L'armée israélienne affirme se trouver «au coeur» de la ville de Gaza

Des véhicules blindés de l'armée israélienne sont stationnés le long de la frontière dans le sud d'Israël, en face de la bande de Gaza, le 8 novembre 2023, au milieu des combats en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (AFP)
Des véhicules blindés de l'armée israélienne sont stationnés le long de la frontière dans le sud d'Israël, en face de la bande de Gaza, le 8 novembre 2023, au milieu des combats en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (AFP)
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Publié le Mercredi 08 novembre 2023

L'armée israélienne affirme se trouver «au coeur» de la ville de Gaza

  • Dans une allocution télévisée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a répété qu'il n'y aurait pas de cessez-le-feu tant que les otages aux mains du Hamas n'auront pas été libérés
  • Les 2,4 millions de Palestiniens, piégés dans le territoire de 362 km2, sont soumis depuis le 9 octobre à un siège total qui les prive de livraisons d'eau, d'électricité et de nourriture, après plus de 16 ans de blocus israélien

JÉRUSALEM: Israël a affirmé que ses troupes se trouvent désormais "au coeur" de la ville de Gaza, où les combats se sont intensifiés ces derniers jours, après un mois d'une guerre meurtrière déclenchée par l'attaque du Hamas sur son territoire.

"Nous sommes au cœur de la ville de Gaza", a déclaré mardi soir à la presse le ministre de la Défense Yoav Gallant, soulignant la détermination d'Israël à "détruire le Hamas".

Dans une allocution télévisée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a répété qu'il n'y aurait pas de cessez-le-feu tant que les otages aux mains du Hamas n'auront pas été libérés, tandis que son pays se recueillait dans le silence, la prière et les larmes en hommage aux victimes de l'attaque du mouvement palestinien le 7 octobre qui a traumatisé le pays.

"Les atrocités ont laissé une cicatrice terrible, des traumatismes au niveau personnel mais aussi au niveau national", a dit Asher Cohen, le président de l'université hébraïque de Jérusalem, dont plusieurs diplômés ont été tués.

Au moins 1 400 personnes sont mortes côté israélien, en majorité des civils tués le jour même de l’attaque du Hamas, la plus meurtrière de l'histoire d'Israël, selon les autorités israéliennes, qui ont aussi dénombré plus de 240 otages enlevés.

Côté palestinien, le désespoir est prégnant après un mois de bombardements ininterrompus, malgré les appels au cessez-le-feu répétés de l'ONU, d'ONG et de dirigeants du monde arabe et d'autres pays.

"Arrêtez cette guerre injuste (...). Ils prennent pour cible des civils dans leurs maisons. Arrêtez cette machine à détruire. Sauvez-nous", a imploré mardi Hicham Koulab, un déplacé palestinien, rattrapé par les bombardements à Rafah, dans le sud du territoire.

Plus de 10 300 personnes, en majorité des civils, dont 4 237 enfants, ont péri à Gaza depuis le 7 octobre, selon le bilan mardi du ministère de la Santé du Hamas, et le territoire en état de siège compte plus de 1,5 million de déplacés internes, dans des conditions très précaires.

Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a déploré que Gaza soit devenu "un cimetière pour les enfants".

Mais l'idée d'un cessez-le-feu a aussi été rejetée par les Etats-Unis, proches alliés d'Israël, qui insistent sur "le droit d'Israël à se défendre" tout en préconisant des "pauses humanitaires".

Convoi du CICR visé 

Alors qu'Israël s'est retiré unilatéralement de Gaza en 2005 après 38 ans d'occupation, M. Netanyahu a affirmé à la chaîne américaine ABC News lundi soir que son pays prendrait, "pour une durée indéterminée, la responsabilité générale de la sécurité" dans le territoire palestinien pour empêcher un retour du Hamas, organisation qualifiée de "terroriste" par les Etats-Unis et l'Union européenne.

"De façon générale, nous ne soutenons pas une réoccupation de Gaza", a réagi Washington.

"Selon nous, les Palestiniens doivent être au centre de ces décisions. Gaza est un territoire palestinien et restera un territoire palestinien", a ajouté le porte-parole du département d'Etat américain, Vedant Patel.

Mardi, Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé la mort d'un de ses membres à Gaza, tué lors d'un bombardement sur le camp de réfugiés de al-Chati.

