Lecornu veut un feu vert préalable aux militaires en reconversion avec l'étranger

Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu (Photo, AFP).
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 02 avril 2023

Lecornu veut un feu vert préalable aux militaires en reconversion avec l'étranger

  • Le ministre était interrogé sur le fait que des formations étaient assurées par des anciens pilotes français à des pilotes chinois
  • «La protection de notre souveraineté n'est pas négociable»

PARIS: Le ministre français des Armées veut faire voter un texte imposant un feu vert officiel aux militaires souhaitant travailler pour l'étranger, afin de vérifier que les intérêts du pays ne sont pas menacés, a-t-il indiqué samedi.

"La protection de notre souveraineté n'est pas négociable", a estimé Sébastien Lecornu au quotidien Le Parisien, avant la présentation mardi en conseil des ministres de la prochaine Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030.

"Je proposerai donc dans la LPM une mesure d'autorisation préalable pour les soldats de l'armée française qui seraient tentés pour leur reconversion de travailler pour certaines entreprises ou pays étrangers", a-t-il expliqué.

A l'avenir, selon le projet du ministre, les militaires "devront demander au ministère si cette reconversion compromet ou non nos intérêts stratégiques. En cas de refus et de non-respect de la décision, des poursuites pénales pourront être engagées".

Le ministre était interrogé par le quotidien sur le fait que des formations étaient assurées par des anciens pilotes français à des pilotes chinois.

Le site Intelligence Online notamment avait affirmé en mars avoir "repéré en 2022 des pilotes français assurant des formations pour leurs homologues de l'Armée populaire de libération" chinoise.


Macron franchit un pas symbolique: la reconnaissance de la Palestine en septembre prochain

Après des mois d’hésitation, la France a tranché : le président Emmanuel Macron reconnaîtra officiellement l’État de Palestine en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre prochain. (AFP)
Après des mois d’hésitation, la France a tranché : le président Emmanuel Macron reconnaîtra officiellement l’État de Palestine en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre prochain. (AFP)
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  • La décision a été transmise ce jeudi 24 juillet par le consul général de France à Jérusalem, Nicolas Cassianides, au président palestinien Mahmoud Abbas, en réponse à une lettre adressée le 9 juin par ce dernier
  • Dans sa réponse, le chef de l’État français affirme sa volonté de donner corps à l’engagement historique de la France pour une paix juste au Proche-Orient, dans le sillage du discours de François Mitterrand à la Knesset en 1982 et du vote français de 2012

PARIS: Après des mois d’hésitation, la France a tranché : le président Emmanuel Macron reconnaîtra officiellement l’État de Palestine en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre prochain.

Cette décision intervient dans un contexte d’escalade sans précédent de la violence israélienne à Gaza et en Cisjordanie. Elle se veut également, selon l’Élysée, un geste diplomatique « exigeant », loin d’un quelconque « cadeau » au mouvement Hamas.

La décision a été transmise ce jeudi 24 juillet par le consul général de France à Jérusalem, Nicolas Cassianides, au président palestinien Mahmoud Abbas, en réponse à une lettre adressée le 9 juin par ce dernier à Emmanuel Macron et au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Le récent vote de la Knesset en faveur de l’annexion pure et simple de la Cisjordanie a été qualifié par la diplomatie française de « coup supplémentaire porté aux aspirations légitimes des Palestiniens ».

Dans sa réponse, le chef de l’État français affirme sa volonté de donner corps à l’engagement historique de la France pour une paix juste au Proche-Orient, dans le sillage du discours de François Mitterrand à la Knesset en 1982 et du vote français de 2012 en faveur du statut d’État non membre de la Palestine à l’ONU.

Cette reconnaissance, que Macron évoque depuis février 2024 — notamment lors d’une conférence de presse commune avec le roi Abdallah de Jordanie — se concrétise alors que le conflit israélo-palestinien entre dans une phase particulièrement meurtrière, marquée par des bombardements intensifs sur Gaza et des menaces d’annexion de la Cisjordanie.

Le choix du calendrier n’est pas anodin. Depuis les attaques du 7 octobre 2023 menées par le Hamas, Israël mène une offensive d’une violence inouïe sur la bande de Gaza.

Le président français avait condamné avec fermeté les attentats terroristes du Hamas, mais il a exprimé des doutes sur les objectifs militaires poursuivis par le gouvernement Netanyahou.

Les conséquences sont connues de tous : des dizaines de milliers de morts, une population déplacée à répétition, soumise à la famine et à la malnutrition, et une enclave totalement ravagée.

