourrait affecter le Soudan du sud voisin.

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Les camps de personnes déplacées au Soudan du sud, comme celui-ci dans la ville de Bentiu, au nord du pays, risquent d'être envahis par des personnes fuyant la guerre au Soudan voisin (Photo, AFP).

De multiples tentatives de trêve ont eu lieu depuis que les combats ont éclaté le 15 avril entre l'armée soudanaise dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan et les forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) commandées par son adjoint devenu rival, Mohamed Hamdan Dagalo.

En tant que voisins proches, avec une longue histoire de conflits et d'interdépendance, toute instabilité ou escalade de la violence au Soudan est susceptible de se propager au Soudan du sud, avec des conséquences potentiellement désastreuses.

L'une des principales préoccupations des responsables sud-soudanais est l'impact économique potentiel d'un conflit prolongé au nord.

Le Soudan exporte du pétrole brut produit par le Soudan du sud. Toute perturbation de cet accord commercial pourrait entraîner une instabilité économique pour la jeune république, qui a déjà subi les effets des récents soulèvements tribaux dans l'est du Soudan.

 

EN CHIFFRES

2011: Le Soudan du sud a obtenu son indépendance le 9 juillet.

11 millions: Estimation du nombre de citoyens sud-soudanais ayant besoin d'une aide humanitaire.

1 600 dollars américains: Produit intérieur brut réel par habitant (2017)

Ce vendredi, le prix des exportations de pétrole du Soudan du sud est passé de 100 dollars américains (1 dollar américain = 0,90 euro) le baril à 70 dollars. Michael Makuei, ministre de l'Information du pays, a accusé les compagnies pétrolières d'exploiter la crise pour faire baisser les prix. Les experts estiment que la situation au Soudan pourrait avoir des répercussions à long terme sur l'industrie pétrolière du Soudan du sud.

«La situation est alarmante car si la situation au Soudan devient incontrôlable, ça sera un très gros problème pour nous ici et c'est pour cette raison que le président Salva Kiir a appelé à un cessez-le-feu afin que le Soudan retrouve une situation normale», a déclaré à Arab News, Deng Dau Deng Malek, ministre des Affaires étrangères par intérim.

«Le Soudan du sud est très préoccupé par la situation au Soudan, notamment en raison de notre frontière commune et de nos liens historiques. Toute escalade du conflit au Soudan pourrait avoir de graves conséquences pour notre pays», a-t-il expliqué.

Le major-général Charles Machieng Kuol, officier supérieur au Soudan du sud, s'est également exprimé sur les dommages potentiels qu'un conflit prolongé pourrait causer, soulignant la nécessité d'une stabilité dans la région.

«Nous disposons de forces qui ont déjà été déployées le long des frontières», a-t-il déclaré à Arab News. «Notre pays se prépare actuellement à protéger ses frontières, car nous ne voulons pas que cette guerre s'étende sur notre territoire.»

Le Soudan a connu plusieurs guerres civiles depuis qu'il a obtenu son indépendance de la Grande-Bretagne et de l'Égypte en 1956.

Sa première guerre civile nord-sud a éclaté quelques mois avant l'indépendance, le 1er janvier 1956, et a duré jusqu'en 1972. Elle a opposé les gouvernements successifs du nord dominé par les musulmans aux rebelles séparatistes du sud, majoritairement chrétiens.

Le conflit, qui a duré 17 ans, s'est terminé par un traité accordant l'autonomie au sud. Cependant, l'accord s'est effondré en 1983, après 11 ans de paix relative, lorsque le président Gaafar al-Nimeiri, a décidé de révoquer le statut d'autonomie du sud.

La deuxième guerre civile du Soudan a éclaté en 1983 à la suite d'un soulèvement du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan, dirigé par John Garang. En 1989, Omar el-Bachir a pris le pouvoir à la suite d'un coup d'État et a réprimé la rébellion sudiste.

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Omar el-Bashir, l'ancien président du Soudan, agite une canne lors d'une visite à Nyala, la capitale de la province de Darfour du sud, le 21 septembre 2017. Il était accompagné du commandant paramilitaire Mohamed Hamdan Daglo (Photo, AFP).

La guerre a pris fin le 9 janvier 2005, lorsque Garang a signé un accord de paix avec le gouvernement d'El-Bachir. La pierre angulaire de l'accord était un protocole accordant au pays six ans d'autonomie avant un référendum prévu en 2011 sur le maintien dans le Soudan ou la sécession.

Le Soudan du sud a proclamé son indépendance le 9 juillet 2011, divisant en deux le plus grand pays d'Afrique. Au moment de la séparation du Soudan du sud, le conflit a repris dans les monts Nouba et le Nil Bleu, dans les zones tenues par les anciens guérilleros, aujourd'hui appelés Mouvement populaire de libération du Soudan du Nord (SPLM-Nord), au sein de l'État fédéré du Soudan. 

