«Où qu'on aille, on mourra»: Des évacués de Gaza retournent dans le nord

Des bâtiments sont détruits dans la ville d'al-Zahra, au sud de la ville de Gaza, le 20 octobre 2023 (Photo, AFP).
Des bâtiments sont détruits dans la ville d'al-Zahra, au sud de la ville de Gaza, le 20 octobre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 27 octobre 2023

«Où qu'on aille, on mourra»: Des évacués de Gaza retournent dans le nord

  • 600000 Palestiniens, selon l'ONU, à avoir quitté le nord de la bande de Gaza vers le sud à partir du 13 octobre
  • Quelque 30000 déplacés ont regagné ces derniers jours le nord du territoire «en raison de bombardements incessants dans le sud et les difficultés à trouver un abri adéquat»

KHAN YOUNÈS: Rahma Saqallah avait fui Gaza-ville bombardée par l'armée israélienne vers le sud, avec son mari et ses quatre enfants. Elle y est retournée jeudi avec sa fille seulement, les autres ayant péri dans une frappe contre une maison dans laquelle ils se croyaient en sécurité.

"Où qu'on aille, on mourra", a lâché Mme Saqallah, 40 ans, en s'apprêtant à quitter la région de Khan Younès, dans le sud, pour retourner dans la ville de Gaza.

Elle fait partie de quelque 600.000 Palestiniens, selon l'ONU, à avoir quitté le nord de la bande de Gaza vers le sud à partir du 13 octobre après que l'armée israélienne a sommé les civils de s'en aller "pour leur propre sécurité" dans des tracts largués du ciel.

Les bombardements israéliens, déclenchés le 7 octobre en représailles à une attaque sanglante du Hamas en Israël, se concentraient les premiers jours sur Gaza-ville, même si aucune zone ne semble épargnée.

Mais d'après l'ONU, quelque 30.000 déplacés ont regagné ces derniers jours le nord du territoire "en raison de bombardements incessants dans le sud et les difficultés à trouver un abri adéquat".

"Mon mari, Fadel Saqallah, et mes trois fils, Daoud, Mohammad et Majed, sont tombés en martyrs mardi à l'aube", a affirmé Rahma Saqallah, rencontrée mercredi avant son départ de Khan Younès et qui a confirmé jeudi par téléphone avoir regagné la ville de Gaza.

«Mourir dans nos maisons»

Son mari avait 47 ans, son fils Majed neuf, et Daoud 18, alors que Mohammad "devait fêter son 15ème anniversaire" mercredi, selon elle.

La frappe a "détruit les deuxième et troisième étages" d'un immeuble dans lequel plusieurs familles, au total une soixantaine de personnes, s'étaient abritées.

Le bombardement a tué, selon elle, onze membres de la famille Saqallah, dont son mari et ses trois enfants, "et 26 personnes d'autres familles".

"De ma famille il ne reste que moi et ma fille Raghad (17 ans). Nous sommes en vie mais je ne peux pas dire que nous allons bien", a-t-elle confié. "Ils ont réduit Gaza en ruines, ils veulent la transformer en cimetière".

Le Premier ministre israélien Benjamin "Netanyahou est un menteur. Ils nous ont appelés à partir vers le sud et ils nous ont tués", a-t-elle ajouté.

Plus de 7.000 personnes sont mortes dans la bande de Gaza, dont de nombreux enfants, selon le mouvement islamiste palestinien.

Après s'être réfugiés dans un hôpital à Deir el-Balah, plus au sud, Abdallah Ayyad, sa femme et leurs cinq filles se sont serrés dans la remorque d'un triporteur, prenant le chemin du nord pour retourner à Gaza-ville.

"Nous retournons pour mourir dans nos maisons. Ce sera plus digne", a affirmé le père, sur un ton mêlant dégoût et résignation.

"Nous vivons dans des conditions humiliantes ici. Rien à manger, rien à boire, pas de toilettes et pour couronner le tout, il y a des bombardements tout autour", a-t-il déploré.

«Aucun endroit n'est sûr»

Certains ont quitté le sud mais, incapables d'atteindre leurs maisons dans le nord en raison d'intenses bombardements, ils se sont résignés à se réfugier à al-Chifa, le principal hôpital de la ville de Gaza.

