JO de Paris 2024: Le Sénat adopte les caméras «augmentées»

L'article a été voté par 243 pour et 27 contre (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 25 janvier 2023

JO de Paris 2024: Le Sénat adopte les caméras «augmentées»

  • L'aide de caméras permettant de détecter des mouvements suspects dans les foules est réclamée par les autorités
  • Les sénateurs communistes et écologistes ont marqué leur opposition

PARIS: Le Sénat a très largement adopté mardi l'article phare du projet de loi olympique, très axé sur la sécurité, qui va autoriser l'expérimentation de caméras dotées d'algorithmes à compter de cette année en vue des JO-2024.

Pour la ministre des Sports et des JO, Amélie Oudéa-Castéra, ce texte contient "les ajustements incontournables pour aller au bout de nos engagements et de nos besoins opérationnels pour la livraison et le bon déroulement des JO". Le débat a été apaisé y compris sur les points les plus sensibles.

Cette loi arrive quelques mois après le fiasco de la finale de la Ligue des champions fin mai au Stade de France. Spectateurs sans billets escaladant les grilles, détenteurs de billets bloqués à l'entrée, familles aspergées de gaz lacrymogène par la police ou encore vols et agressions, la finale avait tourné au cauchemar.

Alors pour sécuriser les JO de Paris, susceptibles d'attirer 13 millions de spectateurs, et quelque 600 000 personnes pour la cérémonie d'ouverture le long des quais de Seine le 26 juillet, l'aide de caméras permettant de détecter des mouvements suspects dans les foules est réclamée par les autorités.

Tant aux abords des enceintes que dans les transports adjacents, elles pourront aussi détecter "des objets abandonnés", ou encore permettre "des analyses statistiques, de flux de fréquentation par exemple (...)", selon l'étude d'impact de la loi.

Trop tôt pour dire si l'armée devait être sollicitée, affirme Darmanin

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ne peut pas dire s'il sera nécessaire de recourir en appoint à l'armée pour sécuriser les JO de Paris et a pointé mardi soir au Sénat "le problème important" de l'hébergement de l'ensemble des forces de sécurité publiques et privées.

Interpellé au cours du débat sur le projet de loi olympique par le sénateur centriste Laurent Lafon sur le fait de savoir "quand le scénario du recours à l'armée sera officiellement annoncé" pour supplanter une insuffisance d'agents de sécurité privée, hypothèse qui circule largement en coulisses depuis plusieurs semaines, M. Darmanin a expliqué qu'il faudrait attendre "février ou mars" pour en savoir plus.

"Si à la fin des fins des fins des fins, il manque un certain nombre de personnes, nous regarderons ce que nous pourrons faire. Mais nous pensons qu'un grand pays comme la France est capable de répondre à cet enjeu de sécurité privée", a-t-il assuré.

"Au début du mois prochain on en saura plus" car le comité d'organisation des JO (Cojo) va commencer "à dépouiller" les appels d'offres lancés auprès des entreprises.

«Société de surveillance»

La mesure n'est pas du goût du Conseil national des barreaux (CNB). "Les avocats ne laisseront pas les Jeux olympiques se transformer en concours Lépine des atteintes aux libertés individuelles", a prévenu mardi son président Jérôme Gavaudan. L'association La Quadrature du net ne décolère pas non plus.

Les sénateurs communistes et écologistes ont marqué leur opposition.  "Les JO sont un prétexte pour jouer aux apprentis sorciers, le marché est énorme", a regretté le sénateur écologiste Thomas Dossus, alors même qu'il s'agit de "technologies absolument pas matures" qui de surcroît pourraient "nourrir" des systèmes ensuite potentiellement utiles à des "tyrannies à l'autre bout du monde". Eliane Assassi (PCF) a fustigé des JO devenant "un accélérateur de la surveillance" et un texte "cheval de Troie".

Du côté du PS, les sénateurs sont soucieux "d'accompagner le développement dans de bonnes conditions". Mais ils ne sont pas parvenus à ramener à septembre 2024 et non juin 2025 la fin de la période d'expérimentation.

L'expérimentation de ces nouveaux outils pourra démarrer à compter de l'entrée en vigueur de la loi, mais aussi pour des manifestations "récréatives" et "culturelles". Le texte a été retouché par le gouvernement après l'avis de la Cnil (commission nationale informatiques et libertés) et du Conseil d'Etat.

