Présidentielle au Guatemala: le parti du président élu temporairement suspendu

Le président élu du Guatemala, Bernardo Arevalo, et la vice-présidente élue, Karin Herrera, discutent à la suite d'une conférence de presse à Guatemala, le 28 août 2023 (AFP).
Le président élu du Guatemala, Bernardo Arevalo, et la vice-présidente élue, Karin Herrera, discutent à la suite d'une conférence de presse à Guatemala, le 28 août 2023 (AFP).
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Publié le Mardi 29 août 2023

Présidentielle au Guatemala: le parti du président élu temporairement suspendu

  • Le Guatemala, où 60% de la population vit dans la pauvreté, est l'un des 30 pays les plus corrompus au monde selon l'ONG Transparency International
  • La Cour constitutionnelle du Guatemala avait alors garanti la tenue du second tour à la date prévue entre les deux candidats qualifiés, M. Arévalo et Sandra Torres

GUATEMALA: Le Tribunal suprême électoral (TSE) du Guatemala a suspendu lundi, à la demande d'un juge, le parti Semilla du président élu Bernardo Arévalo, qui doit prendre ses fonctions le 14 janvier après que l'instance a également officialisé la victoire du social-démocrate.

"La Direction générale du registre des citoyens (...) décide de suspendre provisoirement l'inscription en tant que personne morale du Comité pour la constitution du parti politique Movimiento Semilla", indique la résolution du tribunal électoral.

M. Arévalo a qualifié cette résolution d'"absolument illégale", notant toutefois que le TSE n'avait fait que suivre l'ordre du juge sur demande du parquet. "Il y a un processus de persécution politique" contre lui et son parti, a-t-il lancé.

Après le premier tour de la présidentielle le 25 juin, le juge Fredy Orellana avait déjà ordonné au TSE, sur demande du procureur Rafael Curruchiche, de suspendre Semilla et d'enquêter sur des anomalies présumées concernant l'enregistrement de membres lors de sa formation en 2017.

Les Etats-Unis considèrent MM. Orellana et Curruchiche "corrompus".

Le Guatemala, où 60% de la population vit dans la pauvreté, est l'un des 30 pays les plus corrompus au monde selon l'ONG Transparency International et Bernardo Arévalo a fait de la lutte contre la corruption l'un de ses chevaux de bataille.

Le TSE n'avait pas suivi le premier ordre du juge au motif qu'il est impossible de suspendre un parti en plein processus électoral.

La Cour constitutionnelle du Guatemala avait alors garanti la tenue du second tour à la date prévue entre les deux candidats qualifiés, M. Arévalo et Sandra Torres.

Le 20 août, Bernardo Arévalo est sorti largement vainqueur avec plus de 60% des suffrages. Son adversaire, elle-même vue comme une personne corrompue par de nombreux Guatémaltèques, a dénoncé une supposée "fraude" durant l'élection.

Lundi, le directeur du registre des citoyens, Ramiro Muñoz, a cette fois respecté l'ordre du juge Orellana en justifiant du fait que le processus électoral était terminé.

Dans un communiqué, l'Organisation des Etats américains (OEA) a estimé que la suspension de Semilla constituait une "interprétation abusive de la loi" sans "aucun fondement ou raison dûment démontrée".

Selon des avocats, la suspension de Semilla n'a pas de conséquence sur l'entrée en fonction de M. Arévalo.

En revanche, elle peut affecter les membres du parti au Congrès et les empêcher par exemple de présider des commissions parlementaires.

En marge de l'annonce de la suspension de Semilla, le TSE a officialisé les résultats du second tour donnant M. Arévalo vainqueur.

Son mandat de quatre ans doit démarrer le 14 janvier, a déclaré le secrétaire général du TSE, Mario Velasquez.

Système corrompu

Quasiment inconnu à quelques mois du scrutin, Bernardo Arévalo a été mis dans la lumière par le procureur Curruchiche qui a lancé une croisade contre lui et son parti afin de le faire disqualifier, sans succès.