Des familles entières s'entassent sous des bâches en toile accrochées contre les murs et les piliers en béton en guise de tentes.

"Moi, ma femme, mes enfants et mes beaux-frères, à peu près 40 personnes au total, on se (relaie pour dormir) dans une tente d'à peine trois mètres carrés. C'est indigne même pour du bétail", a affirmé l'un des déplacés, Mohammad Abou al-Nahel.

"On arrive difficilement à utiliser les toilettes en raison de la surpopulation. On voit arriver en permanence des martyrs et des blessés. Nous n'avons pas d'eau potable à boire et les enfants sont malades à cause du froid", confie une autre déplacée qui a quitté le sud pour s'abriter à l'hôpital, Mennah al-Bahtiti.

La coordinatrice des affaires humanitaires de l'ONU pour les territoires palestiniens, Lynn Hastings, a prévenu jeudi qu'"aucun endroit n'est sûr (dans la bande de) Gaza", en raison des bombardements israéliens.

Interrogée par l'AFP au sujet de ses frappes dans le sud après avoir sommé les civils du nord de s'y diriger pour leur propre sécurité, l'armée israélienne n'a pas réagi dans l'immédiat.

La guerre entre Israël et le Hamas a fait plus de 1.400 morts côté israélien, en majorité des civils le jour de l'attaque le 7 octobre, selon les autorités.


Le prince héritier saoudien et le président Trump discutent des tensions régionales lors d'un appel téléphonique

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a tenu un appel téléphonique avec le président américain Donald Trump pour discuter des derniers développements au Moyen-Orient, notamment des opérations militaires israéliennes en cours contre l'Iran. (SPA/File Photo)
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a tenu un appel téléphonique avec le président américain Donald Trump pour discuter des derniers développements au Moyen-Orient, notamment des opérations militaires israéliennes en cours contre l'Iran. (SPA/File Photo)
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  • Les deux dirigeants ont souligné l'importance de la retenue et de la désescalade, et ont insisté sur la nécessité de résoudre les différends par des moyens diplomatiques

RIYAD : Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a eu un entretien téléphonique avec le président américain Donald Trump pour discuter des derniers développements au Moyen-Orient, y compris les opérations militaires israéliennes en cours contre l'Iran, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Lors de l'appel de vendredi, les deux dirigeants ont souligné l'importance de la retenue et de la désescalade, et ont insisté sur la nécessité de résoudre les différends par des moyens diplomatiques, a ajouté SPA.

Ils ont également affirmé l'importance de poursuivre les efforts conjoints pour promouvoir la sécurité, la paix et la stabilité dans la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Iran lance des missiles sur Israël en riposte à une attaque massive sur son sol

L'Iran a lancé  vendredi soir des dizaines de missiles contre Israël, en riposte aux frappes aériennes israéliennes d'une ampleur sans précédent qui ont visé depuis le matin plus de 200 sites militaires et nucléaires sur le sol iranien. (AP)
L'Iran a lancé  vendredi soir des dizaines de missiles contre Israël, en riposte aux frappes aériennes israéliennes d'une ampleur sans précédent qui ont visé depuis le matin plus de 200 sites militaires et nucléaires sur le sol iranien. (AP)
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  • Plusieurs explosions ont été entendues à Téhéran et dans ses environs, selon les médias qui ont aussi fait état, notamment, d'une nouvelle frappe sur le centre d'enrichissement d'uranium de Natanz, dans le centre de l'Iran
  • "Nous continuons à pleine force, à un rythme élevé, afin d'atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés", a déclaré dans la soirée le chef d'état-major de l'armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir

TEHERAN: L'Iran a lancé  vendredi soir des dizaines de missiles contre Israël, en riposte aux frappes aériennes israéliennes d'une ampleur sans précédent qui ont visé depuis le matin plus de 200 sites militaires et nucléaires sur le sol iranien.

Les sirènes d'alerte ont retenti à travers tout le pays, tandis que des volutes de fumée s'élevaient au-dessus de Tel-Aviv, la grande ville du centre d'Israël, peu après un appel lancé à la population à rejoindre les abris.

