L'Irlande, la Norvège et l'Espagne annoncent leur décision de reconnaître un Etat palestinien

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez  prenant la parole devant le Congrès des députés pour annoncer la reconnaissance de l'Etat de Palestine. (AFP).
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez prenant la parole devant le Congrès des députés pour annoncer la reconnaissance de l'Etat de Palestine. (AFP).
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Publié le Mercredi 22 mai 2024

L'Irlande, la Norvège et l'Espagne annoncent leur décision de reconnaître un Etat palestinien

  • L'Irlande va annoncer mercredi sa décision de reconnaître un Etat palestinien, ont affirmé dans la nuit des médias irlandais, précisant qu'une conférence de presse sur le sujet avec le Premier ministre Simon Harris est prévue à 08H00 locales
  • A la même heure, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez doit prendre la parole devant le Congrès des députés.

RAFAH: En pleine guerre meurtrière dans la bande de Gaza palestinienne, des pays européens s'apprêtent à annoncer mercredi une initiative visant à reconnaître un Etat de Palestine, un projet déjà fustigé d'avance par Israël.

L'Irlande va annoncer mercredi sa décision de reconnaître un Etat palestinien, ont affirmé dans la nuit des médias irlandais, précisant qu'une conférence de presse sur le sujet avec le Premier ministre Simon Harris est prévue à 08H00 locales (07H00 GMT).

A la même heure, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez doit prendre la parole devant le Congrès des députés. Or M. Sánchez avait déjà indiqué la semaine dernière qu'il annoncerait mercredi la date de la reconnaissance par Madrid d'un Etat palestinien.

M. Sánchez avait publié en mars avec les chefs des gouvernements de l'Irlande, de la Slovénie et de Malte un communiqué commun dans lesquels ces pays faisaient part de leur volonté de reconnaître un tel Etat.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a déjà publié mardi soir un message vidéo à l'adresse de Dublin sur le réseau social X pour l'avertir que "reconnaître un Etat palestinien risque de vous transformer en pion dans les mains de l'Iran" et du Hamas.

Pour Israël, les projets de reconnaissance d'un Etat palestinien sans solution négociée constituent une "récompense" pour le Hamas, mouvement islamiste palestinien soutenu par l'Iran, pour son attaque le 7 octobre depuis la bande de Gaza en territoire israélien.

En représailles à cette attaque, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une vaste opération militaire à Gaza.

Selon le ministère de la Santé du gouvernement de ce territoire palestinien dirigé par le Hamas, 35.647 personnes, pour la plupart des civils, ont été tués dans cette opération militaire israélienne qui a aussi provoqué une catastrophe humanitaire selon l'ONU.

Hôpitaux menacés

Tôt mercredi, une équipe de l'AFP a fait état de tirs d'artillerie et de frappes aériennes dans et autour de Rafah (sud), ville dont certains secteurs sont le théâtre d'opérations au sol depuis le début du mois malgré l'opposition de la communauté internationale.

L'armée israélienne avait alors ordonné des évacuations massives de Rafah où elle dit vouloir détruire les derniers bataillons du Hamas, son réseau de tunnels, et sauver les otages.

Le fonctionnement des deux hôpitaux toujours en activité dans la pointe nord de la bande de Gaza, tous deux situés près du camp de Jabalia, est désormais menacé par la recrudescence des combats entre l'armée israélienne et des combattants du Hamas.

L'hôpital al-Awda est assiégé depuis trois jours, a affirmé à l'AFP un responsable de l'établissement, Mohammad Saleh, en faisant état de tirs israéliens sur les bâtiments de l'hôpital et de "tireurs d'élite présents aux alentours et dans les maisons adjacentes".

Rik Peeperkorn, responsable de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour les Territoires palestiniens, a signalé une "intensification des hostilités" autour de l'hôpital Kamal Adwan.

La Norvège va reconnaître l'existence d'un Etat palestinien à compter du 28 mai

La Norvège va reconnaître l'existence d'un Etat palestinien à compter du 28 mai, a annoncé mercredi le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre malgré les mises en garde du gouvernement israélien.

D'autres pays européens devraient prendre le même jour une initiative similaire: le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez doit annoncer dans la matinée la date de la reconnaissance par Madrid d'un Etat palestinien et le gouvernement irlandais a convoqué une conférence de presse à 07H00 GMT pour, selon des médias locaux, faire connaître sa décision.