A la reprise de la séance en soirée, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, est venu défendre cette mesure, expliquant qu'il était important de "développer un cadre français" après qu'un peu plus tôt Amélie Oudéa-Castéra a redit que le gouvernement "ne voulait pas de la reconnaissance faciale pour les JO".

Marc-Philippe Daubresse (LR) a indiqué mardi qu'il déposerait une proposition de loi sur le sujet.

L'article a été voté par 243 pour et 27 contre.

Le ministre de l'Intérieur a aussi défendu la mesure permettant de "cribler" les personnes intervenant dans les fan zones (les soumettre à une enquête administrative) car sinon "nous laisserions un énorme champs d'action aux terroristes". Un amendement LR visant à pouvoir cribler les "intérimaires" a été adopté.

Autre mesure sécurité: les scanners corporels, qui pourraient venir un peu supplanter le manque d'agents de sécurité privée, et notamment de femmes, que tout le monde anticipe. Et "ce avant d'en venir à l'armée", a réagi M. Darmanin, alors qu'un amendement de David Assouline (PS) sur le sujet avait été déposé.

Autre sujet délicat: des tests génétiques afin de se conformer aux standards mondiaux de l'antidopage. Après avoir prévu un distinguo en commission, le Sénat a finalement adopté un amendement de la rapporteure LR Agnes Canayer visant à "pérenniser l'ensemble des tests génétiques dans le code du sport, sans passer par la phase d'expérimentation".

Il s'agit de vérifier qu'il n'y ait pas de dopage génétique (thérapie génique, ARN messager, édition génique) mais aussi de transfusion ou de substitution d'échantillon.

La possibilité de dérogation à l'ouverture des commerces le dimanche entre juin et septembre 2024 aussi été votée. Plusieurs amendements notamment PS et PCF pour réduire la période de dérogation de quatre mois ont été retoqués.

Le texte renforce aussi les sanctions en cas d'intrusion dans une enceinte sportive.

Un vote solennel est prévu le 31 janvier.


Le chef de la diplomatie française annonce "une nouvelle phase" des relations avec Alger

Cette photo diffusée par le ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères (MEAE) montre le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (G) reçu par le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf (D) au siège du ministère à Alger, le 6 avril 2025. (Photo Philemon HENRY / MINISTÈRE DE L'EUROPE ET DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA FRANCE / AFP)
Cette photo diffusée par le ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères (MEAE) montre le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (G) reçu par le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf (D) au siège du ministère à Alger, le 6 avril 2025. (Photo Philemon HENRY / MINISTÈRE DE L'EUROPE ET DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA FRANCE / AFP)
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  • « Avec le président Abdelmadjid Tebboune, nous avons exprimé la volonté partagée de tourner la page, d'entamer une nouvelle phase et de reconstruire un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé », a déclaré M. Barrot
  • M. Barrot, a annoncé une « réactivation de l'ensemble des mécanismes de coopération » et la « reprise de nos relations normales ».

ALGER : Dimanche, lors d'une visite à Alger, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a annoncé « une nouvelle phase » pour les relations entre la France et l'Algérie, après huit mois d'une crise qui a mené les deux pays au bord de la rupture.

« Avec le président Abdelmadjid Tebboune, nous avons exprimé la volonté partagée de tourner la page, d'entamer une nouvelle phase et de reconstruire un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé », a déclaré M. Barrot à l'issue d'un entretien de 2 h 30 avec le chef de l'État algérien. 

« La France souhaite tourner la page des tensions actuelles, dans un souci d'efficacité et de résultats », a expliqué M. Barrot, annonçant une « réactivation de l'ensemble des mécanismes de coopération » et la « reprise de nos relations normales ».

La période de tension inédite traversée ces derniers mois « ne sert ni les intérêts des Algériens ni ceux des Français », a-t-il estimé.

Selon M. Barrot, tous les sujets ont été mis sur la table lors d'une réunion de 1 h 45 avec son homologue Ahmed Attaf, l'idée étant de retrouver la dynamique et l'ambition fixées par MM. Macron et Tebboune en août 2022 lors de la visite du président français à Alger.

Le ministre a annoncé « tout d'abord » une reprise de la coopération sécuritaire, avec une réunion « déjà actée » des hauts responsables des services de renseignement. « Nous aurons, a-t-il ajouté, un dialogue stratégique sur le Sahel », où l'Algérie est limitrophe du Mali et du Niger. Les deux pays sont également préoccupés par le retour de djihadistes de Syrie.

