Prisons: 73080 détenus au 1er avril en France, un record

Une cellule d'isolement de la prison de Gradignan est photographiée, près de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 3 octobre 2022 (Photo, AFP).
Une cellule d'isolement de la prison de Gradignan est photographiée, près de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 3 octobre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 29 avril 2023

Prisons: 73080 détenus au 1er avril en France, un record

  • Le taux d'occupation atteint même 142,2% dans les maisons d'arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement
  • Ce mal chronique des prisons françaises avait valu à la France une condamnation devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) en janvier 2020

PARIS: Un nouveau pic historique a été atteint dans les prisons françaises au 1er avril avec le niveau inédit de 73 080 détenus accentuant encore la surpopulation carcérale et la pression sur l'exécutif pour tenter d'y remédier.

C'est le troisième mois consécutif que le nombre de détenus est à la hausse dans les prisons françaises.

Le précédent pic, en décembre 2022, était de 72 836 détenus. Leur nombre avait légèrement baissé en janvier avant de repartir à la hausse en février.

Les prisons françaises comptaient au 1er avril 60 899 places opérationnelles. Avec 73 080 détenus, la densité carcérale globale est de 120% contre 117,1% il y a un an et 118,7% le 1er mars.

Le taux d'occupation atteint même 142,2% dans les maisons d'arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement - et donc présumés innocents - et ceux condamnés à de courtes peines.

Contactée par l'AFP, Prune Missoffe, une responsable à l’Observatoire international des prisons (OIP), a déploré une "situation qui ne cesse d’empirer, mois après mois", malgré les alertes sur les "conditions dramatiques de surpopulation" dans les prisons françaises.

"Le gouvernement ne peut continuer à rester indifférent devant l'indignité des conditions de détention et sourd aux appels répétés des observateurs nationaux et internationaux à diminuer le nombre de détenus", a réagi officiellement l'association dans un communiqué.

Ce mal chronique des prisons françaises avait valu à la France une condamnation devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) en janvier 2020.

Le gouvernement souhaite la construction de 15 000 places de prison supplémentaire d'ici la fin du quinquennat. Mais si la mise en oeuvre de ce plan progresse, il "accuse un retard important", a souligné la Cour des comptes dans son rapport annuel publié en avril.

"Les 7 000 places qui devaient être livrées avant la fin de l'année 2022 n'ont pas été construites en intégralité", a ainsi relevé la Cour des comptes.

En 2023, dix nouveaux établissements actuellement en voie d'achèvement, représentant 1 958 places, devraient être livrés, a indiqué la Cour des comptes. Au total, 24 établissements, soit la moitié de la prévision initiale, devraient être opérationnels en 2024.

Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti doit présenter mercredi en Conseil des ministres son projet de loi de programmation et d'orientation de la justice qui entérine notamment la construction de ces nouvelles places de prison.

Dormir à même le sol

Selon les chiffres du ministère, 55 prisons affichent une densité supérieure à 150%. Ce taux d'occupation atteint ou dépasse même 200% dans huit établissements. Près de 22 000 détenus sont dans des structures dont la densité dépasse 150%.

Plus de 15 000 détenus sont actuellement en surnombre par rapport aux places disponibles dans les établissements pénitentiaires.

En raison de cette surpopulation, 2 151 sont contraints de dormir sur des matelas posés à même le sol.

Parmi les détenus, 19 773 sont des prévenus, incarcérés dans l'attente de leur jugement.

Au total, 89 376 personnes étaient placées sous écrou au 1er avril. Parmi elles, on compte 16 296 personnes non détenues faisant l'objet d'un placement sous bracelet électronique (15 538) ou d'un placement à l'extérieur (758).

Le nombre de femmes écrouées (3,6% de la population carcérale totale) et celui de mineurs (0,8%) sont stables.

Pour remédier à ces taux d'occupation record, outre la construction de nouvelles places de prison, le gouvernement mise également sur les effets à attendre de l'extension de la libération sous contrainte, qui permet depuis le 1er janvier la remise en liberté anticipée de détenus condamnés à une peine inférieure à deux ans d'emprisonnement et à qui il reste moins de trois mois à purger.


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

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  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.