Les robots travailleront bientôt dans les usines

Le Royaume lance également d’importantes initiatives pour soutenir l’introduction de la robotique dans son économie. (Shutterstock)
Le Royaume lance également d’importantes initiatives pour soutenir l’introduction de la robotique dans son économie. (Shutterstock)
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Publié le Mardi 25 octobre 2022

Les robots travailleront bientôt dans les usines

  • Selon les experts, la robotique pourrait réduire considérablement les coûts dans de nombreux secteurs et permettre d’utiliser la main-d’œuvre humaine à de meilleures fins
  • La croissance annuelle moyenne de la contribution de l’intelligence artificielle et de l’automatisation dans le Royaume devrait atteindre 31% chaque année de 2018 à 2030

LE CAIRE: Le secteur saoudien de l’intelligence artificielle (IA) et de la robotique devrait contribuer au PIB du pays à hauteur de 135,2 milliards de dollars (1 dollar = 1,01 euro), soit 12,4%, d’ici à 2030, selon PricewaterhouseCoopers (PwC).

Le monde entre dans une phase où l’automatisation prend le pas sur les modes de fonctionnement traditionnels des entreprises. Le Royaume lance également d’importantes initiatives pour soutenir l’introduction de la robotique dans son économie.

La croissance annuelle moyenne de la contribution de l’IA et de l’automatisation dans le Royaume devrait atteindre 31% chaque année de 2018 à 2030.

Ahmed Baharoun, consultant en IA et cofondateur de Inc Robotics, fournisseur de robotique basé en Arabie saoudite, affirme à Arab News que le Royaume soutient l’adoption de la robotique dans tous les secteurs. Cependant, les défis liés à l’automatisation de leurs opérations persistent.

«Le gouvernement mène des initiatives telles que l’automatisation de 4 000 usines de fabrication au cours des cinq prochaines années. La stratégie logistique du Royaume, lancée l’année dernière, mentionne l’utilisation de la robotique et de l’IA dans les villes intelligentes, notamment Neom et The Line», indique M. Baharoun.

Il a expliqué que la robotique pourrait réduire considérablement les coûts dans de nombreux secteurs et permettre d’utiliser la main-d’œuvre humaine à de meilleures fins. «Cela contribue à un service client impeccable, à une image positive de l’entreprise et à une meilleure expérience pour les employés. Le fait d’avoir un robot peut améliorer l’expérience client et permettre de passer de bons moments qui peuvent être utilisés pour mettre en valeur les marques et les présenter de manière ludique», a-t-il ajouté.

Les avantages de l’automatisation et de la robotique ne sont présents que lorsque les entreprises sont prêtes à prendre le risque d’abandonner les méthodes traditionnelles et d’investir plus aujourd’hui pour réduire les coûts à l’avenir, en pensant sur le long terme.

M. Baharoun souligne également que les entreprises de robotique dans le Royaume doivent commencer à sensibiliser les entreprises aux avantages de l’automatisation pour réduire les coûts et encourager le passage à l’IA.

«Les entreprises ont besoin de conseils pour s’assurer que leur investissement ne sera pas vain», explique-t-il, ajoutant que les fournisseurs de robots doivent comprendre le processus d’automatisation et élaborer une analyse coûts-avantages complète pour leurs clients. Il estime que l’avenir des entreprises tournera autour de la robotique, un peu comme les téléphones portables et l’internet, qui étaient autrefois perçus comme un luxe avant de devenir une nécessité générale.

L’appréhension de la robotique ne concerne pas seulement les grandes entreprises. Pour M. Baharoun, même les start-up du Royaume devraient prendre le risque de présenter des stratégies d’automatisation pour susciter l’intérêt des investisseurs plutôt que de penser qu’elles sont en avance sur leur temps.

«Les start-up du Royaume présentent certaines des solutions les plus innovantes de la région. Toutefois, beaucoup d’entre elles n’aiment pas présenter des idées audacieuses de peur de ne pas être financées», fait-il remarquer.

Le cofondateur de Inc Robotics conseille aux petites et moyennes entreprises (PME) de commencer à introduire des solutions d’automatisation innovantes, conformément à l’intérêt du gouvernement d’investir dans l’avenir du secteur. Les sociétés de capital-risque saoudiennes s’intéressent déjà au secteur de la robotique. La filiale d’investissement d’Aramco, Prosperity7, a récemment investi 150 millions de dollars dans la start-up chinoise Jaka Robotics.

