Oman fait revivre ses mangroves, un puits de carbone menacé par le changement climatique

Israa al-Maskari, étudiante en sciences de l'environnement, inspecte les palétuviers dans une pépinière de la réserve naturelle de Qurm, dans le quartier de Qurm, à Mascate, capitale d'Oman, le 3 octobre 2023. Dans la réserve verdoyante, à l'abri du soleil, les 80 hectares protégés de mangroves de la forêt d'Al-Qurm pourraient emprisonner des milliers de tonnes de CO2. (AFP)
Israa al-Maskari, étudiante en sciences de l'environnement, inspecte les palétuviers dans une pépinière de la réserve naturelle de Qurm, dans le quartier de Qurm, à Mascate, capitale d'Oman, le 3 octobre 2023. Dans la réserve verdoyante, à l'abri du soleil, les 80 hectares protégés de mangroves de la forêt d'Al-Qurm pourraient emprisonner des milliers de tonnes de CO2. (AFP)
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Publié le Mardi 31 octobre 2023

Oman fait revivre ses mangroves, un puits de carbone menacé par le changement climatique

  • Les mangroves, qui couvraient Oman dans l'Antiquité, ont été décimées par les changements climatiques au fil des siècles
  • Elles sont plus que jamais menacées par la hausse des températures, les inondations et les cyclones liés au réchauffement provoqué par l'homme

MASCATE: Dans un marais de la capitale d'Oman, Zakiya al-Afifi, blouse blanche et bottes aux pieds, mesure l'écorce d'un palétuvier, estimant sa capacité à absorber le dioxyde de carbone responsable du réchauffement de la planète.

Au milieu d'une dense végétation, à l'ombre du soleil brûlant, cette scientifique environnementale de 41 ans affirme que les 80 hectares de mangroves de la réserve d'Al-Qurm pourraient absorber des milliers de tonnes de CO2.

"Les mangroves sont le puits de carbone le plus riche au monde", explique-t-elle en accompagnant un groupe d'étudiants universitaires dans la zone protégée.

Le pays du Golfe est l'un des premiers dans cette région productrice de pétrole à avoir lancé un projet de préservation des arbres et arbustes de bord de mer, qui aident à prendre le carbone de l’air pour le stocker dans leurs racines et les sols.

"Les mangroves sont reconnues comme l'une des solutions naturelles pour lutter contre le changement climatique", dit Zakiya al-Afifi, en soulignant que ces écosystèmes, qui se développent sur les terres riches en sel, stockent davantage de carbone que les forêts et pour une plus longue période.

Selon elle, jusqu'à 80 tonnes de CO2 par hectare pourraient être stockées dans la biomasse en surface, et davantage encore dans le sol.

Ressources menacées

Les mangroves, qui couvraient Oman dans l'Antiquité, ont été décimées par les changements climatiques au fil des siècles, et sont plus que jamais menacées par la hausse des températures, les inondations et les cyclones liés au réchauffement provoqué par l'homme.

"Si nous ne restaurons pas davantage de forêts, nous les perdrons peut-être un jour", alerte Zakiya al-Afifi.

Le pays de 4,5 millions d'habitants, qui compte aujourd'hui près de 1 000 hectares de forêts, s'est lancé dans la réhabilitation et la préservation des mangroves dès 2001.

Dans la crique Al-Sawadi au nord de la capitale Mascate, un responsable de l'Autorité environnementale omanaise, Badr ben Saif Al Busaidi, montre du doigt un dense bosquet de palétuviers.

"Il n'y avait pas un seul arbre ici" il y a vingt ans, raconte ce quadragénaire, en affirmant que la forêt s'étend désormais "sur plus de quatre kilomètres, avec 88 hectares de mangroves".

Ces deux dernières années, Oman a planté plus de 3,5 millions de graines de mangroves, dont deux millions rien qu'en 2023.  "L'année prochaine, les chiffres seront encore plus élevés", prévoit M. Busaidi. Car "si nous n'agissons pas, nous perdrons ces ressources naturelles".

Au départ, le programme s'appuyait sur des pépinières de palétuviers, dont deux à Al-Qurm, produisant 850 000 plants destinés à être transférés dans les zones côtières.  En 2021, les autorités ont eu recours à des drones pour disperser les graines, mais après des résultats décevants, ils ont opté pour une plantation directe et ciblée.

Crédits carbone

Oman s'est lancé en parallèle sur le marché des crédits carbone, achetés par les entreprises qui cherchent à s'afficher "neutres en carbone".

Un crédit représente une tonne de CO2 qui est retirée de l'atmosphère ou empêchée d'y pénétrer grâce à des projets environnementaux financés. La crédibilité de ces outils a été entachée par plusieurs enquêtes journalistiques et études scientifiques, selon lesquelles la réduction des émissions et les bénéfices des projets associés sont souvent surestimés.