En Cisjordanie, la situation est loin d’être plus stable. L’intensification de la colonisation, en particulier le projet de construction dans la colonie d’Ewan, menace de morceler irrémédiablement le territoire et de rendre impossible la création d’un État palestinien viable.

Le récent vote de la Knesset en faveur de l’annexion pure et simple de la Cisjordanie a été qualifié par la diplomatie française de « coup supplémentaire porté aux aspirations légitimes des Palestiniens ».

Dans ce contexte, Macron estime que la reconnaissance de la Palestine s’inscrit dans une stratégie diplomatique plus large, fruit d’une coopération franco-saoudienne.

Une première conférence de haut niveau se tient cette semaine à New York, avec la participation de 40 ministres. Une deuxième phase aura lieu en septembre, à un niveau plus élevé. Ni Israël ni les États-Unis n’ont cependant confirmé leur participation à la réunion ministérielle, laissant supposer qu’ils seront absents.

Face aux critiques, le président Macron a tenu à clarifier une chose : la reconnaissance de l’État palestinien n’est en rien un signe d’acquiescement envers le Hamas. Bien au contraire, elle vise à redonner un rôle central aux acteurs politiques ayant renoncé à la violence, et à isoler les groupes terroristes.

Cette initiative vise à définir un « cadre politique collectif » déjà énoncé à maintes reprises : cessez-le-feu à Gaza, libération des otages, stabilisation régionale, désarmement du Hamas et réforme en profondeur de l’Autorité palestinienne.

La reconnaissance française se fonde aussi sur des engagements « clairs et sans précédent » pris par Mahmoud Abbas : la condamnation explicite des attentats du 7 octobre, l’engagement pour le désarmement du Hamas, et surtout l’annonce d’élections législatives et présidentielles en 2026.

Une loi interdisant la participation des partis refusant la renonciation à la violence et la reconnaissance d’Israël est en cours d’élaboration.

Face aux critiques, le président Macron a tenu à clarifier une chose : la reconnaissance de l’État palestinien n’est en rien un signe d’acquiescement envers le Hamas. Bien au contraire, elle vise à redonner un rôle central aux acteurs politiques ayant renoncé à la violence, et à isoler les groupes terroristes.

« C’est l’inverse d’un cadeau au Hamas », affirme l’Élysée. « C’est un effort pour réhabiliter une Autorité palestinienne affaiblie, mais qui reste la seule entité palestinienne à avoir reconnu Israël et renoncé au terrorisme. »

Sur la scène intérieure, la décision de Macron suscite des réactions contrastées, voire virulentes. Le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) parle d'une « faute morale », tandis que l’ambassadeur d’Israël en France, Joshua Zarka, fustige une décision « dangereuse ».

À l’extrême droite, la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, dénonce « la légitimation des massacreurs du 7 octobre » et affirme que « reconnaître un État palestinien aujourd’hui, c’est reconnaître un État Hamas ».

À droite, les critiques sont moins outrancières mais tout aussi sceptiques, arguant que cette reconnaissance est précipitée, voire contre-productive. Les partis de gauche et d’extrême gauche l’ont accueillie avec froideur, saluant le symbole, mais regrettant le manque d’effets concrets immédiats sur le terrain.

Reste la grande question : que changera réellement cette reconnaissance pour les Palestiniens, pour les habitants de Gaza soumis à une catastrophe humanitaire d’ampleur, et pour les territoires morcelés de Cisjordanie menacés d’annexion ?

La décision française reste avant tout symbolique. Elle tente de rouvrir une voie diplomatique dans un paysage ravagé, mais elle n’effacera ni l’asymétrie des forces sur le terrain, ni l’impasse militaire et politique actuelle, avec l’échec des pourparlers à Doha. Et elle ne soignera en rien les stigmates de ce que les Gazaouis endurent depuis bientôt deux ans.


Le Libanais Georges Abdallah, libre après 40 ans de prison en France, s'est envolé pour Beyrouth

