Macron et l'écologie, en quête de récit

Des manifestants tiennent une banderole sur laquelle on peut lire "Macron, champion du green washing" alors qu'ils manifestent contre les combustibles fossiles et pour le climat à la Place de la République en marge du sommet du nouveau pacte financier mondial, à Paris, le 23 juin 2023. (Photo, AFP)
Des manifestants tiennent une banderole sur laquelle on peut lire "Macron, champion du green washing" alors qu'ils manifestent contre les combustibles fossiles et pour le climat à la Place de la République en marge du sommet du nouveau pacte financier mondial, à Paris, le 23 juin 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 23 septembre 2023

Macron et l'écologie, en quête de récit

  • Une précédente tentative pour mobiliser la société, autour de la convention citoyenne pour le climat du premier quinquennat, s'est retournée contre le président, accusé par les écologistes d'avoir enterré plusieurs recommandations
  • Emmanuel Macron a plusieurs fois tenté de donner sa vision, promettant «une écologie de progrès et de solutions» et «non punitive» - parfois jusqu'à la caricature, lorsqu'il épingle ceux qui préféreraient le «retour à la lampe à huile»

PARIS: En coulisses, la Macronie l'admet sans fard: le chef de l'Etat n'a pas réussi, jusqu'ici, à esquisser son grand récit écologique qui parlerait "aux tripes" des Français. Et au moment de dévoiler lundi la "planification" tant attendue, Emmanuel Macron affiche un bilan environnemental en demi-teinte.

Après un premier mandat déjà contrasté, il avait promis en 2022 de changer de braquet. Le second quinquennat "sera écologique ou ne sera pas", avait-il lancé à Marseille entre les deux tours de la présidentielle.

Un an et demi plus tard, "le quinquennat n'est pour l'instant clairement pas écologique", déplore Anne Bringault, du Réseau Action Climat.

C'est tout l'enjeu de l'exercice de lundi, quand le président présentera aux Français la stratégie dont sa Première ministre Elisabeth Borne a déjà détaillé les contours aux partis et à la société civile. Objectif: aller "deux fois plus vite" pour respecter les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.

Une fois n'est pas coutume, la cheffe d'Europe Ecologie Les Verts Marine Tondelier a salué "un constat très complet, très lucide et assez inédit". Mais elle a aussitôt appelé à passer à l'"action", avec un impôt "climatique" sur les grandes fortunes pour financer ce chantier herculéen - impôt dont l'exécutif ne veut pas entendre parler.

«Trop techno»

Pour Anne Bringault aussi, le plan doit être assorti de "financements sur plusieurs années", bien au-delà des sept milliards d'euros supplémentaires prévus pour 2024.

Surtout, cette politique, "il faut l'incarner". "Ce qu'on attend d'Emmanuel Macron, c'est qu'il donne sa vision d'où il veut emmener les Français, dans leur quotidien, comment ils vont se déplacer, se loger, se chauffer, s'alimenter", insiste-t-elle.

Jusqu'ici, ont circulé de cette planification écologique des efforts chiffrés secteur par secteur et 52 leviers d'action.

Longtemps jugé en retrait sur cette priorité d'Emmanuel Macron, son ministre de la Transition écologique Christophe Béchu est devenu intarissable, sortant dès qu'il le peut tableaux et graphiques accompagnant le plan.

Mais comment rendre tout cela digeste pour embarquer les Français ?

Selon plusieurs sources, l'entourage présidentiel a dû revoir à plusieurs reprises sa copie avant le rendez-vous de lundi, qui sera finalement une simple prise de parole du chef de l'Etat au terme d'une réunion ministérielle. Et le briefing organisé vendredi par l'Elysée pour la presse n'a pas permis de comprendre si des annonces fortes étaient à attendre.

"On est beaucoup trop techno, il faut parler aux tripes", lâche un proche d'Emmanuel Macron, regrettant qu'il n'ait pas profité du "boulevard" dont il disposait après le meeting de Marseille. "Il n'a pas encore trouvé le récit", ajoute-t-il.

Leadership international

Une précédente tentative pour mobiliser la société, autour de la convention citoyenne pour le climat du premier quinquennat, s'est retournée contre le président, accusé par les écologistes d'avoir enterré plusieurs recommandations.

"Ça fait six ans qu'on est mauvais", peste une députée du camp présidentiel. "Dans le fond, on a fait pas mal de choses. Mais c'est la maladie macronienne, on parle trop de chiffres, de milliards. Il faut avoir un discours militant."

Emmanuel Macron a plusieurs fois tenté de donner sa vision, promettant "une écologie de progrès et de solutions" et "non punitive" - parfois jusqu'à la caricature, lorsqu'il épingle ceux qui préféreraient le "retour à la lampe à huile".

"La radicalité est bien sûr bien plus simple pour communiquer", soupire un ministre en première ligne. Pour lui, "le risque, c'est qu'on n'embarque pas les gens si on entre dans l'interdit" ou s'ils voient "l'écologie comme une source de hausses d'impôts sans fin".

L'exécutif est d'autant plus perplexe qu'il vante son bilan, de l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes aux récentes lois pour accélérer le nucléaire et les énergies renouvelables.

Emmanuel Macron porte en outre sur la scène internationale un discours volontariste sur la sortie des énergies fossiles et a imposé un certain leadership sur la finance verte avec son sommet qui a débouché en juin sur un "pacte de Paris pour les peuples et la planète".

Pas assez, prévient Anne Bringault: "S'il veut être crédible hors de France, la France devra d'abord être un peu plus exemplaire".


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

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  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.