Washington, défenseur numéro 1 d'Israël après l'attaque du Hamas

Des partisans d'Israël manifestent avec des drapeaux nationaux à Beverly Hills, en Californie, le 9 octobre 2023, après que le groupe militant palestinien Hamas a lancé une attaque contre Israël. (AFP).
Des partisans d'Israël manifestent avec des drapeaux nationaux à Beverly Hills, en Californie, le 9 octobre 2023, après que le groupe militant palestinien Hamas a lancé une attaque contre Israël. (AFP).
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Publié le Mardi 10 octobre 2023

Washington, défenseur numéro 1 d'Israël après l'attaque du Hamas

  • Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a entretenu des relations difficiles avec les présidents démocrates comme Joe Biden, en raison de l'opposition du dirigeant israélien à une souveraineté palestinienne
  • Mais M. Biden avait déjà décidé de tourner une page avec M. Netanyahu pour pousser à un accord de normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite

WASHINGTON: Le choc de l'attaque du Hamas contre Israël a ramené les Etats-Unis vers un rôle qu'ils connaissent bien: celui de soutien sans faille de l'Etat hébreu, utilisant son influence et sa puissance militaire pour protéger son allié historique.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a entretenu des relations difficiles avec les présidents démocrates comme Joe Biden, en raison de l'opposition du dirigeant israélien à une souveraineté palestinienne et à tout contact plus avancé avec l'Iran. Récemment, c'est une réforme du système judiciaire par son gouvernement très marqué à droite qui a mis les liens entre les deux pays à l'épreuve.

Mais M. Biden avait déjà décidé de tourner une page avec M. Netanyahu pour pousser à un accord de normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite.

Mais la violence a aussi fait que le président américain a relégué ses désaccords avec M. Netanyahu au second plan et promis "un soutien total" à Israël. Washington a envoyé des munitions à son allié et ordonné à un navire de guerre de faire route vers la Méditerranée orientale, un avertissement voilé à l'adresse de l'Iran, allié du Hamas.

Interrogé sur la situation à Gaza, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale John Kirby a déclaré que l'Etat hébreu "avait le droit de se défendre" et qu'il le faisait par conséquent de "façon très musclée".

La réponse américaine n'a pas été "le jargon habituel sur l'appel à toutes les parties à montrer de la retenue. Ce fut +nous allons donner à Israël tout ce dont il a besoin+ et afficher un soutien clair, sans ambiguïté", estime David Makovsky du centre de réflexion Washington Institute for Near East Policy.

L'analyste s'attend à ce que la diplomatie américaine se focalise sur la protection d'Israël, y compris de critiques onusiennes, et sur la libération des otages plutôt que de tenter de contenir les représailles du gouvernement Netanyahu contre la bande de Gaza contrôlée par le Hamas.

"Il s'agit clairement du 11-Septembre israélien, et je pense que l'administration (Biden) estime que c'est son rôle de donner à Israël le répit dont il a besoin", ajoute-t-il.

Se défendre

Avec le soutien de la droite évangélique, le prédécesseur de M. Biden, le républicain Donald Trump, avait accédé à plusieurs demandes d'Israël, comme reconnaître Jérusalem comme sa capitale.

L'administration Biden est revenue à la position américaine consistant à appeler à l'établissement d'un Etat palestinien, mais n'a que très peu fait pour concrétiser cet objectif, ne voyant pas d'ouverture sous le gouvernement Netanyahu.

La violence de l'assaut du Hamas a sidéré les responsables américains. L'émissaire des Etats-Unis pour la lutte contre l'antisémitisme, Deborah Lipstadt, l'a qualifié de l'"attaque la plus meurtrière contre des juifs depuis l'Holocauste".

"Personne n'a le droit de dire à Israël comment se défendre", a-t-elle dit.

Pour Martin Indyk, ex-ambassadeur des Etats-Unis auprès d'Israël aujourd'hui au Council on Foreign Relations, même si M. Biden encourageait M. Netanyahu à faire preuve de retenue, "cela tomberait probablement dans l'oreille d'un sourd à ce stade".

Mais une contre-offensive musclée d'Israël, qui a déjà annoncé cesser de fournir électricité, eau et nourriture à la bande de Gaza, pourrait enflammer davantage le Moyen-Orient. Or c'est ce que tentent précisément d'éviter les Etats-Unis, concentrés sur leur concurrence avec la Chine et la Russie, deux pays qui travaillent étroitement avec l'Iran et dont les relations se réchauffent avec l'Arabie saoudite.

