Séisme au Maroc: un nouveau bilan monte à plus de 2 900 morts

Une femme réagit devant sa maison endommagée par le tremblement de terre dans la vieille ville de Marrakech, le 9 septembre 2023. (Photo/FADEL SENNA)
Une femme réagit devant sa maison endommagée par le tremblement de terre dans la vieille ville de Marrakech, le 9 septembre 2023. (Photo/FADEL SENNA)
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Publié le Mercredi 13 septembre 2023

Séisme au Maroc: un nouveau bilan monte à plus de 2 900 morts

  • Il s'agit du plus puissant séisme à frapper le royaume à ce jour
  • La secousse tellurique de magnitude 6,8 a été enregistrée à 23H11 heure locale

MOULAY BRAHIM: Le séisme au Maroc a fait 2.900 morts, selon un dernier bilan lundi soir, selon un nouveau bilan rendu public dimanche après midi par le ministère de l'Intérieur.

Un total de 1.293 personnes ont péri dans la province d'Al Haouz et 452 dans la province de Taroudant, situées toutes deux au sud de Marrakech, avait indiqué le ministère dans un communiqué samedi.

La secousse tellurique de magnitude 6,8 a été enregistrée à 23H11 heure locale (22H11 GMT), selon l'Institut de géophysique américain (USGS).

Le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (CNRST) a mesuré la magnitude du séisme à 7, précisant que l'épicentre de la secousse se situait dans la province d'Al-Haouz, au sud-ouest de la ville Marrakech, destination très prisée de touristes étrangers.

Le Maroc a décrété samedi un deuil national de trois jours, a annoncé le cabinet royal. Les drapeaux sur les bâtiments officiels ont été mis en berne et une "prière de l'absent" a été accomplie dans l'ensemble des mosquées du royaume pour l'âme des victimes.

"Il a été décidé un deuil national de trois jours, avec mise en berne des drapeaux sur tous les bâtiments publics", a indiqué un communiqué du palais royal publié par l'agence officielle MAP, à l'issue d'une réunion présidée par le roi Mohammed VI, consacrée à l'examen de la situation après le séisme.

Le séisme a fait 1 305 morts et 1.204 blessés "dont 721 sont dans un état critique", a indiqué le ministère de l'Intérieur dans son dernier provisoire publié samedi à 13H00 GMT.

Dimanche soir, le nombre de victimes était estimé à au moins 2.122 morts et 2.421 blessés, selon un dernier bilan publié dans l'après-midi par le ministère de l'Intérieur, un bilan susceptible de s'aggraver au fil des recherches

Plus de la moitié des morts (542) ont été recensées à Al-Haouz, épicentre du séisme et à Taroudant (321) plus au sud, deux zones rurales montagneuses au coeur du Haut Atlas, a précisé la même source.

"Les opérations de sauvetage se poursuivent et se déroulent dans des bonnes conditions", a ajouté le ministère.

Il s'agit du plus puissant séisme à frapper le royaume à ce jour.

Les secouristes à l'oeuvre

Les secouristes ont accéléré les recherches dimanche au Maroc pour tenter de retrouver des survivants coincés sous les décombres de villages rasés par un puissant séisme qui a fait plus de 2.100 morts au sud-ouest de la cité touristique de Marrakech.

Secouristes, volontaires et membres des forces armées s'activent pour retrouver des survivants et extraire des corps des décombres notamment dans des villages de la province d'Al-Haouz, épicentre du séisme au sud de la cité touristique de Marrakech, dans le centre du royaume.

Selon la télévision publique, "plus de 18.000 familles ont été affectées" par le séisme dans la province d'Al-Haouz, où plus de la moité des morts (1.351) ont été recensés. Des tentes ont été dressées dans plusieurs villages pour abriter ces familles.

De nombreux pays, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Italie ont proposé leur aide. Même l'Algérie voisine, aux relations houleuses avec le Maroc, a ouvert son espace aérien, fermé depuis deux ans, aux vols transportant de l'aide et des blessés.

L'Espagne a envoyé une équipe de 56 secouristes au Maroc après avoir reçu une demande d'aide officielle de Rabat.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré que son pays était prêt à "intervenir" pour venir en aide au Maroc quand les autorités du royaume "le jugeront utile".