La présence de ces anciens rebelles sud-soudanais à proximité de la frontière commune complique la crise actuelle, car ils pourraient facilement être entraînés dans le conflit.

Manasseh Zindo, analyste indépendant du Soudan du sud et ancien délégué au processus de paix au Soudan du sud, estime que l'implication de ces chefs rebelles pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la sécurité du Soudan du sud.  

«Malik Agar est le chef du SPLM-Nord. Il est originaire de l'État du Nil Bleu, près des monts Nouba au Soudan. Il a fait partie du Soudan du sud pendant la lutte de libération», a déclaré Zindo à Arab News.

«Après la sécession du Soudan du sud, le tracé de la frontière l'a placé au Soudan. Il fait désormais partie du gouvernement souverain de Khartoum. S'il prend parti dans le conflit actuel au Soudan, celui-ci pourrait s'étendre au Soudan du sud en raison de ses liens avec ce dernier.» 

Le général Simon Gatwech Dual et le général Johnson Olony, deux responsables militaires du Soudan du sud qui ont changé d'allégeance entre différentes factions, sont également basés près de la frontière soudanaise. 

Les deux hommes sont des dirigeants du SPLM-IO Kitgwang, une faction qui s'est séparée du SPLM-IO de Riek Machar.

«Si les généraux Simon et Johnson sont entraînés dans le conflit soudanais, celui-ci peut se propager au Soudan du sud, avec des conséquences catastrophiques pour la sécurité du Soudan du sud», a signalé Zindo.  

Le gouvernement du Soudan du sud est désormais en état d'alerte et a demandé aux citoyens vivant à proximité de la frontière d'être vigilants et de signaler toute activité suspecte. Il a également appelé à une résolution pacifique du conflit au Soudan, ajoutant qu'il était prêt à jouer le rôle de médiateur si les deux parties étaient d'accord.

«Le président Salva Kiir a appelé à un cessez-le-feu et à la cessation des hostilités pour que l'aide humanitaire parvienne aux personnes dans le besoin», a indiqué Deng Malek, ministre des Affaires étrangères par intérim.

«Il a parlé directement au président Al-Burhan et au vice-président Mohamed Hamdan Dagalo à plusieurs reprises pour leur demander de respecter la cessation des hostilités et de revenir à la table des négociations.»

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Le président sud-soudanais Salva Kiir Mayardit est assis à côté du   général Abdel Fattah Al-Burhane  (Photo, AFP).

Les Nations unies et d'autres organismes internationaux ont également exprimé leur inquiétude quant à la situation au Soudan et à son impact potentiel sur le Soudan du sud. L'agence des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, affirme que le conflit au Soudan a déjà forcé des milliers de personnes à fuir vers le Soudan du sud, aggravant une situation humanitaire déjà désastreuse.  

Le Soudan du sud se remet encore d'une guerre civile de six ans qui s'est achevée en 2018 et qui a fait plus de 380 000 morts et a déplacé des millions de personnes. Le pays essaye désormais de mettre en œuvre un accord de paix signé en septembre 2018, mais les progrès sont lents, des affrontements sporadiques étant signalés dans différentes régions du pays.  

Alors que la situation se détériore, les réfugiés soudanais affluent vers le Soudan du sud en traversant la frontière. Les agences d'aide internationale appellent à une action urgente afin d’éviter une catastrophe humanitaire.

Selon le HCR, il y a actuellement plus de 800 000 réfugiés sud-soudanais au Soudan, dont un quart se trouve à Khartoum et est directement touché par les combats.

L'Égypte, pays voisin du Soudan, a déclaré jeudi qu'au moins 14 000 réfugiés soudanais avaient franchi sa frontière depuis le début des combats, ainsi que 2 000 personnes originaires de 50 autres pays.

Au moins 20 000 personnes ont fui vers le Tchad, 4 000 vers le Soudan du sud, 3 500 vers l'Éthiopie et 3 000 vers la République centrafricaine, selon les Nations unies qui préviennent que si les combats se poursuivent, jusqu'à 270 000 personnes pourraient fuir le Soudan.

Gavin Kelleher, analyste humanitaire pour le Conseil norvégien pour les réfugiés au Soudan du sud, a déclaré que le pays était mal préparé à absorber l'afflux des réfugiés attendu en provenance du nord.

Il a indiqué: «Le nombre de nouveaux réfugiés n'est pas encore clair, mais il est très probable qu'il continue d'augmenter dans les prochaines semaines et il est vraiment important que nous mettions les choses en place dès maintenant pour une réponse humanitaire efficace», a déclaré Kelleher à Arab News.

