Gaza: les espoirs d'une trêve ravivés, un premier bateau d'aide déchargé

Des enfants palestiniens accomplissent la première prière du vendredi midi du mois de jeûne musulman du Ramadan sur les ruines de la mosquée Al-Farouq, le 15 mars 2024. (AFP)
Des enfants palestiniens accomplissent la première prière du vendredi midi du mois de jeûne musulman du Ramadan sur les ruines de la mosquée Al-Farouq, le 15 mars 2024. (AFP)
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Publié le Samedi 16 mars 2024

Gaza: les espoirs d'une trêve ravivés, un premier bateau d'aide déchargé

  • Le Hamas s'est dit prêt à une trêve de six semaines, pendant laquelle 42 otages pourraient être libérés en échange de 20 à 50 prisonniers palestiniens contre chaque otage libéré
  • Le bureau de Netanyahu a annoncé qu'une délégation israélienne allait se rendre au Qatar dans le cadre des négociations autour de cet échange, sans préciser quand

TERRITOIRES PALESTINIENS: Les espoirs d'une trêve dans la bande de Gaza semblent ravivés après que le Hamas a assoupli ses exigences, relançant de nouveau les négociations, au moment où le premier bateau d'aide a fini samedi de décharger sa cargaison de vivres dans le territoire palestinien assiégé et menacé par la famine.

Le porte-parole du ministère de la santé du Hamas, Ashraf al-Qudra, a annoncé tôt samedi la mort de 36 personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants, dans une frappe sur une maison où s'entassaient des déplacés à Nusseirat (centre). Au total, 123 personnes sont mortes depuis vendredi soir dans l'ensemble du territoire, selon la même source.

Le gouvernent du Hamas a fait état de 60 frappes nocturnes sur plusieurs zones, ainsi que de "violents combats" à Khan Younès, dans le sud, et à Zaytoun, dans Gaza-Ville.

Le mouvement islamiste palestinien, qui exigeait jusqu'ici d'Israël un cessez-le-feu définitif avant tout accord sur une libération des otages retenus à Gaza, s'est dit prêt à une trêve de six semaines, pendant laquelle 42 otages --femmes, enfants, personnes âgées et malades-- pourraient être libérés en échange de 20 à 50 prisonniers palestiniens contre chaque otage libéré.

Dans cette optique, le Hamas exige le "retrait de l'armée de toutes les villes et zones peuplées", le "retour des déplacés sans restrictions" et l'entrée d'au moins 500 camions d'aide humanitaire par jour à Gaza, a indiqué un de ses cadres à l'AFP.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a pour sa part déclaré que les pays médiateurs --qui ne sont pas parvenus à arracher un accord de trêve comme ils l'espéraient avant le début du ramadan lundi-- travaillaient "d'arrache-pied pour combler le fossé restant" en vue d'un accord sur les otages et une trêve.

Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, lui, annoncé qu'une délégation israélienne allait se rendre au Qatar dans le cadre des négociations autour de cet échange, sans préciser quand. Et la Maison Blanche s'est dit "prudemment optimiste" pour les négociations sur une trêve.

Outre les raids et les combats, l'ONU redoute une famine généralisée dans le territoire palestinien, notamment dans le nord, ravagé par la guerre et difficilement accessible.

«Plus de bébés de taille normale»

Parti mardi de Chypre, un bateau de l'ONG espagnole Open Arms transportant 200 tonnes de vivres de l'organisation World Kitchen Central (WCK) est arrivé vendredi sur la côte de Gaza où il a fini samedi de décharger sa cargaison.

"Toute la cargaison a été déchargée et est en train d'être préparée en vue de sa distribution à Gaza", a indiqué samedi WCK, qui dit préparer un deuxième navire d'aide à Chypre, avec des "centaines de tonnes de vivres".

L'aide acheminée par voie terrestre entre, elle, dans le sud de la bande de Gaza après avoir été inspectée par Israël, mais reste très insuffisante au regard des besoins des 2,4 millions d'habitants.

