Chypre: l'ex-chef de la diplomatie Nikos Christodoulides remporte la présidentielle

Titulaire d'un doctorat en sciences politiques de l'Université d'Athènes, M. Christodoulides a aussi étudié à Malte et à New York, aux Etats-Unis (Photo, AFP).
Titulaire d'un doctorat en sciences politiques de l'Université d'Athènes, M. Christodoulides a aussi étudié à Malte et à New York, aux Etats-Unis (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 14 février 2023

Chypre: l'ex-chef de la diplomatie Nikos Christodoulides remporte la présidentielle

  • Agé de 49 ans, cet homme qui était soutenu par des partis du centre a obtenu 51,97% des suffrages contre 48,03% pour son rival, Andreas Mavroyiannis
  • Le nouveau président, qui entrera en fonctions le 1er mars, a dit souhaiter un gouvernement «50-50», avec un nombre égal de femmes et d'hommes, et qui puisse bénéficier d'une «large adhésion sociale»

NICOSIE: L'ancien chef de la diplomatie de Chypre Nikos Christodoulides a remporté dimanche l'élection présidentielle dans cette île divisée de Méditerranée orientale, promettant un gouvernement non partisan dans lequel les femmes auraient une large place.

Agé de 49 ans, cet homme qui était soutenu par des partis du centre a obtenu 51,97% des suffrages contre 48,03% pour son rival, Andreas Mavroyiannis, soutenu par le parti communiste Akel, selon le service électoral du gouvernement. Le taux de participation s'est élevé à 72,4%.

Le nouveau président, qui entrera en fonctions le 1er mars, a dit souhaiter un gouvernement "50-50", avec un nombre égal de femmes et d'hommes, et qui puisse bénéficier d'une "large adhésion sociale". Deux femmes seulement sont actuellement dans le cabinet du président sortant Nicos Anastasiades.

Dans ces déclarations de presse après l'annonce de sa victoire, il a dit vouloir rencontrer les leaders des partis Disy (droite) et Akel, alors qu'il a été élu sans l'appui d'aucun de ces deux poids lourds du paysage politique chypriote.

L'élection avait été présentée comme serrée: Nikos Christodoulides, chef de la diplomatie entre 2018 et janvier 2022, était arrivé en tête au premier tour, le 5 février, avec 32,04% des suffrages, devançant de peu un autre diplomate chevronné, Andreas Mavroyiannis, 66 ans (29,59%), ancien ambassadeur en France et en Irlande.

Les deux se présentaient comme indépendants.

Forte inflation

Le nouveau président succède au conservateur Nicos Anastasiades, 76 ans, qui achève deux mandats de cinq ans et dont il était réputé très proche.

Après la défaite de son candidat au premier tour, le parti de M. Anastasiades, Disy, qui a exclu M. Christodoulides pour s'être porté candidat contre l'avis du parti, avait refusé de donner des consignes de vote, laissant le jeu ouvert.

La hausse des prix de l'énergie et de la nourriture reste en tête des préoccupations des Chypriotes. L'inflation a atteint 10,9% en 2022, avant un ralentissement en janvier, à 7,1%.

Les communistes, qui ont soutenu M. Mavroyiannis, ont été très critiqués pour leur gestion de la crise financière de 2012-2013, qui a failli précipiter Chypre, pays membre de la zone euro, dans la faillite.

Vasso Pelekanou, une femme de 47 ans interrogée à un bureau de vote à Nicosie, estime que le nouveau président devrait aider les classes moyennes, abandonnées selon elle par le gouvernement sortant. "Les riches sont devenus encore plus riches", déplore-t-elle.

Lutte contre la corruption

Dora Petsa, 75 ans, une retraitée, attendait elle du futur président "qu'il règle la question chypriote (la division de l'île) pour qu'on puisse vivre ensemble avec les Chypriotes-Turcs".

Le nouveau chef de l'Etat sera ainsi appelé à relancer les pourparlers sur la réunification de l'île, à l'arrêt depuis 2017. Chypre est divisée depuis l'invasion par la Turquie en 1974 de son tiers Nord, en réponse à un coup d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient rattacher le pays à la Grèce.

La République de Chypre n'exerce son autorité que sur la partie sud de l'île, séparée par la Ligne verte (une zone démilitarisée contrôlée par l'ONU) de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), autoproclamée et reconnue seulement par Ankara.

M. Mavroyiannis, ancien chef des négociateurs chypriotes-grecs dans les pourparlers sur la réunification (2013-2022), avait promis s'il est élu de rouvrir les discussions dès le premier jour. M. Christodoulides affiche une position plus dure.

La lutte contre la corruption a dominé aussi le débat électoral, notamment après le scandale des "passeports en or". Ce programme d'octroi de passeports contre des investissements sur l'île a dû être annulé en raison d'allégations de corruption.