Au moins deux vagues de dizaines de missiles balistiques iraniens ont visé Israël, a annoncé l'armée israélienne tandis que l'Iran a affirmé viser "des dizaines de cibles", "de bases et d'infrastructures militaires" en Israël.

Israël s'attend à être exposé "à plusieurs vagues d'attaques iraniennes", avait prévenu peu avant le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, après les frappes d'une ampleur sans précédent menées sur l'Iran.

L'attaque lancée tôt vendredi a tué les plus hauts gradés iraniens, le chef d'état-major de l'armée, le chef des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, et le commandant de sa force aérospatiale.

Dans la soirée, l'armée israélienne a annoncé avoir "démantelé" une usine d'uranium à Ispahan, dans le centre de l'Iran, a la suite d'une frappe.

Plusieurs explosions ont été entendues à Téhéran et dans ses environs, selon les médias qui ont aussi fait état, notamment, d'une nouvelle frappe sur le centre d'enrichissement d'uranium de Natanz, dans le centre de l'Iran.

"Nous continuons à pleine force, à un rythme élevé, afin d'atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés", a déclaré dans la soirée le chef d'état-major de l'armée israélienne, le lieutenant-général Eyal Zamir.

Cette attaque fait suite à des pressions grandissantes exercées sur l'Iran, soupçonné par les Occidentaux et par Israël de vouloir se doter de l'arme atomique. Téhéran dément et défend son droit à mener un programme nucléaire civil.

L'attaque intervient aussi à deux jours d'un nouveau cycle de négociations indirectes, dont la tenue est désormais incertaine, prévu dimanche à Oman entre Téhéran et Washington sur le programme nucléaire iranien.

"Déclaration de guerre" 

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a qualifié de "déclaration de guerre" l'attaque israélienne et affirmé que la riposte de son pays serait "assurément vigoureuse".

Aussitôt nommé, le nouveau chef des Gardiens de la Révolution, Mohammad Pakpour, a promis à Israël "les portes de l'enfer" après ces frappes qui ont visé notamment Téhéran et fait 18 morts dans le nord-ouest du pays, selon un média.

Alors que les appels à la désescalade se multiplient à travers le monde, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir vendredi à la demande de l'Iran.

"Mort à Israël, mort à l'Amérique!", criaient des Iraniens venus manifester dans le centre de Téhéran, où les rues étaient désertes à l'exception de files d'attente devant les stations-service.

Ahmad Moadi, un retraité de 62 ans, a appelé à une "réponse cinglante" contre Israël, un pays non reconnu par l'Iran.

Benjamin Netanyahu a averti que l'opération militaire durerait "de nombreux jours" et qu'Israël avait frappé "au coeur du programme de missiles balistiques de l'Iran".

L'armée israélienne a affirmé que l'Iran avait la capacité de nuire "considérablement" à Israël et dit disposer de renseignements prouvant que Téhéran s'approchait du "point de non-retour" vers la bombe atomique. Selon elle, "le régime iranien avait un plan concret pour détruire l'Etat d'Israël".

En Israël, des habitants témoignaient vendredi de leur inquiétude.

"Je suis inquiète pour mes enfants et aussi pour mes moyens de subsistance, car cela affecte le marché. On ne peut pas travailler, on ne peut rien faire", déplorait Vered Saar, une pâtissière de Tel-Aviv âgée de 54 ans.

L'armée israélienne a indiqué qu'environ 200 avions avaient participé aux premières heures de l'attaque, à laquelle l'Iran a riposté en lançant "environ 100 drones" vers Israël, qui ont été interceptés.

Tôt vendredi, le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, ainsi que d'autres responsables dont le commandant de la force aérospatiale des Gardiens, Ali Hajizadeh, ont été tués dans une frappe sur leur quartier général.

Le chef d'état-major iranien, le général Mohammad Bagheri, et six scientifiques du programme nucléaire iranien ont également péri dans des frappes.

Le site de Natanz a été visé "plusieurs fois", selon la télévision d'Etat iranienne, qui a montré une épaisse fumée noire s'en élevant.

Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), "aucune augmentation des niveaux de radiation" n'a cependant été observée à Natanz.

"Encore plus brutales" 

Le président américain Donald Trump a exhorté l'Iran à "conclure un accord" sur le nucléaire "avant qu'il ne reste plus rien" et prévenu que les "prochaines attaques" seraient "encore plus brutales".