Des personnes se rassemblent devant la prison de Lannemezan pour célébrer la libération du Libanais Georges Ibrahim Abdallah, fondateur des Factions armées révolutionnaires libanaises (FARL) et ancien membre du FPLP condamné à la prison à perpétuité en 1987 pour complicité dans le meurtre de deux diplomates américains et israéliens en 1982, à Lannemezan, dans le sud-ouest de la France, le 17 juillet 2025.  (AFP)
Des personnes se rassemblent devant la prison de Lannemezan pour célébrer la libération du Libanais Georges Ibrahim Abdallah, fondateur des Factions armées révolutionnaires libanaises (FARL) et ancien membre du FPLP condamné à la prison à perpétuité en 1987 pour complicité dans le meurtre de deux diplomates américains et israéliens en 1982, à Lannemezan, dans le sud-ouest de la France, le 17 juillet 2025. (AFP)
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  • Ses proches espèrent qu'il sera accueilli au "salon d'honneur" de l'aéroport de Beyrouth. Ils ont demandé l'autorisation aux autorités libanaises, qui réclamaient depuis des années à la France sa libération
  • Georges Abdallah ira ensuite dans son village natal de Kobayat (nord du Liban), où "un accueil populaire et officiel lui sera réservé" selon sa famille

LANNEMEZAN: Georges Ibrahim Abdallah est libre, et bientôt de retour chez lui après 40 ans derrière les barreaux en France. Le militant libanais propalestinien, condamné dans les années 1980 pour complicité d'assassinats de diplomates américain et israélien, a quitté sa prison vendredi et s'est envolé vers Beyrouth dans la matinée.

L'avion le transportant vers le Liban a décollé peu après 09H30 (07H30 GMT) du tarmac de l'aéroport de Roissy, en région parisienne, a indiqué une source aéroportuaire.

Vers 03H40 (01H40 GMT), un convoi de plusieurs véhicules, dont deux vans noirs, s'était élancé du centre pénitentiaire de Lannemezan (sud-ouest) où était emprisonné Georges Abdallah, gyrophares allumés, avait constaté une équipe de l'AFP sans pouvoir apercevoir le militant à la barbe désormais blanche.

Une source proche du dossier a confirmé à l'AFP que l'ancien instituteur âgé aujourd'hui de 74 ans était bien sorti. Il s'était ensuite envolé d'un aéroport voisin pour la région parisienne.

"Il était bien, en bonne santé, très heureux de retourner au Liban auprès de sa famille et de retrouver la liberté après plus de 40 ans", a dit à l'AFP le chargé d'affaires de l'ambassade du Liban à Paris, Ziad Taan, qui l'a vu à Roissy avant son départ.

Georges Abdallah avait "aussi eu des bons mots à l'égard des responsables de la prison de Lannemezan", saluant "le traitement humain" reçu sur place, a-t-il précisé.

La cour d'appel de Paris a ordonné sa libération la semaine dernière, "à compter du 25 juillet", à condition qu'il quitte le territoire français et n'y revienne plus. Il était libérable depuis 1999 mais avait vu ses demandes échouer.

"Quarante ans, c'est beaucoup, mais on ne les sent pas quand il y a une dynamique de lutte", avait-il assuré à l'AFP qui l'avait rencontré le jour de la décision de libération, dans sa cellule, en accompagnant une parlementaire.

"Très heureux" 

Le parquet général de Paris a annoncé lundi un pourvoi en cassation contre cette décision. Le recours, qui ne sera pas examiné avant plusieurs semaines, n'est pas suspensif et ne pouvait empêcher le départ de Georges Abdallah.

Selon son avocat Jean-Louis Chalanset, qui l'a vu dans sa prison jeudi, "il semblait très heureux de sa prochaine libération, même s'il sait qu'il arrive au Moyen-Orient dans un contexte extrêmement lourd pour les populations libanaises et palestiniennes".

Ces derniers jours, Georges Abdallah a donc vidé sa cellule, décorée d'un drapeau rouge de Che Guevara et débordant de piles de journaux et de livres, qu'il a confiés à son comité de soutien.

Il a donné la majorité de ses vêtements à des codétenus, et n'emporte qu'"une petite valise", selon son avocat.

Ses proches espèrent qu'il sera accueilli au "salon d'honneur" de l'aéroport de Beyrouth. Ils ont demandé l'autorisation aux autorités libanaises, qui réclamaient depuis des années à la France sa libération.

Georges Abdallah ira ensuite dans son village natal de Kobayat (nord du Liban), où "un accueil populaire et officiel lui sera réservé" selon sa famille.

La durée de sa détention est "disproportionnée" par rapport aux crimes commis et au vu de l'âge de l'ancien chef des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises), avaient jugé les magistrats de la cour d'appel.

"Symbole passé" 

Ce groupuscule de chrétiens libanais marxistes, dissous depuis longtemps, n'a "pas commis d'action violente depuis 1984", a aussi rappelé la cour, voyant en Georges Abdallah un "symbole passé de la lutte palestinienne".