« Catastrophiques »

Depuis qu'Israël a pris le 7 mai le contrôle du côté palestinien du poste-frontière de Rafah avec l'Egypte, l'acheminement de l'aide humanitaire est quasiment à l'arrêt, notamment le carburant, indispensable aux hôpitaux et à la logistique humanitaire.

Selon l'ONU, 1,1 million de personnes dans le territoire palestinien font face à des "niveaux de faim catastrophiques". L'agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens, l'Unrwa, a annoncé suspendre ses distributions de nourriture à Rafah "en raison du manque de fournitures et de l'insécurité".

Face aux sévères restrictions imposées à l'aide par voie terrestre, les Etats-Unis avaient annoncé en mars la mise en place du port temporaire à Gaza, initiative jugée insuffisante par l'ONU, les ONG et par les dirigeants américains eux-mêmes.

Depuis son entrée en fonction vendredi, environ 569 tonnes d'aide ont été acheminées à Gaza, selon l'armée américaine. Mais cette aide n'a toujours pas été distribuée à la population, a annoncé mardi soir le ministère américain de la Défense.

Arrêt sur images

Dans ce contexte de guerre et de menace de famine, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan a déclaré lundi avoir demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Yoav Gallant pour des crimes tels que "le fait d'affamer délibérément des civils", "homicide intentionnel" et "extermination et/ou meurtre".

Des dirigeants du Hamas, y compris Yahya Sinouar, chef du mouvement à Gaza, sont également visés par cette demande de mandats d'arrêt pour "extermination", "viol et autres formes de violence sexuelle" et "prise d'otages en tant que crime de guerre".

M. Netanyahu a "rejeté avec dégoût la comparaison du procureur de La Haye entre Israël" et le Hamas, son ministre de la Défense dénonçant une décision "ignoble". Le Hamas a condamné "les tentatives du procureur (...) d'assimiler la victime au bourreau".

Le président américain Joe Biden a fustigé lundi soir une démarche "scandaleuse" de la CPI à l'égard des dirigeants israéliens et réitéré son soutien à Israël.

Sous la pression mardi de la Maison Blanche, Israël est par ailleurs revenu sur sa décision d'interrompre la retransmission par l'agence de presse américaine Associated Press (AP) de sa vidéo en direct de la bande de Gaza.

AP a attribué la coupure à "une utilisation abusive par le gouvernement" de Benjamin Netanyahu de la loi votée début avril qui permet d'interdire la diffusion en Israël de médias étrangers "portant atteinte à la sécurité" de l'Etat.

Hors de Gaza, l'armée israélienne a mené mardi une opération à Jénine, bastion de groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée, qui a fait huit morts selon l'Autorité palestinienne.

Israël rappelle ses ambassadeurs en Irlande et en Norvège

Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé mercredi le rappel "pour consultations" de ses ambassadeurs en Irlande et en Norvège après la décision de la Norvège reconnaître un Etat de Palestine et l'annonce attendue de l'Irlande.

"Aujourd’hui, j’envoie un message clair à l'Irlande et à la Norvège: Israël ne restera pas silencieux sur cette question", a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, cité dans un communiqué de ses services.


Liban: il n'y aura plus d'armes «hors du contrôle de l'Etat», assurent les présidents libanais et palestinien

Cette photo diffusée par la présidence libanaise montre le président libanais Joseph Aoun (à droite) accueillant son homologue palestinien Mahmoud Abbas au palais présidentiel de Baabda, à l'est de la capitale Beyrouth, le 21 mai 2025. Mahmoud Abbas est arrivé à Beyrouth, où il doit discuter du désarmement des camps de réfugiés palestiniens, alors que le Liban cherche à imposer son autorité sur l'ensemble de son territoire. (AFP)
Cette photo diffusée par la présidence libanaise montre le président libanais Joseph Aoun (à droite) accueillant son homologue palestinien Mahmoud Abbas au palais présidentiel de Baabda, à l'est de la capitale Beyrouth, le 21 mai 2025. Mahmoud Abbas est arrivé à Beyrouth, où il doit discuter du désarmement des camps de réfugiés palestiniens, alors que le Liban cherche à imposer son autorité sur l'ensemble de son territoire. (AFP)
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  • Les présidents libanais et palestinien ont assuré lors d'un entretien mercredi qu'il n'y aurait plus d'armes échappant au contrôle de l'Etat au Liban
  • Joseph Aoun et Mahmoud Abbas "proclament leur conviction que l'ère des armes échappant à l'autorité de l'Etat libanais est révolue"

BEYROUTH: Les présidents libanais et palestinien ont assuré lors d'un entretien mercredi qu'il n'y aurait plus d'armes échappant au contrôle de l'Etat au Liban, où le pouvoir n'étend pas son autorité sur les camps de réfugiés palestiniens.

