Coup d'État au Niger: Une entrave à la lutte contre les groupes extrémistes du Sahel africain

Des partisans des forces de défense nigériennes ont attaqué le siège du parti politique du président déchu, Mohammed Bazoum, à Niamey, jeudi (Photo, AFP).
Des partisans des forces de défense nigériennes ont attaqué le siège du parti politique du président déchu, Mohammed Bazoum, à Niamey, jeudi (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 02 août 2023

Coup d'État au Niger: Une entrave à la lutte contre les groupes extrémistes du Sahel africain

  • Les experts estiment que le Niger risque de devenir un terrain propice au recrutement de terroristes à la suite du coup d'État du 26 juillet
  • Selon des analystes, Daech et les affiliés d'Al-Qaida ont le plus à gagner du chaos qui règne au Burkina Faso, au Mali et au Niger

JUBA: Le Niger est devenu le troisième pays de la région troublée du Sahel à subir un coup d'État militaire en l'espace de quelques années, suscitant l'inquiétude des dirigeants occidentaux et des États voisins quant aux répercussions sur la lutte en cours contre l'insurrection islamiste.

Le président, Mohammed Bazoum, qui est actuellement confiné dans sa résidence officielle à Niamey, la capitale, a été renversé le 26 juillet par sa propre garde présidentielle. Le chef de la force d'élite, le général Abdourahamane Tiani, s'est autoproclamé nouveau président.

À la suite de prises de pouvoir militaires similaires au Burkina Faso et au Mali, les États-Unis et l'ancienne puissance coloniale, la France, ont exigé la réintégration de Bazoum, reconnaissant son rôle clé dans la lutte contre l'extrémisme.

L'Union africaine et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont également insisté sur la nécessité de rétablir la stabilité pour faire face efficacement à la menace extrémiste, indiquant que les pays voisins pourraient envisager de recourir à la force afin de rétablir Bazoum.

Le général Abdourahmane Tiani, qui a été déclaré nouveau chef de l'État du Niger par les dirigeants d'un coup d'État, arrive pour rencontrer des ministres à Niamey, au Niger (Photo, Reuters).

La position stratégique du Niger dans la région du Sahel, bordée par des pays en proie à l'extrémisme violent, en fait un allié important dans la lutte internationale contre l'insurrection islamiste. Avant le coup d'État, le Niger participait activement aux initiatives régionales de lutte contre le terrorisme.

Toutefois, le coup d'État et les perturbations qu'il pourrait entraîner en matière de gouvernance et de sécurité pourraient mettre en péril ces partenariats vitaux et entraver la progression des efforts de sécurité régionale.

Aneliese Bernard, directrice du groupe de conseil sur les risques Strategic Stabilization Advisors, basé à Washington, affirme que des coups d'État similaires dans la région montrent que ce sont les groupes extrémistes qui ont le plus à gagner de ces périodes d'instabilité.

«L'histoire a montré que des groupes comme l'État islamique de la province du Sahel et Jama'a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans, Jnim) ont réussi à capitaliser sur les vides de gouvernance et de sécurité laissés par des États accaparés par des questions politiques internes, ce qui leur a permis d'étendre leur influence au Mali et au Burkina Faso à la suite des récents coups d'État», a expliqué Bernard à Arab News.

Le Jnim et l'État islamique de la province du Sahel (ISSP) sont deux groupes radicaux rivaux qui opèrent dans la région. Il n'est pas rare que des individus changent de camp entre ces groupes, ce qui complique encore la situation sécuritaire dans la région.

Le Jnim opère dans le Mali voisin et étend ses activités à toute l'Afrique de l'Ouest. Il a prêté allégeance à Al-Qaïda dans les pays du Maghreb islamique (AQMI).

Miliciens djihadistes au Burkina Faso (Photo fournie).

L'ISSP, quant à lui, opère en tant que filiale sahélienne de Daech et a également été impliqué dans des attaques dans toute la région.

Selon Aneliese Bernard, le coup d'État a déstabilisé l'appareil de gouvernance et de sécurité dans la région de Tillaberi, au sud-ouest du Niger, près de la triple frontière avec le Burkina Faso et le Mali, où l'ISSP est actif.

«Dans de telles situations, le Jnim et l'ISSP pourraient saisir l'occasion d'exploiter l'absence d'autorité de l'État et se présenter comme des alternatives à la gouvernance et à la sécurité», a-t-elle déclaré.