Les procédures intentées contre le social-démocrate ont aussi bien éclipsé la campagne de son opposante que suscité un sentiment de solidarité chez les électeurs, face à une institution très discréditée dans le pays.

"Au Guatemala, nous assistons aux dernières estocades du système corrompu qui a coopté pendant des décennies les institutions publiques et fait aujourd'hui usage du système judiciaire de manière illégale contre Semilla", a dit à l'AFP Nino Matute, conseillère municipale du parti dans la capitale.

"Ils poussent à la limite la résistance des citoyens, ce qui pourrait facilement dériver vers une explosion sociale que nous ne voulons pas au Guatemala", a-t-elle estimé.

"Nous les Guatémaltèques méritons un meilleur pays et de célébrer tous ensemble ce nouveau printemps qui, aujourd'hui et par décision populaire, est représenté par Bernardo Arévalo et Karin Herrera, président et vice-présidente" confirmés par le TSE, a mis en avant Mme Matute.

Les poursuites contre Semilla, impulsées par le parquet de la procureure générale Consuelo Porras, elle aussi considérée par Washington comme "corrompue", ont entraîné plusieurs manifestations pour réclamer sa démission.

Lundi, la Cour constitutionnelle a rejeté une demande de Mme Porras qui visait à faire arrêter les protestations et la publication sur les réseaux sociaux des messages demandant sa démission. Selon la procureure générale, il s'agissait d'actes "d'obstruction à la justice" limitant "l'exercice des poursuites pénales".


Fête nationale de Belgique 2025: le Roi Philippe dénonce les « graves dérives humanitaires à Gaza »

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  • « Quand le droit international est bafoué, le monde entier est perdant »
  • Le Roi a partagé une rencontre poignante avec deux pères de famille, l’un palestinien, l’autre israélien, ayant chacun perdu un enfant dans le conflit

BRUXELLES À l’occasion de la Fête nationale, le Roi Philippe de Belgique a livré un discours à la fois grave et porteur d’espoir, dans lequel il a exhorté à la défense du droit international et rappelé la nécessité de rester fidèles aux valeurs fondamentales de justice, de démocratie et de dignité humaine.

Alors que les conflits se multiplient à travers le monde, le Souverain a mis en garde contre les remises en cause croissantes du droit international, qu’il a qualifié de « clé de voûte » de l’ordre mondial. « Quand le droit international est bafoué, le monde entier est perdant », a-t-il déclaré, soulignant que cette dérive ouvre la voie à l’instabilité et à la violence.

Face à cette recrudescence des tensions, le Roi a salué le choix de l’Europe de privilégier la coopération plutôt que la confrontation. « C’est un choix remarquable, parfois difficile, et qui demande du courage », a-t-il affirmé, soulignant que l’Union européenne constitue une force stabilisatrice indispensable, notamment pour relever les défis numériques, sécuritaires et climatiques.

 


Des centaines de publicités Instagram et Facebook financent l'armée israélienne

Un soldat israélien regarde son téléphone portable alors qu'il est assis dans le véhicule militaire après être entré en Israël depuis Gaza à la frontière entre Israël et Gaza, Israël, 6 janvier 2024. (REUTERS)
Un soldat israélien regarde son téléphone portable alors qu'il est assis dans le véhicule militaire après être entré en Israël depuis Gaza à la frontière entre Israël et Gaza, Israël, 6 janvier 2024. (REUTERS)
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  • L'enquête d'Eko a révélé qu'au moins 117 annonces sollicitaient explicitement des dons pour du matériel utilisé par Tsahal, y compris des drones qui auraient été équipés de grenades et utilisés lors d'attaques meurtrières à Gaza.
  • Eko a déclaré que la plupart des publicités ont permis de collecter des fonds pour des drones Autel EVO, le modèle que les soldats israéliens auraient équipé de grenades et utilisé lors d'attaques meurtrières à Gaza, y compris contre des enfants.