En outre, le Royaume a vu l’entreprise Saudi Excellence s’associer à la société de robotique américaine Nala Robotics pour créer la première cuisine en nuage robotisée et alimentée par l’IA du pays. L’entreprise Research Products Development, détenue par le Fonds d’investissement public (PIF), adopte également des solutions robotiques pour améliorer ses opérations pétrolières en mer. La société vise à lancer un robot pour inspecter les fuites de pipelines sous l’eau et travaille avec l’entreprise Saudi Arabian Oil pour développer un prototype d’ici à la fin de l’année.

De plus, l’intérêt du Royaume pour la robotique augmente, les grandes coopérations investissant dans l’automatisation et l'IA dans le cadre de leurs opérations. Le marché est voué à s’accroître rapidement au cours des prochaines années. Selon un rapport de PwC, le Moyen-Orient pourrait attirer jusqu’à 125 milliards de dollars d’investissements dans la robotique d’ici à 2025, en se spécialisant dans la fabrication de matériel technologique.

«Nous estimons que le marché des robots industriels et de services dans la région pourrait atteindre 4 milliards de dollars d’ici à 2025 et que les dispositifs industriels de l’internet des objets pourraient atteindre 1,5 milliard de dollars. Par conséquent, la concurrence entre les pays pour revendiquer des segments technologiques, obtenir un avantage de premier plan et attirer les entreprises technologiques mondiales qui cherchent à s’implanter dans la région sera féroce», indique le rapport.

De surcroît, les Émirats arabes unis ont déjà commencé à aider les entrepreneurs à développer des robots grâce au Programme de robotique et d’automatisation de Dubaï qu’ils viennent de lancer sous la direction du cheikh Hamdane ben Mohammed, prince héritier de Dubaï.

Le programme, lancé le 21 septembre, fournira plus de 200 000 robots pour accroître l’efficacité et la productivité dans de multiples secteurs et créer une économie compétitive futuriste. De grandes entreprises internationales se tournent aussi vers l’Arabie saoudite pour investir dans la robotique et l’IA, le Royaume ayant pour objectif de créer 400 start-up dans ce domaine, rapporte Asharq al-Awsat.

Les investissements dans le domaine de la robotique devraient dépasser les 150 millions de dollars au cours des deux prochaines années, avec le développement des villes intelligentes et la numérisation en hausse dans le Royaume.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le FMI avertit que les frappes américaines contre l'Iran pourraient perturber l'économie mondiale

Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI. (Getty via AN)
Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI. (Getty via AN)
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  • La directrice générale a déclaré que le FMI suivait de près la situation au Moyen-Orient.
  • Le rapport d'avril du FMI a mis en garde contre l'affaiblissement de l'économie mondiale.

DJEDDAH : Le Fonds monétaire international a averti que les frappes aériennes américaines sur l'Iran pourraient amplifier l'incertitude économique mondiale, avec des retombées potentielles bien au-delà des marchés de l'énergie, a déclaré son directeur à Bloomberg lundi.

La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a déclaré que le Fonds suivait de près la situation au Moyen-Orient, en particulier l'impact du conflit sur les prix du pétrole et du gaz et sur les voies d'approvisionnement.

Les remarques de Mme Georgieva interviennent après que l'armée américaine a mené des frappes ciblées sur des sites nucléaires en Iran, s'impliquant de fait dans la campagne d'Israël visant à démanteler le programme nucléaire du pays, malgré les menaces de représailles de Téhéran qui pourraient déclencher un conflit régional plus large.

Le président américain Donald Trump a déclaré que les principaux sites nucléaires iraniens avaient été "complètement et intégralement oblitérés" et a mis en garde le pays contre des attaques de représailles, affirmant que les États-Unis pourraient frapper d'autres cibles "avec précision, rapidité et compétence."

Mme Georgieva a déclaré à Bloomberg que le FMI considérait cela « comme une autre source d'incertitude dans un environnement très incertain », ajoutant que l'institution surveillait deux choses : « Premièrement, l'impact sur les primes de risque pour le pétrole et le gaz. Il y a eu un certain mouvement à la hausse, mais jusqu'où ira-t-il ? Deuxièmement, y aurait-il des perturbations dans l'approvisionnement en énergie ? »

Elle poursuit : "Pour l'instant, non. Mais voyons comment les événements évolueront - si des voies de livraison ou des retombées dans d'autres pays peuvent se produire. Je prie pour que ce soit le cas."

Selon Bloomberg, le pétrole brut Brent a brièvement augmenté de 5,7 % pour atteindre 81,40 dollars le baril au début des échanges asiatiques le 23 juin, avant de redescendre.

