La victoire de l'extrême droite aux Pays-Bas tombe à pic pour Marine Le Pen

Marine Le Pen devrait fêter ce succès auprès d'un autre de ses alliés (Photo, AFP).
Marine Le Pen devrait fêter ce succès auprès d'un autre de ses alliés (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 24 novembre 2023

La victoire de l'extrême droite aux Pays-Bas tombe à pic pour Marine Le Pen

  • «Spectaculaire»: Marine Le Pen s'est réjouie sans nuance, jeudi, de l'arrivée en tête, la veille, du Parti de la liberté (PVV) lors du scrutin
  • «C'est parce qu'il est des peuples qui refusent de voir s'éteindre le flambeau national que l'espoir du changement reste vif en Europe», a-t-elle ajouté sur France Inter

LISBONNE: La performance inattendue de l'extrême droite aux élections législatives néerlandaises tombe à point nommé pour le Rassemblement national de Marine Le Pen, qui veut voir dans la victoire de cet allié une "vague européenne pour le retour des Nations et contre l'immigration".

"Spectaculaire": Marine Le Pen s'est réjouie sans nuance, jeudi, de l'arrivée en tête, la veille, du Parti de la liberté (PVV) lors du scrutin, qui "confirme" selon elle "l'attachement croissant à la défense des identités nationales".

"C'est parce qu'il est des peuples qui refusent de voir s'éteindre le flambeau national que l'espoir du changement reste vif en Europe", a ajouté sur France Inter la présidente des députés français d'extrême droite pour féliciter le leader du PVV, Geert Wilders, "allié du Rassemblement national" au Parlement européen.

Marine Le Pen devrait fêter ce succès auprès d'un autre de ses alliés: elle est attendue vendredi à Lisbonne pour le congrès du parti européen Identité et démocratie, auquel le RN et le PVV appartiennent - ils siègent dans le groupe du même nom au Parlement de Strasbourg.

Dans la capitale portugaise, la triple candidate malheureuse à la présidentielle française doit prononcer un discours aux côtés du patron du parti Chega ("Assez", en portugais), André Ventura, désormais crédité de 17% d'intentions de vote pour les législatives anticipées de mars - dix points de plus que lors des élections de janvier 2022.

Certes, ce parti est donné derrière la formation du Premier ministre démissionnaire de centre gauche (26%) et de celle de centre droit (25%), mais son soutien pourrait être indispensable pour former une coalition gouvernementale de droite et d'extrême droite.

Marche-pied vers l'Elysée

"La vague contre l'immigration, la vague pour le retour des Nations, elle n'est pas française, elle est européenne", s'enthousiasme-t-on dans les travées du RN, qui veut y voir un présage.

Car "pour peu que les Français se mobilisent", "nous avons la possibilité de pouvoir changer radicalement la majorité au sein de l'Union européenne", a pronostiqué jeudi Mme Le Pen.

La performance néerlandaise de mercredi "démontre que de plus en plus de pays au sein de l'Union européenne contestent son fonctionnement et souhaitent maîtriser une immigration qui est considérée par beaucoup de peuples comme massive et anarchique", a-t-elle fait valoir.

"Les peuples en Europe se lèvent contre le laxisme migratoire et la dérive centralisatrice de l'Union européenne, soutenus par (le président) Emmanuel Macron et (la présidente de la Commission européenne) Ursula Von der Leyen", a encore appuyé le député RN Alexandre Loubet, par ailleurs directeur de campagne de Jordan Bardella pour les Européennes de juin, un scrutin plus que jamais dans le viseur des lepénistes.

Au RN, on ne se lasse pas d'énumérer la "montée des partis populistes" - en Espagne, Suède, Italie, Autriche, Allemagne ou Belgique.

Cette lame de fond recouvre pourtant des jeux d'alliance et une fracture au Parlement européen, entre le groupe Identité et démocratie et celui des Conservateurs européens, parmi lesquels siègent notamment les eurodéputés Fratelli d'Italia, le parti de la cheffe du gouvernement transalpin Giorgia Meloni.

L'euphorie néerlandaise pourrait-elle relancer le projet d'un groupe unique d'extrême droite au soir du scrutin du 9 juin?

