Blinken en Chine pour «gérer» les tensions avec Pékin

Le secrétaire d'Etat se rendra le week-end prochain en Chine, une visite qui avait été reportée en février à la suite de l'incursion d'un ballon chinois dans l'espace aérien des Etats-Unis, ont annoncé vendredi des responsables américains. (Photo, AFP)
Le secrétaire d'Etat se rendra le week-end prochain en Chine, une visite qui avait été reportée en février à la suite de l'incursion d'un ballon chinois dans l'espace aérien des Etats-Unis, ont annoncé vendredi des responsables américains. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 15 juin 2023

Blinken en Chine pour «gérer» les tensions avec Pékin

  • M. Blinken doit arriver dimanche à Pékin et y avoir des entretiens avec les responsables chinois, dont son homologue Qin Gang, avec qui il a discuté au téléphone mardi soir
  • Cette visite d'Antony Blinken à Pékin s'inscrit dans le sillage de la rencontre, en novembre dernier, entre le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping

WASHINGTON: En se rendant en Chine ce week-end pour une rare visite, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken affiche l'ambition de renouer le dialogue avec Pékin mais les Etats-Unis ne s'attendent pas à de profonds changements.

Pour Washington, il s'agit avant tout de rétablir des lignes de communication directes avec Pékin et de "gérer" les tensions afin d'éviter une confrontation "accidentelle", après plusieurs mois de turbulences depuis l'incident du ballon en février.

"Nous n'allons pas à Pékin avec l'intention d'y réaliser des percées ou une transformation", a affirmé mercredi à des journalistes le responsable Asie au département d'Etat, Daniel Kritenbrink.

Son homologue à la Maison Blanche, Kurt Campbell, a lui insisté sur le fait que le déplacement ne représentait pas "un tournant stratégique".

"Nous n'allons pas baisser la garde s'agissant de nos intérêts ou de nos valeurs ou ne pas chercher à tirer un avantage compétitif durable", a-t-il ajouté.

Mais les responsables américains disent s'attendre à avoir des "conversations directes et sincères" avec les autorités chinoises sur l'ensemble des dossiers qui opposent les deux puissances.

M. Blinken doit arriver dimanche à Pékin et y avoir des entretiens avec les responsables chinois, dont son homologue Qin Gang, avec qui il a discuté au téléphone mardi soir.

Dans son compte-rendu de cet appel, le ministère chinois des Affaires étrangères a accusé Washington d'être seul "responsable" des frictions entre les deux pays.

Il devrait en toute probabilité être reçu par le président chinois Xi Jinping mais la rencontre n'est pas confirmée.

La question de Taïwan

Pour le secrétaire d'Etat, qui sera le plus haut responsable américain à se rendre en Chine depuis 2018, la partie ressemble à un jeu d'équilibriste: convaincre sans froisser alors que les deux puissances se livrent une concurrence féroce.

Les points de contentieux sont nombreux: les deux pays croisent le fer sur les questions de Taïwan, des revendications territoriales chinoises en mer de Chine méridionale ou encore celle stratégique des puces électroniques ou le fentanyl, un puissant analgésique opioïde.

Sur Taïwan, la Chine estime que l'île est l'une de ses provinces, qu'elle espère réunifier avec le reste de son territoire par la voie pacifique mais sans exclure l'emploi de la force.

En avril, l'armée chinoise a organisé de grandes manœuvres militaires qui ont simulé pendant trois jours un encerclement de l'île, menées en représailles à des escales quelques jours plus tôt de la présidente taïwanaise aux Etats-Unis.

Par ailleurs, Pékin ne cache pas sa colère face à ce qu'elle considère comme des visées expansionnistes des Etats-Unis dans la région Asie-Pacifique.

La création d'alliances militaires "de type Otan" en Asie-Pacifique risque de plonger la région dans un "tourbillon" de conflits, a récemment averti le ministre chinois de la Défense, Li Shangfu.

De son côté, Washington dit surveiller au plus près le rapprochement sino-russe, mettant en garde Pékin contre la fourniture d'armes à la Russie, ce qui serait franchir "une ligne rouge". Pékin n'a jamais condamné l'invasion russe de l'Ukraine.