L'Autorité environnementale omanaise a signé en octobre un contrat avec la société MSA Green Projects Company pour la plantation de 100 millions d'arbres sur quatre ans, devant permettre d'éliminer théoriquement 14 millions de tonnes de CO2 et de générer 150 millions de dollars de crédits carbone.

Mais pour que ces crédits soient jugés légitimes, les arbres plantés devront se développer à maturité, ne pas brûler… afin de stocker le carbone de façon permanente, ce qui est généralement l’aspect le plus difficile à certifier.

Ces compensations sont aussi à mettre en perspective avec les 71 millions de tonnes de CO2 émises en 2021 par Oman, selon le Global Carbon Project.

Dans la réserve d'Al-Qurm, l'étudiante Israa al-Maskari se dit elle déterminée à sauver les mangroves de son pays. "Les générations précédentes ne pensaient pas beaucoup à l'environnement", souligne la jeune femme de 22 ans, en inspectant des semis. "Ce qu'ils ont fait, nous devons l'assumer aujourd'hui (...) et préserver l'environnement pour nous et pour les générations futures".


«Juste un défi»: une artiste peint avec ses mains et ses pieds dix tableaux simultanément

L'artiste néerlandais Rajacenna van Dam peint dix tableaux à la fois avec ses mains et ses pieds, en direct dans un musée à Vlaardingen, le 3 mai 2024 (Photo, AFP).
L'artiste néerlandais Rajacenna van Dam peint dix tableaux à la fois avec ses mains et ses pieds, en direct dans un musée à Vlaardingen, le 3 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Un astronaute, un autoportrait, un panda avec des lunettes et sept autres peintures, posées à l'envers par terre, sur une table et sur deux chevalets, voient le jour sous les coups de brosse de la jeune femme
  • C'est parti d'une blague, un défi pour contrer l'ennui mais aujourd'hui, c'est du sérieux

VLAARDINGEN, Pays-Bas:  Armée de deux pinceaux entre les orteils et deux autres dans les mains, une concentration extrême dessinée sur son visage, Rajacenna van Dam, artiste néerlandaise de 31 ans, peint simultanément dix tableaux dans un musée aux Pays-Bas.

Un astronaute, un autoportrait, un panda avec des lunettes et sept autres peintures, posées à l'envers par terre, sur une table et sur deux chevalets, voient le jour sous les coups de brosse de la jeune femme aux cheveux bouclés.

C'est parti d'une blague, un défi pour contrer l'ennui mais aujourd'hui, c'est du sérieux : les bras et les jambes tendus, un coup de pinceau par ci, un coup de pinceau par là, Rajacenna, son nom d'artiste, est une perfectionniste et a planifié tous ses gestes en amont dans sa tête.

"Je travaille un peu sur un tableau, puis je reviens à un autre tableau, donc je déplace constamment ma concentration entre tous les tableaux", explique auprès de l'AFP Rajacenna, gauchère d'origine.

"Il y a cinq ans, j'ai commencé à peindre à deux mains, pour le défi et pour aller plus vite, et j'ai découvert que j'étais ambidextre", se souvient-elle.

Et un jour, un journaliste demande en plaisantant si elle peut aussi peindre avec les pieds.

Elle essaie, "pour le fun". Après des mésaventures avec du scotch entre les orteils, elle essaie de la pâte à modeler pour coincer le pinceau. Elle finit par y arriver, poste une vidéo sur internet qui devient virale et les commandes commencent à tomber.

La différence entre les tableaux peints à la main et ceux au pied n'est pas visible. A part pour elle.

"Je vois vraiment une grande différence car c'est un peu moins précis", dit-elle, invitée pour cette performance par un musée dans sa ville natale, Vlaardingen, dans le sud des Pays-Bas.

«Extraordinaire»

"Je m'ennuie assez vite, donc j’aime me mettre au défi, et faire tout ça en même temps provoque en moi une sorte de sensation de méditation, ce qui me calme beaucoup", raconte l'artiste, qui adorait déjà dessiner étant enfant.

Elle délaisse l'activité durant la puberté puis à 16 ans, un dessinateur de rue en Italie ravive la passion en elle. Aujourd'hui, ses vidéos en ligne ont des millions de vues, notamment celles où on la voit peindre avec ses mains et ses pieds plusieurs tableaux en même temps.

A sa connaissance, elle est la seule à faire ça. "Mais j'espère que les gens seront inspirés à faire plus de choses, ou de se mettre au défi un peu plus, comme dessiner avec les pieds", dit l'artiste, dont les tableaux partent pour des sommes entre 6.000 et 12.000 euros, selon son père, Jaco van Dam.