Les présidents Joseph Aoun et Mahmoud Abbas "proclament leur conviction que l'ère des armes échappant à l'autorité de l'Etat libanais est révolue", ont-ils annoncé dans un communiqué conjoint. La visite de Mahmoud Abbas est centrée sur la question du désarmement des camps palestiniens.


Trump au Moyen-Orient: le grand virage de la politique étrangère américaine

Ovations et scènes de liesse sont rares dans les forums d’investissement. Pourtant, le discours prononcé par le président Donald Trump lors du Forum d’investissement américano-saoudien à Riyad la semaine dernière sortait de l’ordinaire. (AFP)
Ovations et scènes de liesse sont rares dans les forums d’investissement. Pourtant, le discours prononcé par le président Donald Trump lors du Forum d’investissement américano-saoudien à Riyad la semaine dernière sortait de l’ordinaire. (AFP)
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  •  «Après avoir discuté de la situation en Syrie avec le prince héritier, je vais ordonner la levée des sanctions contre la Syrie afin de lui donner une chance de redevenir grande», déclare Trump
  • Ses derniers mots ont été presque couverts par une salve d’applaudissements, suivie d’une ovation, initiée par le prince héritier Mohammed ben Salmane

LONDRES: Ovations et scènes de liesse sont rares dans les forums d’investissement. Pourtant, le discours prononcé par le président Donald Trump lors du Forum d’investissement américano-saoudien à Riyad la semaine dernière sortait de l’ordinaire.

En ouverture d’une tournée de quatre jours dans la région, M. Trump a multiplié les déclarations géopolitiques inattendues.

«Après avoir discuté de la situation en Syrie avec le prince héritier (saoudien), je vais ordonner la levée des sanctions contre la Syrie afin de lui donner une chance de redevenir grande», a-t-il annoncé.

Ses derniers mots ont été presque couverts par une salve d’applaudissements, suivie d’une ovation, initiée par le prince héritier Mohammed ben Salmane.

Bien que cette annonce ait surpris nombre d’observateurs – y compris des analystes expérimentés et certains membres proches de M. Trump – elle n’était pas totalement inattendue.

En décembre dernier, pour la première fois en dix ans, des responsables américains s’étaient rendus à Damas, où ils avaient rencontré Ahmad el-Chareh, chef de Hay’at Tahrir al-Cham, qui, deux semaines plus tôt, avait conduit au renversement spectaculaire du régime de Bachar el-Assad après quatorze années de guerre civile.

À l’issue de cette rencontre, la délégation américaine avait jugé El-Chareh «pragmatique». Peu après, les États-Unis avaient levé la prime de 10 millions de dollars placée depuis longtemps sur sa tête. Un mois plus tard, El-Chareh était nommé président de la Syrie.

Le lendemain du forum d’investissement à Riyad, M. Trump s’est entretenu en tête-à-tête avec le président syrien. De cette rencontre est née ce qui pourrait devenir l’une des photographies les plus marquantes de l’histoire récente de la région: le prince héritier saoudien, entouré de M. Trump et de M. El-Chareh, debout devant les drapeaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la Syrie.

«Je n'ai jamais cru qu'il fallait avoir des ennemis permanents», a déclaré le président, et «je suis prêt à mettre fin aux conflits passés et à forger de nouveaux partenariats pour un monde meilleur et plus stable, même si nos divergences peuvent être très profondes, ce qui est manifestement le cas pour l'Iran».

Il a salué les dirigeants locaux capables de «transcender les conflits anciens et les divisions usées du passé», tout en critiquant «les interventionnistes occidentaux [...] qui prétendent vous enseigner comment vivre ou gouverner vos propres affaires».

Dans un message qui a trouvé un écho fort à Kaboul, Bagdad, voire Téhéran, il a poursuivi:
«En fin de compte, les soi-disant bâtisseurs de nations ont détruit bien plus de nations qu’ils n’en ont construites – et les interventionnistes sont intervenus dans des sociétés complexes qu’ils ne comprenaient même pas eux-mêmes.»

