Mark Rutte bien parti pour prendre la tête de l'Otan

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte (Photo, AFP).
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 28 novembre 2023

Mark Rutte bien parti pour prendre la tête de l'Otan

  • L'actuel secrétaire général de l'Alliance atlantique a encore près d'un an de mandat devant lui
  • L'affaire semble si bien partie que plusieurs pays, dont la France, les Etats-Unis et le Canada, veulent une décision rapide

BRUXELLES: Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte semble bien parti pour succéder à Jens Stoltenberg à la tête de l'Otan, en dépit du choc provoqué par la victoire de l'extrême droite aux élections la semaine dernière aux Pays-Bas.

L'actuel secrétaire général de l'Alliance atlantique a encore près d'un an de mandat devant lui. Mais la course à sa succession est déjà lancée à Bruxelles, où débute mardi une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'Otan, qui abordera ce sujet.

"Bon négociateur", "Premier ministre expérimenté" après 13 années à ce poste dans son pays, Mark Rutte, 56 ans, coche beaucoup de cases, selon plusieurs diplomates de l'Otan interrogés par l'AFP.

"Il a déjà créé une dynamique", assure l'un d'eux.

"Il a beaucoup de soutien" au sein de l'Otan, y compris de la part des Etats-Unis, le poids lourd de l'Alliance, et de la France, dit un autre.

Et si certains ont pu évoquer le handicap de la déroute de son parti aux législatives aux Pays-Bas, où l'extrême droite de Geert Wilders est arrivée en première position, beaucoup balaient l'argument d'un revers de la main.

"Un handicap ? Non, je ne le crois pas", assure un diplomate.

L'affaire semble si bien partie que plusieurs pays, dont la France, les Etats-Unis et le Canada, veulent une décision rapide pour ne pas voir l'Otan se retrouver au beau milieu du "mercato" bruxellois attendu après les élections européennes de juin prochain. Il faudra alors que les 27 se décident pour désigner les dirigeants de la Commission, du Conseil ou de la diplomatie de l'UE.

«Au dernier moment»

L'ambassadeur britannique à l'Otan David Quarrey appelle néanmoins à la prudence. "Il y a un processus qui va durer un certain temps", a-t-il averti cette semaine au cours d'une conférence à Bruxelles.

"Si vous regardez les candidats précédents, vous remarquerez qu'ils arrivent souvent au dernier moment. Donc il faut attendre et voir", souligne de son côté un autre diplomate de l'Alliance atlantique.

Certains des 31 Etats membres de l'Alliance considèrent par exemple que le temps est venu pour une femme d'être, pour la première fois, nommée à la tête de l'Otan.

Une seule, pour le moment, a fait part publiquement de son intérêt pour le poste : la Première ministre estonienne Kaja Kalla. Elle ne fait toutefois pas l'unanimité, y compris au sein même des pays baltes. Le ministre letton des Affaires étrangères Krisjanis Kariņs pourrait lui aussi être en lice.

Habitué des rendez-vous européens, Mark Rutte, 56 ans, a su nouer des relations avec nombre de dirigeants.

Autre point fort, il a fréquenté l'ancien président américain Donald Trump, dont le retour éventuel à Washington après les élections américaines l'an prochain, hante les couloirs de l'Alliance à Bruxelles.

Il n'avait pas hésité à aller jusqu'à le contredire publiquement pendant une visite à la Maison Blanche.

L'un des critères évoqués à l'Otan est aussi celui d'un engagement suffisant en matière de défense, dans le pays d'origine des candidats. Ses Etats membres se sont engagés à y consacrer 2% de leur Produit intérieur brut (PIB), un objectif que les Pays-Bas n'ont pas atteint mais dont ils sont très proches, grâce notamment à l'action de M. Rutte.

Or il sera essentiel, avancent des diplomates de l'Otan, d'apparaître engagés sur ce sujet en cas de retour de Donald Trump. Ce dernier avait plusieurs fois sommé les Alliés d'augmenter leurs dépenses de défense, sous peine de voir les Etats-Unis réduire les leurs, voire de quitter l'Alliance.

