Opération israélienne contre un complexe hospitalier à Gaza, numéro 3 du Hamas tué

L'armée israélienne a affirmé avoir tué lundi des dizaines de combattants palestiniens et arrêté plus de 200 lors d'une vaste opération contre le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, qui a poussé des centaines de civils à fuir le secteur bombardé. (AFP).
L'armée israélienne a affirmé avoir tué lundi des dizaines de combattants palestiniens et arrêté plus de 200 lors d'une vaste opération contre le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, qui a poussé des centaines de civils à fuir le secteur bombardé. (AFP).
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Publié le Mercredi 20 mars 2024

Opération israélienne contre un complexe hospitalier à Gaza, numéro 3 du Hamas tué

  • Alors que la guerre entre Israël et le Hamas ne connaît aucun répit, le président américain Joe Biden a estimé qu'une offensive terrestre à Rafah voulue par Israël serait "une erreur"
  • Il a obtenu la venue à Washington d'une délégation israélienne pour en parler, selon son conseiller à la sécurité nationale

TERRITOIRES PALESTINIENS: L'armée israélienne a affirmé avoir tué lundi des dizaines de combattants palestiniens et arrêté plus de 200 lors d'une vaste opération contre le plus grand complexe hospitalier de la bande de Gaza, qui a poussé des centaines de civils à fuir le secteur bombardé.

Washington a de son côté confirmé la mort du chef adjoint de la branche armée du Hamas, Marwan Issa, qui devient le responsable le plus haut placé tué sur ce territoire par l'armée israélienne depuis le début de la guerre.

Alors que la guerre entre Israël et le Hamas ne connaît aucun répit, le président américain Joe Biden a estimé qu'une offensive terrestre à Rafah voulue par Israël serait "une erreur" et a obtenu la venue à Washington d'une délégation israélienne pour en parler, selon son conseiller à la sécurité nationale.

Au sixième mois de la guerre déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas, les inquiétudes internationales s'amplifient face à la menace de famine dans le territoire palestinien assiégé et au bilan humain qui ne cesse de s'alourdir avec plus de 31.700 morts selon le ministère de la Santé du Hamas.

La bande de Gaza est devenue un "cimetière à ciel ouvert" et "la famine (est) utilisée comme arme de guerre", a affirmé le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell.

En soirée, l'armée israélienne a poursuivi son opération lancée avant l'aube contre le complexe hospitalier Al-Chifa de Gaza-Ville, après avoir affirmé que "des terroristes haut-gradés du Hamas" s'y trouvaient.

"Nous avons éliminé plus de 20 terroristes dans le complexe hospitalier" et "plus de 20 dans la zone autour de l'hôpital", a déclaré le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari. "Plus de 200 terroristes présumés" ont été arrêtés, selon lui.

Après le début de l'opération, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de "dizaines de morts et de blessés", la plupart des civils, sans donner de chiffre précis.

Fuite des civils

Des combats accompagnés de bombardements aériens ont eu lieu autour et dans le complexe, que l'armée avait pris d'assaut le 15 novembre avant de s'en retirer.

L'armée a appelé les civils à évacuer le secteur, alors que selon les autorités du Hamas, "des dizaines de milliers" de personnes se trouvent dans le complexe dont de nombreux déplacés.

Des frappes aériennes ont visé plusieurs bâtiments aux abords de l'hôpital et des centaines de civils ont pris la fuite, a constaté un correspondant de l'AFP.

Depuis le début de la guerre, les hôpitaux de Gaza sont souvent pris pour cible par l'armée qui accuse le Hamas d'utiliser les civils comme boucliers humains.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "terriblement préoccupée" par les combats à al-Chifa.

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles israéliennes.

D'après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.

En représailles, Israël a promis d'anéantir le mouvement islamiste palestinien, qui a pris le pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'UE.

Son armée a aussitôt lancé une campagne aérienne massive, suivie le 27 octobre d'une offensive terrestre qui lui a permis d'avancer du nord au sud du petit territoire côtier et a coûté la vie à 250 soldats. Les opérations militaires israéliennes ont fait jusqu'à présent 31.726 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Le numéro trois du groupe islamiste palestinien, Marwan Issa, "a été tué lors d'une opération israélienne la semaine dernière", a annoncé lundi le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, lors d'une conférence de presse.