Réagissant à ces déclarations, Sir John Jenkins – diplomate chevronné, ancien ambassadeur britannique en Arabie saoudite, en Irak et en Syrie, et ex-consul général à Jérusalem – a confié à Arab News:

«Je pense que cela pourrait bien être un véritable tournant.»

Selon lui, «la démographie post-printemps arabe – une jeunesse en quête de meilleure gouvernance et de progrès, sans passer par l’idéologie ou la révolution – coïncide avec un moment particulier réunissant Mohammed ben Salmane, Trump et la Syrie».

Le discours de Trump prononcé la semaine dernière à Riyad, a-t-il ajouté, «était remarquable, intellectuellement cohérent – et il le pense réellement».

Il poursuit : «Si un bloc cohérent d’États sunnites – l’Arabie saoudite, les pays du CCG, la Jordanie, la Syrie et l’Égypte – parvient à œuvrer pour la prospérité et la stabilité plutôt que l’instabilité, alors on pourrait disposer d’un levier régional capable de contenir l’Iran comme cela n’a plus été le cas depuis des décennies. Cela offrirait également aux États-Unis la marge nécessaire pour redéfinir leur stratégie.»

Mais de nombreux obstacles subsistent.

«L’Iran, qui tente déjà d’affaiblir la Syrie, continuera à jouer ses cartes», a averti Sir Jenkins.
«Et puis il y a Israël: veut-il vraiment des voisins sunnites forts et stables? Il le devrait. Mais je ne suis pas certain que Bezalel Smotrich – le ministre israélien des Finances, qui a récemment juré que Gaza serait entièrement détruite – ou Itamar Ben-Gvir – le ministre de la Sécurité nationale qui pousse pour une occupation israélienne de Gaza – partagent ce point de vue. C’est un vrai dilemme pour le Premier ministre Benjamin Netanyahou.»

«Mais si l'on associe tout cela à un éventuel accord entre les États-Unis et l'Iran, qui donnera à l'Iran des incitations pour ne pas voir les sanctions s'effondrer, alors il y a quelque chose là.»

Pour El-Chareh, même il y a six mois, le revirement spectaculaire de sa situation personnelle aurait semblé fantastique et, en tant que tel, il est symptomatique des bouleversements tectoniques présagés par la visite de Trump dans la région.

Il y a presque exactement 12 ans, le 16 mai 2013, le chef du Front Nosra, affilié à Al-Qaïda, jugé responsable de «multiples attentats-suicides à travers la Syrie» visant le régime Assad, avait été désigné comme terroriste par le Département d'État américain.

Aujourd'hui, bénéficiaire très public des louanges et du soutien de Trump et du prince héritier saoudien, la métamorphose d'El-Chareh en symbole d'espoir pour le peuple syrien est emblématique de la nouvelle approche spectaculaire de l'Amérique dans la région.

À Doha, le président a saisi l'occasion d'une visite à une base militaire américaine pour se montrer aimable avec l'Iran, un pays dont les négociateurs se sont discrètement réunis à Oman avec Steve Witkoff, l'envoyé spécial de Trump, pour discuter d'un accord sur le nucléaire.

«Je veux qu'ils réussissent», a déclaré M. Trump, qui, en 2018, a retiré unilatéralement les États-Unis de l'accord initial, élaboré par le président Barack Obama et ses alliés européens, et a réimposé des sanctions économiques. Aujourd'hui, a-t-il déclaré à Doha la semaine dernière, «je veux qu'ils finissent par devenir un grand pays».

L'Iran, a-t-il ajouté, «ne peut pas avoir d'arme nucléaire». Mais, dans un clin d'œil à Israël, qui aurait non seulement demandé l'autorisation aux États-Unis d'attaquer les installations d'enrichissement iraniennes, mais qui aurait même demandé à l'Amérique d'y participer, il a ajouté: «Nous n'allons pas faire de poussière nucléaire en Iran. Je pense que nous sommes sur le point de conclure un accord sans avoir à le faire.»

En réalité, l'ensemble du voyage de Trump semble avoir été conçu comme une rebuffade à l'égard d'Israël, qui ne figurait pas sur l'itinéraire.