Lorsqu'on lui a demandé si le mécanisme de transmission, en particulier les canaux où elle voit le plus grand impact du choc du Moyen-Orient, se reflète actuellement dans les prix de l'énergie, la directrice générale a confirmé que c'était le cas.

"Il pourrait y avoir des impacts secondaires et tertiaires. Disons qu'il y a plus de turbulences qui affectent les perspectives de croissance des grandes économies, et qu'il y a alors un impact déclencheur dans une révision à la baisse des perspectives de croissance mondiale", a-t-elle déclaré à Bloomberg.

"Comme vous le savez, nous avons déjà revu à la baisse les projections de croissance pour cette année et nous présenterons nos prochaines projections en juillet.

Mme Georgieva a poursuivi : "Ce que nous observons au cours des deux premiers trimestres de l'année confirme largement le tableau que nous avons dressé en avril, à savoir une croissance mondiale un peu plus lente, mais pas de récession.

Dans son rapport d'avril, le FMI avait lancé un avertissement concernant l'affaiblissement de l'économie mondiale, en revoyant nettement à la baisse les prévisions de croissance par rapport aux projections de janvier.

Le Fonds a identifié les tensions commerciales croissantes, le niveau record des droits de douane et l'imprévisibilité croissante des politiques comme des menaces majeures pour la stabilité économique à court et à long terme. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le secteur culturel saoudien devrait tripler la part du PIB pour atteindre 48 milliards de dollars d'ici 2030

 La fréquentation des événements culturels a dépassé les 23,5 millions entre 2021 et 2024, et les grands festivals tels que le Festival du film de la mer Rouge et la Biennale des arts islamiques sont devenus des attractions mondiales. (Photo AFP)AFP
La fréquentation des événements culturels a dépassé les 23,5 millions entre 2021 et 2024, et les grands festivals tels que le Festival du film de la mer Rouge et la Biennale des arts islamiques sont devenus des attractions mondiales. (Photo AFP)AFP
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  • La contribution du secteur culturel au produit intérieur brut à 3 % - soit 180 milliards de SR (48 milliards de dollars) - d'ici 2030, contre moins de 1 %, selon le ministre de la Culture, le prince Badr bin Abdullah bin Farhan.
  • Depuis la création du ministère en 2018, l'emploi dans le secteur a bondi de 318 %, tandis que le nombre de diplômés en culture a atteint 28 800 en 2024, soit une augmentation de 79 % par rapport à 2018.

DJEDDAH : L'Arabie saoudite prévoit de porter la contribution du secteur culturel au produit intérieur brut à 3 % - soit 180 milliards de SR (48 milliards de dollars) - d'ici 2030, contre moins de 1 %, selon le ministre de la Culture, le prince Badr bin Abdullah bin Farhan.

Dans une interview accordée à Al-Eqtisadiah, le ministre a déclaré que le secteur avait déjà dépassé sa part de 0,91 % du PIB, les objectifs de la Vision 2030 étant atteints plus tôt que prévu.

"La Vision 2030 constitue le fondement de la stratégie et de l'orientation du ministère de la culture", a-t-il déclaré.

"D'ici 2030, nous envisageons un environnement culturel qui nourrit les talents, encourage l'innovation au niveau local et international, et soutient l'épanouissement des entreprises créatives et culturelles". a déclaré le prince Badr lors de l'entretien.

"À terme, notre objectif est de porter la contribution du secteur au PIB à 3 %, ce qui équivaut à 180 milliards de francs suisses. "Cela représente la mission principale du ministère de la culture et de ses organes affiliés, qui doivent conduire une transformation culturelle ambitieuse.

Depuis la création du ministère en 2018, l'emploi dans le secteur a bondi de 318 %, tandis que le nombre de diplômés en culture a atteint 28 800 en 2024, soit une augmentation de 79 % par rapport à 2018. Le ministère a également délivré plus de 9 000 licences, tandis que les associations culturelles et les clubs amateurs sont passés de 28 à 993.

"L'un des résultats notables est l'augmentation du pourcentage de citoyens qui estiment que la culture est importante, qui est passé de moins de 70 % à 92 %", a déclaré le prince Badr. Le ministère supervise également les célébrations nationales telles que la Journée de la fondation et la Journée du drapeau, et a répertorié 9 317 sites d'antiquités et 25 000 sites du patrimoine urbain.