Elle a été remarquée par des célébrités telles que le chanteur Justin Bieber, qui a qualifié son travail d'"incroyable" lorsqu'elle lui a présenté un portrait de lui-même.

"C'est aussi très spécial pour nous en tant que parents, elle nous surprend aussi et je ne comprends pas non plus comment elle fait", déclare le père de Rajacenna auprès de l'AFP.

Au mur du musée trône un portrait d'Einstein peint par la jeune artiste. Un clin d'oeil à une étude dont fait l'objet son cerveau menée par le neuroscientifique turco-allemand Onur Güntürkün, selon lequel la jeune femme "est capable de choses que les neurosciences jugent impossible".

"Un scanner cérébral a déjà révélé auparavant que ses hémisphères cérébraux droit et gauche sont trois fois plus connectés que la moyenne", affirme Jaco van Dam auprès de l'AFP.

De quoi impressionner le commun des mortels qui déambule dans le musée, comme ce couple de retraités.

"C'est extraordinaire que quelqu'un soit capable de faire ça", s'exclame Anton van Weelden, 75 ans.

"Et en plus, les tableaux sont très beaux et réalistes", dit-il, avouant qu'il s'emmêlerait les pinceaux s'il venait à s'aventurer sur ce terrain-là. "Je n'arriverais même pas à peindre comme ça avec ma main droite".


La silencieuse agonie du glacier colombien Ritacuba Blanco

Un touriste explore le glacier Ritacuba Blanco dans le parc naturel national El Cocuy, dans la province de Boyaca, en Colombie, le 19 avril 2024. Le glacier Ritacuba Blanco, l'un des plus hauts sommets enneigés de Colombie, devrait être recouvert d'un manteau de neige homogène. Mais un brutal phénomène El Niño l'a fait fondre et a révélé de gigantesques crevasses, signe de son agonie. (Photo de Luis Acosta AFP)
Un touriste explore le glacier Ritacuba Blanco dans le parc naturel national El Cocuy, dans la province de Boyaca, en Colombie, le 19 avril 2024. Le glacier Ritacuba Blanco, l'un des plus hauts sommets enneigés de Colombie, devrait être recouvert d'un manteau de neige homogène. Mais un brutal phénomène El Niño l'a fait fondre et a révélé de gigantesques crevasses, signe de son agonie. (Photo de Luis Acosta AFP)
Le pic Pan de Azucar est vu depuis le pic Ritacuba Blanco dans le parc naturel national El Cocuy, dans la province de Boyaca, en Colombie, le 19 avril 2024. Le glacier Ritacuba Blanco, l'un des plus hauts sommets enneigés de Colombie, devrait être recouvert d'un manteau de neige homogène. Mais un brutal phénomène El Niño l'a fait fondre et a révélé de gigantesques crevasses, signe de son agonie. (Photo de Luis ACOSTA / AFP)
Le pic Pan de Azucar est vu depuis le pic Ritacuba Blanco dans le parc naturel national El Cocuy, dans la province de Boyaca, en Colombie, le 19 avril 2024. Le glacier Ritacuba Blanco, l'un des plus hauts sommets enneigés de Colombie, devrait être recouvert d'un manteau de neige homogène. Mais un brutal phénomène El Niño l'a fait fondre et a révélé de gigantesques crevasses, signe de son agonie. (Photo de Luis ACOSTA / AFP)
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  • Dans sa partie la plus basse, à 4.950 mètres d'altitude, de larges fissures révèlent désormais la roche jusque-là cachée
  • Des 14 glaciers tropicaux qui existaient en Colombie au début du 20e siècle, il ne reste plus que six

EL COCUY, Colombie : Il y a quelques mois encore, le Ritacuba Blanco, l'un des plus hauts sommets de Colombie, était recouvert d'un homogène manteau neigeux. Mais la hausse des températures a récemment provoqué de larges fissures dans la glace qui témoignent de sa lente agonie.

Depuis novembre dernier et la hausse des températures dans le pays à cause du phénomène météorologique El Niño, le manteau blanc a commencé à fondre à une vitesse vertigineuse, alertent les experts.

Dans sa partie la plus basse, où l'AFP a pu se rendre, à 4.950 mètres d'altitude, de larges fissures révèlent désormais la roche jusque-là cachée. Les autorités accusent El Niño, qui frappe la Colombie depuis fin 2023.

Le phénomène météorologique est généralement associé à une hausse des températures et d'importantes sécheresses susceptibles d'entraîner des feux de forêts dévastateurs. Il se produit en moyenne tous les deux à sept ans, et les épisodes durent généralement de neuf à douze mois.