L'armée israélienne avait fait état d'une frappe aérienne "dans le centre de la bande de Gaza, près de Nuseirat", contre une "base souterraine", qui était "utilisée par deux hauts dirigeants de l'organisation (dont) Marwan Issa". Israël n'avait toutefois pas confirmé la mort de l'homme, né en 1965, qui était l'adjoint de Mohammed Deif, le chef des brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas.

« Tous les objectifs »

Après des mois d'efforts infructueux des médiateurs -Etats-Unis, Qatar et Egypte- pour parvenir à une trêve, le chef du Mossad, les services de renseignement israéliens, David Barnea, devait rencontrer lundi à Doha des responsables qataris et égyptiens, selon une source proche des négociations.

Le Hamas s'est dit prêt à une trêve de six semaines pendant laquelle 42 otages seraient libérés en échange de 20 à 50 Palestiniens incarcérés par Israël.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé lundi à Joe Biden qu'il était déterminé à "atteindre tous les objectifs de la guerre" à Gaza dont "l'élimination du Hamas", selon un communiqué de son bureau.

C’était la première conversation téléphonique depuis plus d'un mois entre les deux dirigeants, dont la relation s'est nettement refroidie.

En dépit des pressions internationales, l'armée israélienne se prépare à une opération terrestre à Rafah, abritant selon l'ONU près de 1,5 million de Palestiniens, la plupart des déplacés, piégés contre la frontière fermée avec l'Egypte.

Joe Biden s'est dit "profondément inquiet" au sujet de cette offensive.

Dimanche, M. Netanyahu a dit qu'Israël ne lancerait pas une telle opération tant que la population serait "enfermée sur place". Mais selon des humanitaires, une évacuation d'autant de personnes est quasi impossible.

Famine d'ici mai?

Israël a imposé un siège total à Gaza depuis le 9 octobre et contrôle l'entrée de l'aide humanitaire via l'Egypte, qui arrive au compte-gouttes dans le territoire dévasté, où selon l'ONU 2,2 millions des 2,4 millions d'habitants sont menacés de famine.

L'ONG Oxfam a accusé Israël d'empêcher "délibérément" l'entrée des aides.

Israël devrait laisser le chef de l'Unrwa entrer à Gaza, dit Washington

Les Etats-Unis ont affirmé mardi qu'Israël devrait permettre au chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) de pénétrer dans la bande de Gaza, après que l'entrée lui eut été refusée.

Philippe Lazzarini a déclaré lundi au Caire qu'il avait "prévu d'aller à Rafah", dans le sud de la bande de Gaza, via le poste-frontière avec l'Egypte mais qu'il avait été "informé que (son) entrée n'était pas autorisée".

Il a ensuite précisé sur X que "les autorités israéliennes" lui avaient "refusé" l'entrée dans le territoire palestinien assiégé par Israël depuis le début de la guerre avec le mouvement palestinien Hamas.

"Ils devraient être autorisés à visiter les endroits où l'Unrwa intervient, y compris dans Gaza, et nous continuons de travailler avec le gouvernement israélien pour approuver rapidement tous les visas demandés pour les employés des Nations unies et d'ONG", a déclaré à la presse Vedant Patel, porte-parole adjoint du département d'Etat américain.

"Tous les Etats de la région doivent faire ce qui est nécessaire pour permettre une réponse humanitaire et cela inclut bien sûr l'autorisation de libre circulation pour les employés internationaux", a-t-il ajouté, sans vouloir préciser si les Etats-Unis avaient évoqué avec Israël le refus d'entrer à Gaza intimé à Philippe Lazzarini.

Ce dernier, qui était mardi à Jérusalem, a jugé que ce refus d'entrée était "sans précédent" pour "le chef de la principale agence onusienne présente à Gaza".

"Israël autorise une importante aide humanitaire à Gaza, par terre, air et mer", a rétorqué le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz.

Les aides humanitaires, très insuffisantes, parviennent très difficilement dans le nord du territoire, où se trouvent actuellement plus de 300.000 personnes selon l'ONU.

