Cisjordanie: L’Autorité palestinienne en baisse de popularité selon une étude israélienne

Il semble que l’Autorité palestinienne – sous la direction d’Abou Mazen (Abbas) – traverse sa plus grande crise depuis l’époque de la seconde Intifada (Photo, Reuters).
Il semble que l’Autorité palestinienne – sous la direction d’Abou Mazen (Abbas) – traverse sa plus grande crise depuis l’époque de la seconde Intifada (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Mardi 04 juillet 2023

Cisjordanie: L’Autorité palestinienne en baisse de popularité selon une étude israélienne

  • Selon un rapport, la légitimité de Mahmoud Abbas est «au plus bas dans l’opinion publique palestinienne»
  • Le gouvernement israélien «n’a aucun intérêt à améliore la situation existante», estime un observateur

GAZA: Selon une étude israélienne, la popularité de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie a fortement baissé, tandis que le soutien au Hamas et au Djihad islamique a augmenté.

Le rapport, réalisé par l’Institute for National Security Studies (INSS) de l’université israélienne de Tel-Aviv, invite le gouvernement israélien à renforcer les services de sécurité de l’Autorité palestinienne et à stimuler son économie, estimant que c’est dans «l’intérêt d’Israël».

L’équipe de recherche était composée d’un général de division à la retraite et de deux universitaires de l’université du Pays de Galles au Royaume-Uni.

Mukhaimer Abou Sa’adaa, professeur de sciences politiques à l’université Al-Azhar de Gaza, a déclaré que la politique d’Israël à l’égard du Hamas à Gaza et de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie était ambiguë.

«Ni le gouvernement israélien actuel ni son prédécesseur n’ont intérêt à améliorer la situation existante entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, et le maintien de la division est un objectif israélien clair, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahou a parlé explicitement», explique-t-il à Arab News.

L’étude indique que l’absence de perspectives de solution politique au conflit israélo-palestinien et la présence d’un gouvernement israélien de droite sont les principales raisons de la baisse de popularité de l’Autorité palestinienne sous la présidence de Mahmoud Abbas.

«Malgré les espoirs de beaucoup, près de trois décennies après la création de l’Autorité palestinienne et après une série de négociations et d’initiatives politiques qui ont échoué, le processus politique israélo-palestinien est dans l’impasse»,  ajoute-t-elle.

L’étude se penche sur les causes de la faiblesse de l’Autorité palestinienne et de la montée en puissance du Hamas, à la lumière de l’absence de stratégie claire de la part des gouvernements israéliens concernant les relations avec l’Autorité palestinienne.

«Il semble que l’Autorité palestinienne — sous la direction d’Abou Mazen (Abbas) — traverse sa crise la plus grave depuis l’époque de la seconde Intifada et qu’elle soit sur la voie d’un déclin continu qui pourrait aboutir à son effondrement», estime l’étude.

L’Autorité palestinienne est confrontée à de multiples défis, dont les plus importants sont la crise économique et la baisse des recettes, qui ont affaibli son emprise sur la sécurité dans certaines parties de la Cisjordanie.

Ces derniers mois, les autorités n’ont pu verser aux fonctionnaires que des salaires partiels, ce qui a provoqué des troubles et conduit les enseignants et les médecins à se mettre en grève à plusieurs reprises.

L’assise du Hamas

Au début de l’année dernière, Israël a intensifié ses offensives militaires dans le nord de la Cisjordanie, faisant des centaines de morts et de blessés. Ces incursions dans les villes palestiniennes ont affaibli davantage les capacités de l’Autorité palestinienne.

«La légitimité de l’Autorité palestinienne sous la direction d’Abou Mazen est au plus bas dans l’opinion publique palestinienne», souligne l’étude. 