«En défendant l'idée que les communautés négligées et marginalisées de la périphérie sont privées du soutien du gouvernement, ces groupes djihadistes ont réussi à s'infiltrer dans les communautés éloignées», a-t-elle précisé.

L'un des groupes ciblés est le peuple Fulani, une minorité ethnique de la région, accusée par les autorités d'entretenir des sympathies pour le terrorisme. En raison de leur statut de minorité discriminée, les groupes extrémistes ont réussi à recruter des membres dans leurs rangs.

Virginie Baudais, directrice du programme Sahel et Afrique de l'Ouest à l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, estime que la possibilité d'une suspension de l'aide occidentale à la suite du coup d'État soulève des questions sur la manière dont les forces de sécurité nigériennes géreront la menace islamiste.

«Les groupes armés ont constamment pris pour cible les forces de défense et de sécurité dans la région, ce qui fait qu'il est essentiel pour la communauté internationale de réorienter ses priorités et son soutien», a signalé Baudais à Arab News.

EN BREF

  • Le président, Mohammed Bazoum, a été renversé par sa propre garde présidentielle le 26 juillet.
  • Ce coup d'État fait suite à des prises de pouvoir militaires similaires au Burkina Faso et au Mali.
  • Les experts estiment que les groupes radicaux tels que le Jnim et l'ISSP sont ceux qui ont le plus à gagner des coups d'État.

«Cependant, alors que la situation continue de se détériorer, les gens ne se sentent pas protégés par les troupes internationales. C'est pourquoi ils soutiennent leurs forces armées dans la lutte contre le terrorisme, mais le soutien aux auteurs du coup d'État n'est pas unanime», a-t-elle indiqué.

Alex Nkosi, un spécialiste politique malawite basé au Togo, pays d'Afrique de l'Ouest, souligne également le risque de divisions dans les rangs de l'armée nigérienne.

«Le coup d'État pourrait provoquer des divisions au sein de l'armée, car tous les soldats ne sont pas favorables à ce que l'armée se mêle de la politique», a déclaré Nkosi à Arab News. Il doute également que les forces armées nigériennes aient les moyens de lutter seules contre les groupes extrémistes.

«Si l'aide militaire et l'assistance des États-Unis et de la France sont suspendues en raison du coup d'État, les forces de sécurité du Niger pourraient avoir des difficultés à maintenir leurs capacités opérationnelles», a prévenu Nkosi.

«La perte de ressources, de plates-formes d'échange de renseignements et de programmes de formation pourrait donc affaiblir leur capacité à affronter efficacement des groupes islamistes bien armés et organisés. Le Niger pourrait devoir chercher d'autres sources de soutien ou réévaluer ses stratégies pour faire face aux défis sécuritaires de manière indépendante», a-t-il clarifié.

Ces alternatives pourraient inclure le groupe russe Wagner, basé au Belarus depuis son soulèvement avorté contre les dirigeants militaires russes en juin de cette année.

Le président français, Emmanuel Macron, avec le président du Niger, Mohammed Bazoum, à l'Élysée en juin (Photo, AFP).

Wagner a fait des incursions significatives au Burkina Faso et au Mali depuis que leurs armées respectives ont pris le pouvoir, en fournissant des effectifs et de l'expertise dans la lutte contre les extrémistes. Compte tenu des sentiments pro-russes des putschistes nigériens, ce n'est peut-être qu'une question de temps avant que les soldats de Wagner ne sortent de l'ombre.

Dans ce contexte, selon Wim Zwijneburg, responsable du projet de désarmement humanitaire pour l'organisation de paix néerlandaise PAX, un retrait des forces françaises du Niger entraînera probablement aussi un retrait des MQ-9 Reapers par les Américains, qui ont des bases de drones à Agadez, à 740 kilomètres au nord-est de Niamey.

«Les drones de combat exploités par les deux pays ont joué un rôle essentiel dans la surveillance des mouvements transfrontaliers des miliciens au Sahel», a déclaré Zwijneburg à Arab New.

«L'absence de ces moyens aériens pour les missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (RSR) se traduira par une diminution des informations disponibles pour suivre les groupes armées, notamment les affiliés de Daech, dans la région et pour réagir en temps voulu», a-t-il ajouté.

