Seine-Saint-Denis: marche pour Kyllian, mort après son arrestation à Montfermeil

Kyllian Samathi, père de deux filles, venait de fêter ses 30 ans le 1er janvier (Photo, Citoyens Montfermeil).
Kyllian Samathi, père de deux filles, venait de fêter ses 30 ans le 1er janvier (Photo, Citoyens Montfermeil).
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Publié le Lundi 22 janvier 2024

Seine-Saint-Denis: marche pour Kyllian, mort après son arrestation à Montfermeil

  • Les participants à la marche blanche sont partis de la mairie de Clichy-sous-Bois pour arriver deux kilomètres plus loin devant l'épicerie de Montfermeil où s'était produit le drame le 4 janvier
  • «Pour une morsure, est-ce que ça valait le coup de le tuer ?»

MONTFERMEIL: Mues par une colère froide, quelque 150 personnes ont marché dimanche à la mémoire de Kyllian Samathi, un trentenaire mort après avoir reçu une douzaine de décharges de pistolet à impulsion électrique lors de son interpellation par la police à Montfermeil (Seine-Saint-Denis).

Porteurs de t-shirts floqués du visage du défunt - souriant, sous ses dreadlocks et sa casquette - les participants à la marche blanche sont partis de la mairie de Clichy-sous-Bois pour arriver deux kilomètres plus loin devant l'épicerie de Montfermeil où s'était produit le drame le 4 janvier.

Kyllian Samathi, père de deux filles, venait de fêter ses 30 ans le 1er janvier. Né en Martinique, il avait grandi en Seine-Saint-Denis, entre Bondy, Clichy-sous-Bois et Montfermeil.

Pour une morsure 

"Pour une morsure, est-ce que ça valait le coup de le tuer ? (...) Ils ont froidement tué mon fils, à l'intérieur, dans une réserve, à six !", a lancé sa mère, Guilaine Samathi, dans un  discours enflammé exhortant à refuser la violence, déclamé comme un sermon évangélique, et ponctué de cris de "justice" de la part de l'assemblée.

"Notre ville ne sera pas entachée par ce qu'ils attendent de nous, cette violence (...) N'attendez pas de violence de notre part !" a-t-elle prévenu.

Le 4 janvier à 00H05, des policiers ont été appelés pour intervenir dans une épicerie de Montfermeil où un employé "présentait un comportement agressif" et "tenait des propos incohérents puis menaçants", selon le parquet de Bobigny se basant sur les procès-verbaux des forces de l'ordre.

Pour le maîtriser, six policiers ont fait usage de leur pistolet à impulsion électrique. Un tir de lanceur de balle de défense l'a également atteint au flanc gauche, d'après le parquet.

En arrêt cardiocirculatoire, Kyllian Samathi est tombé dans le coma avant de décéder le lendemain dans un hôpital parisien.

"On en a marre des bavures policières. On en a marre de perdre nos frères, nos pères, nos cousins. C'est tout le temps la même chose", a confié à l'AFP Gladys Loel, une amie de la victime.

Après un "Notre Père" entonné à l'unisson, le cortège s'est dispersé dans le calme, avec des appels à refuser l'émeute, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.

Une semaine après le décès, le parquet de Bobigny avait ouvert une information judiciaire pour déterminer une éventuelle causalité avec les circonstances de l'interpellation, notamment les multiples décharges électriques administrées.

La Ligue des droits de l'Homme a dénoncé une intervention policière "démesurée" et réclamé un "encadrement strict" du pistolet à impulsion électrique.


Agents sportifs employés sans licence: Saïd Chabane, propriétaire du SCO d’Angers, relaxé

Le président du club de football d'Angers SCO, Saïd Chabane (Photo, AFP).
Le président du club de football d'Angers SCO, Saïd Chabane (Photo, AFP).
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  • Un seul des quatre autres prévenus dans cette affaire a été reconnu coupable de l'exercice illégal de la profession d'agent sportif
  • Fin mars, le procureur avait requis 18 mois de prison avec sursis contre la figure emblématique du football angevin

 

BOBIGNY: Saïd Chabane, propriétaire du club de football du SCO Angers, a été relaxé mardi par le tribunal correctionnel de Bobigny des faits de complicité d'exercice illégal de la profession d’agent sportif et de blanchiment.

"Vous étiez entouré de professionnels pour la rédaction de contrats, ce qui est une démarche visant à être en conformité avec la profession", a indiqué, à l'attention de M. Chabane, la présidente du tribunal pour expliquer cette décision.