Elle ajoute que l’Autorité palestinienne et son appareil de sécurité «ne contrôlent pas certaines parties du territoire sous leur responsabilité, car des organisations locales — ainsi que des organisations terroristes connues — parviennent à renforcer leurs rangs et leurs infrastructures terroristes dans le but de lancer des attaques terroristes» contre les forces de sécurité israéliennes et les civils israéliens en Cisjordanie et en Israël.

«La résistance constante du président au terrorisme et son soutien à la coopération en matière de sécurité sont considérés comme non pertinents, ne servant pas ou ne promouvant pas l’intérêt palestinien. Ils sont donc vus comme illégitimes», affirme le rapport.

D’après un sondage réalisé le mois dernier par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, 63% des Palestiniens estiment que l’Autorité palestinienne est un fardeau pour eux, tandis que 80% d’entre eux ne sont pas satisfaits du travail de M. Abbas.

Il révèle que 50% des Palestiniens estiment que la dissolution de l’Autorité palestinienne serait dans l’intérêt de la population palestinienne, tandis que 63% pensent que sa survie est dans l’intérêt d’Israël.

Au total, 71% des personnes interrogées ont déclaré soutenir la création de groupes tels que la Fosse aux lions, qui ne sont pas sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, tandis que 80% sont opposées à l’appel de l’Autorité palestinienne en faveur de leur désarmement.

Selon l’étude de l’INSS, Israël et les dirigeants palestiniens «ne sont pas d’accord sur la signification d’une Autorité palestinienne forte».

«Alors que les Israéliens mettent l’accent sur le fonctionnement de l’Autorité palestinienne et son adhésion à un processus politique fondé sur des négociations directes avec Israël, les dirigeants palestiniens cherchent à renforcer l’Autorité palestinienne non seulement pour améliorer ses performances, mais aussi pour resserrer le contrôle politique et civil dans un contexte d’absence de légitimité», constate l’étude. 

«La force politique du Hamas ne repose pas uniquement sur son idéologie, ni sur le sentiment négatif à l’égard de l’Autorité palestinienne. La source de la force du Hamas réside dans ses capacités militaires, son contrôle total de la bande de Gaza grâce à sa puissance militaire, et son infrastructure de coopération avec l’Iran et le Hezbollah, qui lui permet de faire progresser son renforcement militaire en Cisjordanie, de lancer et d’exploiter les infrastructures terroristes, de saper la situation sécuritaire et de nuire à la réputation de l’Autorité palestinienne». 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les notables de Gaza disent «sécuriser» l'aide que Netanyahu dit pillée par le Hamas

Short Url
  • Tard mercredi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait commandé à son armée un plan "pour empêcher le Hamas de s'emparer de l'aide"
  • "Des affirmations mensongères", selon la commission réunissant les notables de Gaza --non affiliée au Hamas--, qui réclame à l'ONU l'envoi d'observateurs pour "vérifier" ses affirmations

GAZA: La coalition des familles influentes de Gaza, affirmant être impliquée dans la distribution de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé et affamé par plus de 20 mois de guerre, a rejeté jeudi l'accusation israélienne selon laquelle cette aide serait détournée par le Hamas.

"L'aide est sécurisée dans sa totalité sous la supervision directe de la Haute commission aux affaires tribales de Gaza et elle n'est distribuée que via les agences internationales", affirme dans un communiqué ce regroupement de notables locaux.

Tard mercredi, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait commandé à son armée un plan "pour empêcher le Hamas de s'emparer de l'aide", accusant le mouvement islamiste palestinien d'avoir "repris le contrôle de l'aide humanitaire entrant dans le nord de la bande de Gaza".

"Des affirmations mensongères", selon la commission réunissant les notables de Gaza --non affiliée au Hamas--, qui réclame à l'ONU l'envoi d'observateurs pour "vérifier" ses affirmations.

"Les mouvements palestiniens n'ont aucun lien" avec l'aide, poursuit le texte.

