Plus de 165 000 migrants afghans ont quitté le Pakistan pour rentrer dans leur pays en octobre

Des réfugiés afghans attendent près d'un centre d'enregistrement à leur arrivée du Pakistan, à la frontière afghano-pakistanaise, dans le district de Spin Boldak, dans la province de Kandahar, le 1er novembre 2023 (Photo de Sanaullah SEIAM / AFP).
Des réfugiés afghans attendent près d'un centre d'enregistrement à leur arrivée du Pakistan, à la frontière afghano-pakistanaise, dans le district de Spin Boldak, dans la province de Kandahar, le 1er novembre 2023 (Photo de Sanaullah SEIAM / AFP).
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Publié le Jeudi 02 novembre 2023

Plus de 165 000 migrants afghans ont quitté le Pakistan pour rentrer dans leur pays en octobre

  • Des millions d'Afghans ont afflué au Pakistan au cours de décennies de guerre, dont au moins 600 000 depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul en août 2021
  • Beaucoup ont peur de rentrer en Afghanistan, où le gouvernement taliban a imposé son interprétation rigoriste de l'islam

TORKHAM: Plus de 165 000 migrants afghans ont quitté le Pakistan pour rentrer dans leur pays depuis que le gouvernement leur a fixé début octobre un ultimatum, désormais expiré, pour partir volontairement ou être expulsés, ont indiqué jeudi des responsables.

La grande majorité d'entre eux se sont précipités ces derniers jours à la frontière, le Pakistan ayant donné jusqu'au 1er novembre aux Afghans en situation irrégulière, dont il estime le nombre à 1,7 million, pour partir.

Ces personnes ont préféré rentrer de leur propre chef, plutôt qu'être arrêtées et placées dans la cinquantaine de centres de rétention construits pour l'occasion en vue de leur expulsion.

"Je ne veux pas rentrer en Afghanistan, mais la police nous arrêtait, ma famille et moi (...) C'est pour ça qu'on a été forcé de partir, on n'a pas d'autre option", a déclaré à l'AFP près de la frontière Abdul Qadir Khan, un Afghan d'une cinquantaine d'années qui a passé toute sa vie d'adulte au Pakistan.

A Torkham, principal point de transit entre les deux pays, dans la province du Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest), 28 000 personnes sont passées dans la seule journée de mercredi.

Après plusieurs jours de chaos, la situation est redevenue plus fluide jeudi du côté pakistanais de la frontière. Les autorités continuent à encourager les sans-papiers à partir volontairement, même si elles ont parallèlement lancé de vastes opérations visant à traquer ceux qui s'y refusent.

Une fois de l'autre côté, les migrants, dont certains vivaient depuis des décennies au Pakistan ou y sont nés, et ignorent tout de l'Afghanistan, doivent se faire enregistrer auprès des autorités afghanes, qui ont été submergées par cet afflux soudain.

Des milliers de personnes sont restées bloquées à la frontière pendant plusieurs jours, sans abri, eau ou nourriture, et dans des conditions sanitaires précaires, avant d'être incitées à rejoindre un centre d'enregistrement temporaire à quelques kilomètres de là.

«Rentrer avec dignité»

Ce centre, qui a ouvert jeudi, dispose de toilettes, est mieux approvisionné en eau et permet un enregistrement un peu plus rapide, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Cet endroit est un peu mieux, on est un peu plus à l'aise (...) Ils nous ont donné des médicaments et aussi une tente", a expliqué une femme dénommée Rooh Gul.

Le ministre afghan des Réfugiés, Khalil Haqqani, y a indiqué à l'AFP continuer à faire pression sur le Pakistan pour qu'ils laissent plus de temps aux Afghans pour partir.

"Les gens doivent être autorisés à rentrer avec dignité", a-t-il déclaré. "(Les Pakistanais) ne devraient pas en faire baver aux Afghans, ils ne devraient pas se faire plus d'ennemis."

Après une rencontre jeudi avec l'ambassadeur afghan, le ministre pakistanais de l'Intérieur, Sarfraz Bugti, s'est engagé à traiter les migrants avec le plus grand respect, et a annoncé que les femmes et les enfants de moins de 14 ans partant volontairement n'auraient plus à fournir de données biométriques à la frontière.

Des millions d'Afghans ont afflué au Pakistan au cours de décennies de guerre, dont au moins 600 000 depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul en août 2021, en faisant l'un des pays qui accueillent le plus de réfugiés au monde.