Fin mars, le procureur avait requis 18 mois de prison avec sursis contre la figure emblématique du football angevin.

Toujours propriétaire du SCO, Saïd Chabane en a laissé la présidence à son fils peu de temps avant sa garde à vue en avril 2023.

Mardi, son avocat Bernard Benaiem a salué cette relaxe qu'il considère comme "la conséquence logique d'un dossier dans lequel M. Chabane n'avait strictement rien à faire".

Durant l'audience fin mars, le tribunal s'est penché toute une semaine sur l'écosystème opaque et la nébuleuse de transactions financières autour des clubs et jeunes joueurs de football.

Une personne reconnue coupable 

Un seul des quatre autres prévenus dans cette affaire a été reconnu coupable de l'exercice illégal de la profession d'agent sportif et condamné à 18 mois de prison avec sursis.

Le tribunal a estimé que certains transferts d'argent reçus par Jalal Benalla, ex-sportif de haut niveau, quelques jours seulement après des transferts de joueurs entre clubs, constituaient des "opérations d'autant plus suspectes que tous les documents de contrats" signés par un agent non poursuivi dans le dossier "sont retrouvés à (son) domicile."

C'est "un faisceau d’indices" qui a amené le tribunal à reconnaître coupable d'exercice illégal d'agent sportif l'ancien judoka qui n'était officiellement employé qu'en qualité de préparateur physique et psychologique. L'homme de 41 ans a également été condamné à une interdiction d'exercer la profession d'agent sportif pendant un an.

Relégué en Ligue 2 l'année dernière, le SCO d'Angers est parvenu à remonter en Ligue 1 en prenant cette saison la deuxième place au classement derrière Auxerre.

 


Environ 10.000 personnes à Paris pour dénoncer les derniers bombardements à Rafah

Une foule compacte s'est rassemblée en fin d'après-midi à quelques centaines de mètres de l'ambassade d'Israël aux cris de "Nous sommes tous des enfants de Gaza", "vive la lutte du peuple palestinien", "free Gaza", ou encore "Gaza, Paris est avec toi". (AFP).
Une foule compacte s'est rassemblée en fin d'après-midi à quelques centaines de mètres de l'ambassade d'Israël aux cris de "Nous sommes tous des enfants de Gaza", "vive la lutte du peuple palestinien", "free Gaza", ou encore "Gaza, Paris est avec toi". (AFP).
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  • Une foule compacte s'est rassemblée en fin d'après-midi à quelques centaines de mètres de l'ambassade d'Israël aux cris de "Nous sommes tous des enfants de Gaza"
  • Des drapeaux palestiniens étaient brandis par la foule, au sein de laquelle des participants arboraient des keffieh et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "On ne tue pas un enfant, qu'il soit juif ou palestinien"

PARIS: Quelque 10.000 personnes ont manifesté lundi à Paris contre les bombardements à Rafah qui ont fait, selon le ministère de la Santé de Gaza, au moins 45 morts dans la nuit de dimanche à lundi, a constaté l'AFP.

Une foule compacte s'est rassemblée en fin d'après-midi à quelques centaines de mètres de l'ambassade d'Israël aux cris de "Nous sommes tous des enfants de Gaza", "vive la lutte du peuple palestinien", "free Gaza", ou encore "Gaza, Paris est avec toi".

Des drapeaux palestiniens étaient brandis par la foule, au sein de laquelle des participants arboraient des keffieh et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "On ne tue pas un enfant, qu'il soit juif ou palestinien: Stop aux bombardements, free Palestine", "Rafah, Gaza on est avec toi".

"Hier, des Palestiniens ont été brûlés vifs par des bombardements israéliens sur un camp de réfugiés. On a vu des vidéos de familles qui tirent leurs proches de tentes enflammées. C'est le massacre de trop", a dénoncé François Rippe, vice-président de l'Association France Palestine solidarité (AFPS), un organisateur du rassemblement.

"Plusieurs milliers" de personnes étaient présentes selon lui. La préfecture de police de Paris a fait état d'environ 10.000 personnes.

"Ils mettent le feu dans un camp de réfugiés, ils brûlent des gens et on ne convoque pas l'ambassadrice d'Israël pour lui demander des comptes. C'est juste insupportable", a poursuivi M. Rippe.

Une large banderole montrait des dessins des visages des présidents français Emmanuel Macron et américain Joe Biden, ainsi que du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, surmontant un slogan "c'est l'humanité qu'ils assassinent".