«Cela pourrait se traduire par une nouvelle vague d'attaques si les armées nationales n'ont pas d'autres solutions pour combler le vide. Bien que le Niger ait récemment équipé sa propre flotte de drones armés de TB-2 turcs, il n'est pas certain que les forces de sécurité aient réussi à les intégrer pleinement dans les opérations antiterroristes existantes», a précisé Zwijneburg.

Cameron Hudson, ancien analyste de la CIA et consultant sur les questions de paix, de sécurité et de gouvernance en Afrique, estime que si les États-Unis et la France veulent vraiment lutter contre la menace islamiste radicale, les pays occidentaux devront réévaluer leur volonté de s'engager avec des gouvernements dirigés par des militaires.

«La gravité de la menace islamiste et d'autres problèmes de sécurité dans la région pourraient les obliger à dialoguer avec les chefs militaires qui se trouvent désormais en première ligne dans la lutte contre le terrorisme», a-t-il déclaré à Arab News.

Des milliers de personnes ont manifesté devant l'ambassade de France à Niamey (Photo, AFP).

«Toutefois, cet engagement soulève également des questions quant à la promotion des principes démocratiques et de l'État civil, qui sont des valeurs fondamentales des démocraties occidentales», a-t-il souligné.

En fin de compte, il sera essentiel pour la stabilité et la sécurité à long terme de la région de surmonter les divergences d'opinion entre les gouvernements occidentaux et les chefs militaires africains sur les approches de la gouvernance, a déclaré Hudson.

La coopération de toutes les parties concernées, en particulier la communauté internationale, les organismes régionaux et la population locale, sera aussi essentielle pour trouver des solutions efficaces aux défis complexes auxquels sont confrontés les pays d'Afrique de l'Ouest.

Selon Fidel Amakye Owusu, analyste des relations internationales et sécuritaires, basé au Ghana, le coup d'État militaire a des implications pour l'avenir de la coopération régionale.

«Le Nigeria, qui a une frontière avec le Niger au nord, s'est toujours appuyé sur une coopération étroite pour répondre aux problèmes de sécurité, en particulier dans la lutte contre l'extrémisme», a-t-il déclaré à Arab News.

Toutefois, «l'absence d'un régime civil démocratique pourrait entraîner des incertitudes et des difficultés dans la coordination du partage des renseignements et des opérations conjointes contre l'extrémisme violent», a expliqué Owusu.

«Comme on l'a vu au Mali et au Burkina Faso, où des militaires ont pris le pouvoir, la transition vers un régime militaire ne se traduit pas nécessairement par la paix, la stabilité ou des progrès dans la lutte contre l'extrémisme», a-t-il précisé.

Des combattants au Mali (Photo, réseaux sociaux).

Cette situation peut être aggravée par l'incapacité d'un gouvernement faible et instable à s'attaquer efficacement aux causes profondes des problèmes socio-économiques.

Dans de telles conditions, les ressources et la capacité à mettre en œuvre des politiques et des programmes de lutte contre le chômage, la pauvreté et les inégalités sociales peuvent être limitées.

Par conséquent, «cette situation donne l'occasion aux groupes extrémistes de combler le vide en offrant des incitations financières et des récits idéologiques qui trouvent un écho auprès des populations vulnérables», a déclaré Nkosi, spécialiste des questions politiques.

«Il existe en effet un risque que le Niger devienne un terrain propice au recrutement de terroristes si la situation n'est pas traitée de manière efficace», a-t-il averti.

Rejoignant l'opinion de Nkosi sur la crise de la gouvernance, Zwijneburg, de la PAX, a indiqué : «En l’absence de tentative significative pour répondre aux griefs des groupes minoritaires, il y aura suffisamment de terrain fertile que les groupes miliciens seront en mesure d'exploiter, où même la présence de drones de combat ne fera pas de différence significative.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Accord entre l'UE et le Mercosur: l'effet Trump fait monter la pression sur la France

Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
Le militant agricole français Jérôme Bayle (C-R) marche vers les gendarmes français devant des véhicules arrêtés lors d'une manifestation contre l'accord de libre-échange Mercosur de l'Union européenne, à la frontière entre la France et l'Espagne, près de Fos, le 10 février 2025. (AFP)
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  • Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine
  • Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard

BRUXELLES: Et si l'accord avec le Mercosur était adopté par l'UE grâce à Donald Trump?

Les tensions commerciales avec les Etats-Unis offrent un nouvel argument aux Etats européens favorables au traité de libre-échange avec l'Amérique latine, et la pression monte sur la France.

