France: Sarkozy menacé d'une nouvelle inculpation en marge du dossier financement libyen

L'ancien président français Nicolas Sarkozy signe son nouveau livre "Le Temps des Combats" au Centre Commercial de Baleone à Sarrola-Carcopino, près d'Ajaccio, sur l'île méditerranéenne française de Corse, le 26 août 2023. (Photo Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP)
L'ancien président français Nicolas Sarkozy signe son nouveau livre "Le Temps des Combats" au Centre Commercial de Baleone à Sarrola-Carcopino, près d'Ajaccio, sur l'île méditerranéenne française de Corse, le 26 août 2023. (Photo Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP)
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Publié le Jeudi 07 septembre 2023

France: Sarkozy menacé d'une nouvelle inculpation en marge du dossier financement libyen

  • M. Sarkozy est convoqué prochainement pour une mise en examen, soupçonné d'avoir avalisé des manœuvres frauduleuses dans l'affaire du financement libyen
  • A l'origine des investigations, la spectaculaire volte-face de Ziad Takieddine, qui accusait Nicolas Sarkozy depuis 2012 d'avoir bénéficié de fonds libyens

PARIS: Vers une nouvelle mise en cause judiciaire pour Nicolas Sarkozy ? L'ex-chef de l'Etat est convoqué prochainement pour une mise en examen, soupçonné d'avoir avalisé des manœuvres frauduleuses entreprises par plusieurs protagonistes pour le disculper dans l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle 2007.

L'interrogatoire devait se tenir ces jours-ci, a appris l'AFP mercredi de sources proches du dossier, confirmant Libération, mais a été repoussé ultérieurement et devrait se tenir en octobre, comme l'ont écrit RTL et M6.

Selon la teneur de ses déclarations devant le magistrat instructeur et l'appréciation qu'en fera celui-ci, M. Sarkozy pourrait ressortir de cet interrogatoire mis en examen ou sous le statut moins incriminant de témoin assisté, qui lui donne un accès au dossier mais lui évite le renvoi en procès.

L'ex-chef de l'Etat est soupçonné d'avoir bénéficié des manœuvres qui auraient été entreprises avec son aval par au moins huit protagonistes pour que le sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine retire, fin 2020 contre rémunération, ses accusations contre lui.

Cette opération aurait également visé à obtenir une preuve que le retentissant "document libyen" publié dans l'entre deux tours de la présidentielle 2012 par Mediapart et évoquant un financement à hauteur de 50 millions d'euros était un faux, ou encore à obtenir la libération d'un fils Kadhafi, détenu au Liban, pour que la famille du défunt dictateur libyen facilite la mise hors de cause de M. Sarkozy.

La reine des paparazzis Mimi Marchand figure parmi les mis en cause.

Le parquet national financier a élargi début mars l'information judiciaire ouverte au printemps 2021 à des faits de "recel de subornation de témoin", une qualification qui pourrait correspondre au rôle de Nicolas Sarkozy tel qu'il apparaît dans certaines déclarations des protagonistes dans l'enquête.

A l'origine des investigations, la spectaculaire volte-face de Ziad Takieddine, qui accusait Nicolas Sarkozy depuis 2012 d'avoir bénéficié de fonds libyens pour sa campagne présidentielle 2007, et qui avait déclaré en novembre 2020 sur BFMTV et Paris Match que Nicolas Sarkozy n'avait en fait pas bénéficié d'un tel financement.

En fuite au Liban, pour échapper à sa condamnation dans l'affaire Karachi, M. Takieddine, dont les propos sont pris avec des pincettes par la justice, était revenu sur ses déclarations deux mois plus tard.

Dans cette "affaire d'une gravité majeure", selon le mot du juge d'instruction dans une ordonnance de fin 2021, les enquêteurs ont récemment chiffré à au moins 608.000 euros l'argent engagé pour cette opération "Sauver Sarko".

Sarkozy dénonce un «harcèlement tous azimuts»

Interrogé sur son agenda judiciaire chargé, Nicolas Sarkozy a dénoncé mercredi soir un "harcèlement tous azimuts" lors de son passage dans l'émission C à vous sur France 5.

"Je me bats, je ne baisse pas la tête", a déclaré l'ancien président, âgé de 68 ans.