Beaucoup ont peur de rentrer en Afghanistan, où le gouvernement taliban a imposé son interprétation rigoriste de l'islam, interdisant par exemple aux filles l'accès à l'éducation après l'école primaire.

«La campagne continuera»

Le gouvernement pakistanais a dit chercher à préserver avec cette mesure la sécurité du pays, après une forte hausse des attentats sur son sol, qu'Islamabad impute à des groupes basés en Afghanistan.

Des analystes estiment que le Pakistan cherche ainsi à faire pression sur les talibans pour qu'ils renforcent la coopération sur cette question. Mais Kaboul a prévenu que cette mesure ne ferait qu'affecter un peu plus les relations bilatérales.

Le gouvernement pakistanais a promis de se montrer intraitable envers les illégaux qui refuseraient de partir, et la police multiplie depuis mercredi les arrestations dans tout le pays.

Plus de 100 personnes ont été arrêtées jeudi lors d'un coup de filet dans la mégapole de Karachi (sud), et 425 à Quetta, capitale de la province du Baloutchistan (sud-ouest), selon la police.

"La campagne contre les immigrants en situation irrégulière continuera", a affirmé Saad Bin Asad, un haut responsable de Quetta.

Les défenseurs des droits humains ont accusé les autorités pakistanaises de recourir aux menaces, mauvais traitements et détentions pour contraindre les migrants à partir.

Des arrestations, y compris de personnes en situation régulière, et des tentatives d'extorsion de la part de la police ont aussi été signalées par des Afghans.

Mais l'initiative semble, selon les observateurs, avoir le soutien d'une majorité de la population pakistanaise, qui considère souvent ces réfugiés comme un fardeau pour les infrastructures et les finances du pays.


Tentative d'assassinat du Premier ministre slovaque, «entre la vie et la mort»

Cette image extraite d'une séquence vidéo obtenue par l'AFPTV montre des agents de sécurité transportant le Premier ministre slovaque Robert Fico vers un véhicule après qu'il ait été abattu à Handlova le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Cette image extraite d'une séquence vidéo obtenue par l'AFPTV montre des agents de sécurité transportant le Premier ministre slovaque Robert Fico vers un véhicule après qu'il ait été abattu à Handlova le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Robert Fico, âgé de 59 ans, devait subir une « intervention urgente » après avoir été acheminé par hélicoptère à Banska Bystrica
  • Selon sa page officielle Facebook, M. Fico a été touché par balle «plusieurs »

BRATISLAVA: Le Premier ministre slovaque Robert Fico se trouve "entre la vie et la mort" après avoir été blessé par plusieurs balles mercredi après une réunion de cabinet, a indiqué le gouvernement de ce pays d'Europe centrale.

Robert Fico, âgé de 59 ans, devait subir une "intervention urgente" après avoir été acheminé par hélicoptère à Banska Bystrica, une ville du centre de la Slovaquie, a précisé le gouvernement dans un communiqué.

Selon sa page officielle Facebook, M. Fico a été touché par balle "plusieurs fois".

"La police a arrêté l'assaillant et donnera davantage d'informations le plus vite possible", a en outre annoncé dans un communiqué la présidente sortante de la Slovaquie, Zuzana Caputova, qualifiant l'agression de son opposant politique d'"attaque contre la démocratie".

La télévision slovaque a diffusé des images d'un homme en jeans menotté au sol.

L'attaque est intervenue après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie, selon le journal Dennik N, dont un reporter a entendu plusieurs coups de feu et vu le chef de gouvernement emmené précipitamment dans une voiture par des gardes du corps.

"Aujourd'hui, après une réunion gouvernementale à Handlova, il y a eu une tentative d'assassinat sur le Premier ministre", a confirmé le gouvernement.

M. Fico avait tout d'abord été transporté à l'hôpital de Handlova, dans "l'unité de chirurgie vasculaire", a indiqué à l'AFP la directrice de l'établissement, Marta Eckhardtova, qui n'a pas donné de précisions sur la nature de ses blessures.

Un ex-communiste pro-Poutine

Après être revenu au pouvoir comme Premier ministre en octobre dernier, Robert Fico a mis en doute la souveraineté de l'Ukraine et fait cesser toute aide militaire au pays.