Un habitant sur deux dans le territoire, soit plus de 1,1 million de personnes, connaît une situation alimentaire "catastrophique", en particulier dans le nord où la famine sévira d'ici mai en l'absence de mesures "urgentes", ont prévenu les agences spécialisées de l'ONU.


Liban: un mort dans une frappe israélienne, selon le ministère de la Santé

Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
Des volutes de fumée se dégagent d'une frappe aérienne israélienne qui a visé la zone de Jabal al-Rihan dans la province de Jezzine, au sud du Liban, le 3 juillet 2025. (AFP)
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  •  Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
  • Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin

BEYROUTH: Un homme a été tué samedi dans une nouvelle frappe israélienne dans le sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé, en dépit d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

Une "frappe de l'ennemi israélien" sur une maison à Wata al-Khiam a fait un mort, a précisé le ministère dans un communiqué. L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

L'accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 27 novembre, prévoit que le Hezbollah retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire dans le sud du pays.

Seules l'armée libanaise et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) sont censées y être déployées.

Les forces israéliennes, qui devaient se retirer du Liban en vertu de l'accord, occupent toutefois cinq positions frontalières dans le sud du pays.

Le président libanais, Joseph Aoun, a écarté vendredi toute normalisation des relations avec Israël à l'heure actuelle, mais insisté sur l'importance de pouvoir vivre en paix avec son voisin.


L’émissaire américain Tom Barrack met en garde : « Le Liban doit agir, ou d'autres le feront »

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  • Interrogé sur l'avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l'effondrement économique du Liban, il décrit une voie délicate à suivre pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions
  • Je pense que ce gouvernement est prêt... Nous disons : "Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n'allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n'en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous", ajoute-t-il

NEW YORK CITY : « Si le Liban ne se dépêche pas de rentrer dans le rang, tout le monde autour le fera », a averti vendredi l’envoyé spécial américain Tom Barrack, évoquant la transformation possible du Hezbollah en une entité politique pleinement intégrée au Liban.

Son propos souligne l’impatience croissante de Washington face à l’immobilisme politique libanais et la pression pour un réajustement régional complet.

Interrogé par Arab News sur l’avenir du Hezbollah, les dynamiques sectaires et l’effondrement économique du Liban, M. Barrack a décrit un chemin sinueux à emprunter pour un pays longtemps paralysé par la politique des factions.

Le désarmement de la branche militaire du Hezbollah, classée par Washington comme organisation terroriste étrangère, et la possibilité de sa réintégration dans le pays en tant que parti purement politique sont au cœur de la conversation.

« C’est une excellente question », a déclaré M. Barrack lorsqu’Arab News lui a demandé si l’administration américaine envisagerait de retirer le Hezbollah de la liste des organisations terroristes s’il renonçait à ses armes. « Je n’esquive pas la question, mais je ne peux pas y répondre. »

Il a reconnu la complexité de la question et a souligné que si Washington qualifie sans équivoque le Hezbollah de groupe terroriste, son aile politique a remporté des sièges parlementaires et représente une part importante de la population chiite du Liban, aux côtés du Mouvement Amal.

M. Barrack a décrit le Hezbollah comme ayant « deux parties » : une faction militante, soutenue par l’Iran et désignée comme entité terroriste, et une aile politique qui opère au sein du système parlementaire libanais. Il a souligné que tout processus de désarmement du Hezbollah devait être mené par le gouvernement libanais, avec le plein accord du Hezbollah lui-même.

« Ce processus doit commencer par le Conseil des ministres », a-t-il déclaré. « Il doit autoriser le mandat. Et le Hezbollah, le parti politique, doit donner son accord.

Mais ce que le Hezbollah dit, c’est : « D’accord, nous comprenons qu’un seul Liban doit voir le jour ». Pourquoi ? Parce qu’une seule Syrie commence à voir le jour.

Cette volonté d’unité, a ajouté M. Barrack, intervient dans un contexte de changement de la dynamique régionale, en particulier dans le sillage de ce qu’il a décrit comme les politiques « audacieuses » du président américain Donald Trump à l’égard de l’Iran.