"Ce qui compte, ce sont les votes des eurodéputés; les groupes parlementaires, c'est administratif", balaie un eurodéputé RN français. Il se réjouit par ailleurs de voir naître une fronde  - notamment sur les sujets écologiques - parmi la droite européenne contre la présidente de la Commission, Ursula van der Leyen, pourtant l'une des leurs.

Après avoir "réussi à mettre Emmanuel Macron en minorité à l'Assemblée nationale", "il faut faire la même chose, mettre lui et ses amis idéologiques en minorité au Parlement européen", a plaidé jeudi Marine Le Pen.

Autour de la tête de liste française Jordan Bardella, certains commencent pourtant à se méfier de ces triomphes voisins autant que des sondages flatteurs: "Ca peut être démobilisateur. Or notre ennemi mortel, c'est l'abstention", reconnaît un stratège de la campagne des Européennes.

Pour ce scrutin réputé peu mobilisateur, l'enjeu est d'autant plus immense qu'une arrivée en pôle position a été théorisée comme la condition sine qua non pour la future conquête de l'Elysée.


Avec le retour de Rima Hassan, LFI se sent confortée dans son discours pour Gaza

L'avocate franco-palestinienne et membre du Parlement européen pour le parti La France Insoumise (LFI) Rima Hassan (en bas à gauche) s'adresse aux manifestants réunis lors d'un rassemblement en sa faveur place de la République à Paris le 12 juin 2025, suite à son expulsion après qu'Israël l'ait arrêtée avec d'autres activistes à bord d'un bateau d'aide à destination de Gaza. (AFP)
L'avocate franco-palestinienne et membre du Parlement européen pour le parti La France Insoumise (LFI) Rima Hassan (en bas à gauche) s'adresse aux manifestants réunis lors d'un rassemblement en sa faveur place de la République à Paris le 12 juin 2025, suite à son expulsion après qu'Israël l'ait arrêtée avec d'autres activistes à bord d'un bateau d'aide à destination de Gaza. (AFP)
Short Url
  • Après avoir été détenue trois jours en Israël, l'eurodéputée Rima Hassan a pris une nouvelle dimension auprès des militants insoumis et pro-palestiniens, qui l'ont accueillie triomphalement jeudi soir à Paris
  • Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui l'a étreinte et lui a embrassé la main à son arrivée place de la République, a même été jusqu'à la comparer à "Victor Hugo de retour de Guernesey"

PARIS: Après avoir été détenue trois jours en Israël, l'eurodéputée Rima Hassan a pris une nouvelle dimension auprès des militants insoumis et pro-palestiniens, qui l'ont accueillie triomphalement jeudi soir à Paris, malgré les critiques en récupération politique des adversaires de LFI.

Le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui l'a étreinte et lui a embrassé la main à son arrivée place de la République, a même été jusqu'à la comparer à "Victor Hugo de retour de Guernesey".

Une référence aux 15 ans d'exil passés par l'écrivain sur l'île anglo-normande, après son expulsion de France pour avoir critiqué le coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte.

"Toujours plus", a ironisé le patron des députés LR Laurent Wauquiez, alors que le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot avait dénoncé pendant la semaine une "opération de communication de Rima Hassan", qui se rendait vers Gaza avec onze militants pro-palestiniens et journalistes, notamment pour apporter un peu d'aide humanitaire, à grand renfort de médiatisation de son action sur les réseaux sociaux.

"Le fait de pousser comme ça, ça donne le sentiment d'une insincérité, et peut laisser penser à une instrumentalisation", estime pour sa part un cadre socialiste.

"Tout ce qui permet de montrer l'ignominie du génocide à Gaza doit être pris, pour y mettre fin le plus rapidement possible", évacue auprès de l'AFP la cheffe de file des eurodéputés LFI, Manon Aubry.

"Rima a pris une autre dimension (avec son arrestation, ndlr) en même temps que l'horreur atteint aussi une nouvelle dimension à Gaza", ajoute-t-elle.