Pas de concession

Cette visite d'Antony Blinken à Pékin s'inscrit dans le sillage de la rencontre, en novembre dernier, entre le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping, en marge d'un sommet du G20 en Indonésie.

Les deux dirigeants avaient alors accepté de coopérer sur certains dossiers lors de leurs échanges.

Mais les relations se sont dégradées avec l'incident du ballon qualifié d'"espion" par Washington qui a survolé le territoire des Etats-Unis et finalement été abattu par l'armée américaine.

L'incident avait contraint M. Blinken à annuler à la dernière minute son voyage en Chine en février.

Les contacts, sauf entre militaires, ont cependant repris au plus haut niveau ces dernières semaines, amenant le président américain à prédire un "dégel" des relations.

C'est d'autant plus important que le président chinois est invité au sommet de l'Apec en novembre, à San Francisco.

Pour Jacob Stokes, du Center for a New American Security, Pékin "se range aussi à l'idée qu'il doit y avoir au moins des engagements assez réguliers" avec les Etats-Unis malgré sa profonde méfiance à l'égard de Washington.

"Tant les Etats-Unis que la Chine souhaitent éviter que leur rivalité ne dégénère davantage", relève pour sa part Shi Yinhong, de l'Université du peuple à Pékin.

"Cependant, aucun des deux ne se montre prêt à faire de concession majeure et durable, cherchant simplement à faire ce qui est perçu comme nécessaire ou avantageux pour préserver sa sécurité stratégique ou technologique", dit-il.


Sommet UE-Royaume-Uni: les principaux points en discussion

Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'adresse aux représentants des médias lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre albanais à la Kryeministria à Tirana, le 15 mai 2025, avant sa participation au sommet de la Communauté politique européenne (CPE) dans la capitale albanaise. (AFP)
Le Premier ministre britannique Keir Starmer s'adresse aux représentants des médias lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre albanais à la Kryeministria à Tirana, le 15 mai 2025, avant sa participation au sommet de la Communauté politique européenne (CPE) dans la capitale albanaise. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a promis de relancer les relations avec l'Union européenne, reçoit lundi les chefs des institutions de l'UE à Londres pour le premier sommet de ce type depuis le Brexit

LONDRES: Le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a promis de relancer les relations avec l'Union européenne, reçoit lundi les chefs des institutions de l'UE à Londres pour le premier sommet de ce type depuis le Brexit, le 31 janvier 2020.

Voici les principaux dossiers en jeu, qui font encore l'objet d'intenses négociations de dernière minute.

- Pacte de sécurité et défense -

Il s'agit du sujet central du sommet, sur lequel les deux parties ont bon espoir de signer un accord, au moment où l'Europe s'emploie à se réarmer face à la menace russe et aux incertitudes générées par Donald Trump.

Les Britanniques pourraient ainsi assister à certaines réunions ministérielles de l'UE et prendre part à des missions militaires européennes.

Il s'agit aussi d'associer davantage l'industrie de défense britannique aux efforts européens de développement de leur propre base industrielle. Le Royaume-Uni a beaucoup à gagner d'un tel accord, qui pourrait bénéficier à ses entreprises, comme BAE Systems et Rolls-Royce.

Ces dernières pourraient à terme avoir accès à des contrats de défense financés par un instrument européen doté d'un budget de 150 milliards d'euros, bien qu'un accord supplémentaire soit requis pour cela.

Les représentants de l'industrie de défense britannique ont adressé le 8 avril une lettre à Keir Starmer et aux présidents de la Commission Ursula von der Leyen et du Conseil Antonio Costa pour défendre un tel accord.

- Quotas de poissons -

Les discussions sur la défense se sont retrouvées emmêlées notamment dans les filets des pêcheurs, certains pays de l'UE, en particulier la France, insistant sur la reconduction d'un accord avec Londres donnant aux bateaux de l'UE accès aux eaux britanniques.

La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, s'est dite confiante cette semaine sur le fait que la question des quotas de poissons n'empêcherait pas un accord sur la défense.

Mais les négociations sur ce point risquent de se poursuivre jusqu'à la dernière minute.

L'accord actuel, d'une durée de cinq ans, expire en 2026.

Les pays de l'UE souhaitent qu'il soit reconduit, en échange de la réduction des formalités administratives pour les exportations alimentaires britanniques que Londres réclame.