L'Arabie saoudite a désormais atteint son objectif Vision 2030 de posséder huit sites du patrimoine mondial de l'UNESCO, Al-Faw rejoignant la liste en 2024. La fréquentation des événements culturels a dépassé les 23,5 millions entre 2021 et 2024, et des festivals majeurs tels que le Festival du film de la mer Rouge et la Biennale des arts islamiques sont devenus des attractions mondiales. 

Le programme de bourses d'études culturelles a accordé des bourses à 1 222 étudiants qui étudient dans plus de 120 établissements dans différents pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. La souplesse du programme - pas de limite d'âge ni de formation académique requise - a permis d'élargir la participation. "Aujourd'hui, les boursiers poursuivent des études dans des domaines tels que la musique, le théâtre et les arts visuels", a déclaré le ministre.

Par l'intermédiaire du Fonds de développement culturel, le ministère a déboursé 377 millions de SR pour plus de 120 projets. "Les principaux domaines de croissance sont le patrimoine, la musique et la mode. Plus de 1 200 créateurs et entrepreneurs ont bénéficié de ses services de développement", a-t-il ajouté.

"Globalement, le rôle de la culture dans la création de valeur économique durable est de plus en plus reconnu", a déclaré le ministre. "Notre rôle est de préserver et de promouvoir l'identité culturelle tout en la rendant accessible et économiquement valable. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Enquête du sénat français sur la délinquance financière: Les mesures prises par les Émirats, un exemple à suivre

Derrière l’abstraction des chiffres, il paraît évident que le blanchiment d’argent alimente une économie parallèle qui fragilise l’État de droit et ruine la confiance dans les institutions.   « Le blanchiment est le crime qui permet tous les autres », résume un récent rapport du Sénat, porté par deux sénateurs, Nathalie Goulet et Raphaël Daubet, dévoilé le 20 juin 2025. (Photo LinkedIn)
Derrière l’abstraction des chiffres, il paraît évident que le blanchiment d’argent alimente une économie parallèle qui fragilise l’État de droit et ruine la confiance dans les institutions.  « Le blanchiment est le crime qui permet tous les autres », résume un récent rapport du Sénat, porté par deux sénateurs, Nathalie Goulet et Raphaël Daubet, dévoilé le 20 juin 2025. (Photo LinkedIn)
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  • Boutiques de façade, crypto actifs, rachat de tickets gagnants de jeux du hasard ou dissimulation dans l’immobilier sont autant de mécanismes mobilisés par les criminels, détaille le rapport
  • La France n’est pas dépourvue d’outils : Tracfin (l'organisme chargé de traquer les fraudes et le blanchiment), le Parquet national financier, les autorités de contrôle bancaire sont mobilisés

PARIS: En France comme partout dans le monde, la délinquance financière ne cesse de prendre de l’ampleur.

Derrière l’abstraction des chiffres, il paraît évident que le blanchiment d’argent alimente une économie parallèle qui fragilise l’État de droit et ruine la confiance dans les institutions. 

« Le blanchiment est le crime qui permet tous les autres », résume un récent rapport du Sénat, porté par deux sénateurs, Nathalie Goulet et Raphaël Daubet, dévoilé le 20 juin 2025. 

Ce constat met en lumière les failles de la lutte française contre ces circuits illicites, tandis que d’autres États, comme les Émirats arabes unis, se positionnent désormais en acteurs majeurs de la lutte contre les flux financiers criminels.

Le blanchiment de capitaux représente entre 2 et 5 % du PIB mondial, soit jusqu’à 4 000 milliards de dollars chaque année, selon l’ONU, à l'échelle française, cela se traduirait par 38 à 58 milliards d’euros réinjectés illégalement dans l’économie, or seuls 2 % de ces fonds sont effectivement confisqués par les autorités.

Loin d’être cantonnée au trafic des narcotiques, la délinquance financière s’appuie sur des réseaux multiples : trafic de migrants, contrefaçon, tabac illégal, fraude documentaire, autant de vecteurs qui génèrent des revenus massifs et requièrent, des dispositifs de blanchiment complexes. 

Boutiques de façade, crypto actifs, rachat de tickets gagnants de jeux du hasard ou dissimulation dans l’immobilier sont autant de mécanismes mobilisés par les criminels, détaille le rapport.

La France n’est pas dépourvue d’outils : Tracfin (l'organisme chargé de traquer les fraudes et le blanchiment), le Parquet national financier, les autorités de contrôle bancaire sont mobilisés. 

En 2024, Tracfin a enregistré plus de 211 000 signalements, dont l’essentiel provient du secteur financier, affirment le rapport mais de nombreuses zones d’ombre subsistent, et certaines professions, comme par exemple les antiquaires ou les agents sportifs, échappent encore à la régulation.

