Dix ans après l'attaque anti-américaine de Benghazi, la Libye toujours dans le chaos

Le stagiaire Chris Jobson et l'assistant de presse Isaiah Calvin du Sénat Democratic Media Center signent un livre de condoléances pour l'ambassadeur américain Chris Stevens au Capitole, le 14 septembre 2012 à Washington. (Photo, AFP)
Le stagiaire Chris Jobson et l'assistant de presse Isaiah Calvin du Sénat Democratic Media Center signent un livre de condoléances pour l'ambassadeur américain Chris Stevens au Capitole, le 14 septembre 2012 à Washington. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 11 septembre 2022

Dix ans après l'attaque anti-américaine de Benghazi, la Libye toujours dans le chaos

Le stagiaire Chris Jobson et l'assistant de presse Isaiah Calvin du Sénat Democratic Media Center signent un livre de condoléances pour l'ambassadeur américain Chris Stevens au Capitole, le 14 septembre 2012 à Washington. (Photo, AFP)
  • Le 11 septembre 2012, en pleine guerre civile en Libye, une vingtaine d'hommes armés pénètrent dans le complexe diplomatique à Benghazi (est) avant d'incendier la villa où se trouvaient l'ambassadeur américain Chris Stevens
  • L'assaut, mené onze ans jour pour jour après les attentats du 11-Septembre, provoque un choc aux Etats-Unis: aucun ambassadeur américain n'avait été tué depuis 1979

TRIPOLI: Dix ans après la mort de l'ambassadeur américain en Libye lors d'une attaque à Benghazi, Washington tente de peser sur un règlement politique dans le pays toujours en proie au chaos, après s'être mis en retrait. 

Le 11 septembre 2012, en pleine guerre civile en Libye, une vingtaine d'hommes armés pénètrent dans le complexe diplomatique à Benghazi (est) avant d'incendier la villa où se trouvaient l'ambassadeur américain Chris Stevens et un employé, Sean Smith. Tous deux meurent asphyxiés. 

Les assaillants tirent ensuite au mortier sur un bâtiment utilisé par l'agence de renseignement CIA dans un autre quartier de Benghazi, tuant deux anciens membres des Navy Seals, une force d'élite. 

L'assaut, mené onze ans jour pour jour après les attentats du 11-Septembre, provoque un choc aux Etats-Unis: aucun ambassadeur américain n'avait été tué depuis 1979. Plusieurs branches du gouvernement américain se voient reprocher failles et négligences, notamment le département d'Etat alors dirigé par Hillary Clinton 

Deux ans après l'attaque et dans un contexte de violents affrontements à Tripoli, les Etats-Unis, à l'instar de nombreux autres pays, ont fermé leur ambassade en Libye en 2014 et ne l'ont pas rouverte depuis. 

Ce vide diplomatique et un désengagement du dossier libyen sous l'administration de Donald Trump (2017-2021) y ont laissé les coudées franches à d'autres acteurs, notamment la Russie, l'Egypte et les Emirats, soutiens du camp de l'Est, et la Turquie, alliée du gouvernement de Tripoli. 

« Influence » 

Mais cela n'a pas empêché Washington d'exercer, "à maintes reprises après 2012, une influence cruciale sur le dossier libyen", décrypte le chercheur et analyste Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye. 

"Il y a eu des moments plutôt positifs comme l'accord (sur un gouvernement d'union libyen) conclu sous l'égide de l'ONU à Skhirat (Maroc), en 2015, sur lequel les Américains avaient beaucoup travaillé", affirme-t-il. 

Mais il y aussi eu des "moments plus sombres" lorsque Donald Trump avait soutenu l'homme fort de l'Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar alors qu'il venait de lancer une offensive pour conquérir Tripoli en 2019, ajoute l'expert. 

Deux Libyens capturés par les forces américaines en Libye et jugés aux Etats-Unis, Moustafa al-Imam et Abou Khattala, ont été condamné à respectivement 19 et 22 ans de prison en lien avec l'attaque de Benghazi. 

L'assaut était survenu presque un an après la chute du régime de l'ex-dictateur Mouammar Kadhafi, emporté par une révolte appuyée par une intervention internationale controversée sous l'égide de l'Otan, plongeant le pays dans un chaos politique et sécuritaire qui perdure, avec des pouvoirs rivaux dans l'est et l'ouest. 