La dernière attaque israélienne contre l'Iran annoncée publiquement remonte à octobre 2024, quand Israël avait dit avoir mené des raids aériens sur des cibles militaires en représailles au tir de quelque 200 missiles iraniens vers son territoire.

Fawaz Gerges, professeur de relations internationales à la London School of Economics, a estimé qu'Israël avait "déclaré une guerre totale contre l'Iran".

Signe de l'extrême fébrilité dans la région, de nombreuses compagnies aériennes ont supprimé ou dérouté des dizaines de vols, tandis que les cours du pétrole ont flambé.

Plusieurs ambassades d'Israël à travers le monde ont fermé au public.

Téhéran avait menacé mercredi de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit après un éventuel échec des négociations en cours, visant à encadrer le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des lourdes sanctions frappant l'Iran.

L'enrichissement de l'uranium est la principale pierre d'achoppement dans ces discussions, Washington exigeant que l'Iran y renonce totalement, ce que Téhéran refuse.

L'Iran est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium au niveau de 60%, selon l'AIEA, alors qu'un seuil de 90% est nécessaire à la fabrication d'une bombe atomique.


Frappes sur l'Iran: Israël dit avoir tué la plupart des dirigeants de la force aérospatiale des Gardiens

Le major général Mohammad Bagheri, chef d'état-major des forces armées iraniennes, assiste à un défilé militaire lors d'une cérémonie marquant la journée annuelle de l'armée à Téhéran, le 17 avril 2024. Le 13 juin 2025, Bagheri a été « probablement éliminé », selon un responsable israélien de la sécurité, à la suite de frappes israéliennes tôt le matin sur des cibles en Iran. (AFP)
Le major général Mohammad Bagheri, chef d'état-major des forces armées iraniennes, assiste à un défilé militaire lors d'une cérémonie marquant la journée annuelle de l'armée à Téhéran, le 17 avril 2024. Le 13 juin 2025, Bagheri a été « probablement éliminé », selon un responsable israélien de la sécurité, à la suite de frappes israéliennes tôt le matin sur des cibles en Iran. (AFP)
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  • "La chaîne de commandement de l'armée de l'air du Corps des gardiens de la révolution islamique s'était réunie dans un centre de commandement souterrain pour préparer une attaque contre l'Etat d'Israël", a déclaré l'armée
  • "Dans le cadre des premières frappes, des chasseurs de l'armée ont frappé le centre de commandement où se trouvait le commandant de l'armée de l'air (des Gardiens), Amir Ali Hajizadeh, ainsi que d'autres hauts responsables"

JERUSALEM: Le ministère israélien de la Défense a affirmé vendredi que les frappes aériennes de l'armée sur l'Iran avaient coûté la vie à la plupart des dirigeants de la force aérospatiale des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique.

"Le ministre de la Défense [Israël Katz] a été informé que la plupart des dirigeants de la force aérospatiale des Gardiens de la Révolution avaient été éliminés alors qu'ils étaient réunis dans leur quartier général souterrain", y compris son chef, le général Amirali Hadjizadeh, a déclaré le ministère dans un communiqué.

Outre Hajizadeh, le commandant de la force des drones et le chef du commandement aérien ont été tués par une frappe de l'armée de l'air israélienne, selon le communiqué.

"La chaîne de commandement de l'armée de l'air du Corps des gardiens de la révolution islamique s'était réunie dans un centre de commandement souterrain pour préparer une attaque contre l'Etat d'Israël", a déclaré l'armée.

"Dans le cadre des premières frappes, des chasseurs de l'armée ont frappé le centre de commandement où se trouvait le commandant de l'armée de l'air (des Gardiens), Amir Ali Hajizadeh, ainsi que d'autres hauts responsables".

Selon l'armée, Hajizadeh a joué un rôle central dans le "plan de destruction d'Israël" de l'Iran, ajoute l'armée.

"En outre, les dirigeants qui ont été éliminés ont mené l'attaque contre les installations pétrolières de l'Arabie saoudite en septembre 2019", affirme le communiqué.

La force aérospatiale des Gardiens est chargée de la surveillance de l'espace aérien iranien et contrôle l'arsenal de missiles balistiques du pays.