A ce stade, Londres a, selon des sources diplomatiques, offert quatre années supplémentaires d'accès à ses eaux, soit moins qu'espéré côté UE.

- Normes sanitaires -

Keir Starmer a laissé entendre que le Royaume-Uni était prêt à un alignement dynamique sur les normes de l'UE pour les produits alimentaires et agricoles, afin de faciliter les échanges commerciaux.

Le but: réduire les lourdes formalités liées aux contrôles de ces produits, entraves à une circulation fluide des marchandises.

"Je pense que les Britanniques sont fiers de leurs normes élevées et que nous voulons maintenir ces normes", héritées pour la plupart de la réglementation européenne, a récemment affirmé le Premier ministre travailliste dans le Guardian.

Selon le journal, il a aussi accepté que la Cour de justice de l'UE ait un rôle dans la résolution d'éventuels litiges afférant à ces questions. La Cour est déjà compétente pour l'application des règles régissant le contrôle des marchandises entre l'Irlande du Nord, qui fait partie du Royaume-Uni, et l'Irlande, membre de l'UE.

- Mobilité des jeunes -

Avec la pêche, il s'agit de l'autre point de friction dans les négociations.

Bruxelles propose un accord permettant aux jeunes Européens âgés de 18 à 30 ans d'étudier et travailler temporairement au Royaume-Uni, et aux jeunes Britanniques de faire de même dans l'UE.

Le gouvernement travailliste, d'abord réticent, se montre désormais ouvert au principe.

Selon The Times, la solution envisagée par Londres serait d'accepter pour un temps limité sur son sol un nombre de jeunes Européens égal au nombre de jeunes Britanniques se rendant dans l'UE.

Les travaillistes veulent éviter tout ce qui pourrait faire gonfler l'immigration nette, alors que Keir Starmer s'est engagé à la faire baisser.

Le gouvernement est confronté à la progression du parti europhobe et anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, en tête dans les sondages et qui a récemment engrangé d'importants succès lors d'élections locales.

Et Londres est peu susceptible d'accéder à la demande de l'UE d'aligner les frais d'université appliqués aux Européens venant étudier au Royaume-Uni sur ceux payés par les étudiants britanniques -- trois fois moins élevés.


Trump dit que Washington et Téhéran «se rapprochent» d'un accord sur le nucléaire iranien

Le président américain Donald Trump a affirmé mercredi à Doha que Washington et Téhéran "se rapproch(ai)ent" d'un accord sur le dossier du nucléaire iranien, exprimant son optimisme quant à la possibilité d'éviter des frappes militaires sur les sites iraniens. (AFP)
Le président américain Donald Trump a affirmé mercredi à Doha que Washington et Téhéran "se rapproch(ai)ent" d'un accord sur le dossier du nucléaire iranien, exprimant son optimisme quant à la possibilité d'éviter des frappes militaires sur les sites iraniens. (AFP)
Short Url
  • "On ne va pas faire de poussière nucléaire en Iran", a affirmé Donald Trump depuis le Qatar, deuxième étape, après Ryad, d'une tournée dans le Golfe qu'il devrait conclure aux Emirats arabes unis.
  • Les prix du pétrole ont immédiatement chuté après les déclarations de Donald Trump, qui a dit fonder son optimisme sur de nouvelles déclarations en provenance d'Iran.

DOHA: Le président américain Donald Trump a affirmé mercredi à Doha que Washington et Téhéran "se rapproch(ai)ent" d'un accord sur le dossier du nucléaire iranien, exprimant son optimisme quant à la possibilité d'éviter des frappes militaires sur les sites iraniens.

"On ne va pas faire de poussière nucléaire en Iran", a affirmé Donald Trump depuis le Qatar, deuxième étape, après Ryad, d'une tournée dans le Golfe qu'il devrait conclure aux Emirats arabes unis.  "Je pense qu'on se rapproche de la conclusion d'un accord", a-t-il ajouté.

Les prix du pétrole ont immédiatement chuté après les déclarations de Donald Trump, qui a dit fonder son optimisme sur de nouvelles déclarations en provenance d'Iran. "Vous avez probablement lu aujourd'hui l'article concernant l'Iran. Ils ont en quelque sorte accepté les conditions", a déclaré Trump.