Le futur chancelier allemand Friedrich Merz s'est engouffré dans la brèche. "L'équilibre du monde se déplace et nous les Européens avons besoin très rapidement" de nouveaux partenaires commerciaux, a-t-il insisté sur la chaîne ARD.

Avant de lancer une pierre dans le jardin de l'Elysée: Emmanuel Macron aurait "maintenant tendance" à regarder plus favorablement l'accord avec les pays latino-américains du Mercosur, s'est avancé Merz.

A Paris, qui redoute une nouvelle fronde agricole, on dément tout changement de pied. "Le projet d'accord n'a pas changé et n'est donc pas acceptable en l'état", assure une source diplomatique.

Le Mercosur est "un sujet de flottement entre la France et l'Allemagne", reconnaît aussi la ministre française de l'Agriculture Annie Genevard. Mais hors de question de "sacrifier l'agriculture française sur l'autel d'un accord à tout prix", lance-t-elle, en mettant en avant des risques pour des filières comme la volaille, le boeuf ou le sucre.

L'avenir de ce traité de libre-échange pourrait être au coeur des tractations entre Paris et Berlin, qui veulent profiter de l'arrivée de Merz pour relancer le couple franco-allemand.

Et à la Commission européenne comme au Parlement, nombreux soulignent que le changement de la donne commerciale avec les Etats-Unis pèse dans la balance.

En Autriche par exemple, le ministre de l'Economie Wolfgang Hattmannsdorfer est désormais ouvertement favorable à l'accord, même si son pays reste officiellement opposé au traité.

A Paris, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, soutient ce rapprochement UE/Mercosur pour "amortir les chocs" liés à la politique commerciale de Donald Trump.

De son côté, la Commission européenne milite sans cesse pour une diversification tous azimuts des débouchés commerciaux, tant les incertitudes sont nombreuses avec les Etats-Unis.

"Dans un monde instable", l'intérêt du traité avec le Mercosur est "très clair", a répété l'exécutif européen le 10 avril.

- "Avant la fin de l'été" -

Cet accord de libre-échange avec l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay devrait notamment permettre à l'Union européenne d'exporter plus facilement ses voitures, machines, produits pharmaceutiques ou spiritueux.

En retour, il faciliterait les exportations sud-américaines de viande, sucre, riz, miel ou soja, ce qui alarme les filières concernées en Europe.

La Commission compte rassurer "tous les Etats membres" et veut présenter un texte au Parlement "avant la fin de l'été", a affirmé un de ses porte-paroles Olof Gill.

Mais les eurodéputés restent divisés. "On ne sait pas de quel côté la pièce va tomber" en cas de vote, reconnaît la centriste française Marie-Pierre Vedrenne (Renew).

Cette élue, qui a toujours été plutôt ouverte au Mercosur, trouve "à titre personnel, qu'on ne peut plus rester dans une logique d'opposition primaire. Vu l'état du monde, ce ne serait pas très sérieux et responsable", argue-t-elle.

Sauf que la ligne du président Macron "n'a pas changé", convient la parlementaire. "Ca s'est beaucoup cristallisé en France". L'opposition au Mercosur est "devenue un sujet d'union nationale".

Aux yeux d'un fonctionnaire européen, en France, sur le Mercosur "rationnellement ça devrait bouger" mais "politiquement ça ne peut pas bouger" car "le gouvernement tomberait" s'il soutient cet accord contesté par des élus de tous bords, estime-t-il.

Pour être approuvé, le traité doit d'abord recevoir l'aval de quinze Etats membres représentant au moins 65% de la population européenne.

Au sein des 27, la France espérait jusqu'ici réunir une minorité de blocage --au moins quatre Etats représentant plus de 35% de la population de l'UE-- contre le traité Mercosur. Mais "vu le contexte, elle ne l'aura probablement pas", pronostique déjà une source à la Commission.

S'il est validé, l'accord serait soumis au Parlement européen, où son adoption demeure incertaine.

Côté calendrier, dans les chancelleries comme chez les eurodéputés, on considère que rien ne se passera tant que la Pologne, hostile au Mercosur, occupe la présidente tournante du Conseil de l'UE.

Mais les Polonais passent le témoin début juillet au Danemark, qui pourrait mettre ce dossier inflammable à l'ordre du jour.