Une semaine avant le voyage, M. Trump avait annoncé un accord de cessez-le-feu unilatéral avec les Houthis au Yémen, qui s'étaient rangés du côté du Hamas après la guerre de représailles menée par Israël à Gaza en octobre 2023.

Dans le cadre de cet accord, négocié par Oman et auquel Israël n'a pas participé, les États-Unis ont déclaré qu'ils cesseraient leurs frappes au Yémen en échange de l'acceptation par les Houthis de cesser de cibler les navires dans la mer Rouge.

Le 12 mai, la veille de l'arrivée de M. Trump en Arabie saoudite, le Hamas a libéré Edan Alexander, le dernier citoyen américain encore en vie retenu en otage à Gaza, dans le cadre d'un accord conclu à l'issue de pourparlers directs sans implication d'Israël.

Dans un message publié sur Truth Social, M. Trump a salué «une mesure prise de bonne foi à l'égard des États-Unis et les efforts des médiateurs – le Qatar et l'Égypte – pour mettre un terme à cette guerre très brutale».

Selon Ahron Bregman, ancien soldat israélien et maître de conférences à l’Institut d’études moyen-orientales du King’s College de Londres, Donald Trump a «jeté Netanyahou – et, en réalité, Israël – sous le bus».

«Il a totalement pris Netanyahou de court avec une série d’initiatives diplomatiques au Moyen-Orient qui, du point de vue israélien, sont non seulement préjudiciables, mais véritablement humiliantes», a-t-il déclaré à Arab News.

«Par le passé, lorsqu’on voulait accéder à la Maison Blanche, le chemin passait souvent par Israël, qui pouvait faciliter l’ouverture des portes à Washington. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Netanyahou, blessé et humilié par Trump, semble avoir perdu sa touche.»

«Trump méprise les perdants, et il voit probablement en Netanyahou un perdant – au vu du chaos à Gaza et de son incapacité à atteindre les objectifs déclarés d’Israël.»

Pour M. Bregman, ce changement radical de dynamique au Moyen-Orient s’explique en grande partie par l’approche résolument transactionnelle de la politique que privilégie Donald Trump.

«Trump considère les relations internationales et la diplomatie sous l'angle financier, comme des entreprises commerciales. Pour Trump, l'argent parle et l'argent ne se trouve pas en Israël, qui reçoit 3 milliards de dollars par an des États-Unis, mais dans les États du Golfe.»

«Trump prend au sérieux l'idée de l'Amérique d'abord, et Israël ne sert pas cet objectif; ce sont les États du Golfe qui s'en chargent. Pour l'instant, du moins, le centre de gravité s'est déplacé vers les États du Golfe, et le statut d'Israël au Moyen-Orient s'est considérablement affaibli.»

Pour Ibrahim al-Marachi, professeur associé à la California State University, San Marcos, les événements de la semaine dernière contrastent fortement avec ceux de la première présidence de Trump.

«Au cours de la première administration Trump, la Troisième Guerre mondiale a failli éclater, avec les porte-avions de ma ville natale de San Diego déployés en permanence dans le Golfe pour dissuader l'Iran, l'attaque (des Houthis) contre Saudi Aramco et l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani à Bagdad au début de l'année 2020», a-t-il déclaré à Arab News.

«Cinq ans plus tard, l'administration Trump semble répéter la doctrine réaliste Nixon-Kissinger: L'Amérique n'a pas d'amis ou d'ennemis permanents, seulement des intérêts. À cet égard, son administration pourrait forger des relations avec l'Iran comme Nixon l'a fait avec la Chine.»

Kelly Petillo, responsable de programme pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord au Conseil européen des relations étrangères, considère lui aussi les événements de la semaine dernière comme le début d'une «nouvelle phase des relations entre les États-Unis et le Golfe».

Parmi les développements remarquables, il y a «la mise à l'écart relative d'Israël et le fait qu'Israël n'entretienne pas la relation privilégiée avec Trump qu'il pensait avoir», a-t-elle déclaré à Arab News. «L'agenda des États-Unis est désormais plus large que le soutien inconditionnel à Israël, et l'alignement avec les partenaires du CCG est également essentiel.»

«L'Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis sont clairement devenus d'une importance stratégique pour les États-Unis, avec de nouveaux accords à l'horizon et la promesse d'étendre ces relations. L'annonce de liens commerciaux plus étroits s'est également accompagnée de déclarations politiques qui, dans l'ensemble, ont représenté des développements positifs pour la région.