Si de nombreuses chancelleries ont fait leur retour l'an dernier à Tripoli à la faveur d'une sensible amélioration de la situation sur le terrain, l'ambassade américaine travaille toujours depuis Tunis et l'ambassadeur Richard Norland n'effectue que des rares visites dans la capitale libyenne. 

Pétrole 

Deux gouvernements se disputent le pouvoir depuis mars en Libye: l'un basé à Tripoli et dirigé par Abdelhamid Dbeibah depuis 2021 et un autre conduit par Fathi Bachagha et soutenu par le camp du maréchal Khalifa Haftar. 

Des combats ont opposé des milices rivales fin août à Tripoli, faisant 32 morts et 159 blessés, selon un bilan du ministère de la Santé. 

Selon une source diplomatique européenne à Tripoli, le maintien de la production pétrolière libyenne à l'abri des turbulences politiques semble être actuellement la principale préoccupation américaine, même si M. Norland ne cesse aussi d'appeler à la tenue d'élections dans le pays, le report des scrutins prévus en décembre 2021 ayant aggravé la crise entre camps rivaux. 

M. Norland avait mis en garde en juin les protagonistes rivaux en Libye contre l'utilisation du pétrole "comme arme" dans leurs querelles politiques. 

La production pétrolière en Libye a atteint fin juillet 1,2 million de barils par jour, soit sa moyenne quotidienne d'avant un blocus pétrolier imposé entre mi-avril à mi-juillet par des groupes proches du camp de l'Est. 

"Il incombe à tous les acteurs externes et internes de se diriger vers des élections présidentielle et parlementaires dès que possible", a déclaré mercredi M. Norland, cité par l'ambassade américaine. 


Aux confins de Gaza, Macron appelle à une reprise rapide de l'aide humanitaire

Accueilli à al-Arich par son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, M. Macron a également condamné "avec force" les attaques visant les humanitaires et secouristes dans la bande de Gaza, deux semaines après la mort de secouristes tués par des tirs israéliens dans le territoire palestinien. (AFP)
Accueilli à al-Arich par son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, M. Macron a également condamné "avec force" les attaques visant les humanitaires et secouristes dans la bande de Gaza, deux semaines après la mort de secouristes tués par des tirs israéliens dans le territoire palestinien. (AFP)
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  • "La situation aujourd'hui est intenable et elle n'a jamais été aussi grave", a déclaré le président français, appelant "à une reprise le plus rapidement possible de l'aide humanitaire"
  • La quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés au moins une fois par les combats et vivent dans un territoire dévasté et assiégé depuis le début de la guerre

AL-ARISH: Emmanuel Macron a affirmé mardi que la reprise de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza était "la priorité des priorités", lors d'une visite à al-Arich, avant-poste égyptien du soutien humanitaire à Gaza où la situation est "intenable, selon le président français.

Cette rare visite d'un dirigeant européen aux confins de la bande de Gaza intervient dans un contexte tendu, alors que Israël a repris ses opérations militaires le 18 mars après deux mois de trêve. Israël bloque par ailleurs depuis le 2 mars l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza.

"La situation aujourd'hui est intenable et elle n'a jamais été aussi grave", a déclaré le président français, appelant "à une reprise le plus rapidement possible de l'aide humanitaire", "la priorité des priorités", selon lui.

La quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza ont été déplacés au moins une fois par les combats et vivent dans un territoire dévasté et assiégé depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Accueilli à al-Arich par son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, M. Macron a également condamné "avec force" les attaques visant les humanitaires et secouristes dans la bande de Gaza, deux semaines après la mort de secouristes tués par des tirs israéliens dans le territoire palestinien.

"Nous condamnons évidemment avec force ces attaques, et il faut qu'ensuite la vérité soit établie comme il se doit,  parce que le monde a des règles, et c'est une bonne chose", a-t-il déclaré.

Le 23 mars, 15 personnes ont été tuées par des tirs israéliens sur des ambulances à Rafah, point de passage entre l'Egypte et Gaza à 50 km d'al-Arich, selon l'ONU et le Croissant-rouge palestinien. Le drame suscite un tollé international et le chef de l'armée israélienne a ordonné lundi une "enquête plus approfondie".