Israël, qui a normalisé en 2020 ses relations avec le Maroc, a proposé l'envoi d'équipes de sauvetage.

Les principaux séismes qui ont secoué le Maroc à travers l’histoire

  • 24 février 2004: Un séisme d’une magnitude de 6,3 degré sur l’échelle de Richter a frappé la ville d’Al Hoceima et ses régions, faisant près de 628 morts et causant des dégâts matériels considérables.
  • 29 février 1960: Un séisme dévastateur d’une magnitude de 5,7 degré sur l’échelle de Richter, a détruit la ville d’Agadir faisant 12 000 morts causant d’importants dégâts matériels.
  • 1er et 18 novembre 1755: Le séisme qui a frappé Lisbonne a détruit des villes côtières marocaines.
  • 1731: un séisme détruit la ville d’Agadir.
  • Juillet 1719: Violent séisme au niveau des villes côtières marocaines qui a également détruit une partie de la ville de Marrakech.
  • 5 août 1660: Melilla violemment secouée par un séisme qui a provoqué des dégâts considérables.
  • 1624: Un séisme dévastateur détruit une grande partie d’importantes villes marocaines dont Taza, Fès et Meknès.
  • 28 mai 881: un très violent séisme frappe les deux rives du détroit.

Des tombes creusées 

Dans le village montagneux de Moulay Brahim dans la province d'Al-Haouz, des secouristes étaient à l'oeuvre en milieu de journée, à la recherche de survivants parmi les décombres de maisons effondrées. Non loin de là, des habitants creusent déjà des tombes sur une colline pour enterrer les victimes, selon une équipe de l'AFP sur place.

L'armée marocaine a déployé de son côté "des moyens humains et logistiques importants, aériens et terrestres", ainsi que des équipes de recherche, de sauvetage, et un hôpital de campagne dans la région d'Al-Haouz, a rapporté l'agence de presse marocaine MAP.

A Marrakech, des Marocains inspectaient samedi, l'air hébété, les dégâts de leur habitation au milieu des tas de gravats, de la poussière et de voitures écrasées par des pierres.

Sur des images reproduites par les médias et sur les réseaux sociaux, on peut voir une partie d'un minaret qui s'est effondrée sur la célèbre place Jemaa el-Fna, coeur battant de Marrakech, faisant deux blessés.

"J'ai pensé qu'une ou plusieurs voitures défonçaient le mur d'enceinte de ma propriété", raconte à l’AFP Edwige Vilhies, une Française de 70 ans qui vit à Sidi Bouzguia, un village situé à une vingtaine de km au sud de Marrakech, sur la route menant vers la chaîne montagneuse de l'Atlas.

"J'ai été éjecté de mon lit et n'ai pas pu me relever immédiatement tellement les secousses étaient fortes. J'ai cru que c'était un crash d'avion", confie Bernard Curi, patron d'un hôtel situé dans le même secteur.

Mimi Theobald, une touriste anglaise de 25 ans, s'apprêtait à prendre un dessert sur la terrasse d'un restaurant avec des amies "quand les tables ont commencé à trembler, les plats à voler, on a paniqué".

"Après, on a essayé d'aller à notre hôtel pour récupérer nos bagages et passeports car notre vol était programmé demain mais c'était impossible car notre hôtel est situé dans la médina. Il y avait des débris de partout, ce n'était pas très prudent. C'est la première fois qu'on vit un séisme. Quand l'adrénaline est retombée, on s'est rendu compte qu'on était très chanceuses d'être toujours en vie", ajoute-t-elle.

Solidarité 

Outre Marrakech, la secousse a été ressentie à Rabat, Casablanca, Agadir et Essaouira, semant la panique parmi la population. De nombreuses personnes sont sorties dans les rues de ces villes, craignant l'effondrement de leurs habitations, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.

"L'endroit où se trouve l'épicentre de ce tremblement et sa puissance nous place devant une situation d'urgence exceptionnelle", a déclaré à la télévision publique le chargé des opérations de secours à la direction générale de la protection civile, le colonel Hicham Choukri.