LONDRES : L'organisme de surveillance des consommateurs Eko a découvert des centaines de publicités sur les plateformes Meta - notamment Instagram et Facebook - qui font la promotion de campagnes de crowdfunding pour les Forces de défense israéliennes, en violation apparente des propres politiques publicitaires de l'entreprise.

Les publicités, gérées par des groupes pro-israéliens, visent à collecter des fonds pour des équipements militaires tels que des drones et du matériel tactique, malgré les règles de Meta interdisant la promotion d'armes à feu et de contenus liés aux armes.

Selon les recherches d'Eko, au moins 117 annonces ont été publiées depuis mars 2025, sollicitant explicitement des dons pour du matériel utilisé par Tsahal. Ces annonces, lancées par deux groupes, ont ciblé des utilisateurs aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans l'Union européenne, et ont généré au moins 76 000 impressions, c'est-à-dire le nombre de fois qu'une annonce est affichée aux utilisateurs.

Ensemble, les campagnes ont permis de récolter plus de 2,4 millions de dollars grâce aux pages de renvoi liées aux publicités.

"Nous sommes l'équipe de tireurs d'élite de l'unité Shaked, stationnée à Gaza, et nous avons besoin de toute urgence de trépieds de tir pour mener à bien notre mission à Jabalia", pouvait-on lire dans une publicité sur Facebook.

Eko a déclaré que la plupart des publicités ont permis de collecter des fonds pour des drones Autel EVO, le modèle que les soldats israéliens auraient équipé de grenades et utilisé lors d'attaques meurtrières à Gaza, y compris contre des enfants.

Une enquête menée par le magazine israélien +972 a récemment révélé qu'Israël avait acquis un grand nombre de quadcoptères Autel fabriqués en Chine - des drones généralement utilisés pour la photographie et disponibles à l'achat sur Amazon - et les avait adaptés pour transporter des explosifs.

"La plupart de nos drones sont cassés et tombent en morceaux, et nous n'avons pas de remplaçants", indique une autre annonce. "Faites un don maintenant - chaque seconde compte, chaque drone sauve des vies.

Bien qu'Eko ait noté qu'il n'est pas clair si les fonds collectés par le biais des publicités ont été directement utilisés pour acheter des drones, les soldats de Tsahal ont déclaré à +972 qu'ils avaient reçu des drones Autel grâce à des dons, des collectes de fonds et des groupes Facebook.

L'un des groupes identifiés par Eko est l'organisation à but non lucratif Vaad Hatzedaka, qui a créé un lien vers une page de dons listant l'équipement qu'elle cherchait à financer, y compris deux drones Autel. Depuis ce mois-ci, la campagne a recueilli plus de 250 000 dollars sur les 300 000 qu'elle s'était fixée comme objectif.

Une autre campagne, lancée par l'auteur-compositeur-interprète israélien Mayer Malik, affirme avoir recueilli plus de 2,2 millions de dollars pour les forces de défense israéliennes.

Les politiques publicitaires de Meta interdisent explicitement les contenus qui promeuvent la vente ou l'utilisation de produits soumis à des restrictions, tels que les armes, les munitions et les explosifs.

"Meta profite d'un génocide en approuvant des publicités qui permettent d'acheminer des millions de dollars vers des drones tueurs et du matériel militaire susceptibles d'être utilisés pour assassiner des Palestiniens", a déclaré Vicky Wyatt, directrice de la campagne. "Il ne s'agit pas seulement d'un échec de la modération, mais d'un modèle commercial conçu pour récompenser celui qui paie, quel que soit le préjudice.

Bien que Meta ait supprimé certaines des publicités signalées dans le dernier rapport d'Eko, l'organisme de surveillance a déclaré que l'entreprise n'avait pas fait grand-chose pour répondre aux préoccupations plus générales soulevées lors d'une précédente enquête en décembre 2024. À l'époque, Eko avait signalé 98 publicités similaires, ce qui avait entraîné leur retrait, mais Meta avait permis aux annonceurs de revenir avec des campagnes presque identiques.