"J'irai jusqu'au bout, la Cour européenne des droits de l'Homme", a-t-il dit à propos de l'affaire dite des "écoutes", pour laquelle il a été condamné en appel à trois ans de prison dont un ferme et a formé un pourvoi en cassation.

Concernant son renvoi devant un tribunal dans l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, l'ancien président a déclaré: "Je suis donc accusé d'un financement illégal par Kadhafi sans qu'après 10 ans d'enquête ils soient foutus de dire combien".

"C'est combien le financement de Kadhafi? 100.000, 2 millions, 10 millions? Non, on n'a pas pu", s'est-il défendu.

«Pieds nickelés»
En juin, M. Sarkozy a déjà été entendu dans ce dossier en audition libre et perquisitionné, comme l'avait alors révélé l'AFP.

Selon ses déclarations aux enquêteurs financiers de l'Oclciff (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales), dévoilées lundi par Libération et dont l'AFP a eu confirmation, M. Sarkozy a nié avec force, sur deux jours et pendant 12 heures, toute participation aux faits mis en cause.

Il a indiqué avoir été mis au courant du souhait de M. Takieddine de changer de version par Mimi Marchand en octobre 2020, un mois avant que l'information ne soit publique.

Mais "aucun élément concret matériel, de téléphonie, ne peut m'incriminer dans cette folie, ni de près, de ni de loin", a assuré M. Sarkozy.

Longuement interrogé sur son agenda et sa téléphonie de la fin 2020 et du début 2021, qui suggèrent des rendez-vous ou conversations à des moments-clés avec des protagonistes du dossier, M. Sarkozy a évoqué quelques "coïncidences" et nié tout contact significatif avec la plupart des mis en cause.

Pour lui, "toute cette petite bande n'a que pour seule préoccupation de se faire mousser les uns par rapport aux autres" en prétendant être en contact avec lui, a encore dit l'ex-président.

"L'idée même que je puisse pousser directement ou indirectement au financement des pieds nickelés est une idée folle", a-t-il ajouté.

L'agenda judiciaire de M. Sarkozy, qui promeut actuellement son dernier livre "Le temps des combats", est très chargé.

Il sera jugé en novembre en appel dans le dossier Bygmalion puis en première instance début 2025 sur le coeur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de l'époque.

"Je suis propre", a répondu M. Sarkozy, interrogé dans C à vous (France 5) sur l'ensemble de ces mises en causes judiciaires.


Dans le tumulte ambiant, la voix de la France mérite une plus grande écoute

Depuis Oslo, Emmanuel Macron déclare sans ambiguïté : « Il n’y a pas de légalité à ces frappes américaines en Iran », une affirmation qui tranche radicalement avec l’attitude de Washington. (AFP)
Depuis Oslo, Emmanuel Macron déclare sans ambiguïté : « Il n’y a pas de légalité à ces frappes américaines en Iran », une affirmation qui tranche radicalement avec l’attitude de Washington. (AFP)
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  • L’attaque iranienne perpétrée hier, contre une base américaine au Qatar en riposte aux frappes des bombardiers américains sur des sites nucléaires en Iran, a failli plonger le monde dans engrenage incontrôlable
  • À ceux qui rêvent d’un changement de régime à Téhéran, le chef de l’État français oppose la réalité tragique des interventions militaires qui ont déstabilisé et continuent à le faire, des régions entières

PARIS: Alors que le monde est en proie aux fracas des armes, aux lignes de fracture idéologiques et à la tentation de la force brute, la France fait entendre sa propre voix, celle de la raison, du droit et de la diplomatie. 

Bien que cette position semble de plus en plus marginalisée, notamment les États-Unis et Israël, elle demeure essentielle, car dans l’effondrement progressif de l’ordre international, il faut encore croire à la possibilité d’un chemin pacifique. 

Cette possibilité est aujourd’hui incarnée par la France alors que les Américains et les Israéliens avancent dans une logique d’affrontement militaire.

Depuis Oslo, Emmanuel Macron déclare sans ambiguïté : « Il n’y a pas de légalité à ces frappes américaines en Iran », une affirmation qui tranche radicalement avec l’attitude de Washington, qui cherche depuis plusieurs semaines à imposer un nouvel ordre régional à coups de missiles. 