Cet ancien membre du parti communiste, qui a fondé sa propre formation et rejette les étiquettes de "populiste" et de "démagogue", s'est opposé aux sanctions contre la Russie.

En avril, il a néanmoins opéré un changement de ton face à la guerre en Ukraine, prônant une solution pacifique qui respecte "l'intégrité territoriale" de ce pays.

Son allié au gouvernement, Peter Pellegrini, a remporté le mois dernier la présidentielle devançant largement un diplomate pro-européen, en faisant de la guerre en Ukraine un élément clés de la campagne dans ce pays de 5,4 millions d'habitants membre de l'Union européenne et de l'Otan.

Sa coalition gouvernementale a notamment adopté un projet de loi controversé sur la radio et la télévision publiques RTVS que le pouvoir en place accuse de manquer d'objectivité

Vive émotion en Europe

Les dirigeants des institutions de l'Union européenne ont vivement réagi à la nouvelle.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déploré "l'attaque ignoble" contre le Premier ministre slovaque, jugeant que "de tels actes de violence n'ont pas leur place dans notre société et sapent la démocratie, notre bien commun le plus précieux".

"Rien ne peut jamais justifier la violence ni de telles attaques", a souligné le président du Conseil européen Charles Michel, tandis que le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg s'est déclaré "consterné".

En Hongrie, frontalière avec la Slovaquie, le Premier ministre Viktor Orban s'est dit "profondément choqué par l'attentat odieux perpétré contre mon ami, le Premier ministre Robert Fico".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé l'attaque "épouvantable" contre le Premier ministre slovaque. Et le président russe Vladimir Poutine a parlé d'un "crime odieux", en décrivant Robert Fico "comme un homme courageux et déterminé".

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est pour sa part dit "bouleversé par le lâche attentat" car "la violence ne peut avoir sa place dans la politique européenne".

La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a exprimé "la plus ferme condamnation de toute forme de violence et d'attaque aux principes de base de la démocratie et de la liberté". Et le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'est dit "choqué d'apprendre cette nouvellle épouvantable".

 

 


Un feu de forêt menace une ville pétrolière de l'ouest du Canada, nouvelles évacuations

Située en Alberta (ouest), cette ville de 70.000 habitants est doublement connue car elle est le centre de la production de pétrole du Canada  (Photo, AFP).
Située en Alberta (ouest), cette ville de 70.000 habitants est doublement connue car elle est le centre de la production de pétrole du Canada (Photo, AFP).
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  • Tous les regards sont néanmoins tournés vers la région car le risque est grand à cause des installations pétrolières
  • Le Canada possède 10% des réserves mondiales d'or noir, dont une très grande partie se trouve dans les sables bitumineux

FORT-MCMURRAY: Nouvelle alerte au Canada: des milliers d'habitants ont reçu l'ordre mardi d'évacuer en raison de l'approche d'un feu de forêt à proximité de Fort McMurray, le plus gros complexe de sables bitumineux du pays.

Située en Alberta (ouest), cette ville de 70.000 habitants est doublement connue car elle est le centre de la production de pétrole du Canada et aussi le symbole de la plus grosse catastrophe de l'histoire du pays, en termes de destruction, après avoir été partiellement ravagée par les flammes en 2016.

"Nous observons un comportement extrême du feu" qui "est poussé vers la ville par le vent", a déclaré Josée St-Onge, porte-parole des pompiers de l'Alberta, lors d'une conférence de presse.

"La fumée réduit la visibilité et il est difficile de déterminer les distances exactes", a-t-elle complété, précisant que les "pompiers avaient été retirés de la première ligne pour des raisons de sécurité" face à un feu trop intense.

Cet incendie, qui a déjà consumé 9.600 hectares de forêt, se trouve à maintenant seulement 13 kilomètres de la ville. Tous les quartiers sud (Prairie Creek, Abasand, Grayling Terrace et Beacon Hill) ont donc reçu un ordre d'évacuation en milieu de journée mardi.

Mardi en fin d'après-midi sous un ciel obscurci par la fumée des feux de forêt, d'immenses files de voitures se pressaient sur l'autoroute pour quitter la zone. De nombreux habitants sont encore traumatisés par le chaos qui a entouré l'évacuation en 2016 des 90.000 habitants par l'unique route d'accès de la ville entourée de forêt.

"Je suis très angoissée car en 2016 mon appartement a brûlé donc je revis tout cela", raconte Ashley Russell, résidente de Fort McMurray.