« L’avenir de chacun est en train d’être recyclé », a-t-il déclaré, suggérant qu’un recalibrage plus large était en cours au Moyen-Orient, de la reconstruction de la Syrie à de nouveaux dialogues potentiels impliquant Israël.

« Le Hezbollah, à mon avis, le parti politique Hezbollah, regarde et dit logiquement, pour notre peuple, le succès du Liban doit rassembler les sunnites, les chiites, les chrétiens druzes. Le moment est venu. Comment y parvenir ? Israël doit en être un élément constitutif ».

M. Barrack a indiqué que les États-Unis avaient facilité les pourparlers en coulisses entre le Liban et Israël, malgré l’interdiction légale de contact direct imposée par le premier.

« Nous avons constitué une équipe de négociation et commencé à jouer le rôle d’intermédiaire », a-t-il déclaré. « Je pense que c’est ce qui se passe actuellement.

Au cœur de tout accord se trouvera la question des armes, non pas des armes légères, que M. Barrack considère comme courantes au Liban, mais des armes lourdes capables de menacer Israël. Ces armes, a-t-il dit, sont « stockées dans des garages et des souterrains sous les maisons ».

Un processus de désarmement, a-t-il suggéré, nécessiterait que les forces armées libanaises, une institution qu’il a décrite comme largement respectée, interviennent, avec le soutien des États-Unis et d’autres instances internationales.

« Il faut renforcer les Forces armées libanaises », a-t-il déclaré, « puis, en douceur, avec le Hezbollah ». Ensuite, en douceur, avec le Hezbollah, ils pourront dire : « Voici comment vous allez rendre les armes. Nous n’allons pas le faire dans le cadre d’une guerre civile ».

Mais la capacité des autorités libanaises à mettre en œuvre un tel plan reste incertaine. Barrack a déploré les institutions défaillantes du pays, sa banque centrale défunte, une loi de résolution bancaire bloquée et l’impasse systémique au parlement.

Lundi, l’envoyé a déclaré qu’il était satisfait de la réponse du gouvernement libanais à une proposition de désarmement du Hezbollah, ajoutant que Washington était prêt à aider la petite nation à sortir de sa longue crise politique et économique.

« Ce que le gouvernement nous a donné est quelque chose de spectaculaire en très peu de temps et d’une manière très compliquée », a déclaré M. Barrack lors d’une conférence de presse au palais présidentiel de Beyrouth.

Plus tard, cependant, lors d’une interview avec la chaîne d’information libanaise LBCI, lorsqu’on lui a demandé si les hommes politiques libanais avec lesquels il avait traité s’engageaient réellement avec lui ou s’ils cherchaient simplement à gagner du temps, M. Barrack a répondu : « La culture politique libanaise consiste à nier, détourner et dévier.

« C’est ainsi que les choses se passent depuis 60 ans et c’est la tâche qui nous attend. Il faut que cela change.

Interrogé sur la question de savoir si les États-Unis étaient réellement satisfaits du plan d’action du gouvernement libanais, il a répondu : « Les deux (affirmations) sont vraies : « Les deux (déclarations) sont vraies », faisant référence à ses commentaires louant le leadership de Beyrouth, tout en critiquant cet héritage de « retards, détours et déviations ».

Il a ajouté : « Ils sont satisfaits du statu quo - jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus. Qu’est-ce qui change ? Ce qui change, c’est qu’ils vont disparaître ».

M. Barrack a toutefois fait preuve d’un optimisme prudent.

« Je pense que ce gouvernement est prêt », a-t-il déclaré. « Il s’attaque aux problèmes. Nous ne sommes pas tendres avec eux. Nous leur disons : « Vous voulez notre aide ? La voici. Nous n’allons pas vous dicter notre conduite. Si vous n’en voulez pas, pas de problème, nous rentrerons chez nous ».

M. Barrack a clairement indiqué que le temps des manœuvres dilatoires était peut-être compté.

« Il s’agit d’un tout petit pays doté d’un système confessionnel qui a peut-être du sens, peut-être pas », a-t-il déclaré. « C’est maintenant qu’il faut agir.