Rubio jeudi à Paris pour des discussions sur l'Ukraine

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio participe à un entretien après une réunion avec des responsables russes, au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025. (AFP)
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  • Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine
  • Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien"

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio va se rendre à Paris mercredi pour des discussions sur le conflit en Ukraine notamment, a annoncé le département d'Etat, au moment où les relations entre les Etats-Unis et l'Europe sont tendues.

M. Rubio sera accompagné de l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, pour des "discussions avec leurs homologues européens afin d'avancer l'objectif du président Trump de mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie et d'arrêter la tuerie", selon un communiqué.

Le secrétaire d'Etat aura des entretiens jeudi avec son homologue français Jean-Noël Barrot au cours desquels "ils aborderont ensemble plusieurs crises internationales: guerre en Ukraine, situation au Proche-Orient, dossier nucléaire iranien", selon une source diplomatique.

Traditionnellement, les secrétaires d'Etat américains sont reçus à l'Elysée mais aucune rencontre avec le président Emmanuel Macron n'a été annoncée pour le moment.

Il s'agira du troisième déplacement en Europe de M. Rubio depuis sa prise de fonctions après sa participation à la conférence sur la sécurité à Munich mi-février et une réunion de l'Otan à Bruxelles en mars.

Tandis que M. Rubio sera à Paris, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu sera lui à Washington jeudi où il s'entretiendra avec le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth.

Outre l'épineux dossier des droits de douane, qui avive les tensions entre Washington et les capitales européennes, l'administration Trump ne cesse d'augmenter sa pression sur les Européens accusés d'abuser des Etats-Unis notamment dans le cadre de l'Otan.

Les négociations à l'initiative de Donald Trump en vue d'un cessez-le-feu général entre Kiev et Moscou n'ont pour l'instant pas abouti, l'attaque russe dimanche contre Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, ayant causé la mort d'au moins 35 civils, venant rappeler selon Washington et Paris l'urgence à trouver une issue au conflit.

L'émissaire du président américain avait affirmé lundi, trois jours après une nouvelle rencontre avec le chef de l'Etat russe Vladimir Poutine, que les pourparlers étaient "sur le point" de permettre des avancées.

La France et le Royaume-Uni sont tout particulièrement engagés dans les discussions en vue d'apporter des garanties de sécurité pour l'Ukraine en cas de cessez-le-feu.

Les entretiens à Paris interviennent, par ailleurs, au moment où de rares discussions entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire de l'Iran ont eu lieu samedi dernier dans le sultanat d'Oman, et qu'un nouveau round est prévu le 19 avril à Rome, toujours sous la médiation d'Oman.

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.


Alzheimer : la vente d'un traitement pour certains patients est autorisée par Bruxelles

Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Vue générale prise le 04 novembre 2010 au Mans, de l'atrium, équipé d'un bar, d'une boutique de coiffeuse-esthéticienne et d'une volière, de "La Souvenance", maison d'accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
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  • L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA
  • Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis.

BRUXELLES : La Commission européenne a annoncé mercredi qu'elle avait formellement autorisé un traitement destiné à réduire le déclin cognitif chez certaines personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer, après le feu vert de l'Agence européenne des médicaments.

L'autorisation de ce traitement, commercialisé sous le nom de Leqembi, a été accordée mardi, sur la base d'une analyse scientifique de l'EMA « qui a conclu que les bénéfices de ce médicament étaient supérieurs aux risques », a souligné la Commission dans un communiqué.

Fin 2024, le régulateur européen avait recommandé d'accorder une autorisation de mise sur le marché du Leqembi (lécanemab) pour « le traitement des troubles cognitifs légers (troubles de la mémoire et de la pensée) ou de la démence légère dus à la maladie d'Alzheimer (maladie d'Alzheimer au stade précoce) ».

Elle avait précisé que ce feu vert était valable uniquement pour les patients présentant un risque plus faible d'hémorragie cérébrale potentielle, c'est-à-dire ceux qui n'ont « qu'une ou aucune copie du gène ApoE4 », un type de gène connu pour être un facteur de risque important pour la maladie d'Alzheimer.

Le Leqembi, mis au point par les laboratoires pharmaceutique japonais Eisai et américain Biogen, a été autorisé en janvier 2023 aux États-Unis pour les patients n'ayant pas atteint un stade avancé de la maladie. Il est également commercialisé au Japon et en Chine.

Malgré des décennies de recherche, les scientifiques n'ont pas encore réussi à faire une véritable percée dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer, qui touche des dizaines de millions de personnes dans le monde.