Enfin, les partisans du Néerlandais à l'Otan relèvent qu'il est parfaitement au fait de la menace russe, après avoir dû gérer la crise provoquée par le tir d'un missile, russe selon une enquête internationale, qui avait abattu en avion de ligne en 2014 au-dessus de l'Ukraine, provoquant la mort de 197 ressortissants néerlandais.

L'actuel secrétaire général de l'Alliance atlantique a lui-même salué son "ami" Mark Rutte, au cours d'un entretien avec l'AFP lundi, le jugeant particulièrement "expérimenté" pour le poste.

Mais, a-t-il aussitôt ajouté, il ne m'appartient pas de décider qui sera mon successeur".


Zelensky a été reçu par le pape à la veille d'une conférence sur l'Ukraine à Rome

Cette photo prise et publiée le 9 juillet 2025 par Vatican Media montre le pape Léon XIV rencontrant le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la résidence papale de Castel Gandolfo, au sud-est de Rome. (Photo de Francesco Sforza / VATICAN MEDIA / AFP)
Cette photo prise et publiée le 9 juillet 2025 par Vatican Media montre le pape Léon XIV rencontrant le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la résidence papale de Castel Gandolfo, au sud-est de Rome. (Photo de Francesco Sforza / VATICAN MEDIA / AFP)
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  • Depuis 2022, le Saint-Siège joue un rôle central dans la facilitation de l'échange de prisonniers et du retour des enfants emmenés en Russie depuis les zones occupées de l'Ukraine.
  • Jeudi et vendredi, M. Zelensky participera à une conférence destinée à aider Kiev à combattre et à reconstruire le pays face à l'invasion russe, alors que le soutien américain s'amenuise.

CASTEL GONDOLFO, ITALIE : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été reçu par le pape François dans sa résidence d'été de Castel Gandolfo, près de Rome, à la veille d'une conférence pour la reconstruction de son pays qui se tiendra dans la capitale italienne.

À l'issue de l'échange, qui a duré environ 30 minutes, Volodymyr Zelensky a déclaré avoir évoqué avec le pape « le retour de nos enfants, enlevés par la Russie pendant cette guerre, et le retour de nos proches en Ukraine ».

Depuis 2022, le Saint-Siège joue un rôle central dans la facilitation de l'échange de prisonniers et du retour des enfants emmenés en Russie depuis les zones occupées de l'Ukraine.

M. Zelensky doit également rencontrer, dans l'après-midi, l'émissaire américain pour l'Ukraine, le général Keith Kellogg, a indiqué la présidence ukrainienne.

À la mi-journée, le président ukrainien a été reçu par le pape François à Castel Gandolfo, au sud-est de Rome, où le souverain pontife se trouve en villégiature jusqu'au 20 juillet.

« Au cours de cet entretien cordial, le Saint-Père a exprimé sa tristesse pour les victimes et a renouvelé ses prières et sa solidarité avec le peuple ukrainien, encourageant tous les efforts visant à la libération des prisonniers et à la recherche de solutions communes », a indiqué le Vatican dans un communiqué. 

« Il a réitéré sa volonté d’accueillir au Vatican des représentants de la Russie et de l’Ukraine pour des négociations », a-t-il ajouté.

Le pape américain avait déjà reçu M. Zelensky en audience privée au Vatican le 18 mai, jour de la messe inaugurale de son pontificat.

À l'issue de cette messe en présence d'un parterre de chefs d'État, dont M. Zelensky, le pape avait prononcé ces quelques mots en public : « L'Ukraine attend finalement des négociations pour une paix juste et durable. »

Son prédécesseur, le pape François, avait plaidé pour la paix entre ces deux pays majoritairement orthodoxes, sans obtenir de résultats concrets, et avait été critiqué en Ukraine pour avoir appelé, en mars 2024, à « avoir le courage de hisser un drapeau blanc » face à la Russie.

Jeudi et vendredi, M. Zelensky participera à une conférence destinée à aider Kiev à combattre et à reconstruire le pays face à l'invasion russe, alors que le soutien américain s'amenuise.

C'est la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, qui donnera le coup d'envoi de cette conférence en présence de M. Zelensky. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est également attendue, tout comme une quinzaine de chefs d'État et de gouvernement, dont le chancelier allemand, Friedrich Merz. 

Le général Keith Kellogg dirigera la délégation dépêchée par le président Donald Trump.