Malgré ses propos très polémiques sur Israël, la Franco-Palestinienne de 33 ans était rapidement devenue pendant la campagne des européennes l'année dernière la nouvelle idole des militants insoumis. Personnalisant la place majeure prise par le combat pro-palestinien dans le logiciel de La France insoumise après les attaques du Hamas le 7 octobre 2023 et la réplique, qualifiée de "génocide" par LFI, du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

Jeudi soir, Rima Hassan est apparue place de la République directement après sa sortie de l'avion vêtue de sa "tenue de prison", keffieh sur la tête ou sur les épaules, agitant un drapeau palestinien devant la statue recouverte de tags.

Avec le reste des Insoumis, elle appelle à un nouveau rassemblement pour Gaza samedi.

- Un "malaise" dans le reste de la gauche? -

Depuis lundi et son arrestation en mer, les Insoumis n'ont cessé d'appeler à l'action pour soutenir Rima Hassan, mettant la pression - qualifiée de "harcèlement" par le quai d'Orsay - sur le gouvernement français.

"J'ai trouvé ça très réussi, une +masterclass+. Évidemment c'est indécent, mais pour leur électorat c'est vraiment très fort", reconnaissait dans la semaine un cadre des députés macronistes.

En particulier, le mouvement de gauche radicale se réjouit d'avoir mobilisé en quelques heures des milliers de personnes pour se rendre place de la République dès lundi.

"Le rapport de force avec le gouvernement français sur ce sujet, aujourd'hui, il n'est pas à l'Assemblée nationale, il est dans la rue", estime ainsi le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard.

Surtout, les Insoumis voient là la validation de leur discours résolument orienté vers la défense de la cause palestinienne, malgré les polémiques que cela a pu causer.

Et les troupes de Jean-Luc Mélenchon pointent une timidité de leurs partenaires de gauche sur le sujet.

"S'il n'y avait pas eu Rima, le reste de la gauche aurait réagi plus fort" à l'arraisonnement par Israël du navire à 185 kilomètres des côtes de Gaza, assure la députée LFI Anaïs Belouassa-Cherifi.

"Ça témoigne de leur malaise sur la question. Nous sommes le seul parti à avoir toujours été hyper clair", ajoute-t-elle.

Un discours qui a été validé par les faits estiment les Insoumis, alors que la pression internationale se renforce sur Israël pour qu'il cesse son offensive et rouvre les vannes humanitaires à Gaza.

"Sur la Palestine, les lignes bougent assez drastiquement. Je le sens dans mes interventions médiatiques. Avant quand vous disiez +génocide+, on vous traitait d'antisémite", estime Manuel Bompard.

"On savait malheureusement que la situation à Gaza allait se finir comme ça. J'aurais aimé qu'on ait tort", ajoute Anaïs Belouassa-Cherifi.


Macron défend «le droit d'Israël à se protéger» mais doit reporter sa conférence sur l'Etat palestinien

Le président français Emmanuel Macron a défendu vendredi "le droit d'Israël à se protéger", saluant même les "effets" des frappes israéliennes contre les capacités nucléaires de l'Iran, qui l'ont toutefois contraint de reporter une conférence cruciale à l'ONU sur l'Etat palestinien. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a défendu vendredi "le droit d'Israël à se protéger", saluant même les "effets" des frappes israéliennes contre les capacités nucléaires de l'Iran, qui l'ont toutefois contraint de reporter une conférence cruciale à l'ONU sur l'Etat palestinien. (AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron, qui s'est entretenu toute la journée avec le président américain, le Premier ministre israélien, les principaux dirigeants du Golfe, de l'Egypte et de Jordanie ainsi qu'européens, a exhorté à la "désescalade"
  • Il a toutefois affirmé que la France participerait "aux opérations de protection et de défense" d'Israël en cas de "représailles" iraniennes, si elle est "en situation de le faire"

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a défendu vendredi "le droit d'Israël à se protéger", saluant même les "effets" des frappes israéliennes contre les capacités nucléaires de l'Iran, qui l'ont toutefois contraint de reporter une conférence cruciale à l'ONU sur l'Etat palestinien.