En ce qui concerne la Syrie, M. Barrack a déclaré que la levée des sanctions américaines contre le pays marquait un « nouveau départ » stratégique pour la nation déchirée par la guerre, mais il a souligné que les États-Unis ne cherchaient pas à construire des nations ou à instaurer un fédéralisme dans la région.

Il a décrit le Moyen-Orient comme un « code postal difficile à un moment étonnamment historique » et a déclaré que la levée des sanctions par l’administration Trump le 13 mai visait à offrir au peuple syrien « une nouvelle tranche d’espoir » après plus d’une décennie de guerre civile.

« Le message du président (Trump) est la paix et la prospérité », a déclaré M. Barrack, ajoutant que le changement de politique vise à donner au régime syrien émergent une chance de se reconstruire. « Les sanctions ont donné de l’espoir au peuple. C’est vraiment tout ce qui s’est passé à ce moment-là. »

M. Barrack a précisé que l’engagement initial des États-Unis en Syrie était motivé par des opérations de lutte contre Daesh et ne visait pas un changement de régime ou une intervention humanitaire.

Il a toutefois reconnu que la région entrait dans une nouvelle phase. « Nous ne sommes pas là pour construire une nation. Nous sommes là pour offrir une opportunité, et c’est à eux de la saisir », a-t-il déclaré.

Il a réaffirmé la position de Washington contre un modèle fédéral pour la Syrie, affirmant que le pays doit rester unifié avec une seule armée et un seul gouvernement.

« Il n’y aura pas six pays. Il n’y aura qu’une seule Syrie », a-t-il déclaré, excluant la possibilité de régions autonomes kurdes, alaouites ou druzes.

Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions renouvelées entre les groupes kurdes et le gouvernement central syrien, notamment sur l’avenir des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis.

Le Pentagone a demandé 130 millions de dollars dans son budget 2026 pour continuer à soutenir les FDS.

« Les FDS sont des YPG, et les YPG sont un dérivé du PKK », a fait remarquer M. Barrack, en référence au Parti des travailleurs du Kurdistan, qui est considéré comme une organisation terroriste à la fois par la Turquie et par les États-Unis. « Nous leur devons [aux FDS] d’être raisonnables… mais pas à leur propre gouvernement ».

Il a souligné que les États-Unis ne dictaient pas de conditions, mais qu’ils ne soutiendraient pas une issue séparatiste : « Nous n’allons pas rester là pour toujours à jouer les baby-sitters ».

M. Barrack a confirmé que les États-Unis suivaient de près l’annonce selon laquelle le premier groupe de combattants du PKK avait détruit ses armes dans le nord de l’Irak, un geste qu’il a qualifié de « généreux » et potentiellement important.

« Cela pourrait être le premier pas vers une résolution à long terme de la question kurde en Turquie », a-t-il déclaré, mais il a averti que des questions subsistaient quant aux liens actuels des FDS avec les dirigeants du PKK. « Ils (les FDS) doivent prendre une décision : Sont-elles syriennes ? Sont-ils d’abord des Kurdes ? C’est leur problème.

L’ambassadeur a déclaré que la vision ultime incluait une normalisation progressive entre la Syrie et Israël, s’alignant potentiellement sur l’esprit des accords d’Abraham. « M. Al-Shara a affirmé haut et fort qu’Israël n’était pas un ennemi », a déclaré M. Barrack. « Des discussions sont en cours, à petits pas.

Il a ajouté que les acteurs régionaux, notamment le Liban, la Jordanie, l’Irak et la Turquie, devraient également prendre part à un processus de normalisation plus large.

M. Barrack a souligné que la stratégie américaine actuelle offre une chance limitée mais réelle de stabilité. « Il n’y a pas de plan B », a-t-il déclaré. « Nous disons : voici une voie. Si vous ne l’aimez pas, montrez-nous en une autre ».

L’ambassadeur a déclaré que les États-Unis étaient prêts à apporter leur aide, mais qu’ils n’étaient plus disposés à jouer le rôle de « garant de la sécurité dans le monde ».