L'ONG a souligné qu'un cessez-le-feu était une "condition sine qua non" pour pouvoir organiser une réponse humanitaire.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a appelé les parties à mettre fin aux souffrances des civils, déplorant une "faillite morale".

Cette organisation a annoncé mardi qu'un de ses convois d'aide humanitaire vers l'hôpital al-Quds du Croissant-Rouge palestinien avait été ciblé par des tirs, dont il n'a pas précisé la provenance.

"Ce ne sont pas des conditions dans lesquelles le personnel humanitaire peut travailler", a déclaré William Schomburg, responsable local de l'organisation. Des dizaines de travailleurs humanitaires et de médecins ont déjà péri dans le conflit.

Pas d'endroit sûr

L'armée israélienne a dit mardi avoir "sécurisé un bastion militaire du Hamas (...) saisissant missiles, lanceurs antichars, armes et divers matériels de renseignement", et avoir détruit des "tunnels du Hamas".

Les 2,4 millions de Palestiniens, piégés dans le territoire de 362 km2, sont soumis depuis le 9 octobre à un siège total qui les prive de livraisons d'eau, d'électricité et de nourriture, après plus de 16 ans de blocus israélien.

L'armée israélienne a multiplié les appels aux habitants de Gaza à quitter le nord de la bande de Gaza pour se réfugier au sud, plus sûr selon elle. Mais les bombardements israéliens continuent de toucher aussi cette partie du territoire.

"Les Juifs (Israéliens) disent d'aller en lieu sûr. Il n'y a pas d'endroit sûr dans la bande de Gaza", s'est insurgé Bilal Loubad, un déplacé palestinien à Rafah, parmi des personnes se recueillant autour des dépouilles de proches tués dans une frappe.

Mardi, des milliers d'habitants dont des enfants ont pris la route à pied vers le sud, certains arborant des drapeaux blancs, devant des chars israéliens.

"Je ne pensais que ce serait si long", témoigne Amira Al-Sakani au terme de son périple vers le sud, en serrant dans ses bras l'un de ses enfants en bas âge. Elle dit avoir vu "des corps" sur le chemin, "certains en morceaux".

Selon le porte-parole du ministère de la Santé à Gaza, des "dizaines" de corps et de personnes blessées se trouvent toujours sur les routes entre le nord et le sud de la bande de Gaza, et Israël "ne laisse pas les ambulances les (...) évacuer".

"L'erreur de sa vie"

Des centaines de personnes, détentrices de passeports étrangers, ont encore attendu mardi au poste-frontière de Rafah, seul point de passage de la bande de Gaza non contrôlé par Israël, d'être évacuées vers l'Egypte, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des arrivées côté égyptien ont été observées par l'AFP, notamment une femme palestinienne blessée transférée dans une ambulance égyptienne.

Des dizaines de blessés palestiniens et des centaines de détenteurs de passeports étrangers avaient été déjà évacués entre le 1er et le 3 octobre, avant que le poste ne soit temporairement refermé.

La communauté internationale craint une extension du conflit. Les échanges de tirs continuent à la frontière israélo-libanaise, entre l'armée israélienne d'une part, et le Hezbollah allié du Hamas.

M. Netanyahu a prévenu mardi soir que le Hezbollah ferait "l'erreur de sa vie" s'il entrait de plain-pied à la guerre.

Les violences se sont également multipliées en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où plus de 150 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, d'après l'Autorité palestinienne.


Trêve à Gaza : le médiateur qatari évoque une « fenêtre d'opportunité »

Cette image tirée d'une vidéo de l'AFPTV montre le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, Majed al-Ansari, s'exprimant lors d'une conférence de presse à Doha le 17 juin 2025. (Photo de Jacqueline PENNEY / AFPTV / AFP)
Cette image tirée d'une vidéo de l'AFPTV montre le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, Majed al-Ansari, s'exprimant lors d'une conférence de presse à Doha le 17 juin 2025. (Photo de Jacqueline PENNEY / AFPTV / AFP)
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  • Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, a précisé que Doha et les autres médiateurs à Washington et au Caire veulent relancer les pourparlers sur Gaza.
  • M. Al-Ansari a expliqué qu'il n'y avait pas de cycle de négociations en cours entre les parties, mais que le Qatar était « fortement impliqué dans les discussions avec chaque partie séparément ».