Cette conférence, à laquelle participeront également des dirigeants d'entreprises et des représentants de la société civile, vise à mobiliser des investissements pour ce pays qui entre dans sa quatrième année de guerre.

Kiev cherche notamment à signer des accords pour sécuriser son approvisionnement en énergie, face aux attaques russes sur son réseau de distribution, a indiqué M. Zelensky la semaine dernière.

Mercredi, l'Ukraine a affirmé que la Russie avait lancé, dans la nuit, sa plus grande attaque de drones et de missiles depuis le début de l'invasion, en février 2022, dans un contexte d'intensification des frappes russes et d'impasse diplomatique.


Visite d'Etat: Macron rencontre Starmer, l'immigration au menu des discussions

Le Premier ministre britannique Keir Starmer serre la main du président français Emmanuel Macron au 10 Downing Street à Londres, le 9 juillet 2025, avant un déjeuner et une réunion bilatérale, au deuxième jour de la visite d'État de trois jours du président en Grande-Bretagne. (AFP)
Le Premier ministre britannique Keir Starmer serre la main du président français Emmanuel Macron au 10 Downing Street à Londres, le 9 juillet 2025, avant un déjeuner et une réunion bilatérale, au deuxième jour de la visite d'État de trois jours du président en Grande-Bretagne. (AFP)
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  • Plus de 21.000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l'année
  • Emmanuel Macron et Keir Starmer doivent discuter mercredi de ce sujet sensible. Il sera également au menu des discussions lors d'un sommet jeudi

WINDSOR: Le président français Emmanuel Macron poursuit mercredi sa visite d'Etat au Royaume-Uni par un entretien avec le Premier ministre Keir Starmer, au coeur duquel doit figurer le sujet difficile des migrants traversant la Manche.

Après une première journée consacrée essentiellement au faste royal, place aux discussions délicates.

Plus de 21.000 migrants ont traversé la Manche depuis le début de l'année, un record alors que Keir Starmer a promis de "reprendre le contrôle des frontières".

Dans son discours lors du dîner d'Etat au château de Windsor mardi soir, le roi Charles III a évoqué "les défis importants" que sont "le terrorisme, la criminalité organisée, les cyberattaques et, bien sûr, la migration irrégulière à travers la Manche".

Emmanuel Macron et Keir Starmer doivent discuter mercredi de ce sujet sensible. Il sera également au menu des discussions lors d'un sommet jeudi, qui va réunir les deux dirigeants et une douzaine de ministres.

La France est accusée de ne pas en faire assez contre les "small boats", les embarcations des migrants, alors que depuis 2018, Londres a financé des actions visant à sécuriser la frontière pour plus de 750 millions d'euros, selon un rapport du parlement britannique.

Les discussions portent notamment sur une expérimentation d'un échange de migrants, qui reposerait sur le "principe de un pour un".

- "L'entente amicale" -

Emmanuel Macron et son épouse Brigitte ont quitté le château de Windsor, à une trentaine de kilomètres de Londres, en milieu de matinée mercredi. 

Emmanuel Macron a démarré la journée de mercredi en se recueillant sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022.

Il a également échangé avec le roi sur les enjeux de biodiversité lors d'une promenade dans le parc du château.

La visite d'Etat, qui a démarré mardi, est la première d'un président français au Royaume-Uni depuis Nicolas Sarkozy en 2008 et de la première d'un chef d'Etat de l'Union européenne depuis le Brexit en 2020.

La journée de mardi s'est achevée par un dîner d'Etat dans le décor somptueux du château de Windsor. Le souverain a alors souligné que l'amitié entre le Royaume-Uni et la France était "essentielle à la préservation des libertés et de la paix en Europe", face à une "multitude de menaces".

Les deux pays, qui avaient déjà renoué en 2023 après les tensions liées au Brexit, à l'occasion d'une visite d'Etat du roi et d'un sommet avec le Premier ministre Rishi Sunak en France, ont proclamé une nouvelle ère d'"entente amicale", à l'image de "l'Entente cordiale" scellée en 1904.

- "Faire la différence"  -

Mardi après-midi, le chef de l'Etat qui s'exprimait, honneur rare, devant le Parlement britannique, avait déjà appelé la France et le Royaume-Uni à "travailler ensemble" pour protéger l'ordre mondial hérité de 1945 et renforcer les liens entre Londres et l'Union européenne.