Cette dernière n'habite pas dans un quartier évacué mais elle a déjà fait ses "valises", pour ne pas être prise au dépourvu comme il y a huit ans. "Je suis prête à partir".

Après avoir vécu l'an passé la pire saison d'incendies de son histoire, le Canada a connu l'un de ses hivers les plus chauds, avec peu de neige dans de nombreuses régions.

Des conditions de sécheresse forte ou extrême dans une grande partie du pays qui font craindre un nouvel été apocalyptique. D'autant plus que cet hiver, le pays a enregistré un nombre record de feux zombies, ces brasiers qui couvent sous la neige dans l'épaisse profondeur des tourbières de la forêt boréale.

3 millions de barils de pétrole 

Toutefois le chef des pompiers de la région Jody Butz a tenu à rassurer la population estimant que "l'activité des incendies est très différente de celle de 2016".

"Nous disposons de ressources abondantes et nous sommes bien placés pour répondre à la situation", a-t-il estimé.

Tous les regards sont néanmoins tournés vers la région car le risque est grand à cause des installations pétrolières. Le Canada possède 10% des réserves mondiales d'or noir, dont une très grande partie se trouve dans les sables bitumineux.

Chaque jour, plus de 3 millions de barils de pétrole sont extraits des sables, d'après les chiffres officiels du gouvernement, contribuant à faire du Canada le quatrième producteur mondial et le premier exportateur de brut vers les Etats-Unis.

Un peu plus à l'ouest, où près de 5.000 personnes ont également été évacuées durant le week-end près de la ville de Fort Nelson dans la province de Colombie-Britannique, la situation était mardi plus favorable.

"Il fait frais, le ciel est couvert et le vent est très léger", a déclaré à l'AFP Rob Fraser, le maire de la ville. "Si cela continue ainsi, nous pourrons peut-être maîtriser cette bête".

Victime des conséquences dévastatrices du réchauffement climatique, le Canada a connu en 2023 la pire saison des feux de son histoire.

Près de 18 millions d'hectares de terres sont partis en fumée - soit une superficie plus grande que la Grèce. Quelque 200.000 personnes ont par ailleurs dû être évacuées et la fumée des incendies s'est répandue jusqu'aux Etats-Unis et même en Europe.


La CPI ne se laissera pas influencer par les «Goliath» de ce monde, promet son procureur

Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
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  • Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza
  • La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine

NATIONS UNIES : Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a assuré mardi qu'il ne se laisserait pas "influencer" par les "Goliath" de ce monde, en référence aux menaces le visant dans des dossiers liés à la guerre en Ukraine et à Gaza.

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU portant sur son enquête sur les crimes de guerre en Libye, Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza.

"On peut se demander si l'efficacité de la CPI dans ce dossier n'est pas affectée par un projet de loi (...) visant à sanctionner les responsables de la CPI impliqués dans des enquêtes contre les Etats-Unis ou ses alliés",  a lancé l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, en référence à des informations rapportées par la presse sur un projet en ce sens d'élus au Congrès américains.

"Je veux le rassurer, (...) nous ne nous laisserons pas influencer, que ce soit par des mandats d'arrêt de la Russie contre moi ou des membres élus de la Cour, ou par n'importe quel élu d'une autre juridiction", a répondu Karim Kahn, évoquant des "menaces" personnelles et contre son bureau pour les forcer à "arrêter".

La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine pour son rôle dans la déportation d'enfants en Ukraine.

Début mai, la CPI avait déjà lancé une mise en garde aux "individus qui (la) menacent de représailles", elle ou son personnel, en affirmant que de telles actions pourraient constituer une "atteinte à l'administration de la justice".

Elle s'exprimait suite à des informations selon lesquelles la Cour s'apprêtait à délivrer des mandats d'arrêt contre des membres du gouvernement israélien -dont pourrait faire partie le Premier ministre Benjamin Netanyahu- en lien avec les opérations militaires menées par Israël à Gaza en riposte à l'attaque du Hamas.

"Nous avons un devoir de nous battre pour la justice, de nous battre pour les victimes", a insisté Karim Khan mardi devant les membres du Conseil de sécurité.

"Je suis bien conscient qu'il y a des Goliath dans cette salle. Des Goliath avec du pouvoir, de l'influence", mais "nous avons la loi", a-t-il ajouté, assurant qu'il ferait son travail "avec intégrité et indépendance".