«On estime qu'environ 75% de la population du Soudan du sud a déjà besoin d'une aide humanitair, et la majorité du pays connaît des niveaux d'insécurité alimentaire d'urgence ou critiques», a-t-il expliqué.

Kelleher a soutenu: «D'autres chocs, tels que les vagues de nouveaux réfugiés en provenance du Soudan, mettent à rude épreuve les ressources limitées disponibles.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 


Israël refuse l'entrée à Jérusalem aux chrétiens palestiniens qui célèbrent le dimanche des Rameaux

Une pèlerine chrétienne entre dans l'église du Saint Sépulcre le dimanche des Rameaux à Jérusalem, le 13 avril 2025. (AFP)
Une pèlerine chrétienne entre dans l'église du Saint Sépulcre le dimanche des Rameaux à Jérusalem, le 13 avril 2025. (AFP)
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  • Les restrictions israéliennes aux points de contrôle autour de Jérusalem obligent les Palestiniens à parcourir de longues distances pour se rendre sur leur lieu de travail. 
  • Les Palestiniens doivent obtenir des permis de sécurité pour accéder aux sites religieux. Seuls 6 000 permis ont été délivrés aux 50 000 chrétiens de Cisjordanie cette année.

LONDRES : Les autorités israéliennes ont empêché les fidèles chrétiens palestiniens de la Cisjordanie occupée d'entrer à Jérusalem pour participer à la fête des Rameaux.

Selon l'agence de presse Wafa, les autorités israéliennes ont imposé des restrictions strictes à Jérusalem ce week-end, limitant l'accès des chrétiens palestiniens à la ville.

Seul un nombre limité de fidèles, principalement des résidents de Jérusalem et des citoyens palestiniens d'Israël, ont pu assister aux services religieux à l'église du Saint-Sépulcre, a ajouté l'agence de presse. 

Le dimanche des Rameaux marque le début de la semaine sainte qui précède Pâques. Il commémore l'entrée de Jésus-Christ à Jérusalem et est célébré par les églises chrétiennes orientales et occidentales.

Dimanche, le patriarche Theophilos III de l'Église orthodoxe grecque et le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin, ont dirigé des liturgies auxquelles ont assisté le clergé et un petit groupe de fidèles.

Les restrictions israéliennes aux points de contrôle autour de Jérusalem obligent les Palestiniens - musulmans et chrétiens - à obtenir des permis pour accéder aux sites religieux, notamment la mosquée Al-Aqsa et l'église du Saint-Sépulcre. 

Le père Ibrahim Faltas, vicaire de la Custodie de Terre Sainte, a noté que seuls 6 000 permis avaient été délivrés cette année aux 50 000 chrétiens de Cisjordanie. La délivrance de ces permis requiert une habilitation de sécurité et exige souvent que les demandeurs téléchargent une application mobile gérée par les autorités israéliennes.

« C'est la deuxième année consécutive que peu de pèlerins peuvent participer aux célébrations de la Semaine sainte et de Pâques à Jérusalem en raison du conflit en cours à Gaza », a déclaré M. Faltas à Wafa.

« Les Églises continueront à prier pour que la paix, la justice et la liberté soient accordées à tous les peuples de Terre Sainte », a-t-il ajouté. 

La procession catholique du dimanche des Rameaux a eu lieu dimanche après-midi, avec un départ de l'église de Bethphagé à Jérusalem et une arrivée à l'église Sainte-Anne.

Les chrétiens se sont rassemblés pour les offices dans les églises catholique de la Sainte Famille et orthodoxe grecque de Saint Porphyre dans la bande de Gaza, alors que les attaques israéliennes se poursuivent depuis la fin de l'année 2023.

En Cisjordanie, les offices ont eu lieu dans les églises de Bethléem, Jéricho, Ramallah, Naplouse et Jénine. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


Selon le Croissant-Rouge, Israël détient l'ambulancier manquant

Sur la vidéo de six minutes et 42 secondes, diffusée samedi par le Croissant-Rouge palestinien, des ambulances circulent, phares et gyrophares allumés. (AFP)
Sur la vidéo de six minutes et 42 secondes, diffusée samedi par le Croissant-Rouge palestinien, des ambulances circulent, phares et gyrophares allumés. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le Croissant-Rouge indique avoir été informé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qu'Asaad Al-Nsasrah est « détenu par les autorités israéliennes ».
  • Les corps des victimes avaient été retrouvés enterrés dans le sable plusieurs jours plus tard. La fusillade avait fait un survivant, Munzer Abed, mais on était sans nouvelles d'Asaad Al-Nsasrah.

RAMLLAH, TERRITOIRES PALESTINIENS : L'ambulancier dont on ignorait le sort après des tirs israéliens ayant visé des secouristes palestiniens le 23 mars dans la bande de Gaza est détenu par les autorités israéliennes, a annoncé dimanche le Croissant-Rouge palestinien.