Les efforts internationaux se multiplient pour tenter d'acheminer davantage d'aide humanitaire, directement dans le nord de Gaza, par des parachutages ou via un nouveau couloir maritime depuis Chypre.

"Je veux (de l'aide) pour mes enfants. Je veux qu'ils vivent et ne meurent pas de faim. Ils ne mangent que des plantes sauvages, il n'y a pas de pain. Il n'y a rien à manger à Gaza. C'est le mois du Ramadan et il n'y a rien", a déclaré à l'AFP Abou Issa Ibrahim Filfil, un Palestinien qui attend de l'aide.

L'ONU, l'Union européenne, les Etats-Unis et d'autres pays ont rappelé ces derniers jours que l'acheminement d'aide par les airs ou la mer ne pouvait se substituer aux routes terrestres.

Le navire d'Open Arms avait été soumis au préalable "à un contrôle de sécurité complet", selon l'armée israélienne qui impose un siège complet au territoire.

La situation est dramatique au point que "les médecins ne voient plus de bébés de taille normale" à Gaza, s'est insurgé vendredi Dominic Allen, responsable pour les territoires palestiniens du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).

Ils "voient plus de bébés morts-nés", a déploré M. Allen qui a pu se rendre à Gaza, décrivant des femmes enceintes "épuisées par la peur, par le fait d'avoir été déplacées plusieurs fois, par la faim" et la déshydratation.

Opération sur Rafah? 

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de sources officielles israéliennes.

Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 32 seraient mortes.

En représailles, Israël a promis "d'anéantir" le Hamas et lancé une offensive ayant fait 31.490 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Tandis que les tractations s'activent en coulisses pour une trêve, le Premier ministre Netanyahu a approuvé "les plans d'action" de l'armée en vue d'une offensive à Rafah, où sont massés, selon l'ONU, environ 1,5 million de Palestiniens. Cette opération pourrait intervenir à défaut d'accord de trêve ou après une éventuelle pause de six semaines dans les combats.

"L'armée israélienne est prête pour le côté opérationnel et pour l'évacuation de la population", selon ses services qui ne donnent aucune autre précision sur cette opération annoncée de longue date, contre laquelle les Etats-Unis et l'ONU ne cessent de mettre en garde.


Liban: le désarmement du Hezbollah, une option désormais sur la table

Des soldats de la paix de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) passent devant des bâtiments détruits lors d'une patrouille dans le village de Kfar Kila, au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 6 avril 2025. (AFP)
Des soldats de la paix de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) passent devant des bâtiments détruits lors d'une patrouille dans le village de Kfar Kila, au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 6 avril 2025. (AFP)
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  • Le désarmement du Hezbollah libanais, impensable il y a peu, semble aujourd'hui une option réaliste au vu des pressions américaines sur Beyrouth
  • L'issue des tractations qui ont débuté samedi entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire de Téhéran, et devraient s'étendre à son rôle régional, pourrait également être décisive pour le sort de l’arsenal du Hezbollah

BEYROUTH: Le désarmement du Hezbollah libanais, impensable il y a peu, semble aujourd'hui une option réaliste au vu des pressions américaines sur Beyrouth et de l'affaiblissement du mouvement pro-iranien, après une guerre meurtrière avec Israël, estiment des experts.

L'issue des tractations qui ont débuté samedi entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire de Téhéran, et devraient s'étendre à son rôle régional, pourrait également être décisive pour le sort de l’arsenal du Hezbollah, considéré comme supérieur à celui de l’armée libanaise.

"L’impact de la guerre a clairement changé la donne", affirme David Wood, du groupe de réflexion International Crisis Group.

Selon lui, "le Hezbollah pourrait s'orienter vers le désarmement et même participer à ce processus de son plein gré plutôt que s'y opposer".

Un accord de cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre à plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement chiite, qui ont quasiment décimé sa direction.