Tout en regrettant qu'il n'ait pas exprimé de "regret ou compassion pour les victimes qu'il considère comme des ennemis", les juges ont estimé que Georges Abdallah, qui veut "finir ses jours" dans son village, peut-être en s'engageant en politique locale, ne représente plus de risque de trouble à l'ordre public.

A l'époque des faits, dans le contexte de la guerre civile libanaise et de l'invasion israélienne au Sud-Liban en 1978, les FARL ciblaient les intérêts d'Israël et de son allié américain à l'étranger.

Avant l'arrestation de Georges Abdallah en 1984, le groupuscule avait frappé cinq fois en France, tuant deux diplomates en 1982: le lieutenant-colonel américain Charles Ray, puis l'Israélien Yacov Barsimantov, considéré comme le responsable du Mossad en France, abattu par une femme devant son épouse et ses deux enfants.

Identifié par ses empreintes découvertes dans une planque bourrée d'explosifs et d'armes dont le pistolet qui avait servi aux deux assassinats, Georges Abdallah avait comparu seul en 1987 : il était devenu l'ennemi public numéro 1 et le prisonnier le plus célèbre de France car on le croyait, à tort, derrière la vague d'attentats de 1985-86 qui a fait 13 morts. Il avait été condamné à la perpétuité.

Il a toujours nié son implication dans l'assassinat des diplomates, tout en refusant de condamner des "actes de résistance" contre "l'oppression israélienne et américaine".

 


France: un voilier intercepté près des côtes anglaises pour transport de migrants

Mercredi, le gouvernement britannique a annoncé des gels d'avoirs et interdictions de séjour au Royaume-Uni dans le cadre d'un nouveau régime de sanctions visant les réseaux d'immigration clandestine. (AFP)
Mercredi, le gouvernement britannique a annoncé des gels d'avoirs et interdictions de séjour au Royaume-Uni dans le cadre d'un nouveau régime de sanctions visant les réseaux d'immigration clandestine. (AFP)
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  • L'équipage de ce voilier était composé de "deux ressortissants ukrainiens âgés de 43 et 37 ans", précise dans ce communiqué la procureure de Lille Carole Étienne
  • Ils ont été arrêtés par la police britannique ainsi que "quatre ressortissants albanais et un ressortissant vietnamien" qui se trouvaient à bord

LILLE: Un voilier parti du Havre, en France, dimanche en transportant des Albanais et un Vietnamien a été intercepté alors qu'il approchait des côtes anglaises et une enquête a été ouverte pour aide au séjour irrégulier, a annoncé vendredi le parquet français.

L'équipage de ce voilier était composé de "deux ressortissants ukrainiens âgés de 43 et 37 ans", précise dans ce communiqué la procureure de Lille Carole Étienne. Ils ont été arrêtés par la police britannique ainsi que "quatre ressortissants albanais et un ressortissant vietnamien" qui se trouvaient à bord.

Le voilier, qui était visé par une enquête depuis plusieurs jours, a été intercepté au large de l'île de Wight, tout près des côtes anglaises et de la ville de Portsmouth.

"Ce navire qui disposait d'une place au port du Havre avait attiré l'attention de la gendarmerie maritime (...) pour des faits d'aide à l'entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d'étrangers en bande organisée", explique Mme Étienne.

"Les premières investigations ont mis en évidence un réseau de passeurs de dimension internationale", souligne-t-elle.

Une enquête préliminaire a été ouverte pour participation à une association de malfaiteurs et aide, en bande organisée, à l'entrée, à la circulation ou au séjour irréguliers d'un étranger en France et sur le territoire d'un Etat partie au protocole contre le trafic illicite de migrants, comme c'est le cas du Royaume-Uni.

Le gouvernement britannique tente d'endiguer les arrivées de migrants par la mer. Plus de 23.500 migrants sont arrivés depuis le début de l'année par la mer, sur de petites embarcations. Il s'agit habituellement de petites embarcations pneumatiques, souvent surchargées.

Mercredi, le gouvernement britannique a annoncé des gels d'avoirs et interdictions de séjour au Royaume-Uni dans le cadre d'un nouveau régime de sanctions visant les réseaux d'immigration clandestine.

Le 10 juillet, Londres et Paris se sont mis d'accord sur un projet d'échange de migrants. Il prévoit que pour le renvoi en France d'une personne arrivant au Royaume-Uni par petit bateau, Londres s'engage à en accepter une autre se trouvant en France et exprimant la volonté de s'installer au Royaume-Uni en justifiant de liens avec ce pays. Cet accord doit encore être soumis à la Commission européenne.