Autre sujet sensible sur cette île proche des côtes du Moyen-Orient et de la Turquie: l'afflux de migrants, pour lequel les deux candidats avaient promis d'agir. Les autorités affirment que 6% des 915.000 personnes vivant dans le sud de l'île sont des demandeurs d'asile.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a félicité M. Christodoulides sur Twitter, disant espérer continuer à coopérer sur des "sujets importants pour Chypre", en ouvrant notamment la voie vers "une solution au problème chypriote".

Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a également adressé ses félicitations au président élu au cours d'un entretien téléphonique avec M. Christodoulides, selon l'agence de presse grecque Ana.


Roumanie : Macron dénonce des «ingérences» qui «sapent l'intégrité de nos démocraties»

Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron (à droite) s'expriment avant le sommet de la Communauté politique européenne (CPE), à Tirana, le 16 mai 2025. (AFP)
Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron (à droite) s'expriment avant le sommet de la Communauté politique européenne (CPE), à Tirana, le 16 mai 2025. (AFP)
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  • En Pologne, les sites du parti centriste du Premier ministre Donald Tusk étaient hors service vendredi en raison d'une cyberattaque, à deux jours du premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.
  • "La Moldavie (est) victime chaque jour des ingérences russes (..) Les échéances électorales en cours, là aussi, on le sait très bien, font l'objet de telles ingérences", a martelé le président français

TIRANA: Le président français Emmanuel Macron a dénoncé vendredi des "ingérences" dans les élections à venir en Europe, notamment en Roumanie, estimant qu'elles "sapent l'intégrité de nos démocraties".

"Nous voyons à travers nos élections, la Roumanie le vit en ce moment, la Moldavie l'a vécue il y a très peu de temps, (que) nous avons très clairement des menaces qui sapent l'intégrité de nos démocraties, qui minent leur résilience", a-t-il dit en ouverture d'un sommet de la Communauté politique européenne (CPE) à Tirana.

Le candidat d'extrême droite George Simion fait figure de favori du second tour de la présidentielle qui se tiendra dimanche en Roumanie.

Un scrutin scruté de près après l'annulation du vote du 24 novembre sur des suspicions d'ingérence russe en faveur du précédent candidat d'extrême droite, critique de l'UE et de l'Otan, Calin Georgescu.

En Pologne, les sites du parti centriste du Premier ministre Donald Tusk étaient hors service vendredi en raison d'une cyberattaque, à deux jours du premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.

"La Moldavie (est) victime chaque jour des ingérences russes (..) Les échéances électorales en cours, là aussi, on le sait très bien, font l'objet de telles ingérences", a martelé le président français.

"Nous subissons des manipulations lors des périodes électorales, mais (aussi) des ingérences informationnelles étrangères à peu près tout le temps. Et c'est quelque chose qui sape la sécurité démocratique de notre Europe", a-t-il poursuivi.

Le chef de l'Etat a appelé les dirigeants du continent européen, réunis à Tirana, à "mieux protéger les infrastructures critiques face aux cyberattaques", à renforcer les "cadres réglementaires sur les contenus illicites en ligne" et à "traquer les flux financiers qui alimentent ces actions hybrides".

"Sinon, en particulier la Russie, ils continueront de déstabiliser nos opinions publiques pour bouger les lignes", a-t-il dit.


L'administration Trump dénonce les «menaces» d'un ancien patron du FBI et ouvre une enquête

Les autorités fédérales américaines ont annoncé jeudi enquêter sur la "menace" formulée selon eux contre Donald Trump par James Comey, ancien patron du FBI devenu bête noire du président américain. (AFP)
Les autorités fédérales américaines ont annoncé jeudi enquêter sur la "menace" formulée selon eux contre Donald Trump par James Comey, ancien patron du FBI devenu bête noire du président américain. (AFP)
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  • "L'ancien directeur déshonoré du FBI James Comey vient d'appeler à l'assassinat du président Trump", a écrit sur X la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem
  • Elle a ajouté que son ministère ainsi que le Secret Service, le service chargé de la protection du président, "mènent l'enquête sur cette menace"

WASHINGTON: Les autorités fédérales américaines ont annoncé jeudi enquêter sur la "menace" formulée selon eux contre Donald Trump par James Comey, ancien patron du FBI devenu bête noire du président américain.

Dans une publication Instagram depuis retirée, James Comey a partagé une photo montrant des coquillages former le message "86 47" dans le sable, le premier chiffre étant parfois utilisé pour signifier le souhait de faire partir, voire de tuer, quelqu'un, le second pouvant se référer à Donald Trump, 47e président des Etats-Unis.

"L'ancien directeur déshonoré du FBI James Comey vient d'appeler à l'assassinat du président Trump", a écrit sur X la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem.

Elle a ajouté que son ministère ainsi que le Secret Service, le service chargé de la protection du président, "mènent l'enquête sur cette menace."