Le centre régional de transfusion sanguine à Marrakech a appelé les habitants à se rendre samedi dans ses locaux pour donner leur sang pour les blessés.

"On avait l'impression que c'était une rivière qui débordait violemment. Les cris et les pleurs étaient insoutenables", affirme un autre habitant de la ville, Fayssal Badour, 58 ans.

Le drame a suscité un élan de solidarité dans le monde, plusieurs pays, dont Israël, la France, l'Espagne, l'Italie et les Etats-Unis proposant leur aide.

Même l'Algérie voisine, aux relations houleuses avec le Maroc, a annoncé avoir décidé d'ouvrir son espace aérien, fermé depuis septembre 2021, aux vols transportant des aides humanitaires et des blessés.

Par ailleurs, la Fédération marocaine de football (FRMF) a annoncé le report sine die du match contre le Libéria initialement prévu samedi à Agadir, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN).

Le 24 février 2004, un séisme de 6,4 degrés sur l'échelle de Richter avait secoué la province d'Al Hoceima, 400 km au nord-est de Rabat, faisant 628 morts.

Et le 29 février 1960, un tremblement de terre de magnitude 5,7 avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, et fait près de 15.000 morts, soit un tiers de la population de la ville.

(Avec AFP).


La France se dit « prête à concourir à la sécurité des distributions alimentaires » à Gaza

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. (Photo AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. (Photo AFP)
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  • La France, ainsi que l'Europe, "se tiennent prêtes à contribuer à la sécurité des distributions alimentaires" dans la bande de Gaza en guerre, a déclaré samedi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur LCI.
  • Le ministre n’a pas précisé la nature exacte de cette assistance, mais a exprimé sa "colère" face aux "500 personnes" ayant perdu la vie lors de distributions alimentaires récentes à Gaza.

PARIS : La France, ainsi que l'Europe, "se tiennent prêtes à contribuer à la sécurité des distributions alimentaires" dans la bande de Gaza en guerre, a déclaré samedi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur LCI.

Cette initiative viserait à répondre à la préoccupation israélienne concernant le détournement de l’aide humanitaire par des groupes armés, faisant allusion au Hamas sans le nommer.

Le ministre n’a pas précisé la nature exacte de cette assistance, mais a exprimé sa "colère" face aux "500 personnes" ayant perdu la vie lors de distributions alimentaires récentes à Gaza.

Israël a partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé depuis début mars, qui avait provoqué de graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens essentiels.

Un mécanisme de distribution piloté par la "Fondation humanitaire de Gaza" (GHF), soutenue par Israël et les États-Unis, a été mis en place, mais ses opérations ont donné lieu à des scènes chaotiques et meurtrières.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, près de 550 personnes ont été tuées et plus de 4 000 blessées dans les files d’attente depuis le lancement des opérations de la GHF fin mai.

La Défense civile de Gaza a par ailleurs rapporté vendredi la mort de 80 personnes dans des frappes ou tirs israéliens, dont 10 tuées alors qu’elles attendaient de l’aide humanitaire. L’armée israélienne nie catégoriquement avoir tiré sur des civils dans ces circonstances et examine ces allégations.

Après un cessez-le-feu entré en vigueur mardi avec l’Iran, le chef d’état-major israélien, le lieutenant-général Eyal Zamir, a indiqué que l’armée restait concentrée sur Gaza "pour ramener les otages et démanteler le régime du Hamas".

La guerre a débuté avec une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, qui a fait 1 219 morts israéliens, principalement civils, selon un décompte AFP basé sur des données officielles. Parmi eux, 49 personnes ont été enlevées à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l’armée israélienne.

De leur côté, plus de 56 412 Palestiniens, majoritairement civils, ont péri lors des représailles militaires israéliennes dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas, chiffres jugés fiables par l’ONU.