La commission sénatoriale, présidée Daubet avec Goulet comme rapporteuse, plaide pour une stratégie globale, dépassant le simple empilement d’outils. 

Elle propose notamment dans son rapport de renforcer la formation des enquêteurs, d’élargir les prérogatives des greffiers pour détecter les sociétés écrans, et de systématiser le contrôle de l’origine des fonds lors de la reprise d’entreprises.

Ces recommandations devraient déboucher sur plusieurs propositions de loi, dont l’une sur la contrefaçon (5 milliards d’euros de pertes annuelles pour la France), une autre sur le trafic de migrants, la fraude à l’identité ou les plaques falsifiées. 

Par ailleurs, certaines mesures n’exigent pas de loi, telles que la réorganisation des services, l’harmonisation des logiciels d’enquête, ainsi que les bonnes pratiques internes aux entreprises ou les nouveaux protocoles d’échange entre administrations.

Pour les sénateurs, il est urgent de bâtir une véritable culture de la lutte contre l’argent sale, « Ce n’est pas qu’un sujet technique, il faut créer une dynamique collective, une prise de conscience nationale et européenne », estime Goulet. 

Alors que la France peine à muscler son dispositif, les Émirats arabes unis illustrent selon le rapport une évolution spectaculaire. 

Longtemps perçu comme un paradis pour les flux opaques, le pays a opéré un redressement stratégique depuis son inscription sur la liste grise du GAFI en 2022, deux ans plus tard, en février 2024, ils en sont officiellement sortis.

Soucieuse d’évaluer cette transition, une délégation du Sénat s’est rendue sur place en mars 2025, peu après, le 5 juin, la Commission européenne annonçait elle aussi le retrait des Émirats de sa propre liste des pays tiers à haut risque, saluant leur conformité croissante aux normes internationales.

Les Émirats ont misé sur un modèle légal souple, inspiré de systèmes comme celui de Singapour ou de l’Australie, ils ont adopté des textes, souvent courts, qui laissent une large marge d’interprétation aux autorités. 

Dans un pays majoritairement peuplé d’expatriés, l’arsenal répressif repose avant tout sur les expulsions, la saisie d’actifs, et une surveillance numérique renforcée.

Leur infrastructure numérique souligne le rapport est sans équivalent dans la région, réseau 5G ultra-rapide, taux d’accès à Internet supérieur à 99 %, et capacité technologique avancée de suivi des communications, des atouts qui permettent un contrôle strict, rapide et efficace des flux financiers suspects.

Le rapport détaillé le dispositif des Émirats, au cœur duquel se trouve « The Executive Office of Anti Money Laundering » et le « Counter Terrorism Financing », une task force composée de 11 départements spécialisés. 

Cette structure centrale est chargée de coordonner les efforts de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, dans le respect des recommandations du GAFI.

Les résultats parlent d’eux-mêmes puisque selon le rapport, entre mars et juillet 2023, plus de 329 millions d’euros d’avoirs illicites ont été saisis, en trois ans, le montant total des amendes infligées aux contrevenants a été multiplié par 25..

Par ailleurs, les Émirats ont accru le contrôle des professions non financières, longtemps vulnérables, comme les agents immobiliers ou les maisons de ventes, en imposant des formations obligatoires, des obligations de vigilance, et des programmes de conformité.

La stratégie émirienne ne vise pas seulement à rassurer les instances internationales, elle s’inscrit aussi dans une ambition diplomatique plus large : devenir un acteur régional majeur en matière de gouvernance financière, d’ailleurs l'ouverture en 2025 d’un bureau régional du GAFI à Abou Dhabi illustre cette volonté de leadership.

Le pays a signé de nombreux accords de coopération, notamment avec TRACFIN en février 2024, et aligné ses normes sur celles de l’Union européenne et des États-Unis. 

L’interdiction d’entrée sur le sol émirien du yacht de luxe « Flying Fox », visé par des sanctions internationales, témoigne d’un changement de posture radical assuré le rapport et la modernisation du secteur des paiements complète ce paysage, à travers surtout la réduction des transactions en espèces.

Le combat contre le blanchiment ne peut être gagné par un seul pays, estiment les auteurs du rapport. Il exige une approche transversale, une coopération entre États, et une volonté d’agir à la fois sur le plan juridique, technologique et culturel. 

La France, en quête d’une meilleure coordination et d’une dynamique législative nouvelle, peut selon eux trouver une source d’inspiration dans l’exemple des Émirats arabes unis.