"Cela nous inquiète tous gravement, et doit être pris au sérieux", a dit sur X Taylor Budowich, un chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche.

James Comey -- brutalement limogé par Donald Trump en 2017 pendant qu'il enquêtait sur des soupçons d'ingérences étrangères -- a ensuite partagé un message sur son compte Instagram.

"J'ai publié plus tôt une photo de coquillages que j'ai vus ce matin lors d'une balade sur la plage, et j'ai estimé que c'était un message politique. Je ne m'étais pas rendu compte que certaines personnes associaient ces chiffres avec de la violence. Je n'ai jamais eu cela à l'esprit, mais je m'oppose à toute force de violence, et j'ai donc retiré la publication", a-t-il écrit.

Donald Trump a réchappé en juillet dernier à une tentative d'assassinat lors d'un meeting de campagne en Pennsylvanie.


Détention de Sansal: ses filles «impuissantes» en République tchèque

Arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, l'écrivain âgé de 80 ans a été condamné fin mars à cinq ans de prison pour, entre autres, atteinte à l'intégrité du territoire algérien. (AFP)
Arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, l'écrivain âgé de 80 ans a été condamné fin mars à cinq ans de prison pour, entre autres, atteinte à l'intégrité du territoire algérien. (AFP)
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  • "Il est triste que des personnes soient emprisonnées pour avoir librement exprimé leur opinion et malheureusement, notre père est l'une de ces personnes", a déclaré l'aînée après avoir reçu la distinction
  • "Dieu seul sait dans quel état mental il se trouve", car il est "isolé sans aucune information", a-t-elle ensuite déploré auprès de l'AFP

PRAGUE: Les deux filles de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison, ont fait part à l'AFP de leur "sentiment d'impuissance totale", depuis la République tchèque où elles habitent, pour obtenir la libération de leur père.

Rencontrées à l'ouverture du salon du livre de Prague, Nawal, 53 ans, et Sabeha, 50 ans, ont réceptionné jeudi un prix pour la promotion de la liberté d'expression décerné à leur père.

"Il est triste que des personnes soient emprisonnées pour avoir librement exprimé leur opinion et malheureusement, notre père est l'une de ces personnes", a déclaré l'aînée après avoir reçu la distinction.

"Dieu seul sait dans quel état mental il se trouve", car il est "isolé sans aucune information", a-t-elle ensuite déploré auprès de l'AFP.

"La seule personne autorisée à lui rendre visite, c'est probablement sa femme, mais nous ne savons rien" et elle est surveillée, a-t-elle ajouté.

Alors que le dissident, atteint d'un cancer, suit "actuellement un traitement de radiothérapie", ses filles ont échangé pour la dernière fois par courrier électronique avec lui en 2023 et n'ont aucune nouvelle, à part des coupures de presse que leur font passer l'ambassade tchèque à Alger.

Elles ont adressé une lettre ouverte au président français Emmanuel Macron et écrit à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. "Nous avons aussi écrit à mon père. Mais nous n'avons pas reçu de réponse, il ne s'est rien passé", explique Nawal.

"Monnaie d'échange" 

Perdue face aux méandres du système algérien, cette spécialiste en informatique s'est tournée vers l'interface d'intelligence artificielle ChatGPT et sur ses conseils, elle envisage de contacter des organisations comme Amnesty International pour accentuer la pression.

Nées en Algérie, les filles de Boualem Sansal ont vécu en Tchécoslovaquie, le pays de leur mère, après la séparation dans leur petite enfance de leurs parents, qui s'étaient rencontrés dans le cadre d'un échange universitaire.

Le régime communiste les surveillait, comme toutes les personnes ayant de la famille à l'étranger, et si elles ont passé leurs vacances à Alger chaque année, Nawal n'y est plus retournée depuis l'âge de 20 ans et n'a pas revu son père depuis.

Sa soeur et elle habitent toujours près de Prague.

Arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, l'écrivain âgé de 80 ans a été condamné fin mars à cinq ans de prison pour, entre autres, atteinte à l'intégrité du territoire algérien.

Il lui est reproché d'avoir repris à son compte la position du Maroc, selon laquelle le territoire de ce pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Il a fait appel.

"Je crois que mon père est un pion ou une monnaie d'échange, une sorte d'otage, parce qu'ils essaient probablement d'obtenir la libération de certains terroristes condamnés en France", a détaillé Nawal, sa soeur Sabeha saluant en lui "un vrai patriote".

L'Algérie et la France traversent depuis l'été dernier une crise diplomatique marquée ces derniers jours par une nouvelle série d'expulsions de fonctionnaires de part et d'autre. Toutes les coopérations sont gelées.

Athée, Boualem Sansal est critique d'un pouvoir qui, selon lui, se maintient depuis trop longtemps contre la volonté des Algériens. "Il contrôle totalement le pays et dispose de tous les moyens", estimait-il dans Le Figaro en 2019.