La France entend jouer "un rôle central" sur le nucléaire iranien

Des amendements ont assoupli le texte initial, en permettant que les drapeaux puissent être hissés à proximité des mairies ou sur leurs toits et surtout en exemptant les communes de moins de 1 500 habitants de l'obligation de pavoisement, pour des raisons financières (Photo, AFP).
Des amendements ont assoupli le texte initial, en permettant que les drapeaux puissent être hissés à proximité des mairies ou sur leurs toits et surtout en exemptant les communes de moins de 1 500 habitants de l'obligation de pavoisement, pour des raisons financières (Photo, AFP).
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  • "Si l'Iran refuse de négocier de bonne foi un encadrement strict et durable de son programme nucléaire,a déclaré le ministre.
  • Le mécanisme de réimposition des sanctions expirera le 18 octobre 2025.

PARIS : La France et ses principaux partenaires européens entendent jouer "un rôle central" dans les négociations sur le nucléaire iranien, en raison notamment de leur capacité à réimposer des sanctions contre Téhéran, a averti samedi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur LCI.

"Si l'Iran refuse de négocier de bonne foi un encadrement strict et durable de son programme nucléaire, la France, avec ses partenaires européens, peut, par une simple lettre, rétablir l'embargo mondial sur les armes, les équipements nucléaires, ainsi que sur les banques et les assurances", a-t-il déclaré.

Ce pouvoir de réactiver les sanctions appartient à chacun des signataires de l'accord de Vienne de 2015, appelé JCPOA ("Joint Comprehensive Plan of Action"), à savoir la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Chine et la Russie ,à l’exclusion des États-Unis, qui s'en sont retirés en 2018 sous la présidence de Donald Trump.

"C'est pourquoi nous jouons un rôle central dans ces négociations", a insisté M. Barrot, exprimant le souhait qu’un dialogue s’instaure entre l’Iran et les États-Unis, "qui tienne compte des exigences qui sont les nôtres" concernant l’activité nucléaire iranienne, soupçonnée par une grande partie de la communauté internationale de viser l’arme nucléaire, ce que Téhéran dément.

Le mécanisme de réimposition des sanctions expirera le 18 octobre 2025.

M. Barrot a également souligné que "ces derniers mois, le sort de nos otages a été au cœur des discussions avec les autorités iraniennes", en référence à Cécile Kohler, 40 ans, et à son compagnon Jacques Paris, arrêtés en mai 2022 à la fin d’un voyage touristique en Iran et accusés d’espionnage. Paris les considère comme des "otages" et réclame leur libération immédiate.

"J'ai demandé récemment qu’un contact soit établi avec eux, par notre consulat ou leurs familles. J’attends toujours une réponse claire, et je dois dire que je commence à m’impatienter", a-t-il ajouté. "Nous continuerons à accentuer la pression. Et comme vous avez sans doute pu le constater, nous disposons de leviers considérables vis-à-vis de l'Iran", a conclu le ministre.


Au Maroc, un projet ambitieux pour connecter le Sahel à l'Atlantique

Construction du port atlantique de Dakhla, situé à 40 km au nord de la ville de Dakhla, dans une zone relevant de la compétence de la commune rurale d'El-Argoub à Dakhla, dans le Sahara occidental contesté, principalement contrôlé par le Maroc, le 26 mai 2025 (Photo par Abdel Majid BZIOUAT / AFP)
Construction du port atlantique de Dakhla, situé à 40 km au nord de la ville de Dakhla, dans une zone relevant de la compétence de la commune rurale d'El-Argoub à Dakhla, dans le Sahara occidental contesté, principalement contrôlé par le Maroc, le 26 mai 2025 (Photo par Abdel Majid BZIOUAT / AFP)
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  • L'« Initiative Atlantique », annoncée en novembre 2023 par le roi du Maroc, vise à donner au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad, tous enclavés, un accès à l'océan.
  • Cette annonce intervient dans un contexte géopolitique mouvant : entre 2020 et 2023, des coups d'État ont frappé ces trois pays.

MAROC : Le projet colossal de permettre aux pays du Sahel d'accéder à sa façade atlantique via des milliers de kilomètres de corridors logistiques terrestres est poursuivi par le Maroc, non sans défis, dans une région en pleine recomposition et minée par les violences jihadistes.

L'« Initiative Atlantique », annoncée en novembre 2023 par le roi du Maroc, vise à donner au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad, tous enclavés, un accès à l'océan. Un projet qui, selon Mohammed VI, « transformera substantiellement l'économie de ces pays et de toute la région ».