Fin mai, les autorités israéliennes avaient mis en place un mécanisme de distribution d'aide piloté dans Gaza par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), un organisme au financement opaque soutenu par Israël et les Etats-Unis mais avec lequel l'ONU et les ONG humanitaires refusent de travailler émettant des doutes sur sa neutralité.

Des centaines de Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens près des centres de distribution de la GHF.

Des journalistes de l'AFP ont cependant vu jeudi une distribution de sacs de farine estampillés "Programme alimentaire mondial" (PAM) dans la ville de Gaza.

Mercredi, ils avaient constaté l'arrivée d'un convoi de camions transportant de gros sacs, ressemblant à des chargements d'aide humanitaire, par un point d'entrée dans le nord de la bande de Gaza.

Des hommes masqués et armés de fusils ou de bâtons, juchés sur les cargaisons de cinq de ces camions, ont assuré protéger ce convoi d'éventuels pillages.

"Le Hamas prend le contrôle de la nourriture et des biens", a écrit sur Telegram le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, en partageant une vidéo de ces camions.

Le ministre d'extrême-droite a appelé M. Netanyahu à interdire l'aide humanitaire à Gaza --dont tous les points d'entrée sont tenus par Israël.

 


Liban: deux morts dans des frappes israéliennes sur le sud

Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, notamment dans le sud, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah. (AFP)
Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, notamment dans le sud, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah. (AFP)
Short Url
  • Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, notamment dans le sud, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah
  • En vertu de l'accord de trêve, le Hezbollah devait retirer ses combattants au nord du fleuve Litani, à quelque 30 kilomètres de la frontière israélienne, seules l'armée libanaise et les forces de maintien de la paix des Nations unies devant être déployées

BEYROUTH: Deux personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes visant le sud du Liban, a annoncé le ministère libanais de la Santé, l’armée israélienne affirmant avoir ciblé des membres du Hezbollah pro-iranien.

Selon le ministère, deux hommes sont morts à l'hôpital: l'un touché "dans une frappe de drone de l'ennemi israélien visant son bulldozer" près de Baraachit, l'autre dans une frappe sur une moto à Beit Lif.

L’armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir "éliminé… un commandant de la Force Radwan du Hezbollah" dans la zone de Baraachit, en référence à l’unité d’élite du mouvement pro-iranien, ainsi qu’un membre de " la force d’observation" du mouvement chiite à Beit Lif.

Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, notamment dans le sud, malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre pour mettre fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le Hezbollah.

En vertu de l'accord de trêve, le Hezbollah devait retirer ses combattants au nord du fleuve Litani, à quelque 30 kilomètres de la frontière israélienne, seules l'armée libanaise et les forces de maintien de la paix des Nations unies devant être déployées dans le secteur.

Israël, qui devait de son côté retirer complètement ses troupes, les maintient toutefois dans cinq positions du sud du Liban qu’il juge stratégiques.

Mardi, le ministère de la Santé avait annoncé la mort de trois personnes dans une frappe israélienne ayant visé un véhicule dans le district de Nabatiyé, dans le sud du Liban.

L’armée israélienne avait alors affirmé avoir tué le directeur d’une société de change accusé de transférer des fonds pour le Hezbollah.