"Pas un projet immobilier" 

"La protection des civils et du personnel humanitaire ainsi qu'un plein accès de l'aide humanitaire constituent des obligations en vertu du droit international et du droit international humanitaire et doivent être respectées", avaient déjà plaidé lundi au Caire les présidents Macron et al-Sissi ainsi que le roi Abdallah II de Jordanie, dans une déclaration conjointe.

Ils ont aussi "appelé à un retour immédiat au cessez-le-feu pour que les Palestiniens soient protégés et reçoivent de l'aide humanitaire en quantité et dans les plus brefs délais".

Un message réitéré de vive voix à Donald Trump dans un appel téléphonique à quatre, juste avant que le président américain ne reçoive le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à la Maison Blanche.

Interrogé mardi lors d'un point de presse à al-Arich sur les déclarations de Donald Trump, qui avait évoqué une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la "Riviera du Moyen-Orient", M. Macron a répondu que le territoire palestinien n'était "pas un projet immobilier".

"La réalité, c'est que vous avez 2 millions de personnes qui sont enfermées (...)  Après des mois et des mois de bombardements d'une guerre terrible, des dizaines de milliers de personnes ont perdu la vie. Vous avez des dizaines de milliers d'enfants qui sont mutilés sans famille. C'est ça dont on parle quand on parle de Gaza. C'est pas d'un projet immobilier", a souligné M. Macron.

Depuis octobre 2023, plus de 330 travailleurs humanitaires, la plupart d'entre eux appartenant à l'Unrwa, l'agence des Nations unies d'aide aux réfugiés palestiniens, ont été tués dans la bande de Gaza, selon les données de l'ONU datant de novembre.


L'angoisse de familles d'otages à Gaza après la reprise des frappes israéliennes

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son gouvernement soutiennent, contre l'avis de la plupart des familles et proches d'otages, qu'une pression militaire accrue est le seul moyen de forcer le Hamas à rendre les otages, morts ou vivants, encore captifs dans Gaza. (AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son gouvernement soutiennent, contre l'avis de la plupart des familles et proches d'otages, qu'une pression militaire accrue est le seul moyen de forcer le Hamas à rendre les otages, morts ou vivants, encore captifs dans Gaza. (AFP)
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  • "On ne sait pas grand-chose mais une chose qui est sûre, c'est que la pression militaire sur Gaza met en danger les otages", dit-elle dans un entretien à l'AFP
  • Son fils, aîné d'une fratrie de trois enfants, a été capturé le 7 octobre 2023 dans une base en lisière de Gaza, alors qu'il "était en pyjama et sans arme"

JERUSALEM: "Nos enfants sont en danger", affirme Herout Nimrodi, dont le fils Tamir, soldat israélien enlevé à l'âge de 18 ans est toujours captif dans la bande de Gaza, exprimant comme d'autres proches d'otages l'angoisse quotidienne des familles depuis qu'Israël y a repris ses bombardements.

"On ne sait pas grand-chose mais une chose qui est sûre, c'est que la pression militaire sur Gaza met en danger les otages", dit-elle dans un entretien à l'AFP.

Son fils, aîné d'une fratrie de trois enfants, a été capturé le 7 octobre 2023 dans une base en lisière de Gaza, alors qu'il "était en pyjama et sans arme".

Le jeune homme, qu'elle qualifie de "joyeux, curieux, altruiste, créatif", était soldat dans l'unité du Cogat, organisme du ministère de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens.

Il a eu le temps d'envoyer un message à sa mère évoquant les tirs de roquettes, mais 20 minutes après cet appel, il a été enlevé avec deux autres soldats, tués deux mois plus tard dans Gaza, dans des conditions non encore totalement élucidées.

"Négociations" 

Mme Nimrodi n'a reçu aucun signe de vie de son fils depuis la vidéo de son enlèvement diffusée par le Hamas le 7 octobre 2023, le jour où le mouvement islamiste a déclenché la guerre.