Autre sujet de préoccupation pour la France : l'acceptation par Alger des ressortissants renvoyés ou expulsés de France. Le traitement de questions comme les visas et les réadmissions se fera « dans le cadre des accords existants, via des procédures normales », a indiqué M. Barrot, annonçant « une rencontre prochaine » entre préfets français et consuls algériens.

Sur le plan économique, face aux difficultés rencontrées par une partie des 6 000 entreprises françaises implantées en Algérie, notamment dans les secteurs de l'agroalimentaire, de l'automobile et du transport maritime, M. Tebboune a assuré vouloir « donner une nouvelle impulsion ». M. Barrot a également annoncé une réunion entre les patronats des deux pays le 9 mai à Paris.

M. Barrot a évoqué le sort de Boualem Sansal », appelant le président Tebboune à « un geste d'humanité » pour l'écrivain « au vu de son âge et de son état de santé ». L'essayiste et romancier de plus de 80 ans, atteint d'un cancer, a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison.

Le parquet algérien, qui avait requis 10 ans de prison, a fait appel. Selon des avocats à Alger, une réduction de peine et éventuellement une grâce présidentielle permettraient sa libération anticipée.

« Les relations reprennent leur cours normal, sans avoir besoin de déclarer un vainqueur dans cette brouille diplomatique », tout en démontrant « l'impossibilité d'une rupture entre l'Algérie et la France » voulue par l'extrême droite française, estime le journal algérien L'Expression. 


LFI ne votera pas «une loi de confort» sur l'inéligibilité de Le Pen

La France insoumise ne votera pas une proposition de loi pour supprimer l'exécution provisoire d'une condamnation d'inéligibilité, son coordinateur Manuel Bompard estimant que Marine Le Pen n'avait plus de raison "de se plaindre" après avoir obtenu un appel rapidement. (AFP)
La France insoumise ne votera pas une proposition de loi pour supprimer l'exécution provisoire d'une condamnation d'inéligibilité, son coordinateur Manuel Bompard estimant que Marine Le Pen n'avait plus de raison "de se plaindre" après avoir obtenu un appel rapidement. (AFP)
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  • Jean-Luc Mélenchon avait semé le doute sur les intentions de LFI en disant son opposition aux mesures exécutoires et en estimant que "la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple" après la condamnation choc de Marine Le Pen
  • La France insoumise ne votera pas une proposition de loi pour supprimer l'exécution provisoire d'une condamnation d'inéligibilité

PARIS: La France insoumise ne votera pas une proposition de loi pour supprimer l'exécution provisoire d'une condamnation d'inéligibilité, son coordinateur Manuel Bompard estimant que Marine Le Pen n'avait plus de raison "de se plaindre" après avoir obtenu un appel rapidement.

"C'est une loi de confort. Je n'ai certainement pas l'intention de voter pour une loi Marine Le Pen", a déclaré M. Bompard sur Franceinfo en allusion à la proposition de loi qu'Eric Ciotti entend déposer pour supprimer les peines d'inéligibilité immédiate, comme celle infligée à Marine Le Pen.

Jean-Luc Mélenchon avait semé le doute sur les intentions de LFI en disant son opposition aux mesures exécutoires et en estimant que "la décision de destituer un élu devrait revenir au peuple" après la condamnation choc de Marine Le Pen à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec effet immédiat.

"Nous avons dit +c'est une décision suffisamment lourde qui a des conséquences importantes pour la démocratie et donc on trouve légitime qu'elle puisse donner lieu à un appel, y compris du point de vue de la peine d'inéligibilité+", a expliqué M. Bompard.

"D'un certain point de vue, cette exigence est satisfaite aujourd'hui puisqu'il va y avoir un appel dans un an. Je ne comprends pas pourquoi Madame Le Pen continue à se plaindre sur ce sujet d'ailleurs", a-t-il ajouté.

Le RN est assez isolé sur ce sujet, a-t-il relevé. "La preuve, c'est quand même que le rassemblement d'hier qui devait être un élément de démonstration de force pour montrer que Madame Le Pen a eu un soutien populaire a été un gros flop", a-t-il estimé.

Selon le RN, quelque 10.000 sympathisants étaient présents place Vauban devant les Invalides mais selon une source policière ils étaient moins de 7.000 sur cette place qui était loin d'être remplie.

La contre-manifestation, appelée par LFI et les écologistes, n'a pas attiré les foules non plus.