"Sur le plan des valeurs, les Etats-Unis se tiennent au côté d'Israël; sur le plan des intérêts, les Etats-Unis doivent pousser de côté la Russie et la Chine", résume Laura Blumenfeld, ancienne conseillère au sein de l'équipe de négociateurs du département d'Etat américain sur le conflit israélo-palestinien.

Pour elle, l'Arabie pourrait jeter son dévolu sur un autre camp si elle perçoit Israël comme étant faible.

« Dangereux »

Depuis l'assaut, les conservateurs américains ont attaqué Joe Biden pour sa discrète diplomatie avec l'Iran, même si démocrates comme républicains ont serré les rangs et appelé à davantage d'aide pour l'Etat hébreu.

Mais le soutien autrefois inébranlable dont bénéficiait Israël au Congrès américain a décliné ces dernières années, M. Netanyahu étant vivement critiqué par la gauche notamment en lien avec la poursuite de la colonisation en Cisjordanie occupée.

Pour Phyllis Bennis, de l'Institute for Policy Studies, les Etats-Unis seraient en position de demander au Hamas et à Israël d'assumer leurs responsabilités en ce qui concerne les civils.

"Si vous voulez vraiment mettre fin à la violence, vous devez vous pencher sur les causes profondes, même si beaucoup sont réticents à le faire", dit-elle.

Mais elle craint que Washington ne joue "un rôle très dangereux" en justifiant les actions d'Israël à Gaza ce qui "pourrait être dévastateur".


Accord entre l'UE et le Mercosur: l'effet Trump fait monter la pression sur la France

Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
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  • Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine
  • Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard

BRUXELLES: Et si l'accord avec le Mercosur était adopté par l'UE grâce à Donald Trump?

Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine, et la pression monte sur la France.

Le futur chancelier allemand Friedrich Merz s'est engouffré dans la brèche. "L'équilibre du monde se déplace et nous les Européens avons besoin très rapidement" de nouveaux partenaires commerciaux, a-t-il insisté sur la chaîne ARD.

Avant de lancer une pierre dans le jardin de l'Elysée: Emmanuel Macron aurait "maintenant tendance" à regarder plus favorablement l'accord avec les pays latino-américains du Mercosur, s'est avancé Merz.

A Paris, qui redoute une nouvelle fronde agricole, on dément tout changement de pied. "Le projet d'accord n'a pas changé et n'est donc pas acceptable en l'état", assure une source diplomatique.

Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard. Mais hors de question de "sacrifier l'agriculture française sur l'autel d'un accord à tout prix", lance-t-elle, en mettant en avant des risques pour des filières comme la volaille, le boeuf ou le sucre.

L'avenir de ce traité de libre-échange pourrait être au coeur des tractations entre Paris et Berlin, qui veulent profiter de l'arrivée de Merz pour relancer le couple franco-allemand.

Et à la Commission européenne comme au Parlement, nombreux soulignent que le changement de la donne commerciale avec les Etats-Unis pèse dans la balance.

En Autriche par exemple, le ministre de l'Economie Wolfgang Hattmannsdorfer est désormais ouvertement favorable à l'accord, même si son pays reste officiellement opposé au traité.

A Paris, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, soutient ce rapprochement UE/Mercosur pour "amortir les chocs" liés à la politique commerciale de Donald Trump.

De son côté, la Commission européenne milite sans cesse pour une diversification tous azimuts des débouchés commerciaux, tant les incertitudes sont nombreuses avec les Etats-Unis.

"Dans un monde instable", l'intérêt du traité avec le Mercosur est "très clair", a répété l'exécutif européen le 10 avril.

- "Avant la fin de l'été" -

Cet accord de libre-échange avec l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay devrait notamment permettre à l'Union européenne d'exporter plus facilement ses voitures, machines, produits pharmaceutiques ou spiritueux.

En retour, il faciliterait les exportations sud-américaines de viande, sucre, riz, miel ou soja, ce qui alarme les filières concernées en Europe.

La Commission compte rassurer "tous les Etats membres" et veut présenter un texte au Parlement "avant la fin de l'été", a affirmé un de ses porte-paroles Olof Gill.

Mais les eurodéputés restent divisés. "On ne sait pas de quel côté la pièce va tomber" en cas de vote, reconnaît la centriste française Marie-Pierre Vedrenne (Renew).

Cette élue, qui a toujours été plutôt ouverte au Mercosur, trouve "à titre personnel, qu'on ne peut plus rester dans une logique d'opposition primaire. Vu l'état du monde, ce ne serait pas très sérieux et responsable", argue-t-elle.

Sauf que la ligne du président Macron "n'a pas changé", convient la parlementaire. "Ca s'est beaucoup cristallisé en France". L'opposition au Mercosur est "devenue un sujet d'union nationale".