Dans un communiqué, le Croissant-Rouge indique avoir été informé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qu'Asaad Al-Nsasrah est « détenu par les autorités israéliennes ».

Le 23 mars, près de Rafah, dans le sud du territoire palestinien, des soldats israéliens avaient ouvert le feu sur des équipes de la Défense civile et du Croissant-Rouge, faisant 15 morts dans leurs rangs. 

Les corps des victimes avaient été retrouvés enterrés dans le sable plusieurs jours plus tard. La fusillade avait fait un survivant, Munzer Abed, mais on était sans nouvelles d'Asaad Al-Nsasrah.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a renvoyé à une annonce antérieure selon laquelle une enquête détaillée avait été ordonnée.

Immédiatement après les faits, l'armée israélienne a d'abord affirmé que ses soldats avaient reçu des informations signalant qu'un convoi « se déplaçait dans l'obscurité d'une manière suspecte vers eux », feux éteints, ce qui les a incités à ouvrir le feu de loin. 

Un responsable militaire puis un porte-parole du gouvernement ont évoqué la présence de « terroristes » du mouvement islamiste palestinien Hamas à bord des ambulances.

Une vidéo récupérée sur le téléphone portable d'une des victimes et diffusée par le Croissant-Rouge contredit toutefois la version israélienne : on y voit des ambulances circulant phares et gyrophares allumés.

La semaine dernière, le Croissant-Rouge avait estimé que les tirs avaient été intentionnels.

La fusillade semble s'être produite en deux temps : une première équipe de secouristes dépêchée sur les lieux d'une frappe israélienne a été prise pour cible, puis des ambulances et un véhicule de pompiers venus à la rescousse ont également été la cible de tirs.

Cette attaque a fait l'objet de nombreuses condamnations et a mis en lumière les dangers planant sur le personnel médical et paramédical à Gaza.


Maroc : nouvelle manifestation en soutien aux Palestiniens

Des personnes participent à une marche nationale en soutien aux Palestiniens et contre la normalisation des liens entre le Maroc et Israël, dans la capitale Rabat, le 6 avril 2025. (Photo par Abdel Majid BZIOUAT / AFP)
Des personnes participent à une marche nationale en soutien aux Palestiniens et contre la normalisation des liens entre le Maroc et Israël, dans la capitale Rabat, le 6 avril 2025. (Photo par Abdel Majid BZIOUAT / AFP)
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  • quelques milliers de manifestants à Rabat, lors d'un rassemblement pour exprimer leur solidarité avec la population de la bande de Gaza et réclamer la fin de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël.
  • « Les Marocains sont avec Gaza », a affirmé à l'AFP le directeur d'une école privée de Rabat, qui a souhaité rester anonyme. « Ils veulent montrer qu'ils n'ont aucun lien avec la normalisation. »

RABAR, MAROC : « Palestine résiste », ont scandé dimanche quelques milliers de manifestants à Rabat, lors d'un rassemblement pour exprimer leur solidarité avec la population de la bande de Gaza et réclamer la fin de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël.

Sous une pluie battante, les manifestants ont défilé dans les rues de la capitale à l'appel du « Groupe d'action nationale pour la Palestine », une coalition regroupant plusieurs organisations politiques, notamment le Parti de la justice et du développement (PJD), formation islamiste.

« Les Marocains sont avec Gaza », a affirmé à l'AFP le directeur d'une école privée de Rabat, qui a souhaité rester anonyme. « Ils veulent montrer qu'ils n'ont aucun lien avec la normalisation. »

Cette nouvelle mobilisation intervient une semaine après un précédent rassemblement très suivi, marquant une intensification des protestations dans le pays depuis la reprise de l'offensive de l'armée israélienne contre le mouvement islamiste Hamas, le 18 mars, après deux mois de trêve à Gaza. 

Selon le ministère de la Santé du Hamas, plus de 1 570 Palestiniens ont été tués depuis cette date. 

La normalisation des relations entre le Maroc et Israël avait été décidée fin 2020 dans le cadre des accords dits d'Abraham, conclus sous l'égide des États-Unis, en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté du Maroc sur le territoire disputé du Sahara occidental.

Depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023, déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël, plusieurs manifestations de grande ampleur ont eu lieu au Maroc pour réclamer l'abrogation de ce processus qui ne rencontrait jusque-là qu'une opposition limitée.

Le Maroc a officiellement appelé « à l'arrêt immédiat de la guerre israélienne sur Gaza », sans remettre en question la normalisation.

Pour Ahmed Ouihmane, 65 ans, président de l'Observatoire marocain contre la normalisation, les Marocains veulent « dénoncer la complicité de l'Occident hypocrite dans les massacres » à Gaza. « Et rappeler aux "normalisateurs" qu'ils sont eux aussi complices. »