DOHA : Le Qatar, pays médiateur entre Israël et le Hamas dans la guerre à Gaza, a évoqué une « fenêtre d'opportunité » créée par le cessez-le-feu entre l'Iran et Israël, en vue de parvenir à une trêve dans le territoire palestinien.

Dans un entretien accordé à l'AFP vendredi, Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, a précisé que Doha et les autres médiateurs à Washington et au Caire s'efforcent à présent « d'utiliser l'élan créé par le cessez-le-feu entre l'Iran et Israël pour relancer les pourparlers sur Gaza ».

« Si nous ne profitons pas de cette fenêtre d'opportunité et de cet élan, ce sera une occasion perdue de plus dans un passé récent. Nous ne voulons pas que cela se reproduise », a déclaré le porte-parole, qui est également conseiller du Premier ministre du Qatar. 

Le président américain Donald Trump a assuré vendredi qu'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza était « proche » et pourrait intervenir dès « la semaine prochaine » pour mettre fin à la guerre dévastatrice qui fait rage depuis plus de 20 mois dans ce territoire palestinien.

M. Al-Ansari a expliqué qu'il n'y avait pas de cycle de négociations en cours entre les parties, mais que le Qatar était « fortement impliqué dans les discussions avec chaque partie séparément ».

Les médiateurs sont engagés depuis des mois dans des négociations avec Israël et le Hamas pour mettre fin à ce conflit. 

« Nous avons vu la pression américaine et ce qu'elle peut accomplir », a déclaré M. Ansari en faisant référence à la trêve de janvier qui avait permis la libération de dizaines d'otages détenus par le Hamas en échange de centaines de prisonniers palestiniens.

Dans le contexte de l'intervention des États-Unis pour un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran, il n'est pas « farfelu » selon lui de penser que les pressions exercées par Washington pourraient permettre d'obtenir une nouvelle trêve à Gaza.

« Nous travaillons très étroitement avec eux pour nous assurer que la communauté internationale, et en particulier les États-Unis, exercent la pression nécessaire pour que les deux parties s'assoient à la table des négociations », a déclaré M. Ansari. 

Concernant l'attaque iranienne contre une base militaire américaine située au Qatar lundi dernier, M. Ansari a déclaré que, tandis que les dirigeants du Qatar réfléchissaient à la réaction à apporter à cette attaque sur leur sol, le président américain avait téléphoné à l'émir du Qatar pour lui annoncer : « Il y a une possibilité de stabilité régionale (...) et Israël a accepté un cessez-le-feu. »

« Le Qatar aurait pu décider d'une escalade », a déclaré M. Ansari, avant d'ajouter : « Mais parce qu'il y avait une chance de paix, nous avons opté pour cette solution. »


Liban: une femme tuée et 11 blessés dans une frappe israélienne dans le sud

De la fumée s'élève après des frappes aériennes israéliennes près de Nabatieh, dans le sud du Liban, le 27 juin 2025. (AFP)
De la fumée s'élève après des frappes aériennes israéliennes près de Nabatieh, dans le sud du Liban, le 27 juin 2025. (AFP)
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  • L'armée israélienne bombarde régulièrement le Liban, surtout le sud frontalier d'Israël, en dépit d'un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre

BEYROUTH: Le ministère libanais de la Santé a indiqué qu'une femme avait été tuée et que 11 autres personnes avaient été blessées vendredi dans une frappe israélienne visant le sud du pays, malgré un cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste Hezbollah.

"Une femme a été tuée et 11 personnes blessées dans une frappe de l'ennemi israélien visant un appartement à Nabatiyé", selon un bilan provisoire du ministère, publié par l'agence de presse officielle libanaise Ani.

Israël a mené vendredi de nouveaux raids aériens sur le sud du Liban, malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis sept mois, a indiqué un média d'Etat libanais, l'armée israélienne disant viser un site souterrain du Hezbollah que le mouvement pro-iranien tentait de "réhabiliter".

Des avions de chasse israéliens ont lancé une "violente offensive aérienne de grande ampleur", a rapporté l'agence de presse officielle libanaise, Ani, évoquant une série de raids sur plusieurs positions, au cours desquels des missiles ont été largués, provoquant des explosions assourdissantes.

"Des avions de chasse de l’armée de l’air israélienne ont frappé un site utilisé par l’organisation terroriste Hezbollah pour gérer son dispositif de tirs et de défense dans la région du Beaufort, dans le sud du Liban", a déclaré l'armée israélienne dans un communiqué.