Pour David Wood, le Hezbollah - à la fois milice et parti jadis tout-puissant sur la scène politique libanaise - a déjà concédé l'élection d'un président qu'il ne soutenait pas et la formation d'un gouvernement réformateur.

L’accord de trêve prévoit le retrait du Hezbollah au nord du fleuve Litani et le démantèlement de son infrastructure militaire entre ce fleuve et la frontière israélienne, à une trentaine de km au sud.

Une source proche du Hezbollah a déclaré à l’AFP que son mouvement avait déjà cédé environ 190 de ses 265 positions à l'armée libanaise dans le sud.

La formation affirme que l'accord ne s’applique pas au reste du pays, même s'il se base sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'Onu, qui appelle au désarmement des groupes armés non-étatiques.

Le Hezbollah est le seul groupe libanais à avoir conservé ses armes à l'issue de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" à Israël.

Washington continue "d'exhorter le gouvernement à aller jusqu'au bout pour faire cesser les hostilités, ce qui inclut le désarmement du Hezbollah et de toutes les milices", a récemment affirmé une émissaire américaine, Morgan Ortagus.

Tout en s’engageant à assurer à l’État libanais "le monopole des armes", le nouveau président, Joseph Aoun, ancien commandant en chef de l'armée soutenu par Washington, a lui souligné que la question devait être résolue par le "dialogue".

– Gagner du temps ? –

L’ancien chef du renseignement dans le sud du Liban, le général à la retraite Ali Chahrour, estime pour l'AFP que le Hezbollah  "n'a aucun intérêt à s'engager dans une guerre" avec Israël ou "une confrontation avec l’État", après ses revers.

Plusieurs des responsables du mouvement ont récemment affirmé qu'il était prêt à dialoguer sur une stratégie de défense nationale incluant son armement, mais pas à le remettre.

Pour Hanin Ghaddar, du Washington Institute, une confrontation avec le Hezbollah est toutefois "inévitable", et la seule alternative au désarmement du parti par les autorités libanaises "serait qu’Israël s'en charge".

Selon cette critique du Hezbollah, plusieurs de ses responsables - dont son chef, Naïm Qassem, et le dirigeant de son bloc parlementaire, Mohammed Raad - cherchent à gagner du temps, et doivent composer avec une faction plus radicale.

Malgré le cessez-le-feu, l'armée israélienne s'est elle maintenue sur cinq positions dans le sud du Liban et continue de mener des frappes dans le pays voisin, disant viser des cibles du Hezbollah.

"Les Israéliens fournissent au Hezbollah des arguments pour conserver ses armes", pointe le général Chahrour.

– "Feu vert" iranien ? –

Pour Karim Bitar, de Sciences Po Paris, le scénario le plus probable est que le Hezbollah remette une partie de son armement lourd à l’armée, tout en niant être responsable des armes détenues par des individus proches du groupe.

"Cela dépendra en grande partie des négociations irano-américaines", ajoute-t-il. "Sans feu vert iranien, je doute que le Hezbollah accepte".

Parmi les solutions envisagées, l'une serait le démantèlement complet de l’infrastructure militaire du Hezbollah, l'autre une remise de son arsenal à l'armée associée à l'incorporation de ses combattants à titre individuel, selon David Wood.

Dans tous les cas, dit-il, "l’approche la plus sûre est d’agir prudemment et prendre le temps".

Pour l'expert, "il est possible que l’Iran accepte d'abandonner son soutien à ses alliés régionaux, Hezbollah compris, en échange de concessions lors des négociations avec les États-Unis".


Le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale anime un colloque et une table ronde à Paris

Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa visite le musée « Gaza sinistrée » (Photo Fournie)
Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa visite le musée « Gaza sinistrée » (Photo Fournie)
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  • Le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale a entamé sa visite par une visite du musée « Gaza sinistrée ».
  • Il a également abordé des termes intellectuels et religieux couramment utilisés, étudiés et mal compris, ainsi que de l'éthique de l'intelligence artificielle.