"Le Royaume-Uni et la France doivent aujourd'hui de nouveau montrer au monde que notre alliance peut faire toute la différence", a-t-il lancé.

Le président français a promis des résultats "tangibles" durant la visite en matière de coopération économique, de défense, et de lutte contre l'immigration.

Mercredi matin, le président français va également échanger avec des entrepreneurs et scientifiques sur l'intelligence artificielle à l'Imperial College de Londres.

Il rencontrera aussi la communauté d'affaires lors d'un dîner organisé en son honneur au Guildhall, bâtiment historique de la City, en présence de 650 convives.

- "Changement d'échelle" -

"Une nouvelle ère" post-Brexit s'ouvre pour une collaboration plus poussée", a affirmé mardi à l'AFP le lord-maire de Londres Alastair King, représentant de la City.

La puissante place financière cherche à défendre son attractivité, surtout depuis le Brexit, face à la concurrence de ses rivales européennes, après avoir connu une série de revers ces dernières années.

Le chef de l'Etat se rendra aussi mercredi au British Museum pour sceller l'annonce du prêt au Royaume-Uni de la célèbre tapisserie de Bayeux, symbole quasi-millénaire des relations longtemps belliqueuses entre l'Angleterre et le continent.

Elle sera exposée au British Museum entre septembre 2026 et juin 2027. En échange, le musée britannique va prêter à la France des pièces issues notamment du trésor de Sutton Hoo, un des joyaux de sa collection.

Côté défense, "nous franchirons une nouvelle étape qui changera l'échelle de (notre) coopération", a promis Emmanuel Macron devant le Parlement.

La coopération militaire entre les deux pays repose sur les accords de Lancaster House, signés en 2010, qui comprennent un volet nucléaire, la mise en place d'une force expéditionnaire conjointe et la fabrication en commun de missiles.


La Grèce suspend l'examen des demandes d'asile des migrants en provenance d'Afrique du Nord

Des migrants secourus en mer au large de l'île grecque de Crète débarquent d'un navire de sauvetage des garde-côtes grecs dans le port d'Agia Galini avant d'être transférés, le 6 juillet 2025. (Photo de Costas METAXAKIS / AFP)
Des migrants secourus en mer au large de l'île grecque de Crète débarquent d'un navire de sauvetage des garde-côtes grecs dans le port d'Agia Galini avant d'être transférés, le 6 juillet 2025. (Photo de Costas METAXAKIS / AFP)
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ATHENES : Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a annoncé mercredi que la Grèce allait suspendre pour trois mois l'examen des demandes d'asile des migrants arrivant à bord de bateaux en provenance d'Afrique du Nord, alors que le nombre d'arrivées depuis la Libye a fortement augmenté.

« Nous allons informer l'Union européenne de notre décision de suspendre pour trois mois les demandes d'asile des migrants arrivant à bord de bateaux en provenance d'Afrique du Nord », a déclaré le chef du gouvernement conservateur au Parlement, en précisant que « tous les migrants entrant illégalement seront arrêtés et détenus ».

« Le passage vers la Grèce est fermé », a-t-il ajouté devant les députés.

Évoquant une « situation d’urgence » qui « exige des mesures exceptionnelles », Kyriakos Mitsotakis a ainsi voulu adresser « un message de détermination (…) tant aux trafiquants qu’à leurs clients potentiels ».

Ces derniers jours, plus de 2 000 migrants ont été secourus au large de la petite île de Gavdos et de la Crète, marquant un « pic » du nombre d'arrivées, selon les autorités grecques. 

« Nous parlons d'un flux migratoire massif, continu et croissant au sud de notre pays », a souligné mardi soir le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis, à la télévision.

Selon les autorités grecques, plus de 7 300 migrants sont arrivés en Crète et à Gavdos depuis le début de l'année, contre 4 935 en 2024.

Début 2020, en pleine crise migratoire avec la Turquie, la Grèce avait déjà temporairement suspendu l'examen des demandes d'asile. Des milliers de personnes en quête d'asile dans l'Union européenne avaient alors afflué à la frontière gréco-turque.