Aux yeux d'un fonctionnaire européen, en France, sur le Mercosur "rationnellement ça devrait bouger" mais "politiquement ça ne peut pas bouger" car "le gouvernement tomberait" s'il soutient cet accord contesté par des élus de tous bords, estime-t-il.

Pour être approuvé, le traité doit d'abord recevoir l'aval de quinze Etats membres représentant au moins 65% de la population européenne.

Au sein des 27, la France espérait jusqu'ici réunir une minorité de blocage --au moins quatre Etats représentant plus de 35% de la population de l'UE-- contre le traité Mercosur. Mais "vu le contexte, elle ne l'aura probablement pas", pronostique déjà une source à la Commission.

S'il est validé, l'accord serait soumis au Parlement européen, où son adoption demeure incertaine.

Côté calendrier, dans les chancelleries comme chez les eurodéputés, on considère que rien ne se passera tant que la Pologne, hostile au Mercosur, occupe la présidente tournante du Conseil de l'UE.

Mais les Polonais passent le témoin début juillet au Danemark, qui pourrait mettre ce dossier inflammable à l'ordre du jour.


Rubio jeudi à Paris pour des discussions sur l'Ukraine

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
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  • Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine
  • Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien"

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine notamment, a annoncé le département d'Etat, au moment où les relations entre les Etats-Unis et l'Europe sont tendues.

M. Rubio sera accompagné de l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, pour des "discussions avec leurs homologues européens afin d'avancer l'objectif du président Trump de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie et d'arrêter la tuerie", selon un communiqué.

Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien", selon une source diplomatique.

Traditionnellement, les secrétaires d'Etat américains sont reçus à l'Elysée mais aucune rencontre avec le président Emmanuel Macron n'a été annoncée pour le moment.

Il s'agira du troisième déplacement en Europe de M. Rubio depuis sa prise de fonctions après sa participation à la conférence sur la sécurité à Munich mi-février et une réunion de l'Otan à Bruxelles en mars.

Tandis que M. Rubio sera à Paris, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu sera lui à Washington jeudi où il s'entretiendra avec le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth.

Outre l'épineux dossier des droits de douane, qui avive les tensions entre Washington et les capitales européennes, l'administration Trump ne cesse d'augmenter sa pression sur les Européens accusés d'abuser des Etats-Unis notamment dans le cadre de l'Otan.

Les négociations à l'initiative de Donald Trump en vue d'un cessez-le-feu général entre Kiev et Moscou n'ont pour l'instant pas abouti, l'attaque russe dimanche contre Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, ayant causé la mort d'au moins 35 civils, venant rappeler selon Washington et Paris l'urgence à trouver une issue au conflit.

L'émissaire du président américain avait affirmé lundi, trois jours après une nouvelle rencontre avec le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine, que les pourparlers étaient "sur le point" de permettre des avancées.

La France et le Royaume-Uni sont tout particulièrement engagés dans les discussions en vue d'apporter des garanties de sécurité pour l'Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Les entretiens à Paris interviennent, par ailleurs, au moment où de rares discussions entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire de l'Iran ont eu lieu samedi dernier dans le sultanat d'Oman, et qu'un nouveau round est prévu le 19 avril à Rome, toujours sous la médiation d'Oman.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.


Alzheimer : la vente d'un traitement pour certains patients est autorisée par Bruxelles

Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
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  • L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA
  • Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis.

BRUXELLES : La Commission européenne a annoncé mercredi qu'elle avait formellement autorisé un traitement destiné à réduire le déclin cognitif chez certaines personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer, après le feu vert de l'Agence européenne des médicaments.

L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA « qui a conclu que les bénéfices de ce médicament étaient supérieurs aux risques », a souligné la Commission dans un communiqué.

Fin 2024, le régulateur européen avait recommandé d'accorder une autorisation de mise sur le marché du Leqembi (lécanemab) pour « le traitement des troubles cognitifs légers (troubles de la mémoire et de la pensée) ou de la démence légère dus à la maladie d'Alzheimer (maladie d'Alzheimer au stade précoce) ».

Elle avait précisé que ce feu vert était valable uniquement pour les patients présentant un risque plus faible d'hémorragie cérébrale potentielle, c'est-à-dire ceux qui n'ont « qu'une ou aucune copie du gène ApoE4 », un type de gène connu pour être un facteur de risque important pour la maladie d'Alzheimer.

Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis pour les patients n'ayant pas atteint un stade avancé de la maladie. Il est également commercialisé au Japon et en Chine.

Malgré des décennies de recherche, les scientifiques n'ont pas encore réussi à faire une véritable percée dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer, qui touche des dizaines de millions de personnes dans le monde.