L'épisode actuel s'inscrit «dans le contexte d'un climat modifié par les activités humaines», a noté l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

La Colombie, dont la biodiversité est l'une des plus riches au monde, a enregistré en mars le mois le plus chaud de son histoire, avec des températures atteignant par endroits 42,4°C.

«Le phénomène El Niño est peut-être la pire chose qui puisse arriver à nos pics enneigés ou à nos glaciers», estime Jorge Luis Ceballos, glaciologue à l'Institut d'hydrologie, de météorologie et d'études environnementales (Ideam). «Il n'y a pas de couverture nuageuse et donc pas de chute de neige», souligne-t-il.

Des 14 glaciers tropicaux qui existaient en Colombie au début du 20e siècle, il n'en reste plus que six. Le Ritacuba Blanco, situé dans le parc national de la Sierra Nevada del Cocuy, à environ 250 km au nord-est de la capitale Bogota, est le plus en péril des sommets encore enneigés du pays.

«À la fin de l'année dernière, les parois ici mesuraient environ six mètres de haut (...) aujourd'hui, elles ne font pratiquement plus qu'un mètre», souligne le guide Edwin Prada.

- «De pire en pire» -

Selon les données les plus récentes, de 2022, quelque 12,8 km2 de ce territoire étaient alors recouverts de glace et de neige, soit l'étendue la plus faible depuis que l'Ideam effectue des relevés. En 2010, le manteau neigeux couvrait 16,5 km2 et même 19,8 km2 en 2003.

Ces derniers mois, «la neige a fondu en raison du manque de précipitations et la glace a été exposée au rayonnement solaire, ce qui a accéléré le dégel», explique M. Ceballos.

La planète a connu en 2023 les températures les plus élevées jamais enregistrées, selon l'Observatoire européen du climat Copernicus (C3S). En Asie, continent le plus touché, les sommets glacés de l'Himalaya sont également en train de disparaître, menaçant la sécurité hydrique de la région, selon l'OMM.

Le phénomène El Niño a également provoqué cette année d'importants incendies en Colombie. Au total, plus de 17.000 hectares de forêts sont parties en fumées dans tous le pays. Une partie des flammes a atteint les paramos, ces écosystèmes fragiles propres aux pays andins.

De nombreux petits lacs qui alimentent habituellement les villages en eau se sont en outre asséchés.

Fait sans précédent au cours de ce siècle, la capitale colombienne a décrété un rationnement du service d'approvisionnement en eau il y a trois semaines en raison du faible niveau de ses réservoirs.

Humberto Estepa, un habitant de Güican, un village proche du Ritacuba Blanco, tremble à chaque fois qu'il se rend au pied du glacier.

Le dégel «cette année a été trop important», assure-t-il. «C'est de pire en pire, il y a de nouvelles crevasses, plus de dégel», se disant «très nostalgique».

 


Tout est rose à Taif : les fans affluent au festival des fleurs

Le 19e festival des roses de Taïf, dont le thème est « Qetaf », qui signifie « temps de la cueillette », coïncide avec la saison des récoltes et se déroulera jusqu'au 12 mai. (SPA)
Le 19e festival des roses de Taïf, dont le thème est « Qetaf », qui signifie « temps de la cueillette », coïncide avec la saison des récoltes et se déroulera jusqu'au 12 mai. (SPA)
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  • L'exposition annuelle de Taif présente un tapis floral de plus d'un million de fleurs
  • Les agriculteurs et les vendeurs sont optimistes quant à l'augmentation des ventes lors de l'événement

DJEDDAH : Les visiteurs affluent au 19e festival des roses de Taif, au parc Al-Raddaf, où les fleurs sont en pleine floraison, mettant en valeur le riche patrimoine floral de la région.

Le festival, dont le thème est "Qetaf", qui signifie "temps de la cueillette", coïncide avec la saison des récoltes et se poursuivra jusqu'au 12 mai. Les organisateurs sont la Taif Rose Cooperative Society et la municipalité de Taif.

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Le 19e festival des roses de Taïf, dont le thème est « Qetaf », qui signifie « temps de la cueillette », coïncide avec la saison des récoltes et se déroulera jusqu'au 12 mai. (SPA)

La participation des habitants de Taif et des touristes nationaux et internationaux a été impressionnante. Les exposants - pour la plupart des agriculteurs et des vendeurs - ont bon espoir que l'augmentation des revenus contribuera à stimuler la culture et la production de roses.

Abdullah Altwairqi, agriculteur local et participant au festival, a déclaré : "La participation au festival des roses de Taif est devenue une tradition pour moi. L'atmosphère s'améliore d'année en année, et les revenus et l'exposition que nous recevons des visiteurs en valent la peine."