"L'Iran a poursuivi son programme ces derniers mois, a continué d'enrichir, et est proche d'un stade critique" qui permet "de produire des engins nucléaires", a déclaré le président français lors d'une conférence de presse convoquée à l'Elysée après les bombardements d'Israël contre des installations nucléaires et militaires iraniennes.

Cette "marche vers l'arme nucléaire par l'Iran menace la région, l'Europe et plus généralement la stabilité collective": "nous ne pouvons pas vivre dans un monde où l'Iran posséderait la bombe atomique, car c'est une menace existentielle", a-t-il martelé. Il a même attribué à Téhéran "une lourde responsabilité dans la déstabilisation de toute la région".

Dès lors, le chef de l'Etat, qui s'est montré très virulent ces derniers mois contre la guerre que continue de mener le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu à Gaza, ainsi que le blocus humanitaire de l'enclave palestinienne assiégé, s'est abstenu de condamner ses frappes en Iran.

"Nous ne partageons pas cette approche et la nécessité d'une opération militaire. Néanmoins, quand on regarde les résultats de ces frappes, elles ont permis de réduire des capacités d'enrichissement" d'uranium, "elles ont permis de réduire des capacités balistiques, et elles ont donc des effets qui vont dans le sens recherché", a-t-il fait valoir.

Emmanuel Macron, qui s'est entretenu toute la journée avec le président américain, le Premier ministre israélien, les principaux dirigeants du Golfe, de l'Egypte et de Jordanie ainsi qu'européens, a exhorté à la "désescalade".

Il a toutefois affirmé que la France participerait "aux opérations de protection et de défense" d'Israël en cas de "représailles" iraniennes, si elle est "en situation de le faire".

Lors de sa conférence de presse, le président français a par ailleurs annoncé le report de la conférence internationale prévue la semaine prochaine au siège de l'ONU, à New York, pour relancer la solution à deux Etats, israélien et palestinien, qu'il devait coprésider avec l'Arabie saoudite.

Emmanuel Macron, qui devait y intervenir mercredi, avait envisagé dès avril d'y reconnaître un Etat palestinien, même s'il avait depuis émis plusieurs conditions qui sonnaient parfois comme une volonté de temporiser sur ce pas diplomatique retentissant de la part de la France.

Il a assuré vendredi que le report est dû à des "raisons logistiques et sécuritaires" qui empêchent plusieurs dirigeants arabes ou le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas de se rendre à New York, en raison de l'escalade entre l'Iran et Israël qui a provoqué la fermeture de l'espace aérien dans plusieurs pays du Moyen-Orient. La conférence aura toutefois lieu "au plus vite", a-t-il garanti, promettant de fixer une nouvelle date "dès les prochains jours".

 


Benjamin Hautecouverture: malgré un affaiblissement objectif, l’Iran reste potentiellement résilient

Un homme prend une photo d'un bâtiment endommagé lors d'une frappe israélienne sur Téhéran, le 13 juin 2025. (AFP)
Un homme prend une photo d'un bâtiment endommagé lors d'une frappe israélienne sur Téhéran, le 13 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Les sites touchés incluent le centre de commandement des Gardiens de la révolution à Téhéran, les bases militaires de Shian et de Parchin, ainsi que le site nucléaire de Natanz, symbole du programme d’enrichissement d’uranium de la République islamique
  • Selon l’armée israélienne, même les installations souterraines de Natanz ont été endommagées, notamment les halls à plusieurs niveaux où sont logées les centrifugeuses

PARIS: L’opération « Rising Lion », déclenchée dans la nuit de jeudi à vendredi  par Israël contre des cibles majeures en Iran, marque une nouvelle étape dans l’escalade militaire entre les deux puissances rivales du Moyen-Orient. 

Elle confirme également ce que de nombreux observateurs relevaient, à savoir que malgré sa rhétorique belliqueuse et son rôle central dans l’architecture régionale du « front de la résistance », le régime iranien montre aujourd’hui des signes objectifs de faiblesse, tant sur le plan militaire que diplomatique. 

Face à cette crise, la France adopte une ligne de fermeté équilibrée, refusant la fuite en avant tout en réaffirmant son attachement à la sécurité d’Israël et à la stabilité régionale.