« Nous vous aiderons, nous vous accompagnerons. Mais c’est à vous de créer une nouvelle histoire », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: les pourparlers achoppent sur la question du retrait israélien selon les Palestiniens

Les Palestiniens inspectent les destructions d'un camp de déplacés de fortune suite à une incursion de chars israéliens dans la zone de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
Les Palestiniens inspectent les destructions d'un camp de déplacés de fortune suite à une incursion de chars israéliens dans la zone de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 11 juillet 2025. (AFP)
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  • Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur un cessez-le-feu à Gaza achoppent sur la question du retrait de l'armée israélienne du territoire palestinien dévasté par 21 mois de guerre
  • Pendant les pourparlers à Doha lancés dimanche par le biais des médiateurs l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza, où 14 Palestiniens ont été tués dans de nouvelles frappes

Gaza, Territoires palestiniens: Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur un cessez-le-feu à Gaza achoppent sur la question du retrait de l'armée israélienne du territoire palestinien dévasté par 21 mois de guerre, ont indiqué samedi à l'AFP des sources palestiniennes proches des discussions.

Pendant les pourparlers à Doha lancés dimanche par le biais des médiateurs -Qatar, Etats-Unis, Egypte-, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza, où 14 Palestiniens ont été tués dans de nouvelles frappes selon la Défense civile locale.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023. En représailles, l'armée israélienne a lancé une offensive destructrice meurtrière, s'emparant de vastes secteurs de Gaza.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé ce derniers jours les objectifs de la guerre: libérer les otages retenus à Gaza, détruire le Hamas et le chasser de Gaza. Il a précédemment indiqué vouloir prendre le contrôle du territoire palestinien situé à la frontière sud d'Israël.

Les négociations à Doha rencontrent "des obstacles et des difficultés complexes", a dit à l'AFP l'une des deux sources palestiniennes, en mettant en cause "l'instance d'Israël" à s'en tenir à une carte prévoyant "le maintien de (ses) forces sur plus de 40% de la superficie de Gaza".

Selon elle, l'armée israélienne envisagerait de se redéployer tout autour du territoire de plus de deux millions d'habitants, assiégés par Israël depuis 21 mois et qui vivent dans des conditions terribles selon l'ONU.

Israël a aujourd'hui pour objectif "d'entasser des centaines de milliers de déplacés" dans le sud de Gaza, "en préparation d'un déplacement forcé de la population vers l'Egypte ou d'autres pays", a accusé la même source.

- "Des progrès" malgré tout -

Les médiateurs "ont demandé aux deux parties de reporter les négociations sur le retrait (israélien) jusqu'à l'arrivée de l'émissaire américain Steve Witkoff", a-t-elle poursuivi.

"Le Hamas a exigé un retrait total des forces israéliennes de toutes les zones reprises par Israël après le 2 mars 2025", a précisé à l'AFP la deuxième source palestinienne, en accusant Israël "de retarder et d'entraver l'accord, afin de poursuivre sa guerre d'extermination".

Elle a néanmoins fait état de "progrès" sur les questions liées à l'entrée des aides humanitaires à Gaza et l'échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens détenus en Israël.

Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du 7-Octobre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Avant son retour vendredi d'une visite aux Etats-Unis où il a rencontré le président Donald Trump, M. Netanyahu a affirmé jeudi qu'il était prêt à négocier un cessez-le-feu permanent à Gaza après une éventuelle trêve de 60 jours.

Mais il a conditionné un cessez-le-feu permanent à un désarmement du Hamas et à un abandon par ce mouvement de la gouvernance du territoire.

- "250 cibles terroristes" -

Dans la bande de Gaza, parmi les 14 morts, un homme, sa femme et leur enfant ont péri dans leur tente après une frappe nocturne israélienne dans un camp de déplacés de Deir al-Balah (centre), selon Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile.

L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir "frappé environ 250 cibles terroristes" au cours des dernières 48 heures à travers le territoire palestinien.

Ces cibles comprenaient "des combattants, des bâtiments piégés, des dépôts d'armes, des postes de lancement de missiles antichars, des postes de snipers, des tunnels et d'autres infrastructures terroristes", a-t-elle détaillé.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations des différentes parties.

L'attaque du 7-Octobre a fait 1.219 morts du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Au moins 57.823 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.