Paris : Invité par les plus importants groupes de réflexion et d'études de la capitale française, Cheikh Dr Muhammad bin Abdul Karim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l'Association des oulémas musulmans, effectue une visite en France afin de rencontrer les représentants de ces institutions. 

Le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale a entamé sa visite par une visite du musée « Gaza sinistrée ».

L'Institut français des relations internationales de la capitale française a accueilli un colloque animé par le secrétaire général de la Ligue, Cheikh Dr Muhammad Al-Issa. Le quotidien L'Opinion a également organisé une table ronde à son siège parisien à l'intention du secrétaire général de la Ligue.

Durant le colloque et la table ronde, le secrétaire de la Ligue islamique a évoqué les derniers développements relatifs aux questions contemporaines liées à la mission de la Ligue, et a cherché à clarifier la position juridique à leur sujet. Il a également abordé des termes intellectuels et religieux couramment utilisés, étudiés et mal compris, ainsi que de l'éthique de l'intelligence artificielle.

Le secrétaire général du Centre et un groupe de leaders d'opinion, de centres d'études et de recherche étaient présents à ces rencontres.


Le Hamas se dit prêt à libérer tous les otages, à la seule condition que la guerre à Gaza prenne fin

Des décombres sont empilés à la suite d'une frappe israélienne sur l'hôpital Al-Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste ou Ahli Arab, dans la ville de Gaza, le 13 avril 2025. (Photo Omar AL-QATTAA / AFP)
Des décombres sont empilés à la suite d'une frappe israélienne sur l'hôpital Al-Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste ou Ahli Arab, dans la ville de Gaza, le 13 avril 2025. (Photo Omar AL-QATTAA / AFP)
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  • « Nous sommes prêts à libérer tous les otages israéliens dans le cadre d'un véritable accord » a déclaré à l'AFP Taher al-Nounou, un dirigeant du mouvement islamiste.
  • Ce dirigeant a insisté sur « le retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza et de l'entrée d'aide humanitaire »

LE CAIRE, EGYPTE : Un haut dirigeant du Hamas a affirmé lundi que le mouvement palestinien était prêt à libérer tous les otages israéliens, en échange notamment de garanties que l'État hébreu mettra fin à la guerre dans la bande de Gaza.

Une délégation du Hamas est actuellement au Caire pour y mener des discussions avec des responsables égyptiens et qataris, qui mènent avec les États-Unis une médiation en vue d'une trêve dans le territoire palestinien.

« Nous sommes prêts à libérer tous les otages israéliens dans le cadre d'un véritable accord d'échange de prisonniers, et en échange de la cessation de la guerre, du retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza et de l'entrée d'aide humanitaire », a déclaré à l'AFP Taher al-Nounou, un dirigeant du mouvement islamiste.

Il a toutefois accusé Israël d'entraver les progrès vers un cessez-le-feu. 

« Le problème ne réside pas dans le nombre d'otages à libérer, a-t-il dit, mais plutôt dans le fait qu'Israël revient sur ses engagements, bloque la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu et poursuit la guerre. »

« C'est pourquoi le Hamas a insisté sur la nécessité de garanties pour contraindre Israël à respecter l'accord », a-t-il ajouté.

Selon le site d'information israélien Ynet, une nouvelle proposition aurait été soumise au Hamas, prévoyant la libération de dix otages vivants en échange de garanties américaines qu'Israël entamera des négociations sur une deuxième phase du cessez-le-feu.

Une première phase de la trêve, entre le 19 janvier et le 17 mars, avait permis le retour de 33 otages, dont huit étaient morts, en échange de la libération par Israël d'environ 1 800 prisonniers palestiniens. 

Les efforts visant à restaurer le cessez-le-feu se sont jusqu'à présent heurtés à des désaccords concernant le nombre d'otages que le Hamas devrait libérer.

Taher al-Nounou a également affirmé que le Hamas ne désarmerait pas, condition posée par Israël pour mettre fin à la guerre.

« Les armes de la résistance ne sont pas sujettes à négociation », a-t-il déclaré.