L’attaque iranienne perpétrée hier, contre une base américaine au Qatar en riposte aux frappes des bombardiers américains sur des sites nucléaires en Iran, a failli plonger le monde dans engrenage incontrôlable, mais au lieu de s’aligner, la France s’est élevée contre cette spirale.

À ceux qui rêvent d’un changement de régime à Téhéran, le chef de l’État français oppose la réalité tragique des interventions militaires qui ont déstabilisé et continuent à le faire, des régions entières.

Évoquant les erreurs passées, de l’intervention militaire américaine en Irak en 2003 à la campagne franco-britannique en Libye, Macron rappelle un principe fondamental, « on ne sauve pas un peuple contre lui-même ».

La position française prend plus de relief, dans un contexte où l’Union européenne elle-même peine à parler d’une seule voix,

Tandis que certains dirigeants européens, comme le chancelier allemand Friedrich Merz, saluent le « courage » d’Israël face au « terrorisme iranien », Paris se montre plus mesuré. 

La chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, tente bien de préserver une ligne commune en réunissant les Vingt-Sept, mais les divisions internes sont profondes. 

Quinze États membres ont exprimé leur soutien à Israël, tandis que d’autres s’indignent des initiatives unilatérales de la Commission européenne, notamment les prises de position très partiales de sa présidente d’Ursula von der Leyen.

La France, elle, refuse cette polarisation brutale, fidèle à son engagement historique dans le dossier nucléaire iranien, elle prône une solution diplomatique, forte d’une expertise construite au fil de plus de dix ans de négociations.

Elle rappelle l’urgence d’encadrer non seulement le programme nucléaire, mais aussi le programme balistique iranien. 

Les efforts français ne se limitent pas à des déclarations, depuis les frappes du 13 juin, Macron et ses ministres ont multiplié les contacts avec les dirigeants régionaux : Arabie saoudite, Émirats, Qatar, Oman. 

Des messages de retenue ont été adressés aussi bien à Téhéran qu’à Tel-Aviv, et même à Washington.

 À deux reprises, Macron s’est entretenu avec le président iranien pour éviter toute escalade, il a également eu des échanges directs avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, mettant en garde contre toute velléité de régime par la force, rappelant que cela ne pourrait qu’aboutir à un plus grand chaos.

La France plaide pour une relance des négociations, et pousse également à une reprise du dialogue sur une éventuelle zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, proposition ancienne mais toujours d’actualité, même si Israël refuse de reconnaître son propre arsenal nucléaire.

Face à la gravité de la situation, la France tente de maintenir un cap, alors que l’unité européenne est de plus en plus vacillante, en raison de la poursuite injustifiée de la guerre à Gaza.

L’Irlande, l’Espagne et, plus récemment, les Pays-Bas ont demandé à revoir les accords commerciaux avec l’État hébreu, même une voix aussi conservatrice que celle du chancelier allemand admet ne « plus comprendre » les opérations militaires israéliennes.

Pourtant, en l’absence de consensus clair, aucune sanction n’est encore envisageable, la présidente de la Commission européenne ne peut aller plus loin sans mandat des États membres. 

Pendant ce temps, le fracas des armes continue, rendant la voix française d’autant plus isolée mais aussi d’autant plus précieuse.

L’annonce par le président Trump d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran est saluée par Paris comme une « ouverture à saisir ». 

La France appelle dans un communiqué publié par le ministère des affaires étrangères, toutes les parties à respecter l’arrêt des hostilités et à s’engager sur le seul chemin viable, celui de la diplomatie. 

Elle réaffirme que l’Iran ne doit jamais détenir l’arme nucléaire, mais que les inquiétudes sur ses activités doivent trouver des réponses par la négociation, non par la guerre.

Cette voix, aussi minoritaire soit-elle aujourd’hui, porte en elle une vision du monde, elle repose sur le respect du droit international, sur la conviction et les principes.

En tenant cette ligne, la France ne défend pas seulement ses intérêts ou ses citoyens, elle défend aussi une certaine idée de la communauté internationale, de l’équilibre des puissances et de la paix. 

Si le cessez-le-feu tient bon, sauvant provisoirement le régime iranien et confirmant qu'Israël et les États-Unis n’hésitent plus à employer la force sans limite, les efforts de la France pour promouvoir une solution diplomatique pourraient enfin trouver un écho.