La Banque mondiale approuve des financements pour le Liban et la Syrie

Le président du Conseil libanais pour le développement et la reconstruction, Mohammad Kabbani, le ministre des Travaux publics, Fayez Rasamni, le vice-Premier ministre, Tarek Mitri, le Premier ministre, Nawaf Salam, le ministre des Finances, Yassin Jaber, et le directeur national de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient, Jean Christophe Carret, participent à une table ronde sur le projet d'aide d'urgence au Liban (LEAP) au siège du Premier ministre à Beyrouth, le 10 juin 2025. (Photo : Anwar AMRO / AFP)
Le président du Conseil libanais pour le développement et la reconstruction, Mohammad Kabbani, le ministre des Travaux publics, Fayez Rasamni, le vice-Premier ministre, Tarek Mitri, le Premier ministre, Nawaf Salam, le ministre des Finances, Yassin Jaber, et le directeur national de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient, Jean Christophe Carret, participent à une table ronde sur le projet d'aide d'urgence au Liban (LEAP) au siège du Premier ministre à Beyrouth, le 10 juin 2025. (Photo : Anwar AMRO / AFP)
Short Url
  • En mars, la BM avait estimé le coût de la reconstruction et du redressement au Liban à 11 milliards de dollars, après une guerre entre le mouvement pro-iranien Hezbollah et Israël, qui a détruit des pans entiers du pays en 2024.
  • Dans un autre communiqué, la BM a annoncé qu'elle recevait un don de 146 millions de dollars de la part de l'Association internationale de développement (IDA). Ce don servira à « aider la Syrie à rétablir un approvisionnement en électricité.

BEYROUTH : La Banque mondiale a annoncé qu'elle avait approuvé mercredi  un financement de 250 millions de dollars pour soutenir la reconstruction au Liban et un don de 146 millions au secteur de l'électricité en Syrie voisine.

En mars, la BM avait estimé le coût de la reconstruction et du redressement au Liban à 11 milliards de dollars, après une guerre entre le mouvement pro-iranien Hezbollah et Israël, qui a détruit des pans entiers du pays en 2024.

Dans un communiqué, la BM a indiqué avoir approuvé « un financement de 250 millions de dollars en faveur du Liban pour soutenir les réparations et la reconstruction urgentes des infrastructures publiques critiques endommagées, ainsi que la gestion durable des décombres dans les zones touchées par le conflit ». 

Intitulé « Lebanon Emergency Assistance Project » (LEAP), ce projet a été conçu pour soutenir la restauration des infrastructures publiques et des bâtiments, condition préalable au redressement économique et social », ajoute la BM.

« Compte tenu de l’ampleur des besoins en matière de reconstruction, ce projet a été conçu comme un cadre évolutif pouvant atteindre un milliard de dollars », a déclaré Jean-Christophe Carret, le directeur régional de la BM pour le Moyen-Orient.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a « salué (..) une étape clé de la reconstruction », estimant que le projet « vise à remédier aux dommages causés aux infrastructures et aux services essentiels dans les zones touchées par la guerre ».

« Ce soutien vient renforcer les efforts de redressement dans le cadre d’un dispositif exécutif dirigé par l’État, et permet d’attirer les financements supplémentaires dont nous avons cruellement besoin », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Créé en février, le nouveau gouvernement du Liban, plongé dans une crise économique depuis 2019, a constitué un fonds pour la reconstruction et compte sur une aide financière étrangère. 

– Don pour la Syrie –

Dans un autre communiqué, la BM a annoncé qu'elle recevait un don de 146 millions de dollars de la part de l'Association internationale de développement (IDA). Ce don servira à « aider la Syrie à rétablir un approvisionnement en électricité fiable et abordable et à soutenir la reprise économique du pays », quatorze ans après le début d'une guerre civile dévastatrice.

Le don financera notamment la réhabilitation de lignes de transmission à haute tension.

« Parmi les besoins urgents de reconstruction en Syrie, la réhabilitation du secteur de l’électricité est apparue comme un investissement essentiel pour améliorer les conditions de vie du peuple syrien (…), a déclaré M. Carret, « sur la voie du redressement ». 

Le conflit a gravement endommagé les infrastructures essentielles, en particulier dans le secteur de l’électricité, les coupures de courant dépassant les 20 heures par jour.

En mai, la BM avait annoncé la relance de ses programmes d'aide en Syrie après le paiement par Riyad et Doha d'un reliquat de dette du pays, d'un montant de 15,5 millions de dollars, qui était dû à l'institution.

Avec la levée des sanctions économiques occidentales, les autorités syriennes cherchent à relancer l'économie afin d'amorcer la reconstruction, dont le coût est estimé par l’ONU à plus de 400 milliards de dollars.