En fin de compte, a déclaré Caroline Rose, directrice au New Lines Institute, «la visite de Trump au CCG a mis en évidence deux de ses priorités en matière de politique étrangère au Moyen-Orient».

«Premièrement, il a cherché à obtenir une série d'accords de coopération transactionnels et bilatéraux dans des secteurs tels que la défense, l'investissement et le commerce», a-t-elle déclaré à Arab News.

«Le second objectif était d'utiliser le voyage comme un mécanisme susceptible de modifier les conditions des négociations diplomatiques en cours directement avec l'Iran, entre le Hamas et Israël, et même entre l'Ukraine et la Russie.»

Ce n'est évidemment pas un hasard si Donald Trump a choisi le Moyen-Orient comme destination de son premier voyage officiel à l'étranger depuis le début de sa seconde présidence.

«L'administration Trump a cherché à courtiser étroitement les États du Golfe pour signaler à d'autres partenaires de la région, comme Israël, ainsi qu'à l'UE, qu'elle peut développer des partenariats alternatifs pour obtenir ce qu'elle veut dans les négociations de paix.»

Bien qu'une stratégie visant à faire avancer des négociations de paix spécifiques ait été «notablement absente lors de son voyage», il était clair que «ce voyage était conçu pour jeter les bases d'une dynamique potentielle et pour changer certaines dynamiques de pouvoir avec les partenaires traditionnels des États-Unis à l'étranger, en semant les graines de la bonne volonté qui pourraient modifier les négociations en faveur de l'administration Trump».


Emirats arabes unis: accord avec Israël sur l'envoi d'aide humanitaire à Gaza 

Mis sous pression à l'étranger pour le blocus qui affame les Palestiniens de Gaza, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré lundi que Israël devait empêcher une famine à Gaza "pour des raisons diplomatiques", après l'annonce d'une reprise limitée de l'aide humanitaire à destination du petit territoire palestinien. (AFP)
Mis sous pression à l'étranger pour le blocus qui affame les Palestiniens de Gaza, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré lundi que Israël devait empêcher une famine à Gaza "pour des raisons diplomatiques", après l'annonce d'une reprise limitée de l'aide humanitaire à destination du petit territoire palestinien. (AFP)
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  • Plus de deux mois après le blocus imposé par Israël à Gaza depuis le 2 mars, les pénuries de nourriture et de médicaments frappent durement la bande de Gaza
  • Le territoire côtier est confronté à un "risque critique de famine", selon le rapport IPC (Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire) publié le 12 mai

DUBAI: Les Emirats arabes unis ont conclu un accord avec Israël pour permettre la livraison d'aide humanitaire urgente à la bande de Gaza assiégée, selon un communiqué publié mercredi par l'agence de presse officielle émiratie WAM.

Le chef de la diplomatie émiratie, Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, "s'est entretenu par téléphone avec Gideon Saar, ministre israélien des Affaires étrangères, ce qui a conduit à un accord autorisant la livraison d'une aide humanitaire urgente en provenance des Emirats arabes unis", selon le communiqué.

"L'aide répondra, dans une première phase, aux besoins alimentaires d'environ 15.000 civils dans la bande de Gaza", précise le communiqué.

Mis sous pression à l'étranger pour le blocus qui affame les Palestiniens de Gaza, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré lundi que Israël devait empêcher une famine à Gaza "pour des raisons diplomatiques", après l'annonce d'une reprise limitée de l'aide humanitaire à destination du petit territoire palestinien.

Des "images de famine de masse" pourraient mettre à mal la légitimité de l'effort de guerre israélien, a-t-il ajouté.

Israël a annoncé dimanche autoriser une reprise limitée de l'aide humanitaire, parallèlement au lancement d'"opérations terrestres de grande envergure" à Gaza.

Israël a annoncé l'entrée de 93 camions de l'ONU mardi dans la bande de Gaza, l'ONU confirmant de son côté le passage de "quelques dizaines" de camions ce jour-là.

Plus de deux mois après le blocus imposé par Israël à Gaza depuis le 2 mars, les pénuries de nourriture et de médicaments frappent durement la bande de Gaza.

Le territoire côtier est confronté à un "risque critique de famine", selon le rapport IPC (Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire) publié le 12 mai.

Les Emirats et Israël ont formellement établi des relations diplomatiques lors des accords d'Abraham en 2020.