Le site visé "fait partie d’un important projet souterrain qui avait été totalement mis hors service à la suite de frappes israéliennes", a ajouté l'armée israélienne, affirmant qu'elle "avait identifié des tentatives de réhabilitation entreprises par le Hezbollah, et a ciblé des infrastructures terroristes dans la zone".

"La présence de ce site et les tentatives de le réhabiliter constituent une violation flagrante des accords conclus entre Israël et le Liban", a estimé l'armée.

L'armée israélienne bombarde régulièrement le Liban, surtout le sud frontalier d'Israël, en dépit d'un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah.

Jeudi, deux personnes ont été tuées dans des frappes israéliennes sur le sud, où l'armée a dit avoir ciblé des membres du Hezbollah.

Mardi, le ministère de la Santé avait annoncé la mort de trois personnes dans une frappe israélienne ayant visé un véhicule dans le district de Nabatiyé, dans le sud.

L’armée israélienne avait alors affirmé avoir tué le directeur d’une société de change accusé de transférer des fonds pour le Hezbollah.


Gaza: l'OMS annonce avoir effectué sa première livraison de fournitures médicales depuis le 2 mars

Des volontaires de familles palestiniennes organisées en comités pour empêcher les vols, gardent des camions transportant de l'aide alors qu'ils entrent dans la bande de Gaza depuis le point de passage de Zikim contrôlé par Israël, à l'ouest de Beit Lahia dans le nord du territoire palestinien assiégé, le 25 juin 2025. (AFP)
Des volontaires de familles palestiniennes organisées en comités pour empêcher les vols, gardent des camions transportant de l'aide alors qu'ils entrent dans la bande de Gaza depuis le point de passage de Zikim contrôlé par Israël, à l'ouest de Beit Lahia dans le nord du territoire palestinien assiégé, le 25 juin 2025. (AFP)
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  • "Hier, l'OMS a livré sa première cargaison médicale à Gaza depuis le 2 mars - 9 camions transportant des fournitures médicales essentielles, 2.000 unités de sang et 1.500 unités de plasma", a indiqué jeudi le chef de l'Organisation mondiale de la santé
  • L'OMS appelle "à l'acheminement immédiat, sans entrave et durable de l'aide sanitaire à Gaza par toutes les voies possibles"

GENEVE: L'OMS a annoncé avoir effectué mercredi à Gaza sa première livraison de fournitures médicales depuis le 2 mars, date à laquelle Israël a imposé un blocus sur le territoire palestinien, partiellement allégé depuis le 19 mai.

"Hier, l'OMS a livré sa première cargaison médicale à Gaza depuis le 2 mars - 9 camions transportant des fournitures médicales essentielles, 2.000 unités de sang et 1.500 unités de plasma", a indiqué jeudi le chef de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur le réseau social X.

"Ces fournitures médicales ne sont qu'une goutte d'eau dans l'océan. Une aide à grande échelle est essentielle pour sauver des vies", a-t-il ajouté.

L'OMS appelle "à l'acheminement immédiat, sans entrave et durable de l'aide sanitaire à Gaza par toutes les voies possibles".

"Les fournitures seront distribuées aux hôpitaux prioritaires dans les prochains jours. Le sang et le plasma ont été livrés à l'entrepôt frigorifique du complexe médical Nasser en vue d'être distribués aux hôpitaux confrontés à de graves pénuries", a expliqué M. Tedros.

Selon le chef de l'OMS, les fournitures médicales ont été transportées dans Gaza depuis le point de passage de Kerem Shalom, "sans aucun pillage, malgré les conditions à haut risque le long de la route".

Quatre camions de l'OMS sont toujours à Kerem Shalom et d'autres sont en route pour Gaza.

En riposte à l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, le gouvernement israélien a juré de détruire le mouvement islamiste.

L'armée israélienne a lancé une offensive à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé la quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants et provoqué un désastre humanitaire.

Selon des ONG et l'ONU, les plus de deux millions de Gazaouis vivent dans des conditions proches de la famine en raison des restrictions imposées par Israël.

Des Palestiniens sont en outre tués quasi-quotidiennement en allant chercher l'aide humanitaire dans des sites de distribution, selon la Défense civile locale.