"Ce n'est pas tout à fait la même chose pour une manifestation appelée depuis une semaine avec les bus du RN pour essayer de faire une grande démonstration de force et pour une réponse qui a été appelée en quelques jours", a-t-il répondu.

M. Bompard a donné rendez-vous au 1er mai pour "une réponse puissante avec des centaines de milliers de personnes dans la rue"


En France, un rassemblement en soutien à Marine Le Pen se tient dans un climat de tensions

Des représentants du parti, dont Franck Allisio (3eL), Emmanuel Fouquart (2eL), Romain Tonussi (5eL), tiennent une banderole lors d'un rassemblement de soutien à la présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national, Marine Le Pen, après sa condamnation pour un système d'emplois fictifs au Parlement européen, à Marseille, le 5 avril 2025. (Photo Clement MAHOUDEAU / AFP)
Des représentants du parti, dont Franck Allisio (3eL), Emmanuel Fouquart (2eL), Romain Tonussi (5eL), tiennent une banderole lors d'un rassemblement de soutien à la présidente du groupe parlementaire du Rassemblement national, Marine Le Pen, après sa condamnation pour un système d'emplois fictifs au Parlement européen, à Marseille, le 5 avril 2025. (Photo Clement MAHOUDEAU / AFP)
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PARIS : Alors que la France s'approche à grands pas de l'élection présidentielle, l'extrême droite organise dimanche à Paris un rassemblement de soutien à sa cheffe de file, Marine Le Pen, condamnée à une peine d'inéligibilité, dans un climat de tensions avec des contre-manifestations attendues dans la capitale.

Dans un contexte international marqué par des crises - conflit russo-ukrainien, Proche-Orient, guerre commerciale lancée par Donald Trump -, et une crise politique latente en France, le pays a subi la semaine dernière une très forte secousse judiciaire et politique.

La lourde condamnation en première instance du premier parti de France, le Rassemblement national (RN), dans l'affaire des assistants parlementaires européens pour détournement de fonds publics, et l'hypothèse sérieuse de l'inéligibilité de Marine Le Pen, l'une des favorites pour la prochaine présidentielle, ont mis la classe politique en tension, alors que nous approchons de l'échéance prévue pour la succession d'Emmanuel Macron. 

D'ici là, à l'été 2026, la cour d'appel de Paris doit se prononcer sur le sort de la triple candidate à l'élection présidentielle, condamnée en première instance à quatre ans de prison dont deux ferme, ainsi qu'à cinq ans d'inéligibilité avec exécution provisoire.

La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale ne compte pas pour autant renoncer d'emblée et passer le flambeau au président de son parti, Jordan Bardella.

Au contraire, le parti d'extrême droite est à l'offensive : il a dénoncé des « juges tyrans » à l'Assemblée nationale selon les mots du député RN Jean-Philippe Tanguy et appelle à un rassemblement de soutien à Mme Le Pen devant les Invalides, un monument emblématique de Paris qui abrite le tombeau de Napoléon, à 13 heures GMT. 

Dans le journal Le Parisien, le Premier ministre centriste François Bayrou a jugé qu'il n'était « ni sain ni souhaitable » d'organiser un rassemblement pour protester contre une décision de justice.

Même son de cloche à droite : Xavier Bertrand, le président de droite de la région des Hauts-de-France, terre d'élection de Mme Le Pen, redoute la perspective d'un « mauvais remake du Capitole », en référence à l'envahissement du Congrès de Washington par les partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021.

« Ce n'est pas une manifestation contre des juges, mais pour la démocratie, pour Marine Le Pen, pour la souveraineté populaire », a rétorqué Sébastien Chenu, vice-président du RN.

Le parti de gauche radicale La France Insoumise (LFI) ainsi que les écologistes organiseront au même moment un contre-rassemblement face au RN, place de la République à Paris, à environ 5 kilomètres des Invalides.

Un autre meeting, prévu depuis des mois, se tiendra à Saint-Denis, au nord de Paris, à l'appel de Renaissance, le parti centriste proche du camp présidentiel.

Gabriel Attal, l'ancien jeune Premier ministre qui dirige cette formation, a battu le rappel après l'annonce du rassemblement du RN, pour défendre « l’État de droit », « la démocratie et nos valeurs ».

« Est-ce que l'on veut que la France devienne l'Amérique de Trump ou pas ? », s'est interrogé un proche de M. Attal.