Le président de la première puissance mondiale n'a pas précisé à quel article il faisait référence.

Mercredi, Ali Shamkhani, conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, a toutefois déclaré à la chaîne américaine NBC News que l'Iran était prêt à accepter un accord avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire, en échange d'une levée immédiate des sanctions.

Selon le site de NBC News, Ali Shamkhani a affirmé que l'Iran s'engagerait à ne jamais fabriquer d'armes nucléaires, à se débarrasser de ses stocks d'uranium hautement enrichi, à n'enrichir l'uranium qu'aux niveaux nécessaires à un usage civil et à autoriser des inspecteurs internationaux à superviser le processus en échange de la levée immédiate de toutes les sanctions économiques à l'encontre de la République islamique.

L'Iran devrait "dire un grand merci" à l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, qui a exhorté le président américain à éviter une action militaire contre le grand voisin de son pays, a ajouté M. Trump.

"L'Iran a beaucoup de chance d’avoir l’émir, car il se bat réellement pour eux. Il ne veut pas que nous infligions un coup violent à l'Iran", a affirmé le président américain.

Donald Trump a opté pour la voie diplomatique avec l'Iran, dans un contexte de menaces israéliennes de frapper des sites nucléaires en Iran, son ennemi juré.


Trump appelle à l'application des sanctions contre l'Iran en pleine négociations sur le nucléaire

Short Url
  • "J'exhorte fermement toutes les nations à se joindre à nous pour appliquer pleinement et totalement les sanctions que je viens d'imposer à l'Iran", a poursuivi le président de la première puissance mondiale
  • Il n'est pas clair à quelles sanctions M. Trump faisait référence en parlant de celles qu'il venait "d'imposer", mais l'administration américaine a récemment sanctionné plusieurs entités liées à l'industrie pétrolière et au programme nucléaire iraniens

RIYAD: Le président américain Donald Trump a appelé mercredi à une application stricte des sanctions américaines visant l'Iran, tout en affirmant espérer parvenir à un accord sur le dossier du nucléaire iranien, dans un contexte d'opposition croissante des Etats-Unis à l'enrichissement de l'uranium par Téhéran.

"Je veux conclure un accord avec l'Iran. Je veux faire quelque chose, si c'est possible", a déclaré Donald Trump pendant un sommet réunissant les six pays du Conseil de Coopération du Golfe à Ryad.

"J'exhorte fermement toutes les nations à se joindre à nous pour appliquer pleinement et totalement les sanctions que je viens d'imposer à l'Iran", a poursuivi le président de la première puissance mondiale.

Il n'est pas clair à quelles sanctions M. Trump faisait référence en parlant de celles qu'il venait "d'imposer", mais l'administration américaine a récemment sanctionné plusieurs entités liées à l'industrie pétrolière et au programme nucléaire iraniens.

Pendant le premier mandat de Donald Trump, les Etats-Unis se sont retirés en 2018 de l'accord conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances pour encadrer le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales, le rendant caduc.

Il avait également instauré des sanctions drastiques contre tout pays important du pétrole iranien.

Trump a affirmé que ces sanctions secondaires "sont à certains égards encore plus dévastatrices" que les sanctions directes visant l'Iran.

L'administration Trump a déjà tenu quatre rounds de discussions avec l'Iran, alors que le président tente d'éviter une attaque militaire israélienne contre les installations nucléaires iraniennes.

Lancés le 12 avril, ces pourparlers visent à conclure un nouvel accord censé empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique, une ambition que Téhéran a toujours niée, en échange d'une levée des sanctions qui paralysent l'économie iranienne.

Les deux pays ont déclaré que les discussions s'étaient déroulées dans une "atmosphère positive", mais elles ne semblent pas avoir abordé en profondeur les aspects techniques d'un éventuel accord.

L'Iran enrichit actuellement l'uranium à 60%, bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord nucléaire de 2015, alors qu'un taux de 90% est nécessaire pour un usage militaire. Ses stocks de matière fissile inquiètent les puissances occidentales.

L'Iran, qui nie vouloir se doter de l'arme nucléaire, a indiqué qu'il comptait également poursuivre les négociations avec le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne vendredi en Turquie.