La trêve ayant tenu du 19 janvier au 17 mars a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit dans des cercueils, en échange de la libération de quelque 1.800 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Mais le 18 mars, après plusieurs semaines de désaccord avec le Hamas sur la façon de prolonger le cessez-le-feu, Israël a repris des opérations militaires à grande échelle dans la bande de Gaza, en commençant par des bombardements intenses.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son gouvernement soutiennent, contre l'avis de la plupart des familles et proches d'otages, qu'une pression militaire accrue est le seul moyen de forcer le Hamas à rendre les otages, morts ou vivants, encore captifs dans Gaza.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, 58 sont toujours retenus à Gaza, dont 34 morts selon l'armée israélienne.

"Pendant un an et demi, ça n'a pas marché, ce qui a fonctionné, ce sont les négociations et la pression [du président américain Donald Trump]", affirme Mme Nimrodi, déplorant, comme le président israélien Isaac Herzog le 25 mars que "la question des otages [ne soit] plus la priorité en Israël".

Tamir Nimrodi, qui a eu 20 ans en captivité, est l'un des 24 otages présumés vivants encore à Gaza mais l'un des rares dont aucune preuve de vie n'a été fournie depuis son enlèvement.

Mme Nimrodi participe régulièrement aux rassemblements des familles d'otages à Tel-Aviv, mais toutes ne sont pas d'accord entre elles et certains proches des captifs soutiennent le choix des armes plutôt que la négociation.

"Le Hamas ne libérera jamais les otages de bon coeur et sans pression militaire, on ne les reverra jamais", affirme Tzvika Mor, dont le fils Eitan a été enlevé du festival de musique Nova.

Fondateur du Forum Tikva ("Espoir" en hébreu), qui regroupe plusieurs proches d'otages, M. Mor estime que "chaque fois que le Hamas dit: pouce, le gouvernement négocie au lieu de lui mettre plus de pression pour libérer tous les otages en une seule fois".

"Tellement dur" 

Mais pour Dani Miran, pilier des rassemblements pour les otages dont le fils Omri, 48 ans, a été enlevé de son domicile au kibboutz Nahal Oz, "la crainte que nos otages soient touchés par des frappes israéliennes est quotidienne".

M. Miran, qui va avoir 80 ans, raconte que "les otages qui sont revenus ont témoigné que quand l'armée israélienne attaque à Gaza, les otages en subissent les conséquences".

Il se dit renforcé par le soutien "du peuple" et assure rester "fort" pour son fils, qui a deux filles.

"On vient de fêter les deux ans d'Alma, sa plus jeune fille, son second anniversaire sans son père, c'est tellement dur", dit-il.

"Je veux prendre Omri dans mes bras et lui dire comment tout le peuple se bat pour que tous les otages reviennent en une seule fois", a-t-il dit au micro lors du rassemblement hebdomadaire samedi soir à Tel-Aviv.

Quelques jours avant la Pâque juive, fête qui célèbre la liberté retrouvée des Hébreux après l'esclavage en Egypte, selon la Bible, Mme Nimrodi, dont le prénom Herout signifie "Liberté", attend son fils.

"Il aime tellement cette fête", ajoute-t-elle.

 


L'Arabie saoudite achève les préparatifs de son pavillon pour l'Exposition universelle de 2025

Avec plus de 700 événements et activités, le pavillon vise à offrir une expérience immersive aux visiteurs. (SPA)
Avec plus de 700 événements et activités, le pavillon vise à offrir une expérience immersive aux visiteurs. (SPA)
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  • Avec plus de 700 événements et activités, le pavillon vise à offrir une expérience immersive aux visiteurs.
  • Il mettra en lumière le paysage culturel et innovant de l'Arabie saoudite

DUBAI : L'Arabie saoudite a achevé la construction et les préparatifs de son pavillon pour l'Expo 2025, qui ouvrira ses portes à Osaka le 13 avril.

Avec plus de 700 événements et activités, le pavillon vise à offrir une expérience immersive aux visiteurs.

Il mettra en lumière le paysage culturel et innovant de l'Arabie saoudite, tout en dévoilant de nouvelles initiatives conçues pour encourager le public japonais à explorer le royaume et à s'y connecter.

Au cours des deux derniers mois, le pavillon saoudien a lancé une tournée dans sept villes japonaises, offrant aux communautés locales et aux touristes la possibilité de profiter de l'hospitalité saoudienne et d'explorer la culture du Royaume.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

Cet article a été publié à l'origine sur Arab News Japan