Le FDI lui-même ne mène pas directement les campagnes de collecte de fonds.

Ces nouvelles conclusions interviennent quelques jours seulement après qu'une enquête distincte menée par le Tech Transparency Project a révélé que des plateformes telles que X et WhatsApp étaient utilisées comme vitrines pour la vente d'armes par des marchands d'armes liés aux militants houthis au Yémen.

Eko a averti que l'approbation par Meta des publicités liées à l'IDF pourrait également enfreindre la loi sur les services numériques de l'UE, qui exige que les plateformes retirent les contenus qui enfreignent les lois nationales ou européennes. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


L'administration Trump publie des archives sur l'assassinat de Martin Luther King

Le révérend Martin Luther King, Jr. traverse le balcon du Lorraine Motel à Memphis, le 3 avril 1968. (AP/Fichier)
Le révérend Martin Luther King, Jr. traverse le balcon du Lorraine Motel à Memphis, le 3 avril 1968. (AP/Fichier)
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  • Le gouvernement de Donald Trump a rendu publiques lundi « plus de 230 000 pages » d'archives classifiées sur l'assassinat de Martin Luther King en 1968.,
  • Les 230 000 pages publiées lundi portent notamment sur l'enquête du FBI, la police fédérale, concernant la traque internationale de l'assassin présumé de Martin Luther King, ainsi que sur le témoignage d'un de ses codétenus.

WASHINGTON : Le gouvernement de Donald Trump a rendu publiques lundi « plus de 230 000 pages » d'archives classifiées sur l'assassinat de Martin Luther King en 1968, malgré les inquiétudes exprimées par la famille du leader des droits civiques.

Le 23 janvier, le président américain avait ordonné par décret la déclassification des archives gouvernementales relatives à l'assassinat du président John F. Kennedy en 1963, ainsi qu'à ceux de son frère Robert F. Kennedy, dit Bobby, et de Martin Luther King Jr en 1968.

En mars, les Archives nationales ont rendu publics de nouveaux documents classifiés sur l'assassinat du président John F. Kennedy, qui a bouleversé les États-Unis et le monde, donnant lieu à de nombreuses théories et spéculations.

En avril, elles ont fait de même pour celui de Bobby Kennedy, père de l'actuel ministre de la Santé de l'administration Trump, Robert Kennedy Jr., et ministre de la Justice du président démocrate assassiné.

Les 230 000 pages publiées lundi portent notamment sur l'enquête du FBI, la police fédérale, concernant la traque internationale de l'assassin présumé de Martin Luther King, ainsi que sur le témoignage d'un de ses codétenus, selon un communiqué de la directrice du Renseignement national américain, Tulsi Gabbard, à l'origine de l'annonce.

Les États-Unis « assurent une complète transparence sur cet événement tragique et décisif dans l'histoire du pays », déclare-t-elle.

Cependant, dans un communiqué, les enfants du célèbre défenseur des droits civiques s'inquiètent d'un possible détournement de la publication de ces documents, qui pourrait servir à « attaquer sa postérité ou les réalisations du mouvement ». 

De son vivant, Martin Luther King était la cible d'une « campagne de désinformation et de surveillance » orchestrée par le directeur du FBI de l'époque, le puissant J. Edgar Hoover, dans le but de « discréditer sa réputation et, plus généralement, celle du mouvement pour les droits civiques », rappellent-ils.

Ils réaffirment par ailleurs ne pas croire à la culpabilité de James Earl Ray, un ségrégationniste blanc condamné pour cet assassinat perpétré le 4 avril 1968 sur le balcon d'un motel de Memphis, dans le sud des États-Unis, où Martin Luther King était venu soutenir des éboueurs en grève.

James Earl Ray est mort en prison en 1998.