Rabat ferait ainsi d'une pierre plusieurs coups : étendre son influence en Afrique, développer le territoire disputé du Sahara occidental dont la majeure partie est contrôlée par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l'Algérie, et damer le pion à Alger dont les relations avec le Mali, le Niger et le Burkina se sont dégradées.

Cette annonce intervient dans un contexte géopolitique mouvant : entre 2020 et 2023, des coups d'État ont frappé ces trois pays, et les régimes militaires qui y ont pris le pouvoir ont tourné le dos à l'Occident pour se rapprocher de la Russie.

Au même moment, certaines décisions de l'Union africaine et d'organismes régionaux comme la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) contribuaient à isoler les nouveaux régimes.

Or, fin avril à Rabat, le ministre des Affaires étrangères du Niger, Bakary Yaou Sangaré, a affirmé que le Maroc était « l'un des tout premiers pays auprès de qui on a trouvé la compréhension, au moment où la CEDEAO et d'autres pays étaient sur le point de nous livrer la guerre ».

Au regard de la situation, « l'initiative royale est une aubaine pour nos pays », a-t-il assuré après avoir été reçu par Mohammed VI en compagnie des ministres des Affaires étrangères du Burkina et du Mali. 

Actuellement, pour ses échanges commerciaux, l'AES s'appuie sur des ports situés dans plusieurs pays de la CEDEAO (Bénin, Togo, Sénégal, Côte d'Ivoire, Ghana), mais les tensions régionales peuvent compliquer l'accès à ces ports.

Le projet intervient également à un moment où les relations entre l'AES et son voisin algérien se tendent : les pays de l'alliance ont récemment rappelé leurs ambassadeurs à Alger, accusant les autorités algériennes d'avoir abattu un drone malien.

En outre, selon Beatriz Mesa, professeure à l'université internationale de Rabat, les mécanismes sécuritaires européens tels que Barkhane ou Takuba ont « échoué » en Afrique.

Le Maroc, qui se positionne dans une « triangularité » avec l'Afrique et l'Occident, est en train de « rentabiliser ces échecs en se positionnant comme partenaire fiable de l'Europe dans le Sud global », analyse-t-elle.

Après les grandes annonces, reste la question de la faisabilité et du financement. 

D'après la revue Afrique(s) en mouvement, qui réunit plusieurs experts, des pays comme les États-Unis, la France ou des États du Golfe, qui ont publiquement soutenu l'initiative marocaine, sont de potentiels bailleurs pour ce projet colossal.

Selon Abdelmalek Alaoui, président de l'Institut marocain d'intelligence stratégique (Imis), un réseau terrestre entre le Maroc et le Tchad, qui passerait par la Mauritanie, pourrait coûter près d'un milliard de dollars (environ 930 millions d'euros).

Le tracé reste pour l'instant flou, mais le Tchad, qui semble « un peu en retrait » dans le projet par rapport à l'AES, est distant de quelque 3 000 kilomètres du Maroc, souligne Seidik Abba, président du Centre international d'études et de réflexions sur le Sahel (CIRES). 

Il y a donc « encore des étapes à franchir », puisque pour l'instant, le « réseau routier ou ferroviaire n'existe pas », dit cet expert nigérien, relevant aussi le manque de parc automobile dans la région.

Selon Rida Lyammouri du Policy Center for the New South, un groupe de réflexion marocain, « une nouvelle route terrestre » entre le Maroc et la Mauritanie est « presque finalisée », et Nouakchott mène des travaux sur son territoire pour garantir la continuité du corridor.

Mais la question des routes dépend surtout de la sécurité au Sahel. « Si vous avez des escarmouches, de facto, vos travaux s'arrêtent », pointe M. Alaoui, alors que la région est en proie à des attaques persistantes de groupes jihadistes.

Concernant l'import-export, le futur port en eau profonde « Dakhla Atlantique », conçu dans le cadre du développement du Sahara occidental, sera mis à disposition de l'initiative marocaine.

Lancé fin 2021, ce chantier de 1,2 milliard d'euros, situé à El Argoub, au cœur du territoire, affiche un taux d'avancement de 38 %. La fin des travaux est prévue pour 2028.