Le député de gauche radicale Eric Coquerel a déclaré espérer "que la mobilisation va finir par faire réfléchir le gouvernement. Dans les paroles, la position de la France est un peu plus juste qu'elle ne l'a été. Mais tant qu'il n'y a pas des actes, ça veut dire qu'en réalité vous ne faites rien".

Mehdi Bekkour, dont un ami est selon lui actuellement coincé à Gaza, a indiqué pour sa part être venu "en tant que papa qui s'identifie beaucoup à ce qui se passe là-bas".

"Mon ami m'a envoyé un message il y a deux jours de Gaza, que je n'ai même pas le courage d'écouter ni de lui répondre. Je ne sais pas quoi lui dire".

L'ONU et nombre de pays ont condamné cette frappe israélienne sur un camp de déplacés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza et les Etats-Unis ont de nouveau demandé à Israël de "protéger les civils".

L'armée israélienne a de son côté indiqué enquêter sur ce que le Premier ministre a qualifié d'"accident tragique".


Les frappes israéliennes à Rafah relancent le débat sur la reconnaissance d'un Etat palestinien

La semaine dernière, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège avaient annoncé leur décision de reconnaître l'Etat de Palestine (Photo, AFP).
La semaine dernière, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège avaient annoncé leur décision de reconnaître l'Etat de Palestine (Photo, AFP).
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  • L'émotion est aussi vive qu'unanime à gauche, après cette frappe nocturne qui a tué au moins 40 personnes
  • Plusieurs voix jusque dans le camp macroniste, à l'image du numéro deux de la liste conduite par Valérie Hayer pour les européennes, Bernard Guetta

PARIS: Le bombardement meurtrier d'un centre de déplacés près de Rafah a suscité lundi une vague d'indignations à gauche et relancé dans la classe politique française le débat sur la reconnaissance d'un Etat palestinien.

L'émotion est aussi vive qu'unanime à gauche, après cette frappe nocturne qui a tué au moins 40 personnes. Israël affirme avoir frappé "un complexe du Hamas" dans lequel opéraient "d'importants terroristes".

"Les images de Rafah sont littéralement insoutenables. Rien ne peut justifier de tels crimes", a réagi sur X la tête de liste PS-Place publique pour les européennes, Raphaël Glucksamnn, appelant à "faire réellement pression sur Netanyahu. Maintenant".

Cet "abominable massacre (...) résume ce que sont les assassins de cette armée de criminels de guerre et leurs chefs", a relevé de son côté le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, réclamant la "rupture de la coopération avec le gouvernement Netanyahu et son économie", ainsi qu'un "embargo sur les armes" et la "reconnaissance de l'Etat de Palestine".

Position partagée,  sur le même réseau social, par la patronne des écologistes Marine Tondelier qui appelle la France et l'Union européenne à "opérer une rupture en urgence dans leur action diplomatique pour stopper ce massacre".

Geste de diplomatie 

Le numéro un socialiste, Olivier Faure, a lui aussi souhaité sur TF1 "un geste politique et diplomatique puissant" avec la reconnaissance d'un Etat palestinien pour que la France "puisse être du bon côté de l'Histoire".

Plusieurs voix jusque dans le camp macroniste, à l'image du numéro deux de la liste conduite par Valérie Hayer pour les européennes, Bernard Guetta, appellent à une telle reconnaissance.

"Il ne s'agit pas d'être pro-palestinien ou pro-israélien, il s'agit d'être pro-paix, d'obliger les dirigeants de ces deux peuples à se rasseoir à une table de négociation", a estimé M. Guetta sur Sud Radio, observant que la frappe israélienne faisait suite à un tir de roquettes du Hamas.

La semaine dernière, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège avaient annoncé leur décision de reconnaître l'Etat de Palestine, à partir du 28 mai, s'attirant les foudres d'Israël.

Mais, à droite, les réticences restent fortes.

François-Xavier Bellamy, tête de liste LR pour le scrutin du 9 juin, met en garde contre le "grand danger de reconnaître aujourd'hui un Etat palestinien", au risque de "donner le sentiment que l'on donne raison à ceux qui ont déclenché l'attentat terroriste du 7 octobre", même s'il "faudra mettre un jour en oeuvre une solution à deux Etats".

"Israël a le droit de se défendre dans le respect du droit international", a-t-il ajouté sur France Inter, jugeant nécessaire de "faire toute la lumière sur les conditions de la frappe (sur le centre de déplacés près de Rafah, NDLR) et ses conséquences réelles".