Gaza: des ONG , dont MSF mettent en garde la Fondation GHF contre une complicité de crimes de guerres

Figurent parmi les signataires la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), le Centre palestinien pour les droits humains, le Centre américain pour les droits constitutionnels ou encore la Commission internationale des juristes. (Source Médecins sans Frontières)
Figurent parmi les signataires la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), le Centre palestinien pour les droits humains, le Centre américain pour les droits constitutionnels ou encore la Commission internationale des juristes. (Source Médecins sans Frontières)
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  • La pénurie orchestrée par les autorités israéliennes prive les Palestiniens d’eau et de soins, et les met en danger immédiat, alors que des blessés affluent par centaines dans les structures médicales.
  • Plusieurs organisations de défense des droits humains ont appelé lundi la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), dont les distributions d'aide donnent lieu à des scènes chaotiques et meurtrières, à cesser ses opérations

NATIONS-UNIES: Plusieurs organisations de défense des droits humains ont appelé lundi la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), dont les distributions d'aide donnent lieu à des scènes chaotiques et meurtrières, à cesser ses opérations, mettant en garde contre des risques de complicité de "crimes de guerre".

"Ce nouveau modèle de distribution d'aide privatisée, militarisée, représente un changement radical et dangereux par rapport aux opérations humanitaires internationales établies", écrivent ces 15 organisations dans une lettre ouverte, dénonçant un système "déshumanisant et meurtrier".

"Nous appelons la GHF et toutes les organisations et individus qui ont soutenu ou soutiennent le travail de la GHF et les sociétés militaires privées" opérant dans ses centres de distribution "à cesser leurs opérations".

"Ne pas le faire pourrait exposer ces organisations et leurs responsables, représentants et agents à des responsabilités criminelles et civiles pour complicité de crimes en vertu du droit international, y compris crimes de guerre, crimes contre l'humanité, ou génocide, en violation du droit international, du droit américain et d'autres juridictions nationales", mettent en garde ces organisations.


France: la surveillante tuée reçoit la Légion d'honneur à titre posthume

La surveillante de collège poignardée à mort en France par un élève le 10 juin a reçu, à titre posthume, la Légion d'honneur, la plus haute distinction honorifique du pays, selon un décret publié mardi par le le Journal officiel. (AFP)
La surveillante de collège poignardée à mort en France par un élève le 10 juin a reçu, à titre posthume, la Légion d'honneur, la plus haute distinction honorifique du pays, selon un décret publié mardi par le le Journal officiel. (AFP)
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  • La semaine dernière, le ministère de l'Education avait indiqué qu'elle recevrait aussi le titre de commandeur des Palmes académiques, la plus ancienne distinction décernée à titre civil
  • Les obsèques de la jeune femme de 31 ans ont eu lieu le 17 juin dans une stricte intimité familiale à Sarcey, un petit village du nord-ouest où elle vivait

PARIS: La surveillante de collège poignardée à mort en France par un élève le 10 juin a reçu, à titre posthume, la Légion d'honneur, la plus haute distinction honorifique du pays, selon un décret publié mardi par le le Journal officiel.

La semaine dernière, le ministère de l'Education avait indiqué qu'elle recevrait aussi le titre de commandeur des Palmes académiques, la plus ancienne distinction décernée à titre civil. La qualité de pupille de la Nation, qui offre une protection matérielle et morale particulière aux enfants de victimes d'actes de terrorisme, sera attribuée à son fils.

Les obsèques de la jeune femme de 31 ans ont eu lieu le 17 juin dans une stricte intimité familiale à Sarcey, un petit village du nord-ouest où elle vivait.

Le collégien de 14 ans interpellé immédiatement après les faits a été inculpé pour meurtre aggravé par la circonstance que sa victime était chargée d'une mission de service public, et placé en détention provisoire.

Du fait de sa minorité, il encourt une peine de 20 ans de prison.

Le meurtre a eu lieu à l'entrée du collège, alors que des gendarmes procédaient à un contrôle inopiné des sacs des élèves, pour saisir d'éventuelles armes blanches. Un gendarme a été blessé à la main lors des faits.

Durant sa garde à vue, le suspect a confié aux enquêteurs avoir voulu tuer une surveillante, "n'importe laquelle".

Ce nouveau drame en milieu scolaire a eu un grand retentissement en France, dans les sphères politique et éducative en particulier.